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Ange uue première fois; en 1804, le Pape ordonna d'instruire son procès. Après quelques années de captivité ou de voyages, il disparut de la scène du monde. Les Pères de la Foi n'avaient encore que l'intention d'etre Jésuites, la police de Fouché les inquiéta à diverses reprises; mais elle ne put vaincre leur persévérance.Comme le Père Bourdier Delpuits, ils entretenaient parmi les jeunes gens l'esprit religieux; ils le propageaient dans les masses, et l'empereur Napoléon, qui résistait à toute l'Europe, qui la dominait par la gloire ou par la crainte, se sentait faible en présence de ces quelques prêtres, qui, sans autre levier que la Foi, remuaient l'idée catholique, dont il s'avouait intérieurement l'invincible pouvoir sur les âmes. Il avait essayé de se faire de la Foi un instrument de règne, il avait constitué l'Église pour la tenir asservie à ses volontés. L'Église fut plus forte dans sa captivité que le grand Empereur sur ses trónes : elle combattit au soleil, elle lutta dans l'ombre, elle triompha enfin.

Le bref que Paul I avait obtenu du Saint-Siége était un encouragement accordé aux princes catholiques. Les dernières années du dix-huitième siècle leur dessillèrent les yeux. Les commotions qui renversaient ou ébranlaient leurs trônes, l'instabilité des pouvoirs, les désastres de la guerre, firent descendre dans les cœurs un profond sentiment religieux. L'orage se calmait sous la main du temps; mais, pour le dissiper, les souverains, encore frappés de stupeur, jetaient les yeux sur la Société de Jésus, comme sur le seul corps capable de régénérer l'éducation publique. Catherine II en avait arraché les débris au naufrage, l'empereur d'Autriche, les rois de Sardaigne et de Naples s'occupèrent des moyens de les rappeler dans leurs Etats. La réaction

commençait les idées chrétiennes se réveillaient dans les âmes. Il fallait développer ce mouvement vers le bien, et, à la suite de tant de calamités, chacun proclamait qu'un grand acte de réparation était nécessaire. On savait les intentions du Souverain Pontife; on voyait les Pères de l'Institut s'empresser, comme Poczobut et Beauregard, de se mettre en route pour mourir dans le sein de leur mère. Des jeunes gens, comme les Pères Roothaan et Balandret, s'acheminaient, quelques années après, vers le Noviciat de Russie. L'empereur Alexandre, plus réservé que son prédécesseur à l'égard des Jésuites, accordait cependant sa confiance à Gruber. Le 17 juin 1802 il visita le collége de Polotsk, il salua dans son agonie le Père Kareu. Cette faveur impériale inspire à Gruber la pensée de solliciter l'admission du bref de rétablissement. Alexandre ne fit aucune difficulté pour consacrer par un ukase un des derniers actes de son prédécesseur sur le trône; et, lorsque, le 30 juillet, Kareu expira, le Père Wichert put légalement convoquer l'assemblée des Profès. Elle se réunit le 4 octobre, et le 10 elle nomma Gabriel Gruber Général de la Compagnie. L'empereur et le Conseil de justice ratifièrent ce choix, et le premier soin du Général fut de se rendre à Pétersbourg, afin de fonder une maison d'éducation pour la jeune noblesse. Un lien nouveau l'attachait à cette capitale : le comte Joseph de Maistre venait d'y arriver pour remplir les fonctions d'ambassadeur de Sardaigne; ces deux intelligences d'élite s'unirent par la plus tendre affection.

Alexandre n'avait pas l'expansive amitié de son père. Plus calme dans ses projets, il savait beaucoup mieux que lui cacher ses impressions, et se présenter plutôt en prince qu'en homme à ceux qu'il voulait séduire par

le charme de sa personne ou dominer par l'attrait de la puissance. Catherine s'était efforcée de coloniser les vastes steppes de son empire, Paul l'avait imitée, Alexandre essaya de réaliser cette féconde pensée. Le gouvernement de Saratof sur les deux rives du Volga était à peine créé. Des Allemands de toute espèce de religion et de pays affluaient dans ces colonies. L'Empereur ordonne aux Jésuites d'y préparer l'unité et d'y faire fleurir l'agriculture. La mission était difficile. Il fallait acclimater aux lois russes des familles n'ayant entre elles aucun point de contact. A l'isolement individuel les Pères devaient peu à peu substituer l'amour de la nouvelle patrie, et inspirer le sentiment religieux ainsi que le goût du travail à ces hordes nomades que le besoin poussait vers le changement. Ils se mirent à l'œuvre. Moins d'un an après le gouvernement impérial put se convaincre que l'autorité morale du prêtre a quelque chose de plus efficace sur les hommes que le sabre du soldat.

Au milieu de ces évènements, le Père Cajetano Angiolini est dépêché à Rome pour veiller aux intérêts de la Compagnie. Il y arrive vers le mois de juin 1803. Il est revêtu de son habit de Jésuite. L'ambassadeur de Russie le présente officiellement au Pape sous ce costume, qui produit dans la cité éternelle une vive impression. Le Pape le bénit, il l'encourage par ses paroles, par ses larmes surtout. Bientôt d'autres joies vinrent mettre le comble à ce bonheur. Gruber consolidait l'œuvre de ses devanciers; Alexandre lui demande d'autres Jésuites pour ses colonies naissantes d'Odessa. Les Catholiques de Riga supplient l'Empereur de leur en donner quelques-uns, afin de se maintenir dans leur Foi, et l'Empereur, avec une tolérance pleine d'affabi

pour

lité, exauce le vœu de ses sujets. Le roi de Naples, dans ce même moment, appelle auprès de lui les Pères Angiolini et Pignatelli. Ferdinand IV, à peine majeur, avait, comme le duc de Parme, subi la loi des Philosophes; dans l'âge mûr, ce fils de Charles III revenait à des pensées plus monarchiques. La Révolution s'était abattue sur ses États, elle avait proscrit la famille royale, et Ferdinand comprenait que la meilleure digue à opposer au torrent était encore l'éducation. Les Jésuites n'existaient qu'en Russie, à l'abri du sceptre d'un prince attaché à l'Église grecque : le roi des Deux-Siciles lui écrivit. Le 30 juillet 1804 Pie VII, de son côté, adressa à Gruber le bref suivant: « Notre très-cher fils en J.-C. Ferdinand, roi des Deux-Siciles, nous a fait exposer en dernier lieu qu'il lui paraissait très-utile la bonne éducation de la jeunesse de son royaume, surtout dans les circonstances actuelles, d'établir dans ses États la Société de Jésus, telle qu'elle existe dans l'empire de Russie, soumise à la règle de saint Ignace, laquelle, parmi les devoirs qu'elle impose aux membres de cette Société, leur prescrit particulièrement d'élever et d'instruire la jeunesse rassemblée dans les colléges ou les gymnases publics. Ayant donc égard, comme nos fonctions pastorales nous en font un devoir, aux vœux de S. M. le roi des Deux-Siciles, vœux qui n'ont pour objet que le bien spirituel et temporel de ses sujets, et surtout la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes, de notre science certaine et de notre pleine puissance apostolique, après une mûre délibération, nous avons résolu d'étendre au royaume des Deux-Siciles la teneur desdites lettres apostoliques que nous avons données pour l'empire de Russie.

En conséquence, nous vous autorisons à recevoir,

soit par vous-même, soit par notre cher fils Cajetano Angiolini, procureur-général, dans le sein de la Société de Jésus, établie par notre puissance à Pétersbourg en Russie, tous ceux du royaume des Deux-Siciles qui voudront y entrer.

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Nous autorisons également tous les membres de la Société de Jésus, réunis dans une seule ou plusieurs maisons, et vivant selon la règle primitive de saint Ignace, sous votre obéissance et celle de vos successeurs, à élever la jeunesse dans toute l'étendue du royaume des Deux-Siciles, à la façonner aux bonnes mœurs, à la Religion et aux belles-lettres, à gouverner les colléges et les séminaires, entendre les confessions des Fidèles, annoncer la parole de Dieu, administrer les Sacrements, avec l'approbation de l'ordinaire. Nous unissons et agrégeons les Jésuites du royaume de Naples, les maisons, les colléges et les séminaires qu'ils établiront, à la Société de Jésus formée en Russie. Nous les prenons sous notre protection, et les recevons sous notre obéissance immédiate et sous celle du Saint-Siége. »

En vertu de ce bref apostolique, le roi Ferdinand de Naples, par un décret du 6 août 1804, réhabilite la Société de Jésus dans les Deux-Siciles. Il proclame les services qu'elle rendit à l'Église et à la monarchie, ceux qu'elle leur rendra encore. Les Napolitains et les Siciliens reçoivent avec d'indicibles transports de joie les maîtres qui les ont élevés, et qui accourent pour former leurs enfants à la vertu et à la science. Joseph Pignatelli, celui qui conserva la Société à Parme, est à leur tête en qualité de Provincial. Le roi Ferdinand IV demandait aux Jésuites proscrits par Tanucci de rentrer dans le sein de la Compagnie. Trente-sept ans s'étaient écoulés depuis le jour de leur exil; la mort en avait frappé un

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