C'eft de mon amitié faire bien peu de cas...
Je fors.... car je dirois ce que je ne veux pas
brouillés : amis de tous les temps Vous êtes au-deffus de tous les différends : Vous verrez fimplement que c'eft quelque nuage, Cela finit toujours par s'aimer davantage. Géronte a fur le coeur nos perfécutions
Sur un parti, qu'en vain vous & moi confeillons. Moi, j'aime fort Valere, & je vois avec peine Qu'il fe foit annoncé par donner une scéne ! : Mais, foit dit entre nous, peut-on compter fur lui? A bien examiner ce qu'il fait aujourd'hui On imagineroit qu'il détruit notre ouvrage, Qu'il agit fourdement contre fon mariage: Il veut, il ne veut plus; fçait-il ce qu'il lui faut
11 eft près de Chloé, qu'il refufoit tantôt.
Tout feroit expliqué fi l'on ceffoit de nuire, Si la Méchanceté ne cherchoit à détruire....
Oh bon, quelle folie! Etes-vous de ces gens Soupçonneux, ombrageux ? croicz-vous aux Mé
Et réalisez-vous cet Etre imaginaire, Ce petit préjugé qui ne va qu'au Vulgaire ? Pour moi je ny crois pas : foit dit fans intérest, Tout le monde eft méchant, & perfonne ne l'eft: On reçoit, & l'on rend, on eft à-peu-près quitte : Parlez-vous des propos comme il n'eft ni mé- rite
Ni gout, ni jugement qui ne foit contredit Que rien n'eft vrai fur rien, qu'importe ce qu'on dit ?
Tel fera mon héros & tel fera le vôtre,
L'Aigle d'une maifon n'eft qu'un fot dans une
Je dis ici qu'Eraste est un mauvais plailant, Eh bien, on dit ailleurs qu'Erafte eft amufant. Si vous parlez des faits & des tracafferies, Je, n'y vois dans le fonds que des plaifanteries Et fi vous attachez du crime à tout cela
Beaucoup d'honnêtes-gens font de ces fripons-là
L'Agrément couvre tout, il rend tout légitime, Aujourd'hui dans le monde on ne connaît qu'un crime,
C'est l'ennui pocr le fuir tous les moiens font
Il gagneroit bientôt les meilleures maifons. Si l'on s'aimoit i fort: l'amusement circule Par les préventions, les torts, le Ridicule; Au refte, chacun parle & fait comme il l'entend, Tout eft mal, tout est bien, tout le monde eft con-
On n'a rien à répondre à de telles maximes: Tout eft indifférent pour les ames fublimes. Le plaifir, dites-vous, y gagne en vérité Je n'ai vu que l'Ennui chez la Méchanceté : Ce jargon éternel de la froide ironie, L'air de dénigrement, l'aigreur, la jalousie; Ce ton miftérieux, ces petits mots fans fin Toujours avec un air qui voudroit être fin, Ces indifcrétions › ces rapports infidelles > Ces balles fauffetés, ces trahifons cruelles, Tout cela n'eft-il pas, à le bien définir, L'image de la haine, & la mort du plaifir ? Auffi ne voit-on plus, où font ces caractéres, L'aifance, la franchise, & les plaisirs fincéres, On eft en garde, on doute enfin fi l'on rira;
L'efprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a : De la joie & du coeur on perd l'heureux langage Pour l'abfurbe talent d'un trifte perfifinge: Faut-il donc s'ennuier pour être du bon air ?... Mais fans perdre en difcours un tems qui nous eft. cher,
Venons au fait, Monfieur, connaiffez ma droiture; Si vous êtes ici, comme on le conjecture, L'ami de la maifon, fi vous voulez le bien, Allons trouver Géronte, & qu'il ne cache rien; Sa défiance ici tous deux nous deshonore Je lui révélerai des chofes qu'il ignore, Vous ferez notre juge; Allons, fecondez-moi, Et foyons tous trois sûrs de notre bonne foi. CLEON.
Une explication en faut-il quand on s'aime? Ma foi, laillez tomber tout cela de foi-même, Me mêler là-dedans?... ce n'eft pas mon avis, Souvent un tiers le brouille avec les deux partis, Et je crains...Vous fortez mais vous me faites rire...
De grace, expliquez-moi...
Achève de m'inftruire, & ne fais aucun doute...
Laissez-moi voir d'abord fi perfonne n'écoute
Par hazard à la porte, ou dans ce cabinet: Quelqu'un des gens pourroit entendre mon fecret..
« السابقةمتابعة » |