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l'absence des Missionnaires et l'action des Presbytériens, des Quakers et des Anabaptistes détruisirent la plupart de ces chrétientés; mais au fond des tribus dont le contact hérétique ne pouvait altérer la foi, le souvenir des Robes Noires survécut. Les voyageurs de tous les cultes et de tous les pays constatent cette`reconnaissance; les actes officiels eux-mêmes en rendent témoignage, et les Ottawas, que les Jésuites émancipèrent au dix-septième siècle, viennent, cent cinquante années après, en demander au président de l'Union Américaine. En 1823, ils lui écrivent, par l'intermédiaire de leur chef Pinesinidjigo, l'Oiseau Noir:

« Mon Père, c'est à présent que je désire que tu m'écoutes, moi et tous les enfants de cette contrée éloignée; ils tendent les bras pour te serrer la main; nous, les chefs, les pères de famille et autres Ottawas, rési– dant à l'Arbre Crochu, te prions instamment et te sup

Dans la même année, d'autres tribus précisaient encore mieux leur demande, et le Président des États-Unis recevait l'adresse suivante :

Nous soussignés, capitaine, chefs de famille et autres de la tribu des Ottawas, demeurant à l'Arbre-Courbé, sur la rive orientale du lac Michigan, prenons cette voie pour communiquer à notre père, le Président des États-Unis, nos demandes et nos besoins. Nous remercions notre père et le congrès de tous les efforts qu'ils ont faits pour nous amener à la civilisation et à la connaissance de Jésus, rédempteur des hommes rouges et blancs. Nous confiant dans votre bonté paternelle, nous réclamons la liberté de conscience, et vous prions de nous accorder un maître, ou ministre de l'Évangile, qui appartienne à la même Société dont étaient les membres de la Compagnie catholique de saint Ignace, établie autrefois à Michillimackinac, à l'ArbreCourbé, par le Père Marquette et d'autres Missionnaires de l'Ordre des Jésuites. Ils résidèrent au milieu de nous pendant de longues années. Ils cultivèrent un champ sur notre territoire, pour nous apprendre les principes de l'agriculture et du Christianisme.

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Depuis ce temps nous avons toujours désiré de semblables ministres; si vous daignez nous les accorder, nous les inviterons à venir s'établir sur le même terrain anciennement occupé par le Père Du Jauney, sur les rives du lac Michigan, proche de notre village, à l'Arbre-Courbé.

» Si vous accueillez cette humble demande de vos fils fidèles, ils en seront éternellement reconnaissants, et prieront le Grand-Esprit de répandre ses bénédictions sur les blancs.

» Fu foi de ceci, nous avons apposé nos signatures, ce 12 août 1823.
» Signé : ÉPARVR, POISSON, CHENILLE, GRUE, Aigle,
POISSON-VOLANT, OURS, CIRE, »

plions, toi, notre respectable Père, de nous procurer une Robe Noire comme ceux qui instruisent les Indiens dans le voisinage de Montréal.

» Notre Père, sois charitable envers tes enfants; écoute-les. Nous désirons être instruits dans les mêmes principes de religion que professaient nos ancêtres quand la Mission de saint Ignace existait.

» Nous nous adressons à toi, le premier et principal chef des États-Unis; nous te prions de nous aider à élever une maison de prière.

» Nous donnerons de la terre à cultiver à ce ministre du Grand-Esprit que tu enverras pour nous instruire nous et nos enfants. Nous nous efforcerons de lui plaire et de suivre ses bons avis. Nous nous trouverons heureux, si tu veux bien nous envoyer un homme de Dieu, de la Religion catholique, de la même sorte que ceux qui ont instruit nos pères. Tel est le désir de tes enfants dévoués. Ils ont la confiance que toi, qui es leur Père, auras la bonté de les écouter. Voilà tout ce que tes enfants te demandent à présent.

>> Tous tes enfants, Père, te présentent la main et serrent la tienne avec toute l'affection de leur cœur.

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Une nouvelle forme de gouvernement a produit de nouvelles mœurs; la population primitive du Canada, dont une partie a refusé d'abandonner ses savanes, vit au fond des forêts. Là, s'arrangeant un bonheur à sa manière, elle invoque le concours du président des États-Unis, « pour être instruite dans les mêmes principes de religion que professaient ses ancêtres quand la Mission de saint Ignace existait. » Et ce souvenir des temps passés, qui frappe au cœur les peuples dont la

virginité n'a pas été souillée par les révolutions, ce n'est pas seulement chez les tribus canadiennes qu'il se réveille. Les Catholiques de l'Amérique méridionale font entendre le même voeu; de la Louisiane à la NouvelleGrenade, il retentit. Dans un même sentiment de gratitude et d'espérance, tous demandent à l'Institut religieux qui civilisa leurs pères de venir apprendre à leurs enfants les devoirs du chrétien et du citoyen. Les monarques de l'Europe avaient, dans un jour de faiblesse que tant d'autres, plus coupables, suivirent, consommé la ruine de la Société de Jésus; ils brisaient ainsi la chaîne qui attachait le Nouveau-Monde à l'ancien, dont il était tributaire.

Le Nouveau-Monde, libre et républicain, n'accepte point les préjugés ou les haines de convention qui fermentent contre la Société de saint Ignace de Loyola. Il sait les services qu'elle a rendus à cet univers créé par ses travaux; il appelle les Jésuites pour qu'ils continuent à en rendre de semblables dans un autre ordre d'idées. Tous ces peuples, tirés de la barbarie par les Missionnaires, ont des intérêts différents, des passions et des vues opposées; mais, du haut des Montagnes Rocheuses à la mer des Caraïbes, de l'Inde au Paraguay, ils se confondent dans un même désir. Ils remontent tous le courant des révolutions, afin d'offrir à la jeunesse comme à l'âge mûr les guides spirituels dont leurs ancêtres éprouvèrent la foi, et dont eux veulent mettre à profit le zèle et la science.

CHAPITRE III

Situation des esprits en Europe.

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l'ordre social. Tous ont pour marquis de Pombal à Lisbonne,

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La Compagnie de Jésus en face des adversaires de premier but la destruction des Jésuites. Le Son caractère. Il est protégé par les Jésuites. Il domine le faible Joseph I". Ses mesures et son arbitraire. Il règne sur le roi en lui faisant peur de complots chimériques. Pombal comprend que, pour rester seul maître de la position, il faut éloigner les Jésuites. Il cherche à détacher le roi des Pères de l'Institut. —Exil des Pères Ballister et Fonseca. de cet exil. - Monopole administratif. Courage de Pombal et des Jésuites. vient de ses préventions contre la Société. encyclopédique.

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Causes

Tremblement de terre de Lisbonne. Charité du Père Malagrida. - Le roi re

Pombal sans intelligence avec la secte

Différence de leurs plans. Pombal rêve d'établir une es

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ses Missions. Traité d'échange entre l'Espagne et le Portugal. Réductions de l'Uruguay et la colonie del Santo - Sacramento. Motifs de cet échange. Les mines d'or des Jésuites. -Les deux cours chargent les Pères de préparer les néophytes à l'émigration. - Les Pères Barreda et Neydorffert. -Les Jésuites, au risque de perdre le Christianisme et leur popularité, obéissent à l'injonction. On les accuse de soulever les Indiens. · Concessions qui deviennent funestes. Leur obéissance les compromet dans les deux camps. Les néophytes se révoltent. ·Proscription des Jésuites au Maragnon. Les Indiens sont vaincus parce qu'il n'y a pas eu accord entre eux. — - Expulsion des Jésuites. On se met à la recherche des mines d'or. Il est démontré qu'il n'y en a jamais eu. Pombal pamphlétaire contre les Jésuites. Les rois d'Espagne Ferdinand VI et Charles III font brûler son ouvrage. Don Zevalos et Guttierez de la Huerta. Les Jésuites disculpés par les autorités espagnoles. Leur éloge des Réductions La timidité des Jésuites enhardit Pombal, noît XIV un bref de réforme. Benoît XIV et le cardinal Passionei. Norbert protégé par Passionei. Le commerce des Jésuites au Paraguay et dans les Missions. -Ce que c'était que ce négoce.-Édit de Philippe V qui l'approuve. Pombal s'imagine que les Jésuites ont dévié de leur Institut,

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y ramener. - Benoît XIV mourant se laisse forcer la main, et signe le bref de visite et de réforme. Le Cardinal Saldanha et Pombal, Les Jésuites, confesseurs du Roi et des Infants, enlevés de la cour. — Le Provincial Henriquez et le Général de l'Ordre enjoignent de garder le silence et d'obéir. Mort de Benoit XIV. — Saldanha exerce des pouvoirs périmés, Il condamne les Jésuites comme convaincus de commerce illicite. Élection de Clément XIII. — Son caractère. Le Général des Jésuites, Laurent Ricci, se plaint du cardinal Saldanha et des mesures prises sans contradicteurs. Exil des Pères Fouseca, Ferreira, Malagrida et Torrez. ~ Le Père Jacques Camera, — Attentat à la vie de Joseph Ir. -Le marquis de Tavora accusé, Après trois mois de silence, on l'arrête avec Motifs secrets de la colère de Pombal contre les Tavora. Les Tavora à la question. — Le du: d'Aveiro dans les tortures s'accuse lui-même. - I accuse ses parents et les Jésuites.Il se rétracte. Supplices de ces familles. - Arrestation de huit Jésuites. Malagrida, Mattos et Jean-Alexandre condamnés à mort. — Les autres Jésuites en suspicion. Manifeste de Joseph Ier aux évêques portugais. Denx cents prélats catholiques protestent contre cet écrit. On enlève les Missionnaires

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schisme national. comme sorcier.

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de toutes les Réductions. Faux bref pour l'expulsion des Jésuites du Portugal. Pombal en fait partir un premier convoi pour les États pontificaux. - Les Dominicains de Civita-Vecchia les accueillent. Le cardinal Saldanha cherche à gagner les jeunes Jésuites. Pombal, débarrassé des Jésuites, s'occupe de son Le Père Malagrida, condamné comme régicide, est brûlé Son jugement par l'Inquisition, dont Pombal est le créateur. Proscription de la Compagnie de Jésus en Portugal. Les Jésuites prisonniers. — Lettre du Père Kaulen. — L'exemple de Pombal encourage les adversaires de la Société. On ressuscite toutes les vieilles calomnies. — On invente un Père Henry brûlé à Anvers. Ambroise Guis et son héritage. Faux arrêt du Conseil. — Les Jésuites condamnés à restituer huit millions. - Le Père Girard et Catherine La Cadière. La jeune fille illuminée et le Jésuite crédule. — Intrigues des Jansénistes. — Le parlement d'Aix acquitte le Père Girard. — Le Père Chamillard mort appelant de la bulle.- Les miracles faits à son tombeau. - Le Père Cha

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Tant que la Société de Jésus n'eut qu'à lutter contre l'instinctive cruauté des Sauvages, contre les haines périodiques des Huguenots, des Universités et des Jansénistes, on la vit s'opposer aux attaques et souvent même jeter dans le camp ennemi la division ou la honte. Forte du principe d'autorité qu'elle proclamait sous tous les modes de gouvernement, elle avait jusqu'alors, à quelques rares exceptions près, trouvé dans les chefs des peuples un constant appui, une intelligente protection qui tournait à l'avantage des nations et des princes. De Rome, le centre de la catholicité, elle régnait par le martyre ou par l'humilité, par les services rendus à l'éducation ou par la gloire littéraire. Le Saint-Siége la présentait dans ses batailles théologiques, comme l'avantgarde et la phalange sacrée de l'Église; mais, au contact d'une nouvelle école qui sapait les trônes en flattant les rois, qui détruisait la morale en calomniant la vertu et en glorifiant le vice, les monarques avaient vu se glisser dans leurs âmes un sentiment de crainte et d'égoïsme. Endormis sur le trône, ils voulaient vivre heureux, sans songer que ce bonheur viager serait la mort de leur empire. Pour ne pas être agités dans leur royale fainéantise, ils laissaient un à un briser entre leurs mains les

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