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en ténèbres plus épaisses, en désordres intellectuels plus éclatants, en dépravation et en crimes tels qu'ils feront encore long-temps l'effroi du monde civilisé.

C'était pour préserver la Religion et la Royauté des coupables étreintes du Jésuitisme que les Parlements de France, que les ministres d'Espagne et de Portugal se coalisaient. Vingt ans après, jour pour jour, la République Française, par l'organe de sa Convention nationale, inspirait aux multitudes, sous peine de mort, la négation de tout culte, l'anéantissement de toute idée religieuse ou monarchique. Du haut de l'échafaud sur lequel coulait le sang des rois, du peuple, des prêtres et de la noblesse, elle surexcitait toutes les passions, elle les déifiait pour s'en faire un instrument de règne, elle les brisait quand leurs victimes rougissaient d'accepter la servitude. Les corrupteurs de la jeunesse étaient bannis de l'enseignement, et, par un phénomène inexplicable, la jeunesse se révélait plus corrompue que jamais. On avait annihilé les perturbateurs du repos public, en même temps le trouble envahissait l'Église et l'État; il pénétrait jusqu'au foyer domestique. Quelques théologiens du seizième siècle ne dissertaient plus sur le régicide, le régicide devint un acte de civisme et de haute moralité révolutionnaire. Les Jésuites n'étaient plus là pour légitimer les attentats sociaux, et cependant le crime passa dans la loi. Le droit de famille se voyait aussi bien mis en question que le droit de propriété. Les Jésuites ne fomentaient plus de divisions entre les rois et les sujets, des guerres sans but et sans fin couvrirent le monde de ruines et de sang.

Nous n'avons point à signaler cette confusion de principes et d'idées. Les Jésuites auraient pu la combattre, il ne leur eût pas été donné de l'arrêter, le mal étant

plus fort que tous les remèdes humains. Ce qu'il importe à l'histoire de la Compagnie de Jésus, c'est de démontrer qu'en s'attaquant aux disciples de saint Ignace de Loyola, les ennemis de la Religion et des monarchies savaient parfaitement où tendaient leurs efforts. L'unité dans l'enseignement était un obstacle réel aux projets conçus: on sapa cette unité par la base, et lorsqu'en 1786 le cardinal Pacca vint remplir la nonciature de Cologne, il trouva la révolution déjà mûre. Il décrit en ces termes les résultats de la destruction des Jésuites: « Peu à peu, dit-il', les bons Allemands perdirent le respect qu'ils avaient pour le Clergé, le Saint-Siége et la discipline de l'Église. Tant que subsista la Société de Jésus, qui avait plusieurs colléges dans les universités, et en divers lieux des écoles publiques, ces maximes erronées trouvèrent une forte opposition, et le mal ne fit pas de grands progrès; mais la suppression de cette Compagnie, qui avait si bien mérité de la Religion, jointe au progrès des sociétés secrètes, causa à la Religion catholique des pertes immenses. Alors toutes les digues furent rompues, et un torrent de livres pervers et irréligieux inonda l'Allemagne.

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L'historien protestant Léopold Ranke partage la même opinion: « L'anéantissement de cette Société, d'un seul coup, sans préparation, raconte-t-il, de cette Société qui fit sa principale arme de l'instruction de la jeunesse, devait nécessairement ébranler le monde catholique jusque dans ses profondeurs, jusque dans la sphère où se forment les nouvelles générations. » Le fléau avait débordé. Nous avons vu ce que les Jésuites en corps tentèrent pour le comprimer; il nous reste à dire ce que leur isolement imprévu leur permit d'entre1 Mémoires historiques du cardinal Pacca, traduits par l'abbé Sionnet, p. 13. Histoire de la papauté, t. 1V, p. 500.

prendre. Au milieu même des affaiblissements de la dispersion, les individus surent encore se rendre utiles à la Foi catholique par leur piété, à l'Église par leurs vertus ou par leur éloquence, aux sciences et aux lettres leurs travaux.

par

Quand l'Institut succomba, il renfermait dans son sein des Pères qui n'avaient pas dégénéré. Il était aussi florissant qu'aux plus beaux âges de son histoire'. La modération des esprits avait produit la modération dans les maximes. La Compagnie de Jésus s'était disciplinće elle-même; elle veillait avec plus de soin que jamais sur les doctrines émises par ses théologiens; elle faisait une loi de la charité sacerdotale à ses polémistes; elle vivait avec les Évêques dans la plus parfaite union; elle ne s'était jamais montrée plus en dehors des affaires séculières ou politiques. Elle avait senti qu'en face du débordement de vices que la philosophie prenait sous sa protection, les instituteurs du peuple devaient offrir

'La Société de Jésus compte dans ses rangs dix saints, un bienheureux et un grand nombre de vénérables. Les saints proclamés par l'Église sont : Ignace de Loyola, François Xavier, François de Borgia, François Régis, François de Girolamo, Louis de Gonzague, Stanislas Kotska, et les trois martyrs japonais Paul Miki, Jean de Gotho et Jacques Kisai. Le b'enheureux se nomme Alphonse Rodriguez,

On appelle vénérable, dans le sens strict de cette qualification, celui dont l'héroïcité des vertus a été déclarée ou le martyre approuvé par la Congrégation des rites, en assemblée générale tenue devant le Pape. Dans un sens moius rigoureux, cette dénomination est attribuée à ceux dont la cause de béatification est introduite. Les vénérables déclarés tels, sensu stricto, sont les martyrs André Bobola, Iguace d'Azevedo et ses trente-neuf compagnons, Rodolphe Aquaviva et ses quatre compaguons. Les vénérables non martyrs sont : Pierre Canisius, Joseph Anchieta, Bernardin Realini, Louis du Pont, Pierre Claver et Jean Berckmans. l'armi les vénerables dont la cause est introduite, mais dont le martyre ou l'héroïcité des vertus n'a pas encore été recounne, on trouve Gonzalve Sylveira, Jean Sauvittores, Charles Spino a, Mastrilli, Viera, Pongratz, Groclezki, Juan de Britto, Robert Bellarmin, Vincent Caraffa, Louis de Lanusa, André Oviedo, Jean de Alloza, Castillo, Padial, Luzaghi, Baldinucci et Joseph Pignatelli. Pignatelli est le dernier anneau de cette chaîne *non interrompue, qui remonte jusqu'à Loyola.

Nous n'indiquons que ceux sur lesquels la Congrégation des rites conserve encore des documents. Il en est d'autres dont le procès a été instruit, quoiqu'il ne se trouve pas dans les Archives de la Congrégation.

Tels sont les vénérables Jean Sébastiani, Julien Maunoir, le Maronite François Georges, Bernard Calnago et plusieurs autres.

V.

l'exemple de la pureté des mœurs. Le passé devenait, pour les Jésuites, une garantie d'avenir, et le nombre des Pères qui glorifièrent la Société par leur zèle apostolique et par leurs talents ne fut pas moins grand qu'autrefois.

Ainsi, dans l'espace de quelques années, la mort avait enlevé à l'Institut des hommes qui laissèrent sur la terre un long souvenir. Pierre Wiltz en 1749, Hyacinthe Ferreri en 1750, Jacques Sanvitali en 1753, Jean Cayron en 1754, Juan de Santiago et Onuphre Paradisi en 1761, Camille Pacetti en 1764, François Pépé, l'orateur des Lazzaroni, en 1769, avaient fait chérir la Religion par leurs œuvres; leur trépas sanctifia l'humanité. Ils perpétuaient en Allemagne, en Italie et en France le zèle des Xavier et des Régis. Ils étaient les consolateurs des pauvres; mais, au moment suprême, les riches de ce monde les invoquaient à leur lit de mort, et, pour finir plus saintement, Benoit XIV expirait entre les bras du Père François Pépé. La suppression de l'Ordre n'atténua point ces hommages que la vertu arrachait au dixhuitième siècle. On avait détruit la Compagnie, on l'aimait encore, on la vénérait dans ses membres. A Toulouse, on vit, en 1784, le Parlement de Languedoc se réunir pour rendre un dernier arrêt concernant les Jésuites. Cette Cour judiciaire s'est associée à tous les actes des Parlements. Elle a condamné et maudit l'Institut; mais alors ce n'est plus de flétrissure qu'elle s'occupe. Le Père Jean Serane, l'ami des pauvres, vient de succomber sous les efforts de son zèle, le Parlement ordonne que le Jésuite sera inhumé solennellement dans l'église de Nazareth de cette ville, et, le même jour, sur ce cadavre que toutes les voix bénissent, l'Officialité diocésaine commence les informations juridiques pour la béatifica

tion du Père. Dans les Cantons suisses, comme aux portes de Rome, la mort amène pour chaque disciple de saint Ignace le jour du deuil et des éloges. Le 1" novembre 1799, les conseillers de Soleure inscrivent dans leurs registres le nom du Père Crollalanza; ils énumèrent les services rendus par lui à la vieille Helvétie, et ils élèvent une statue à son humilité'. A Tivoli, en 1802, le Sénat en érige une dans la salle de ses délibérations au Père Saracinelli. Baptiste Faure jouit du même honneur à Viterbe; le roi Poniatowski fait frapper à Varsovie une médaille en l'honneur du Père Kanouski. Les Jésuites chassés d'Espagne s'étaient mis au service de l'indigence dans plusieurs villes de l'Italie; ces villes admirent leur charité, elles célèbrent leurs talents, et le nom du Frère Emmanuel Ciorraga, ceux des Pères Sala, Marian Rodriguez, Pedralbes, Marguez, Salazar et Panna y sont encore prononcés avec respect. Tandis que les Pères Berthier, Tiraboschi, Charles de Neuville, Poczobut, Pignatelli, Andrès, Muzarelli et Beauregard remplissaient le monde de leurs travaux, de leur éloquence, de leur piété, l'impératrice Marie-Thérèse offrait, en 1776, un témoignage public au Père Delphini. Elle s'exprimait ainsi : « Mue par la considération des vertus éclatantes, de la doctrine, de l'érudition et de la vie régulière et exemplaire de Jean-Théophile Delphini; réfléchissant de plus sur ses travaux apostoliques en Hongrie, dans la principauté de Transylvanie, où il a ramené, à notre grande consolation, une foule nombreuse d'Anabaptistes à la vraie Foi, nous avons élu et nous nommons ledit Théophile Delphini, comme un

On lisait l'inscription suivante sur le piedestal de cette statue: Pauperum Patrem, ægrorum matrem, omnium fratrem, virum doctum et hum l'imum; in vita, in morte, in feretro suavitate sibi similem, amabat, admirabatur, lugebat Solodurum.

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