Il y réuffit mieux que tout ce que je vois : D'ailleurs, il eft toujours de même avis que moi, Preuve que nos efprits étoient faits l'un pour l'au tre, Et qu'une fympathie, un goût comme le nôtre Sont pour durer tou,ours; & puis, j'aime ma fceur, Et quiconque lui plaît convient à mon humeur: Elle n'améne ici que bonne compagnie, Et, grace à fes amis, jamais je ne m'ennuye. Quoi Si Cléon étoit un homme décrié, L'aurois-je ici reçu ? L'auroit-elle prić ?... Mais quand il feroit tel qu'on te l'a voulu pein dre, Faux, dangereux, méchant, moi, qu'en aurois-je à craindre ? Ifolé dans mes bois, loin des fociétés, Je ne jurerois pas, qu'en attendant pratique, GERONTE. Quoi qu'elle aime Cléon! C'est vous qui l'avez dit, & c'eft avec raison due: Six mois dans la Morale, & fix dans les Ro mans, Selon l'Amant du jour, & là couleur du temps 3 Ne penfant, ne voulant, n'étant rien d'elle-mê me, Et n'ayant d'ame enfin que par celui qu'elle ai me. Or, comme je la vois, de bonne qu'elle étoit 5 GERONTE. Ah, je voudrois le voir ! Corbieu, tu vas connaîs tre Si je ne fuis qu'un fot, ou fi je fuis le maître. Et ne lui répondoit qu'avec un ton d'ennui: Un projet, dont ma foeur paraiffoit s'ennuyer: LISETTE. Non mais à la fourdine. Quand Arifte parloit, Cléon faifoit la mine; Il animoit Madame en l'approuvant tout bas; Son air, des demi- mots que vous n'entendiez pas, Certain ricannement, un filence perfide, Voilà comme il parloit, & tout cela décide : Vraiment il n'ira pas le montrer tel qu'il eft, Vous préfent: Il entend trop bien son intérêt :Il fe fert de Florife, & fçait fe fatisfaire Du mal qu'il ne fait point par le mal qu'il fait faire. Enfin, à me prêcher, vous perdez votre temps: Je ne l'aimerai pas; j'abhorre les Méchants ; Leur efprit me déplaît comme leur caractére, çon, Je vous aime; pourquoi? C'eft que vous êtes bon. Moi! je ne fuis pas bon: Et c'eft une fotife LISETTE. Oui, bonté c'eft bêtife Selon ce beau Docteur : Mais vous en reviendrez. pas tre; Quelquefois, je le fçais, vous voulez le paraître, Vous êtes, comme un autre, emporté, violent, Et vous vous fâchez même affez honnêtement : Mais au fonds la bonté fait votre caractére, Vous aimez qu'on vous aime, & je vous en ré vére. GERONT.E. Ma foeur vient; tu vas voir si j'ai tant de dou ceur Et fi je fuis fi bon. LISETTE. Voyons. SCENE III. FLORISE. GERONTE. LISETTE: GERONTE, d'un ton brufque. Bonjour, ma fœur. FLORISE. Ah, Dieux ! Parlez plus bas, mon frere, je vous prie.. GERONTE. Eh, pourquoi, s'il vous plaît ? FLORISE. Je fuis anéantie Je n'ai pas fermé l'œil, & vous criez fi fort.... GERONTE, bas à Lifette. Lifette, elle eft malade. LISETTE, bas à Géronte. Et vous, vous êtes mort Voilà donc ce courage? FLORIS E. Allez fçavoir, Lifette Si l'on peut voir Cléon,... Faut-il que je répéte |