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1782. République de reconnoître l'indépendance de l'Amérique.

L'Angleterre étoit auffi difpofée à reconnoître une indépendance, qu'elle fe voyoit hors d'état d'empêcher; les fommes immenfes qu'elle avoit dépensées ne lui permettoient plus de continuer la guerre. On forma donc à Paris un congrès, où les Nations belligérantes envoyèrent des députés, pour tâcher d'arranger leur différend.

a

CHAPITRE LIL

PENDANT que ces chofes se passoient en Eu

rope, M. de la Peyrouse détruifoit dans la baie d'Hudson tous les établiffemens des Anglais. A fon approche les habitans abondonnèrent leurs demeures, & il ne rencontra d'autres obftacles que ceux des montagnes de glace & de la rigueur du climat. On doit cependant raconter un acte d'humanité qui fera toujours honneur à ce Commandant; il conferva une quantité fuffifante de provisions de toute espèce, pour ceux qui s'étoient réfugiés dans l'intérieur du pays, qui auroient probablement péri fans ce fecours.

Les Efpagnols, de leur côté, prirent les ifles de Bahama, & s'emparèrent de quelques Places dans la baie d'Honduras; mais elles furent

pen

de tems après, reprises par les habitans, avec l'aide de leurs Nègres.

L'armée combinée des. Américains & des Français étoit toujours au camp de Crampon, près de New-York. Ce fut-là que le Comte de Ségur apporta des dépêches du Miniftre, après avoir échappé dans la frégate la Gloire, à tous les malheurs qui arrivèrent au Comte de la Touche, commandant celle de l'Aigle. Ces deux

1782.

1782. frégates, étant parties de conferve, avoient trouvé fur le banc de Terte - Neuve un vaiffeau de foixante-quatorze, qu'elles combattirent avec beaucoup de vigueur; elles étoient chargées d'argent pour l'armée, & avoient à bord le Baron de Viomenil, le Duc de Lauzun, le Comte de Ségur & le Prince de Broglie, avec plufieurs autres Aides-de-camp qui venoient joindre le corps Français. En voulant entrer dans la Delaware, elles furent vivement chaffées par un vaiffeau de ligne & plufieurs frégates, qui étoient en croifière dans ces parages. Les Pilotes leur firent prendre un canal où il y eut affez d'eau la frégate la Gloire; mais l'Aigle échoua, fans pouvoir fe relever. Le Comte de la Touche s'occupa du foin de débarquer fes dépêches, fes paffagers & l'argent, qui arrivèrent à bon port à Philadelphie; mais il fut forcé de rendre fa frégate.

pour

Les ordres de Sa Majesté Très - Chrétienne étoient que, fi les Anglais évacuoient New-York & Charles-Town, ou feulement une de ces Places, le Comte de Rochambeau devoir embarquer l'armée fur la flotte Française, pour être conduite à Saint-Domingue fous le commandement d'un Officier-Général, & être enfuite remife à Don Galvez, qui devoit commander les forces de terre destinées à une expédition combinée avec

part

les Efpagnols. Toutes les nouvelles annonçoient 1782 alors l'évacuation de Charles-Town commencée; & la marche du corps Français, du fond de la Virginie à la rivière d'Hudson, avoit amené l'armée fort à portée d'exécuter avec promptitude les ordres de Sa Majesté. Le Comte de Rochambeau fit de fes inftructions au Marquis de Vaudreuil, & lui manda qu'il iroit lui mener l'armée à Boston, au moment où il feroit prêt à l'embarquer. Le Marquis de Vaudreuil lui obferva que fon Efcadre ne pouvoit mettre à la voile qu'à la fin de Novembre, & qu'il lui feroit impoffible d'embarquer plus de quatre mille hommes, y compris les Officiers & leur fuite. Le Comte de Rochambeau propofa au Baron de Viomenil & à fon frère, de fe mettre à la tête des deux brigades d'infanterie, & d'une partie du corps d'artillerie, pour les conduire à cette destination. Il laiffa le corps de Lauzun avec l'artillerie de fiège, qui étoit reftée avec un détachement à Baltimore, au fond de la baie de Chesapeak, aux ordres de M. de la Valette, & il chargea le Duc de Lauzun du commandement des troupes de terre qui reftèrent en Amérique aux ordres du Général Washington.

Au départ du Corps Français de Crampon, pour aller s'embarquer à Boston, un Capitaine de Milices Américaines chez qui le Comte

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1782. de Rochambeau avoit logé dans ce camp, eut

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avec lui un procédé qui caractérife la liberté

Républicaine: il étoit venu la veille du départ, lui demander le paiement de quinze mille francs,

pour le bois que la Brigade de Soiffonnais avoit

brûlé dans fon camp. Le Général Français lui
dit que fa demande étoit exagérée; mais qu'il
devoit aller trouver le Commiffaire Villemanzy,
chargé, avec des arbitres, de liquider & de
payer comptant, toutes les confommations de
l'armée dans chaque camp. Au moment du dé-
part, la Générale étant battue, & l'armée fous
·les armes, un homme fort refpectueux s'ap
procha du Comte de Rochambeau, & lui dit
qu'il favoit tous les fervices qu'il avoit rendus
à fon pays; mais qu'il étoit obligé de faire fon
devoir: il lui fignifia, en conféquence, un pa-
pier, puis lui mit doucement la main fur l'é-
paule, en lui difant qu'il le conftituoit fon pri-
fonnier. Le Comte de Rochambeau lui répondit
en riant : Eh bien, Monfieur, emmenez-moi, fi
vous pouvez. Non, V. E. répondit le recors;
mais je vous prie, après avoir fait mon devoir,
de me laiffer faire ma retraite tranquillement. Le
Comte de Rochambeau continua fa marche, en-
voya le Commiffaire Villemanzy à la maifon
de cet Américain, qu'il trouva entouré de tous
fes compatriotes, qui lui faifoient les reproches.

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