صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

écrivit une lettre se terminant ainsi : « Il est évident, par ce qui vient d'arriver à mon égard, que si les Jésuites voulaient se rendre appelants de la constitution, dès lors ils deviendraient tous de grands hommes et des hommes à miracles, au jugement de ceux qui sont aujourd'hui si acharnés à les décrier, comme je le suis devenu un moment sur le bruit de mon prétendu appel. Mais nous n'achetons pas à ce prix les éloges des novateurs. Nous nous croyons honorés par leurs outrages, quand nous faisons réflexion que ceux qui nous déchirent si cruellement dans leurs discours et dans leurs libelles, sont les mêmes qui blasphèment avec tant d'impiété contre ce qu'il y a de plus respectable et de plus sacré dans l'Église et dans l'État.»

Ce que le Jésuite disait en 1732 sera vrai tant qu'il y aura des partis dans le monde. Il mettait le doigt sur la plaie vive de toutes les oppositions; cela n'arrêta point les Jansenistes dans leurs attaques. L'Ordre de Jésus était en butte à tous les coups. Mille accusations du genre de celles que nous avons retracées se renouvelaient dans les royaumes catholiques. La paix et le bonheur semblaient devoir partout renaître, si enfin la proscription atteignait l'Institut de saint Ignace, le seul obstacle à la conciliation des esprits. Protestants, Encyclopédistes, Universitaires, membres du Parlement ou sectateurs du Jansénisme, tous sortis de camps si divers, se réunissaient dans une pensée commune; chacun s'apprêtait à écraser les Jésuites, pour préparer le triomphe de sa cause. Un événement inattendu donna prise à toutes les espérances, et offrit une réalité à toutes les accusations; cet événement fut la banqueroute du Père Lavalette.

tants.

-

CHAPITRE IV.

--

Causes de la destruction des Jésuites en France. Opinions des écrivains protes. - Coalition des Parlements, des Jansenistes et - Louis XV, et Voltaire roi. Les confesdes Philosophes contre la Société. - Imputations qu'on lui adresse. seurs de la famille royale. Portrait de Louis XV.. Attentat de Damiens. Madame de Pompadour veut faire amnistier sa vie passée par un Jésuite. — Le Sa lettre confidentielle.Père de Sacy et la marquise. Elle négocie à Rome. Le Père de Lavalette à la Martinique. Il est dénoncé pour fait de négoce. L'intendant de la Martinique prend sa défense, Encouragements que lui donne De retour aux Antilles, Lavalette achète des terres à

le ministre de la marine.

[ocr errors]
[ocr errors]

la Dominique. Ses travaux et ses emprunts. Son commerce dans les ports de Hollande.. Les corsaires anglais capturent ses vaisseaux. Les traites du Père Lavalette sont protestées. Les Jésuites ne s'accordent pas sur les moyens d'apaiser ce scandale. - Ils sont condamnés à payer solidairement. - Question de soli-Les visiteurs darité. Ils en appellent des tribunaux consulaires au Parlement. nommés pour la Martinique. - Accidents qui les retiennent. -Le Père de La Marche parvient enfin aux Antilles. Il juge et condamne Lavalette.

[ocr errors]

-

[ocr errors]

--

- Les

Le

Sa déclaration. - Les créanciers au Parlement. Le maréchal de Belle-Isle et le duc de Choiseul. - Caractère de ce dernier. Sa lettre à Louis XVI sur les Jésuites. - De la question de faillite, le Parlement remonte aux Constitutions de l'Ordre. Congrégatious supprimées. Arrêt du 8 mai 1761. - Le Conseil du roi et le Parlement nomment, chacun de son côté, une commission pour l'examen de l'Institut. Chauvelin et Lepelletier Saint-Fargeau. - Rapport de Chauvelin. roi ordonne de surseoir. Le Parlement élude l'ordre.. Le Parlement reçoit le procureur-général appelant de toutes les bulles, brefs, en faveur des Jésuites. Arrêts sur arrêts. Les Jésuites ne se défendent pas. Louis XV consulte les évêques de France sur l'Institut. Leur réponse. Cinq voix de minorité demandent quelques modifications. - Les Jésuites font une déclaration; ils adhèrent Concession inutile. — Le roi an à l'enseignement des Quatre articles de 1682.nule toutes les procédures entamées. · Pamphlets contre la Société de Jésus. — Extraits des Assertions. Les Jésuites expulsés de leurs colléges. - Assemblée extraordinaire du clergé de France. — L'assemblée se prononce en faveur des Jésuites. Sa lettre au roi.- Voltaire et d'Alembert.- Les Parlements de province. La Chalotais, Dudon et Monclar, procureurs-généraux de Reunes, de Bordeaux et d'Aix. — Leurs comptes-rendus. - Situation des Parlements de province, — La majorité et la minorité. Le président d'Eguilles, et ses mémoires inédits, Parlement de Paris prononce son arrét de destruction de la Compagnie. - Les cours souveraines de Franche-Comté, d'Alsace, de Flandre et d'Artois ainsi que la Lorraine s'opposent à l'expulsion des Jésuites, Confiscation des biens de la Société. - Pension faite aux Jésuites. Jugement que portent les Protestants sur cet arrêt. Proscription des Jésuites. Causes de la proscription, Scholl et La Mennais. Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, et sa pastorale sur les Jésuites. Colère du Parlement, Christophe de Beaumont cité à la barre. Sa pastorale brûlée par la main du bourreau, Les Jésuites forcés d'opter entre l'apostasie et l'exil. - Cinq sur quatre mille. - Lettre des confesseurs de la famille royale à Louis XV. — Sa réponse. Le dauphin au Conseil, — Edit du roi qui restreint les arrêts du Parlement. - Clément XIII, et la bulle Apostolicum. Les Jésuites en Espagne. Charles III les défend contre Pombal. L'émeute des

Le

Le comte

Chapeaux apaisée par les Jésuites. — Ressentiment du roi d'Espagne. d'Aranda devient ministre. Le duc d'Albe inventeur de l'empereur Nicolas It. -Les historiens protestants racontent de quelle manière on indisposa Charles III contre l'Institut,.- Les lettres apocryphes. - Choiseul et d'Aranda. — La sentence du conseil extraordinaire. - Mystérieuse trame contre les Jésuites. Ordre du roi donné à tous ses officiers civils et militaires pour enlever les Jésuites à la même heure. — Les Jésuites arrêtés en Espagne, en Amérique et aux Indes. — Ils obéissent.-Le Père Joseph Pignatelli.—Clément XIII supplie Charles III de lui faire connaitre les causes de cette grande mesure.-Réticence du roi, sou obstination.-Bref du Pape. - Les Jésuites jetés sur le territoire romain. Causes qui les en font repousser. Protestant contre Catholique.- Les Jésuites à Naples, - Tanucci imite d'Aranda. Les Jésuites proscrits, - On les expulse de Parme et de Malte. — Clément XIII proclame la déchéance du duc de Parme. — La France s'empare d'Avignon, Naples de Bénévent et de Ponte-Corvo. Menaces du marquis d'Aubeterre au nom de Choiseul. Sa mort.

-

· Courage du Pape,

[ocr errors]
[ocr errors]

Afin d'apprécier avec équité les événements qui vont précipiter en France la chute de l'Ordre de saint Ignace, il faut se placer au point de vue protestant. Dans ce fait de la destruction des Jésuites il y eut, sans aucun doute, des causes accessoires, des mobiles subalternes, des intérêts accidentels; mais celui qui prédomine fut incontestablement le besoin qu'avaient toutes les sectes combinées d'isoler le Catholicisme et de le trouver sans défenseurs au moment où elles l'attaqueraient à fond. Les écrivains calvinistes ou luthériens ont parfaitement saisi cette situation. Schlosser écrit: « On avait juré une haine irréconciliable à la Religion catholique, depuis des siècles incorporée à l'État... Pour achever cette révolution intérieure et pour ôter à l'antique système religieux et catholique son soutien principal, les diverses cours de la maison de Bourbon, ignorant qu'elles allaient mettre par là l'instruction de la jeunesse en des mains bien différentes, se réunirent contre les Jésuites, auxquels les Jansénistes avaient fait perdre dès long-temps, et par des moyens souvent équivoques, l'estime acquise depuis des siècles. »

1 Histoire des révolutions politiques et littéraires de l'Europe au dix-huitième siècle,

t. 1, par Schlosser, professeur d'histoire à l'université de Heidelberg.

Ce n'est pas le seul témoignage que rende à la vérité l'école protestante. Schoell s'exprime ainsi1: « Une conspiration s'était formée entre les anciens Jansénistes et le parti des philosophes; ou plutôt, comme ces deux factions tendaient au même but, elles y travaillaient dans une telle harmonie qu'on aurait pu croire qu'elles concertaient leurs moyens. Les Jansénistes, sous l'apparence d'un grand zèle religieux, et les philosophes, en affichant des sentiments de philanthropie, travaillaient tous les deux au renversement de l'autorité pontificale. Tel fut l'aveuglement de beaucoup d'hommes bien pensants qu'ils firent cause commune avec une secte qu'ils auraient abhorrée s'ils en avaient connu les intentions. Ces sortes d'erreurs ne sont pas rares; chaque siècle a la sienne... Mais, pour renverser la puissance ecclésiastique, il fallait l'isoler en lui enlevant l'appui de cette phalange sacrée qui s'était dévouée à la défense du trône pontifical, c'est-à-dire les Jésuites. Telle fut la vraie cause de la haine qu'on voua à cette Société. Les impru dences que commirent quelques-uns de ses membres fournirent des armes pour combattre l'Ordre, et la guerre contre les Jésuites devint populaire; ou plutôt, haïr et persécuter un Ordre dont l'existence tenait à celle de la Religion catholique et du trône devint un titre qui donnait le droit de se dire philosophe. »

Les écrivains protestants tranchent la question. D'après eux, les Jésuites ne furent calomniés et sacrifiés que parce qu'ils étaient l'avant-garde et le corps de réserve de l'Église. L'animosité et la passion ne s'attachèrent à les détruire qu'au moment où il fut démontré que rien ne pourrait les séparer du centre d'unité; on ne les ac

Cours d'histoire des Etats européens, t. XLIV, p. 71.

cabla que lorsqu'il fut avéré qu'ils ne transigeraient jamais avec leur devoir de prêtres catholiques. Ils tenaient en main les générations futures, ils entravaient le mouvement imprimé. Rien d'hostile au Saint-Siége, et, par conséquent, à la Religion, ne pouvait réussir tant que les Jésuites seraient là pour déjouer les complots de la pensée ou pour rompre le faisceau de baines que l'on s'efforçait de grossir en les agglomérant. Les Jésuites étaient inébranlables dans leur foi. Ils repoussaient toute idée de conjuration menaçant l'autorité spirituelle. Ils vivaient sans demander à des utopies politiques le dernier mot de la royauté. On conspira contre eux; on les déclara coupables, puisqu'ils refusaient de s'associer aux trames enveloppant le Saint-Siége et les monarchies. « Dans toutes les cours, au dix-huitième siècle, dit Léopold Ranke', se formèrent deux partis, dont l'un faisait la guerre à la Papauté, à l'Église, à l'État, et dont l'autre cherchait à maintenir les choses telles qu'elles étaient et à conserver la prérogative de l'Église universelle. Ce dernier parti était surtout représenté par les Jésuites. Cet ordre apparut comme le plus formidable boulevard des principes catholiques : c'est contre lui que se dirigea immédiatement l'orage. »>

"

L'orage s'était amoncelé de plusieurs côtés à la fois. Vieilles inimitiés, jeunes espérances, illusions philanthropiques, songes décevants, ambitieuses pensées, tout se coalisait pour précipiter la ruine des Jésuites. Les Encyclopédistes suspendirent leurs feux croisés contre les disciples de Jansénius; il y eut trêve entre eux parce qu'ils avaient un même ennemi à étouffer. Les uns oublièrent leur foi parlementaire, les autres leur rancune

'Histoire de la papauté, t, 1v, p. 486.

« السابقةمتابعة »