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Mais férieufement tout ce manége-ci

M'allarme, me déplaît, & ma foi j'en ai

honte :

Y penfez-vous, Monfieur : Quoi! Florise & Gé

ronte

Vous comblent d'amitiés, de plaifirs & d'honneurs,
Et vous mandez fur eux quatre pages d'horreurs.
Valere, d'autre part, vous aime à la folie:
Il n'a d'autre défaut qu'un peu d'étourderie;
Et, grace à vous, Géronte en va voir le portrait
Comme d'un libertin, & d'un colifichet.
Cela finira mal.

CLEON.

Oh! tu prens au tragique

Un débat, qui pour moi ne fera que comique:
Je me prépare ici de quoi me réjouir,
Et la meilleure fcène, & le plus grand plaifir...
J'ai bien voulu pour eux quitter un tems la Ville:
Ne point m'en amufer, feroit être imbécille;
Un peu de bruit rendra ceci moins ennuyeux,
Et me payera du tems que je perds avec eux.
Valere à mon projet lui-même contribuë
C'eft un de ces enfans, dont la folle recrue
Dans les Sociétés vient tomber tous les ans,
Et laffe tout le monde, excepté leurs parens.
Croirois-tu que fur moi tout fon espoir le fonde?

Le hazard me l'a fait rencontrer dans le monde
Ce petit étourdi s'eft pris de goût pour moi,
Et me croit fon ami, je ne fçai pas pourquoi.
Avant que dans ces lieux je vinffe avec Florise,
J'avois tout arrangé pour qu'il eût Cilalife:
Elle a, pour la plûpart, formé nos jeunes gens,,
J'ai demandé pour lui quelques mois de fon

tcms.

Soit que cette aventure, ou quelque autre l'engage.
Voulant abfolument rompre fon mariage,
Il m'a vingt fois écrit d'employer tous mes foins
Pour le faire manquer, ou l'éloigner du moins:
Parbleu, je vous le fers de la bonne maniere.
FRONTIN.

Oui, vous voilà chargé d'une très-belle affaire!
CLE'ON.

Mon projet étoit bien qu'il fe tînt à Paris,
C'est malgré mes confeils qu'il vient en ce Pays,
Depuis longtems, dit-il, il n'a point vû fa

mere >

Il compte, en lui parlant, gagner ce qu'il ef

pere.

FRONTIN.

Mais vous, quel intérêt ?... Pourquoi vouloit

aigrir

Des gens, que pour toujours ce noeud doit

réunir 3

By

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Et pourquoi feconder la bizarre entreprise
D'un jeune écervelé, qui fait une fotise?
CLE'ON

Quand je n'y trouverois que dequoi m'amufer,
Oh! c'eft le droit des gens, & je veux en user:
Tout languit, tout eft mort fans la tracafferie
C'eft le reffort du monde & l'ame de la vie :

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Bien fou, qui là-deffus contraindroit ses defirs:
Les Sots font ici-bas pour nos menus-j
-plaifirs..
Mais un autre intérêt que la plaifanterie
Me détermine encor à cette brouillerie.

FRONTIN.

Comment donc, à Chloé fongeriez-vous aufli ?
Florife croit pourtant que vous n'êtes ici
Que pour fon compte, au moins. Je pense que

fa fille

Lui péfe horriblement, & la voir, fi gentille
L'afflige je lui vois l'air fombre & foucieux
Lorique vous regardez longtems Chloé.

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L

Que Valere écarté fert à vos intérêts,

Mais je ne comprends pas quel deffein eft le vôtre;
Quoi ! Florise & Chloé ?...

CLE' ON.

Je n'agis ni pár goût, ni

Moi? ni l'une, ni l'autre.

par rivalité:

M'as-tu donc jamais vû dupe d'une beauté ?
Je fçai trop les défauts, les retours qu'on nous

cache:

Toute femme m'amufe; aucune ne m'attache
Si par hazard auffi je me vois marié,

Je ne m'ennuirai point pour ma chere moitié,
Aimera qui pourra. Florife, cette folle,

Dont je tourne à mon gré l'esprit faux & fiivole,
Qui malgré l'âge encore a des prétentions, 4
Et me croit transporté de fes perfections,
Florise penfe à moi. C'eft pour notre avantage
Qu'elle veut de Chloé rompre le mariage,


que l'oncle à la niéce affurant tout fon bien,
S'il venoit à mourir, Florife n'auroit rien:
Le point eft d'empêcher qu'il ne fe défaifille,
Et je fouhaite fort que cela réuffiffe :
Si nous pouvons parer cette donation,

Jè ne répondrois pas d'une tentation.
Sur cet hymen fecret donc Florise me preffe:
D'un bien confidérable elle fera maîtreffe,

I

Et je n'épouferois que fous condition

D'une très-bonne part dans la fucceffion. D'ailleurs, Géronte m'aime : Il fe peut très-bien

faire

Que fon choix me regarde en renvoyant Valere,
Et fur la fille alors arrêtant mon espoir,
Je laifferai la mere à qui voudra l'avoir;
Peut-être tout ceci n'est que vaines chiméres.

FRONTI N..

Je le croirois affez.

CLE' ON.

Auffi n'y tiens-je guéres,

Et je ne m'en fais point un fort grand embarras :
Si rien ne réuffit, je ne m'en pendrai pas:
Je puis avoir Chloé, je puis avoir Florife,
Mais quand je manquerois l'une & l'autre en-
treprise,

J'aurai, chemin faifant, les ayant conseillés
Le plaifir d'être craint, & de les voir brouillés.
FRONTIN.

Fort bien, mais fi j'ofois vous dire en confidence
Où cela và tout droit.

CLEO N.

Eh bien.

FRONTI N.

En confcience,

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