520 Quæ fortuna viris, classem quo littore linquant, Maximus Ilioneus placido sic pectore cœpit: Parce pio generi, et propiùs res adspice nostras Non nos aut ferro (1) Libycos populare Penates Venimus, aut raptas ad littora vertere prædas. Non ea vis animo, nec tanta superbia victis. $30 Est locus, (2) Hesperiam Graii cognomine dicunt, Terra antiqua, potens armis, atque ubere glebæ; notrii coluere viri; nunc fama, minores Italiam dixisse, ducis de no mine, gentem. 635 Cum subitò assurgens fluctu nimbosus Orion In vada cæca tulit, penitusque procacibus Austris 540 Permittit patria? hospitio prohibemur arena. (1) Libycos... Penates. Les Pénates étaient proprement les Dieux tutélaires d'un pays, d'une ville, ou d'une maison particulière. Les Poëtes désignent souvent par ce mot le pays même, le lieu, ou la maison. (2) Hesperiam. Les Grecs appelaient Hespérie les est la fortune de leurs amis, sur quel rivage ils ont laissé leur flotte, et quel dessein les amène : car ils voyaient des députés de tous les vaisseaux qui venaient demander la protection de la Reine, et qui s'avançaient grand bruit vers le temple. " Quand on les eut introduits devant elle, et qu'on leur eut permis de parler, Ilionée, le plus âgé de tous, prenant la parole, lui dit avec une modeste assurance: Grande Reine, à qui Jupiter accorde la gloire de fonder un nouvel Empire, et d'adoucir, ,, par la justice et l'équité des lois, une nation bel liqueuse, vous voyez devant vous des Trover vy oils infortunės, depuis long-temps le jouet des vents et des flots: nous vous supplions d'empêcher que ,, par une injuste violence, on ne mette le feu à nos vaisseaux. Epargnez une nation qui respecte les Dieux, et considérez l'état déplorable où nous sommes réduits. Nous ne venons pas ici à dessein de ravager la Libye, ou, comme des brigands, de piller la côte et nous charger de butin. Un tel excès n'est point dans notre caractère, et des vaincus ne forment pas de semblables projets. Il est un ,, pays que les Grecs nomment Hespérie, célèbre par l'ancienneté de ses habitans, par la puissance de ses armes, et par la fertilité de son terroir. Ce ,, pays a été occupé par les Enotriens, et s'appelle, dit-on, aujourd'hui Italie, du nom d'un de ses Rois. Nous faisions route vers cette contrée, lorsque tout-à-coup l'orageux Orion, s'élevant sur les flots, ,, a excité une violente tempête : les vents et les va,,gues ayant surmonté tous nos efforts, nos vaisseaux ont été portés sur des bancs de sable, ou dispersés sur la mer, ou jetés entre des rochers impraticables à peine avons-nous pu en petit nombre relâcher sur cette côte. Mais parmi quels peuples sommes-nous arrivés? Y a-t-il une nation au monde qui autorise une coutume si barbare? Nous ne " pavs qui étaient à leur Occident, comme l'Italie et l'Espagne. טן Bella cient, primâque vetant consistere terrâ. Si genus humanum et mortalia temnitis arma, At sperate Deos memores fandi atque nefandi. Rex erat Æneas nobis, quo justior alter 545 Nec pietate fuit, nec bello major et armis. Quem si fata virum servant, si vescitur aurâ Æthereâ, neque adhuc crudelibus occubat ums bris, Non metus, officio nec te certasse priorem Poeniteat. Sunt et Siculis regionibus urbes, 550 Armaque, (1) Trojanoque à sanguine clarus Acestes, Quassatam ventis liceat subducere classem, Et sylvis aptare trabes et stringere remos; Si datur Italiam, sociis et rege recepto, Tendere, ut Italiam læti Latiumque petamus: 555 Sin absumpta salus, et te, pater optime Teu crum, Pontus habet Libya, nec spes jam restat Iüli; Tum breviter Dido, vultum demissa, profatur: 565 Quis genus Æneadûm, quis Troja nesciat urbem, (1) Trojano... sanguine clarus. Aceste, qui régnait dans une partie de la Sicile, était fils du fleuve Crinius et d'Egeste, fille d'Hippotès. Des marchands étrangers l'avaient transportée “elle et ses deux sœurs " " دو " demandons que la liberté de prendre terre sur le ,, premier rivage que nous trouvons: on nous la refuse on prend les armes contre nous, et l'on nous empêche de nous arrêter au bord de la mer. Si vous méprisez les hommes, et les armes qu'ils peuvent employer pour leur défense, craignez du moins les Dieux vengeurs de l'injustice et protecteurs de la vertu. Enée, qui était notre Roi, est le plus juste, le plus pieux et le plus vaillant de tous les hommes. Si les destins nous conservent ce Prince, s'il jouit encore de la lumière, s'il n'est ,, point descendu dans le redoutable empire des morts, nous ne craignons rien; et vous, grande Reine, vous ne vous repentirez pas de nous avoir prévenus par vos bienfaits. Nous avons aussi dans la Sicile des villes de retraite, et des peuples alliés gouvernés par Aceste, issu du sang Troyen. Permettez-nous seulement de tirer à sec nos vaisseaux endommagés par la tempête, de faire du bois dans vos forêts pour les radouber et nous pourvoir d'avi,, rons, afin que si nous avons le bonheur de rejoindre notre Roi et nos compagnons, nous reprenions avec eux la route de l'Italie et du Latium: ou que, s'ils ont péri sans ressource, si la mer de Libye vous a englouti, grand Prince, et s'il ne nous reste ,, plus aucune espérance du jeune Ascagne, nous ,, puissions au moins nous retirer dans la Sicile, d'où nous venons, et chercher un asile auprès du roi Aceste.,, Ainsi parla Ilionée au nom et avec l'applaudissement de tous les Troyens qui l'accompagnaient. Didon d'un air grave et modeste, répondit en peu de mots: " Troyens, bannissez vos craintes et vos ,, alarmes : la situation où je me trouve dans un Empire naissant, m'oblige d'user de cette rigueur, et de mettre des gardes sur les frontières de mon Etat. Qui n'a pas entendu parler de la famille ,, d'Enée, de la ville de Troye, du courage et de دو " en Sicile par ordre de Lomédon, qui avait fait mou→ rir leur père. C 4 570 Virtutesque, virosque, et tanti incendia belli? Nec tam aversus equos Tyriâ sol jungit ab urbe. Vultis et his mecum pariter considere regnis ? His animum arrecti dictis, et fortis Achates 580 Et pater Æneas, jamdudum erumpere nubem Ardebant. Prior Æneam compellat Achates : Nate Deâ, quæ nunc animo sententia surgit? Omnia tuta vides, classem, sociosque receptos Unus abest, medio in fluctu quem vidimus ipsi 685 Submersum: dictis respondent cetera matris. Vix ea fatus erat, cùm circumfusa repentè Scindit se nubes, et in æthera purgat apertum. Restitit Æneas, claraque in luce refulsit, Os, humerosque Deo similis : (2) namque ipsa decoram 590 Cæsariem nato genitrix, lumenque juventæ (1) Erycis fines. Eryx, fameux athlète que tua Hercule au combat du ceste. Il était frère d'Enée, étant fils de Vénus et de Butée, qui s'était retiré en Sicile, après que Pollux eut vaincu au combat du ceste Amicus son père, roi de Bebrycie, province qui faisait partie de ta grande Phrygie. Le nom d'Eryx fut donné à une |