صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

A

[ocr errors]

دو

[ocr errors]
[ocr errors]

כל

» fumée. Nous baissons nos voiles, pour ne faire usage » que des rames; et nos matelots redoublant leurs » efforts, poussent devant eux les flots écumans, et » font voler légèrement les vaisseaux sur les vagues. Après avoir échappé aux dangers de la mer, nous » mouillâmes à la rade des îles Strophades. Ces îles » ainsi appelées par les Grecs, sont situées dans la grande mer d'lonie. La cruelle Céléno et les autres Harpyes ses compagnes y ont établi leur demeure, depuis qu'elles ont été chassées du palais de Phi» née et contraintes d'abandonner sa table. Il n'est point sur la terre de monstre plus funeste, et les Dieux, dans leur colère, n'ont point fait sortir de l'enfer de fléau plus redoutable. Ces affreux oiseaux ont un visage de jeunes filles, une inconti» nence de ventre sale et infecte, des mains armées » de griffes, et la bouche toujours pâle et affamée. Quand nous eûmes pris terre sur cette côte, nous » vîmes des troupeaux de bœufs errans dans les campagnes, et des chèvres à l'abandon qui paissaient dans les prairies. Nous courons sur cette proie l'épée à la main, en faisant vou d'offrir à Jupiter » et aux autres Dieux, une partie du butin; après quoi nous dressons des lits de gazon sur le rivage. Nous commencions à manger des viandes que nous » venions d'apprêter, lorsque tout-à-coup les Har» pyes tombent des montagnes prochaines avec un » vol effrayant, et faisant retentir l'air du battement

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

de leurs ailes; elles enlèvent une partie de nos » mets, et souillent le reste avec leurs griffes » infectées. Leurs cris et leur odeur étaient égale

gle, et envoya dans son palais les Harpyes, filles de Neptune et de la terre. Elles enlevaient tout ce qu'on servait sur sa table. Les Argonautes, à qui Phinée avait donné des guides pour les conduire à travers les Symplegades ou roches Cyanées, chassèrent ces monstres, et envoyèrent contre eux Calais et Zetés.

(2) In partem prædamque. Pour, in partem prædæ

Rursum in secessu longo, sub rupe cavata, 230 Arboribus clausi circùm atque horrentibus umbris, Instruimus mensas, arisque reponimus ignem. Rursum ex diverso cæli cæcisque latebris, Turba sonans prædam pedibus circumvolat uncis: Polluit ore dapes. Sociis tunc arma capessant 235 Edico, et dira bellum cum gente gerendum. Haud secus ac jussi faciunt, tectosque per herbam Disponunt enses et scuta (1) latentia condunt Ergo, ubi delapsæ sonitum per curva dedêre Littora, dat signum specula Misenus ab alta 240 Ære cavo: invadunt socii, et nova prælia tentant, Obscœnas pelagi ferro (2) fœdare volucres. Sed neque vim plumis ullam, nec vulnera tergo Accipiunt celerique fugâ sub sidera lapsæ, Semesam prædam et vestigia fœda relinquunt.

245

Una in præcelsa consedit rupe Celano, (3) Infelix vates, rupitque hanc pectore vocem: Bellum etiam pro cæde boum stratisque juvencis, Laomedontiada, bellumne inferre paratis, Et patrio insontes Harpyias pellere regno? 250 (4) Accipite ergo, animis atque hæc mea figite dicta, Que Phobo Pater omnipotens, mihi Phœbus Apollo Prædixit, vobis Furiarum ego maxima pando. Italiam cursu petitis; ventisque vocatis

Ibitis Italiam, portusque intrare licebit.

255 Sed non ante datam cingetis moenibus urbem,

(1) Latentia condunt. Ita condunt, ut lateant. (a) Foedare. Pour vulnerare. Voyez En. II, 55. (3) infelix vates. Homère appelle dans le même sens Calchas, Mavriy xaxãν.

»ment insupportables. Nous appercevons un réduit » enfoncé sous des rochers suspendus en voûte, dont » l'entrée est fermée d'arbres, qui forment une ombre > impénétrable. De nouvelles tables y sont dressées » et servies à l'instant, et nous rallumons le feu sur » les autels; mais les Harpyes, sortant de leurs re> traites obscures, viennent pour la seconde fois >> avec un vol bruyant, les griffes et les ailes éten» dues, fondre sur leur proie, et infecter nos » viandes. Je dis alors à mes compagnons de prendre les armes, de donner la chasse à ces monstres cruels. Chacun obéit promptement, et cache sous » l'herbe, à côté de soi, son épée et son bou»clier. Aussitôt donc que ces furies, accourant de > nouveau, firent retentir le rivage du bruit de leurs > ailes, Misène posté sur une hauteur, donne le » signal avec la trompette; et nos soldats se jetant » à l'instant sur ces affreux oiseaux de mer, et leur » livrant un combat nouveau pour eux, ils tâchent » de les percer. Mais quelque coup qu'on leur porte, » leurs plumes les garantissent et les rendent invul» nérables. Ils s'élèvent promptement dans les airs, » ils abandonnent leur proie à demi rongée, et lais>> sent par-tout de honteuses traces de leur voracité.

La seule Céléno s'alla poser sur la pointe d'un roc, et d'un ton menaçant nous fit entendre ces > funestes paroles: Race de Laomédon, quoi ! vous

osez, après avoir égorgé nos troupeaux, vous osez » nous déclarer encore la guerre ? Vous entrepre> nez de chasser injustement les Harpyes du royau» me de leur père! Ecoutez-moi donc, et retenez > bien les choses que je vais vous prédire: Apollon » les apprit de Jupiter, Apollon me les a révélées > et c'est moi, la plus redoutable des furies, qui » vous les annonce. Vous allez en Italie, les vents » vous y conduiront, et les ports vous en seront ou» verts; mais avant que vous entouriez de murailles

(4) Accipite ergo. C'est un vers d'Homère, FL *. 297.

H 3

Quàm vos dira (1) fames, nostræque injuria cæ

dis,

Ambesas subigat malis absumere mensas.

Dixit, et in sylvam pennis ablata refugit. At sociis subitâ gelidus formidine sanguis 60 Diriguit: cecidere animi; nec jam ampliùs armis,

Sed votis precibusque jubent exposcere pacem,
Sive Dex, seu sint diræ obscoenæque volucres.
At pater Anchises, passis de littore palmis,
Numina magna, vocat, meritosque indicit hono-

res:

265 Dî, prohibete minas; Dî talem avertite casum, Et plaçidi servate pios. Tum littore funem Diripere, excussosque jubet laxare rudentes. Tendunt vela noti; fugimus spumantibus undis, (2) Quà cursum ventusque gubernatorque vocabant. 270 Jam medio apparet fluctu nemorosa Zacynthos, Dulichiumque, Sameque, et Neritos ardua saxis: Effugimus scopulos Ithaca, Laërtia regna,

Et terram altricem sævi exsecramur Ulyssei. Mox et Leucate nimbosa cacumina montis, 275 Et formidatus nautis aperitur Apollo.

(1) Fames nostræque injuria cædis. Pour, fames ob injuriam nostræ cæ dis. Cette faim qui devait réduire les Troyens à la nécessité de manger leurs tables, avait été prédite à Enée, selon les historiens, par l'oracle de la forêt de Dodone. Virgile a mieux aimé mettre cette prédiction dans la bouche de Céléno. Elle a son accomplissement, En. VII, 112.

(2) Quà ventus gubernatorque. Homère s'exprime de même,Odyss. X. 9. Il nomme pareillement, Ódyss. ά.

cette ville que les Dieux vous promettent, une » faim dévorante, en punition de l'attentat que vous » venez de commettre contre nous, vous contrain» dra de manger vos tables.

:

» Elle dit, et prenant son vol, elle alla se réfu» gier dans la forêt voisine. Mes compagnons fu» rent saisis d'effroi leur sang se glaça dans leurs >> veines; et consternés qu'ils sont, ce n'est plus » par la force des armes, mais par les voeux et les » prières qu'ils veulent fléchir les Harpyes, soit » qu'elles fussent seulement d'affreux et de funestes » oiseaux. Mon père Anchise, les mains étendues » vers le ciel, s'adresse aux Dieux de l'Olympe, et » leur promettant un sacrifice solennel Grands

> révére. En meno cal

Dieux s'écria-t-il, arrêtez l'effet de ces menaces, » cher promptement les cordages. Les mi qui vous >> ploient toutes les voiles: la mer blanchit sous le » tranchant de l'aviron, et nous fuyons où le vent et » le pilote nous conduisent. Nous appercevons au » milieu des flots les îles de Zacynthe couvertes de » forêts, de Dulichium, de Samé, et de Nérite > bordée de rochers escarpés. Nous nous éloignons » promptement du royaume de Laërte, des écueils » de l'île d'lthaque, en détestant le pays qui a vu > naître le cruel Ulysse. Bientôt nous sommes à la » hauteur du promontoire de Leucate, et le temple » d'Apollon, formidable aux nautonniers, s'offre

246, les îles que côtoie ici Enée. Ces îles sont situées le long de la cote occidentale de la Grèce. Zacynthe, aujourd'hui Zante, est vis-à-vis le Peloponnese. On trouve les autres en remontant vers le Septentrion. Neritos est proprement une presqu'île, ou un promontoire avec une ville, nommée aujourd'hui Capo di Santa Maura, près de Leucate, rocher où il y avait autrefois un fameux temple d'Apollon.

H 4

« السابقةمتابعة »