Quàm tutâ possis urbem componere terrâ. Signa tibi dicam, tu condita mente teneto. Cùm tibi sollicito secreti ad fluminis undam 390 Littoreis ingens inventa sub ilicibus sus, Triginta capitum fœtus enixa jacebit, Alba, solo recubans, albi circum ubera nati; Is locus urbis erit, requies ea certa laborum. Nec tu mensarum morsus horresce futuros. 395 Fata viam invenient, aderitque vocatus Apollo. Has autem terras, Italique hanc littoris oram, Proxima quæ nostri perfunditur æquoris æstu, Effuge: cuncia marr (7 Hic et Narycii posuerunt monia Locri, 400 Et Salentinos obsedit milite campos Lyctius Idomeneus: hic illa ducis Melibai Quin ubi transmissæ steterint trans æquora clas ses, Et positis aris jam vota in littore solves; (1) Habitantur mœnia Graiis. Toute cette contrée, la plus méridionale du royaume de Naples, a porté anciennement le nom de grande Grèce. Les Locriens, soldats d'Ajax, fils d'Oilée, dispersés par la tempête qui fit périr leur Roi, furent jetés les uns en Afrique. les autres dans le pays des Brutiens, où ils s'établirent sous la conduite d'Evanthe. Naryce était leur ville dans l'Attique. Idoménée, appelé Lyctius, de la ville de Lycte dans l'île de Crète, s'empara du pays des Salentins. Philoctète, compagnon d'Hercule et כ, כל » siez sûrement bâtir votre ville. Voici les signes auquels vous reconnaîtrez le lieu de son emplacement, retenez-les bien. Lorsqu'un jour, l'esprit occupé de soins importans, vous trouverez sur les >> bords écartés d'un fleuve, et sous des arbres plan»tés le long de ses rives, une grande laie blanche, qui aura mis bas trente marcassins blancs, et qui » étendue par terre, les allaitera de son sang, ce "sera là l'heureux terme de vos travaux, et l'en» droit où vous bâtirez votre ville. Au reste, ne » craignez point cette faim qui doit un jour vous faire manger vos tables. Les destins sauront tour» ner la chose à votre grẻ; et Apollon, que vous invoquerez, ne vous abandonnera pas. Mais évi» tez sur-tout ces pays et ces contrées de l'Italie, "dont les rivages sont baignés par nos mers. Toutes » les villes en sont occupées par les Grecs nos en"nemis C'est là que les Locriens de Naryce ont ❞ établi leur colonie, Idoménée, chassé de Crète, s'est » rendu maître du territoire de Salente. Dans la "même contrée Philoctète, roi de Mélibée, a fortifié la petite ville de Pétilie. Ainsi, lors même que vos » vaisseaux seront à la rade au-delà de nos mers, et » que vous aurez dressé des autels pour acquitter vos vœux sur le rivage, souvenez-vous pendant » le sacrifice de vous couvrir la tête d'un voile de » pourpre, de crainte que quelqu'ennemi du nom Troyen ne se présente vos yeux au milieu de la » cérémonie, et qu'un tel objet ne trouble les aus roi de Mélibée dans la Thessalie, bàtit ou répara la ville de Pétilie, à l'entrée du golfe de Tarente. (2) Velare comas. Les prêtres, à Rome, avaient la tête voilée dans les sacrifices. Virgile donne à ce rit particulier une grande ancienneté et une origine mémorable. Aurélius Victor rapporte qu'Enée offrant un sacrifiae à Vénus sur les bords de la mer d'Italie, apperçut tout-à-coup Ulysse, et que pour n'en être pas reconnu, il se couvrit le visage. 410 Hunc socii morem sacrorum, hunc ipse teneto; Ast ubi digressum Sicula te admoverit oræ Æquora circuitu : dextrum fuge littus et undas. Hæc loca, vi quondam et vastâ convulsa ruinâ 415 (Tantum ævi longinqua valet mutare vetustas ) (1) Dissiluisse ferunt : cùm protinus utraque tellus Una foret, venit modio ri pontus, ct undis Hesperium Siculo latus abscidit; arvaque et ur bes Littore diductas angusto interluit æstu. 420 (2) Dextrum Scylla latus, lævum implacata Cha rybdis Obsidet: atque imo barathri ter gurgite vastos At Scyllam cæcis cohibet spelunca latebris, (1) Dissiluisse ferunt. Strabon rapporte que de-là est venu le nom de la ville de Rhége, or op yar, distrahi. (2) Dextrum Scylla latus. Circé dans Hom. Od. μ'. pices. Ayez soin de garder cet usage dans les sacrifices, vous et votre peuple, et que vos des»cendans y demeurent religieusement attachés. כל Mais lorsqu'après être remonté sur votre flotte, un vent arrière vous poussera vers la Sicile, et » que vous verrez le détroit de Pélore s'élargir in» sensiblement à vos yeux, tournez à gauche, et » prenant le large, faites un long circuit pour évi» ter les mers et les écueils de la droite. On prétend que ces régions, ébranlées autrefois par une violente secousse, se désunirent. (tant la durée des » siècles cause de changement dans l'univers ), et que » ces deux pays ne faisant qu'un même continent, la mer s'ouvrit un passage entre eux, détacha l'Italie de la Sicile, et forma le détroit qui les sé"pare l'une de l'autre. Il est bordé de deux écueils redoutables, de Scylla à droite, et de Charybde à gauche. Trois fois celle-ci engloutit les flots » dans un profond abyme, et trois fois elle les re>> vomit dans les airs, et les fait jaillir jusqu'aux as» tres. Scylla enfoncée dans le creux d'une caverne » obscure, avance la tête hors de son antre, et at» tire les vaisseaux sur ses rochers. Ce monstre depuis la tête jusqu'à la ceinture, est une femme » d'une beauté séduisante. Poisson monstrueux dans le reste de son corps, son ventre de loup se ter» mine par une queue de dauphin. Ne craignez pas d'alonger votre route; il vaut mieux, en prenant "un long détour, doubler le promontoire de Pachyn, que de voir dans son antre hideux la re» doutable Scylla. et que d'entendre les rochers » d'alentour retentir de l'aboiement des chiens dont » elle est entourée. دو 85, avertit pareillement Ulysse du danger qu'il y a de passer entre Scylla et Charybde. (3) Caudas... commissa. C'est un hellénisme, pour habens caudas delphinûm commissas seu connexas utero luporum. Præterea, si qua est Heleno prudentia vati, Si qua fides, animum si veris implet Apollo; 435 Unum illud tibi, nate Deâ, præque omnibus unum Prædicam, etrepetens iterumque iterumque monebo: Junonis magnæ primùm prece numen adora : Junoni cane vota libens, dominamque potentem Supplicibus supera donis: sic denique victor 440 Trinacriâ fines Italos mittere relictâ. Huc ubi delatus Cumeam accesseris urbem, Divinosque lacus, et Averna sonantia sylvis ; (1) Insanam vatem adspicies, quæ rupe sub ima Fata canit, foliisque notas et nomina mandat. 445 Quæcumque in foliis descripsit carmina virgo, Digerit in numerum, atque antro seclusa relinquit: Illa manent immota locis, neque ab ordine cedunt. Verùm eadem verso tenuis cùm cardine ventus* Impulit, et teneras turbavit janua frondes; 450 Nunquam deinde cavo volitantia prendere saxo, Nec revocare situs, aut jungere carmina curat. Inconsulti abeunt, sedemque odêre Sibyllæ. Hic tibi ne qua moræ fuerint dispendia tanti, Quamvis increpitent socii, et vi cursus in altum 455 Vela vocet, possisque sinus implere secundos, Quin adeas vatem, precibusque oracula poscas; Ipsa canat, vocemque volens atque ora resolvat. Illa tibi Italiæ populos, venturaque bella, Et quo quemque modo fugiasque, ferasque laborem 460 Expediet, cursusque dabit venerata secundos. Hæc sunt quæ nostrâ liceat te voce moneri. Vade age, et ingentem factis fer ad æthera Trojam. (1) Insanam. Ce terme se prend ici dans le même sens que furentem, divino furore afflatam. |