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obtenir de lui la protection que le guerrier n'accordait même pas aux ministres de son culte.

Ils avaient des ennemis puissants, d'implacables rivaux', qui grossissaient leurs fautes, qui transformaient leurs erreurs en crimes. On les chargeait, au Brésil, au Pérou, au Mexique, dans le Maduré et en Chine, des imputations les plus contradictoires. Quelquefois même les Évêques, à l'exemple de Juan de Palafox et de Bernardin de Cardenas, se prenaient à maudire cette activité dévorante qui poussait les Jésuites sur tous les continents. La guerre intestine ne les effrayait pas plus que la guerre aux idoles ou aux vices de l'humanité, et souvent les Prélats du Nouveau-Monde réparèrent, comme Ernand Guerrero, archevêque de Manille, l'injustice que de fausses allégations leur avaient fait commettre envers la Société de Jésus. Guerrero avait, dans un moment d'irritation, privé les Missionnaires du droit d'évangéliser les Philippines. Il revint à des sentiments plus modérés, et il rétracta lui-même son interdit.

« Par ce présent acte, lit-on dans l'Histoire des Philippines', nous annulons, en général comme en particulier, le décret que nous avons publié le 16 octobre dernier, et par lequel nous interdisons aux Religieux de la Compagnie de Jésus de prêcher hors de leurs églises dans toute l'étendue de notre archevêché. De plus nous annulons l'acte publié le 19 octobre, et nous déclarons que les motifs que nous appelions justes, et qui nous déterminaient à défendre auxdits Religieux de prêcher hors de leurs églises, n'étaient de leur part ni une doctrine erronée, ni de mauvais exemples, ni aucune autre cause déshonorante pour la Compagnie de Jésus ou pour quelqu'un de ses membres. C'était uniquement la

Storia delle Philippine, p. 220.

peine que nous éprouvions de ce que lesdits Pères ne s'étaient pas rendus à l'assemblée convoquée par nous le 19 octobre afin d'y traiter d'affaires importantes, et qu'ils s'étaient excusés en disant qu'ils avaient pour le faire de justes motifs, dont nous avons été informé. En foi de quoi nous déclarons que lesdits Pères de la Compagnie de Jésus peuvent librement prêcher dans toute l'étendue de notre archevêché, hors de leurs églises et en quelque lieu que ce soit. »

Quand la persécution ne venait pas de la part des peuples, elle naissait dans le palais des rois. Au gré de leurs caprices, ils accordaient ou retiraient l'autorisation de propager le Christianisme. D'amis des Jésuites, ils s'en faisaient sans transition les geôliers ou les bour reaux. Vers le milieu du dix-septième siècle, Jehangire, empereur du Mogol, donna subitement un de ces exemples. Akebar, son père, avait accueilli les disciples de Loyola; mais, excité par les brachmanes, dont l'autorité s'affaiblissait de jour en jour, intimidé par leurs menaces, il enjoint aux Missionnaires de se retirer du Mogol et à ses sujets de renoncer à la Foi nouvelle. Quelques Jésuites périssent, et parmi eux le Père Fiaillio. Leurs églises de Lahore, de Debly et d'Agrah sont détruites; les Catéchumènes se voient condamnés au bannissement ou à la 'mort. On les prive de leurs dignités, on les dépouille de leurs biens. Ils se résignent à tous ces maux pour ne pas blasphemer le Dieu qu'ils ont reçu d'Occident. Au milieu de tant de tribulations, les Jésuites ne perdent ni espérance ni courage. Ils comptent des partisans avoués ou secrets dans l'intimité et jusque dans la famille de l'Empereur: ils les font agir avec discrétion. Mirza Fulkarnem, le frère de lait de Jéhangire, élève la voix du fond de l'exil. Cette voix est entendue, et les Jésuites

peuvent enfin continuer leur mission. A Agrah, les Anglais et les Hollandais avaient obtenu l'établissement de quelques comptoirs dépendants de Surate. Les marchands hérétiques se sont fait un jeu cruel d'animer l'Empereur et les habitants du Mogol; mais des discussions d'intérêt, des rivalités de commerce ont promptement divisé ces hommes, toujours prêts à se coaliser contre le Catholicisme. La dissension qui se manifeste peut devenir fatale à l'Angleterre et à la Hollande. Les consuls des deux nations, résidant à Surate, épuisent pour les réconcilier toutes les prières et toutes les menaces. Ils ne savent plus de quelle manière terminer ce différend: ils en appellent à la justice des Pères de la Compagnie de Jésus, ils les nomment arbitres suprêmes dans une cause qui leur est complétement étrangère. Les Jésuites prononcent leur jugement avec tant d'équité que les deux parties l'acceptent comme la base de leurs transactions futures. Ainsi se trouva

vengé le sang de cette multitude de Missionnaires que les Anglicans et les Hollandais avaient répandu, et qu'ils ne cessaient encore de répandre.

Depuis que le Père Alexandre de Rhodes s'était introduit dans le Tonquin et dans la Cochinchine', le Christianisme y avait été exposé à des chances diverses. Ainsi que partout, les Jésuites y subissaient le contre-coup du fanatisme et des colères locales; mais, tantôt comme

'Lorsque la Foi catholique fut proscrite au Japon, les Jésuites qui appartenaient à cette province continuèrent à dépendre d'un Provincial, qui fixa sa résidence à Macao, et qui gouverna les Missionuaires de Siam, du Tong-King, de la Cochinchine et de plusieurs stations dans le Céleste-Empire. Le nom de la province du Japon, con servé jusqu'à l'extinction de l'Ordre de Jésus, en 1774, révèle dans les Pères le même esprit qui inspire à l'Eglise de conserver les titres des anciens évêchés aujourd'hui situés dans les pays de gentilité. Les évéchés in partibus indiquent l'espoir que le SaintSiége n'a jamais perdu de voir le vieux culte chrétien se ranimer là où il brilla d'un si vif éclat. Le rétablissement du siége d'Alger prouve que cette espérance n'est pas chimérique.

médecins, tantôt comme mathématiciens du Roi, ils purent conjurer l'orage. Le 14 mai 1698, la tempête éclata. Les Pères Arnedo, Belmonte, Pélisson et Condonné se trouvent en butte aux outrages des Païens. Les idoles ont été brisées pendant une nuit, et leurs prêtres accusent les Jésuites d'un crime que, dans les jours les plus heureux, ils ne songèrent pas à commettre. Il faut fouler aux pieds l'image du Sauveur mourant sur la croix ou expirer dans les tourments. Le martyre fut encore là l'unique consolation des Missionnaires; Joseph Condonné, l'un d'eux, périt dans les cachots; les autres, captifs ou errants de retraite en retraite, soutinrent l'ar-deur des néophytes. Ils succombèrent à la peine; mais de nouveaux Jésuites accoururent pour prendre leur place. Dix avaient perdu la vie dans ces combats de la Foi; vingt se présentent sous la conduite des Pères Monleyzo, Kofler, Laurezzo et Monteiro.

Jusqu'à l'année 1630, les Jésuites n'avaient fait que des excursions passagères dans le royaume de Siam. A cette époque, les Pères Morejonio, Cardin et Ninscio y pénétrèrent comme envoyés du gouverneur des Philippines, chargés du rachat des Chrétiens esclaves. Le Roi savait que les Missionnaires d'Occident possédaient le secret d'une vie plus fortunée, et des dictames pour tous les maux du corps et de l'esprit. En témoignage de sa bienveillance, il délivra, sans rançon, les Espagnols, et voulut conserver auprès de lui deux de ces hommes apostoliques, dont la renommée retentissait jusqu'au pied de son trône. Les Jésuites profitèrent de l'affection du Prince, et le Père Margici vint à leur aide. Des néophytes se formèrent; on commença à élever des églises, à travailler à l'éducation de la jeunesse. Le Christianisme s'établissait sans lutte sur

les rives fécondes du Meinan, lorsqu'un corsaire espagnol attaqua et brûla un navire du Roi, chargé des plus riches marchandises. Le corsaire sortait des Philippines; on accusa les Missionnaires d'être d'intelligence avec lui les esprits s'enflamment; le Père Margici est jeté dans un cachot, il y meurt empoisonné. Quelques années plus tard, la Religion et les Jésuites rentraient triomphants à Siam, sous les auspices de Louis XIV et des belles-lettres.

Un aventurier de l'île de Céphalonie, nommé Constance Phaulkon, gouvernait les États du roi de Siam, sous le titre de Visir. Dans une cour si féconde en révolutions de palais, Constance cherche à donner à son autorité un appui extérieur. Catholique fervent, il engage le monarque siamois à faire alliance avec le grand roi d'Occident, et deux ambassadeurs, chargés de présents, se dirigent vers la France, afin de proposer, au nom de leur maître, un traité de commerce et une espérance de Christianisme. Cette ambassade extraordinaire, partie du fond de l'Orient pour saluer Louis XIV, périt dans la traversée; mais l'idée flattait ses goûts d'ostentation, elle entrait dans ses vues de propagation catholique et française. Il saisit avidement les ouvertures de Constance, et il se décida à répondre aux avances qui lui étaient faites.

Le 28 janvier 1685, le Roi, par un décret contresigné Colbert, accordait à six Jésuites le titre de ses mathématiciens à la Chine et aux Indes; ces six Jésuites étaient les Pères de Fontaney, Tachard, Lecomte, Bouvet, Gerbillon et Visdelou. L'ordonnance nominative pour chacun des Missionnaires contenait la déclaration suivante : « Étant bien aise de contribuer de notre part a tout ce qui peut de plus en plus établir la sûreté de la

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