Tôt ou tard, la Vertu, les Graces, les Talens Sont vainqueurs des jaloux, & vangés des Méchants.
Mais fongez qu'il peut nuire à toute ma famille, Qu'il va tenir fur moi, fur Géronte & ma fille Les plus affreux difcours....
Qu'il parle mal ou bien, Il est deshonoré, fes difcours ne font rien. Il vient de couronner l'histoire de sa vie ; Je vais mettre le comble à fon ignominie En écrivant partout les détails odieux De la divifion qu'il femoit en ces lieux; Autant qu'il faut de foins, d'égards & de prulence Pour ne point accufer l'Honneur & l'Innocence, Autant il faut d'ardeur, d'infléxibilité
Pour déférer un traître à la Société,
Et l'intérêt commun veut qu'on le réunifse Pour flétrir un Méchant, pour en faire justice. J'inftruirai l'Univers de la mauvaise foi
Sans me cacher: je veux qu'il fçache que c'est moi: Un rapport clandeftin n'est pas d'un honnêtehomme,
Quand j'accufe quelqu'un, je le dois, & me
Non : fi vous m'en croiez, laiffez-moi tout le foir De l'éloigner de nous, fans éclat, fans témoin. Quelque peine que j'aie à foutenir sa vuë Je veux l'entretenir & dans cette entrevure Je vais lui faire entendre intelligiblement Qu'il eft de trop ici, tout autre arrangement Ne réuffiroit pas fur l'efprit de mon frere, Cléon plus que jamais a le don de lui plaire : Ils ne fe quittent plus, & Géronte prétend Qu'il doit à fa prudence un fervice important. Enfin, vous le voiez, vous avez eu beau dire Qu'on foupçonnoit Cléon d'une affreule fatire, Géronte ne croit rien : nul doute, nul foupçon N'a pu faire fur lui la moin tre impreflion.... Mais ils viennent, je crois: fortons, je vais at- tendre
Que Cléon foit tout feul.
E ne veux rien entendre,
Votre premier confeil eft le feul qui foit bon,
Je n'oublirai jamais cette obligation;
Cellez de me parler pour ce petit Valere.
11 ne fçait ce qu'il veut, mais il fçait me déplaire! Il refufoit tantôt, il confent maintenant, Moi, je n'ai qu'un avis, c'est un impertinent. Ma four fur fon chapitre, est, dit-on, revenue: Autre efprit inégal, fans aucune tenue; Mais ils ont beau s'unir, je ne fis pas un fot, Un fou n'eft pas mon fait, voilà mon dernier mot. Qu'ils en enragent tous, je n'en fuis pas plus trifte. Que dites-vous auffi de ce bon-homme Arifte? Ma foi, mon vieux ami n'a plus le fens commun Plein de préventions, difcoureur importun, Il veut que vous foyez l'auteur d'une fatire Ой je fuis pour ma part: il vous fait même écriré Ma lettre de tantôt: vainement je lui dis
Qu'elle étoit clairement d'un de vos ennemis, Puifqu'on vouloit donner des foupçons fur vous même ::
Rien n'y fait: il foutient fon abfurde fiftème ? Soit dit confidemment, je crois qu'il eft jaloux De tous les fentimens qui m'attachent à vous, CLEON.
Qu'il choififfe donc mieux les crimes qu'il me donne:
Car moi, je suis fi loin d'écrire fur personne Que fans autre fujet j'ai renvoić Frontin
Sur le fimple foupçon qu'il étoit écrivain; Il m'étoit revenu que dans des brouilleries On l'avoit emploié pour des tracafleries : On peut nous imputer les fautes de nos gens, Et je m'en fuis défait de peur des accidens. Je ne répondrois par qu'il n'eût part au mistére De l'écrit contre vous: & peut-être Valere Qui refufoit d'abord, & qui connaît Frontin Depuis qu'il me connaît, s'eft fervi de fa main Pour écrire à fa mere une lettre anonime: Au reste... il ne faut point que cela vous anime Contre lui Ce foupçon peut n'être pas fondé. GERONT E.
Oh! vous êtes trop bon. Je fuis perfuadé, Par le ton qu'emploioit ce petit Agréable, Qu'il eft faux, méchant, noir, & qu'il eft bien capable
Du mauvais procédé, dont on veut vous noircir. Qu'on vous accufe encor ! Oh ! laiffez-les venir; Puifque de leur préfence on ne peut le défaire, Je vais leur déclarer d'une façon très-claire Que je romps tout accord : Car, fans comparaison, J'aime mieux vingt procès qu'un fat dans ma maifon.
Ue je tiens bien mon fot! mais par quelle inconftance
Florise femble-t-elle éviter ma présence? L'imprudente Lifette auroit-elle avoué ?... Elle confent, dit-on, à marier Chloé ?
On ne fçait ce qu'on tient avec ces fenimelettes : Mais je l'ai fubjuguée..... Un mot, quelques fleu
Me la rameneront... Ou, fi je fuis trahi,
J'en fuis tout confolé, je me suis réjoui.
Mais quelle rêverie occupe donc votre ame? Qu'avez-vous Vos beaux yeux me semblent moins ferains :
Eaite pour les laisirs, auriez-vous des chagrins?
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