L'affaire de la noce eft donc raccommodée
Pas tout-à-fait encor, mais j'en ai bonne idée,,
Je ne fçais quoi me dit qu'en dépit de Cléon Nous ne fommes pas loin de la conclusion : En gens congédiés je crois me bien connaître, Ils ont d'avance un air que je trouve à ton maîtres Dans l'efprit de Florife il est expédié : Grace aux conseils d'Arifte, au pouvoir de Chloé, Valere l'abandonne : ainfi, felon mon compte, Cléon n'a plus pour lui que l'erreur de Géronte, Qui par nous tous dans peu fçaura la vérité ; Veux-tu lui refter feul & que ta probité. ... FRONTIN.
Mais le quitter?... Jamais je n'oferai lui dire. LISETT E.
Bon! Eh bien écris-lui... Tu ne fçais pas écrire
Je croyois que tu fignois ton nom
Simplement mais tant mieux, mande-lui, fans.
Qu'un autre arrangement que tu crois néceffaire,. Des raisons de famille enfin t'ont obligé De lui fignifier que tu prends ton congé. FRONTIN.
Ma foi fans compliment je demande més gages Tiens, tu lui porteras....
De ta condition, tu peux compter sur moi, Et j'attendois cela pour finir avec toi ; Valere, c'en eft fait, te prend à son service, Tu peux dès ce moment entrer en exercice, "Et pour que ton état foit dûment éclairci Sans retour, fans appel, dans un moment d'ici Je te ferai porter au château de Valere Un billet qu'il m'a dit d'envoier à sa mere: Cela te fauvera toute explication
Et le premier moment de l'humeur de Cléon... Mais je crois qu'on revient.
FRONTIN.
Il pourroit nous furprendres,
J'en meurs de peur : adieu..
Je voudrois bien fçavoir quelle eft cette aventure, Et pour quelles raisons Arifte m'a prescrit Un fi profond fecret quand j'aurois cet écrit: 11 fe peut que ce foit pour quelque gentillesse De Cléon; en tout cas, je ne rends cette piece
Que fous condition, & s'il m' affure bien
Qu'à mon pauvre Frontin il n'arrivera rien
Car enfin bien des gens, à ce que j'entends dire, Ont été quelquefois peadus pour trop écrire. Mais le voici.
FLORISE. ARISTE. LISETTE.
LISETTE à part à Arifte.
Onfieur, pourrois-je vous parler? ARISTE.
Je te fuis dans l'inftant.
ARISTE.
C'Eft trop vous défoler
En vérité, Madame, il ne vaut point la peine Du moindre fentiment de colère ou de haine : Libre de vos chagrins, partagez feulement Le plaifir que Chloé reffent en ce moment D'avoir pû recouvrer l'amitié de fa mere, Et de vous voir fenfible à l'espoir de Valere. Vous ne m'étonnez point au reste, & vous devicz Attendre de Cléon tout ce que vous voiez.
Qu'onne m'en parle plus;c'eft un fourbe exécrable,
Indigne du nom d'homme,un Monftre abominable. Trop tard pour mon malheur je détefte aujourd'hui Le moment où j'ai pû me lier avec lui.
Il faut fans tarder, fans mistére,
FLORISE.
Je ne fçais comment faire,
Je le crains: c'eft pour moi le plus grand embarras ARISTE.
Méprifez-le à jamais, vous ne le craindrez pas. Voulez-vous avec lui vous abaiffer à feindre ? Vous l'honoreriez trop en parailfant le craindre: Ofez l'apprécier: tous ces gens redoutés, Fameux par les propos & par les faulletés, Vûs de près ne font rien : & toute cette espéce N'a de force fur nous que par notre foibleffe, Des femmes fans efprit, fans graces, fans pudeur, Des hommes décriés, fans talens, fans honneur, Verront donc à jamais leurs noirceurs impunies, Nous tiendront dans la crainte à force d'infamies, It fe feront un nom d'une méchanceté Sans qui l'on n'eût pas fçû qu'ils avoient existé ? Non, il faut s'épargner tout égard, toute feinte, Les braver fans foibleffe, & les nommer fans crain-
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