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de juridiction, examiner, changer, modifier leurs Constitutions, et même renouveler ou créer. Catherine avail, au nom des Jésuites, demandé l'établissement d'un noviciat, Rome répondait en accordant une faculté sans réserve à un Prélat, et le Saint-Siége semblait se décharger sur lui de toutes les responsabilités. Ce décret, que Pie VI s'était laissé arracher par l'Espagne, était la vie ou la mort pour les Jésuites. Tout dépendait de la manière de l'interpréter; et, quand le Cardinal Castelli le contresigna, il ne put s'empêcher de dire: « Cet acte est dirigé contre la Société de Jésus, mais il pourrait bien la sauver. »

Rédigé à double sens, il accordait à l'Évêque de Mohilow toute liberté d'initiative. Le Pape n'avait pas voulu se compromettre ostensiblement avec les princes de la maison de Bourbon; mais, ne doutant point des intentions de l'impératrice de Russie, il se reposait sur elle du soin d'inspirer au Prélat ce qu'il aurait souhaité d'être en situation d'accomplir lui-même à Rome. Siestrzencewicz était revêtu des pouvoirs de Légat apostolique, il en usa, et le 30 juin 1779 il publia ce mandement :

« Le Pape Clément XIV, de célèbre mémoire, pour condescendre aux désirs de la très-auguste Impératrice des Russes, notre très-clémente souveraine, ne pressa point dans les domaines de son empire l'exécution de la bulle Dominus ac Redemptor noster. Notre Saint Père le Pape Pie VI, heureusement régnant, montre la même déférence aux désirs de Sa Majesté impériale en retirant toute opposition à ce que les Clercs réguliers de la Compagnie de Jésus conservent, nonobstant ladite Bulle, leur profession, leur habit et leur nom dans les États de Sa Majesté. De plus, la très-auguste Impératrice, à qui nous avons tant d'obligations, nous et les nombreu

ses églises catholiques établies dans ses vastes États, nous ayant recommandé de vive voix et par écrit de favoriser de tout notre pouvoir lesdits Clercs réguliers de la Société de Jésus, et de pourvoir à la conservation de leur Institut, nous nous empressons de remplir un devoir si doux, et pour lequel nous nous reprocherions d'épargner nos soins. Jusqu'à ce jour, ils n'avaient point eu de Noviciat dans ces contrées, en sorte que, leur nombre diminuant peu à peu, il est évident qu'ils ne pourraient plus exercer leur utile ministère. C'est ce qui nous a fait penser à leur accorder la permission de recevoir des novices.

» A cette fin, après avoir offert le saint sacrifice en l'honneur des saints Apôtres Pierre et Paul, dont on célébrait hier la fête, après avoir imploré la lumière d'en haut par leur intercession, et pris conseil de nos Chanoines de la Russie-Blanche convoqués en chapitre, nous avons lu et relu le décret de notre Très-Saint Père le Pape Pie VI, donné le 9 août 1778, promulgué dans toute sa plénitude et sans restriction aucune, avec le consentement de la Très-Anguste Impératrice notre souveraine, le 2 mars de l'année courante, et dont voici la teneur : « Dans l'audience du 9 août 1778, Notre » Très-Saint Père le Pape Pie VI, sur le rapport du soussigné, secrétaire de la Sacrée Congrégation de la Propagande; pour conserver et maintenir l'Observance régulière dans les lieux soumis à l'Empire Moscovite, » a bien voulu conférer pour trois ans au révérendissime seigneur Stanislas Siestrzencewicz, évêque de Mohilow » dans la Russie-Blanche, la juridiction ordinaire sur les Religieux existants dans les provinces confiées à son administration, de sorte qu'en vertu de cette conces»sion pontificale, il a droit de visiter et inspecter, avec

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»>> l'autorité apostolique, par lui-même ou par délégués probes et capables, toutes les fois que bon lui semblera, selon les saints canons et décrets du Concile » de Trente, monastères réguliers, tant d'hommes que de femmes, pricurés, maisons de tout Ordre, même » mendiants, hôpitaux, même exempts et soumis immédiatement au Siége apostolique, ou alléguant autres priviléges quelconques, chapitres, couvents, univer» sités, colléges et personnes; de faire diligentes enquêtes sur leur État, forme, règles, Institut, gouver»> nement, coutumes, vie, moeurs, discipline, en général » comme en particulier, dans les chefs comme dans les » membres, lui octroyant faculté toutes les fois que, d'après la doctrine apostolique, les saints canons, » décrets des Conciles généraux, traditions et institu» tions des Saints Peres, comparés avec les circonstances » et la nature des choses, il s'apercevra que quelque part il est besoin de changement, correction, révoca» tion, renouvellement, ou même d'institution nouvelle, de réformer, changer, corriger, instituer de »> nouveau, et ce qu'il aura institué selon les saints ca» nons et décrets du Concile de Trente, de le confir» mer, promulguer, faire exécuter; d'extirper tous abus, » de rétablir et réintégrer par moyens convenables les règles, constitutions, observances et disciplines ecclésiastiques, partout où elles auraient déchu; de requérir rigoureusement et d'employer action coercitive » contre les Religieux mal vivants, relâchés, infidèles » à leur Institut ou coupables de toute autre faute, » même exempts et privilégiés; de les corriger, châtier, rappeler à une conduite honnête, selon les règles de la justice et de la saine raison; et tout ce qu'il aura » statué, qu'il ait soin de le faire observer comme

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» émané du Siége apostolique, nonobstant toutes dispo»sitions à ce contraires.

» Signé, ÉTIENNE BORGIA,

Secrétaire de la Sacrée Congrégation de la Pro

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En vertu donc de cette juridiction ordinaire et de ce pouvoir à nous conféré sur tous les Religieux de l'empire russe, et par conséquent aussi sur les Cleres de la Compagnie de Jésus, mù à ce par motifs trèsgraves, nous accordons auxdits Cleres Réguliers de la Compagnie de Jésus la permission d'établir un Noviciat et de recevoir des novices dans leur Société, et leur octroyons notre bénédiction pastorale. Afin que cet acte parvienne à la connaissance de tous ceux qui composent notre troupeau, nous ordonnons que notre présente lettre soit lue les trois premiers dimanches consécutifs du mois aux fidèles assemblés, exposée succinctement en langue vulgaire, et affichée à la porte des églises, avec injonction à tous les recteurs d'en accuser réception. Donné à Mohilow sur le Borysthène, au lieu de notre résidence ordinaire, le lendemain de la fête des saints Apôtres Pierre et Paul, l'an 1779.

» STANISLAS, évêque. »

C'était le renversement de toutes les idées reçues à la cour d'Espagne, dans les Parlements de France et à Rome. La Compagnie de Jésus renaissait sous l'acte destiné à l'éteindre; elle revivait par l'interprétation même de cet acte. Le Nonce Archetti avait, de Varsovie, conseillé ces mesures, comme le plus infaillible moyen de faire exécuter en Russie le bref de Clément XIV. II se plaignit vivement au comte de Stackelberg; il lui

demanda en vertu de quelle autorité l'évêque de Mohilow anéantissait ainsi un décret émané du Saint-Siége. Stackelberg déclara qu'il allait en référer à sa cour, et, le 10 octobre, il communiqua au plénipotentiaire apostolique la note suivante dictée par Catherine elle-même: « La conduite pleine de bonté que Sa Majesté a constamment tenue envers les Catholiques de son empire, spécialement depuis la prise de possession de la RussieBlanche, a dû convaincre le Saint-Père de sa bienveillance pour le siége de Rome. En effet, quoique la prise de possession de ce pays dût amener un nouvel Ordre de choses dans le spirituel et dans le temporel, l'Impératrice a néanmoins voulu que les Catholiques continuassent à jouir de leurs droits et à suivre leurs lois en matière de religion sans le moindre changement, afin qu'ils n'eussent point à se plaindre d'être passés sous une autre domination. Elle ordonna donc de ne pas toucher aux droits et aux priviléges des Prêtres et des Religieux, elle fit la promesse solennelle de les conserver. Sa Majesté l'observe fidèlement envers tous les autres, pourquoi excepterait-elle les Jésuites, qui, non contents d'être des sujets dévoués, se rendent encore utiles en donnant à la jeunesse une bonne éducation, objet si cher au cœur de Catherine II, si utile aux hommes et en même temps si difficile dans la Russie-Blanche, à cause de la rareté des professeurs? Comment donc l'Impératrice aurait-elle pu s'exposer au reproche de manquer à sa parole, ou permettre qu'une de ses provinces fût privée de ce bienfait si nécessaire en condamnant à l'exil ou en dépouillant sculement de leur état des personnes qui n'ont commis aucune faute nouvelle, et en poursuivant ses fidèles sujets de la Russie Blanche l'abolition d'un Institut qui leur est si avantageux?

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