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tions, que c'eft par l'abondance des belles chofes que les Italiens fe dégoûtent des belles chofes, & que c'eft par indigence que nous ne nous laffons pas d'applaudir ce que nous trouvons beau.

Il réfulte de cette théorie, que l'innombrable multitude de fonnets dont l'Italie abonde, doit dégoûter des fonnets de Pétrarque les oreilles délicates des Italiens; & que dans le tems où l'Italie avoit plus de grands peintres qu'elle n'a aujourd'hui de grands muficiens, les tableaux nouveaux devroient leur faire oublier ceux de Michel-Ange & de Raphaël.

On fait tous les ans à Paris plus de tragédies que les Comédiens n'en peuvent ou n'en veulent jouer; mais quoique nous aimions la nouveauté autant qu'aucun peuple du monde, j'espère que notre goût en poéfie ne fe perfectionnera jamais au point de préférer ce qui eft nouveau à ce qui eft beau; jufqu'à oublier les tragédies de Racine & de Voltaire, & à ne vouloir plus voir au théâtre François que ces tragédies modernes, fi fort vantées par leurs auteurs & applaudies par leurs amis.

M. M. compare les fuccès des Opéras de M. Gluck, ceux qu'avoient nos anciens Opéras quand nous ne connoiflions que notre mufique; il ne fait pas attention que ceux qui applaudiffent aujourd'hui Iphigénie & Orphée, ont entendu Ernelinde, Céphale, Roland, & nos meilleurs Opéras Comiques,qui tous, felon lui, font purement de la musique Italienne adaptée à des paroles françoifes.

M. M. répond qu'on a été obligé cet Eté de retirer Iphigénie, & qu'Orphée a été réduit à des recettes de 4 & de soo liv. ; cela pourroit arriver à des Opéras joués en été pour la centième ou la cent-cinquantième fois. Cependant Iphigénie & Orphée foutiennent encore l'Opéra, & jamais il n'y a eu une recette de 400 liv., ni même de 700 liv. Je fuis étonné que M. M. fe permette de pareils moyens de critique.

Je ne fuis pas moins étonné qu'il perfifte à vouloir que chacun fe nomme en difputant fur les arts. Il vou droit favoir fi je n'ai, comme lui, que de l'inftinct ou fi je fais accompagner une baffe, afin de juger' quel eft le degré d'autorité que je mérite.

Eh! qu'importe le nom de celui qui ne demande point qu'on l'en croie en rien fur fa parole,qui ne dogmatife point,qui motive fes opinions & difcute des faits? Quoi! le public aura befoin de favoir fi je fuis favant ou ignorant pour juger fi j'ai tort ou raison ? Et mes Lecteurs ayant néceffairement des opinions trèsdiverfes fur mon favoir faire, chacun d'eux aura donc néceffairement, fur le fond de la queftion, une opinion différente de celle de tous les autres! Voilà un moyen tout nouveau d'éclaircir les difputes.

Si j'avois la puérile vanité,ou, fi l'on veut, l'humilité de mettre mon nom à quelques pages écrites à la hâte fur une querelle paffagère de Mufique, M. M. pourroit favoir que ce n'eft pas feulement dans les Concerts de Paris que j'ai entendu de la Mufique Italienne, comme il le dit; mais que j'ai vu exécuter de beaux Opéras de Sacchini, de Bach, &c. par de très-habiles virtuofes, fur le théâtre d'une des grandes capitales de l'Europe; il fauroit que je n'ai jamais été, comme il le fait entendre, enthousiaste de Ra meau & de Mondonville; il pourroit même fe fouvenir qu'en difputant quelquefois avec lui fur la Mufique Italienne & la Mufique Françoise, ce n'étoit pas moi qui défendois les opéras de Rameau & de Mondonville. Mais le Public n'en feroit pas plus à portée de nous juger, & j'aurois le défavantage de n'oppofer qu'un nom obfcur au nom justement célèbre de M. Marmontel; ce feroit combattre avec des armes trop inégales.

Dans la littérature comme au barreau, il me femble que fi les Juges ne connoiffoient point le dom des plaideurs, les procès n'en feroient pas plus

mal jugés. C'eft ce que je me propose d'examiner dans une autre occafion. En attendant, je prendrai la liberté de dire à M. M. comme Nicomède,

Seigneur, fi j'ai raison, qu'importe qui je fois?

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SUR LES FOURMIS. RÉPONSE de M. LE FRANC à M. CADET le Jeune.

M. CADET a feint dans fa Réponse ( Journal de

Paris no 255.) de ne pas fentir les motifs qui ont déterminé ma Critique, & fe plaint de ce que j'ai vonlu jeter un ridicule fur une expérience, qui faite & gardée dans fon laboratoire, pouvoit, peut-être, avoir quelque chofe d'intéreffant, mais qui n'est que de la dernière futilité publiée avec ces grands mots, ce pompeux étalage, fi peu digne d'un homme qui cultive les fciences avec honneur. Détournant donc mal adroitement le but de mes plaifanteries, il semble me prêter une opinion que je n'ai jamais paru avoir. Je n'ai point en effet adopté, comme il l'infinue, les doutes de M. l'Abbé Fontana fur le caractère acide des Fourmis ; j'aurois eu des autorités trop fortes à combattre. Tragus eft le premier qui ait obfervé que la falive des Fourmis, ou la liqueur qu'elles verfent en mordant, changeoit en rouge la couleur bleue des fleurs de chicorée. Ray a fait la même expérience (Tranfact. Phil. n°. 68.) Après lui Neumann (opera. chym. 1741, pag. 39.) Les Fourmis foumifes à la diftillation fourniffent une grande quantité d'acide; on en retire onze onces d'une livro.

& demie (Neumann, oper. chym. p. 45, 55, 57, 58.) Gleditsch. Mém. de l'Ac. de Berlin 1749. ( Ray ibid.) L'on pourroit rapporter cet acide des Fourmis à celui qui fe trouve dans les végétaux dont elles fe nourriffent, & qui a confervé toute fa force; puifque les nymphes des Fourmis qui n'ont pas encore fucé les plantes ne fourniffent point d'acide. (Neumann, ibid. P. 45.) L'acide des Fourmis fe manifefte en grande quantité lorfqu'on les renferme; & elles font les feules dans le règne animal qui en fourniffent par l'analyfe chymique. (idem. ibid. p. 54.) Ces expériences & les obfervations, jointes à d'autres encore. plus modernes, peuvent raffurer M. Cadet fur le peu de conformité de mon opinion avec celle de M. l'Abbé Fontana. Ce Physicien exact n'a d'ailleurs rien de commun avec ma Lettre inférée dans le Mercure du 5 Septembre.

I paroît que c'eft moins l'expreffion de peu circonfpect que M. Cadet me prie de lui paffer, que celle de petit phénomène. Ah! très-petit phénomène affurément, nous fommes d'accord; oui, oui, petit phénomène, annoncé avec des phrases empoulées, & auquel fied fi bien l'application du vers fi connu: Parturient montes nafcetur ridiculus mus.

Quant aux autorités un peu plus refpectables que M. Cadet m'oppofe, je fais qu'une partie a protesté contre fon petit phénomène verbalement, l'autre par écrit, & tous, fans doute, in petto.

Si le prochain Mémoire de M. Cadet fur les foffes d'aifance, présente des avantages auffi réels pour l'humanité que celui qu'il a publié fur la destruction des Fourmis, fi c'est enfin un autre petit phénomène, il a raifon de prévoir les petites gaietés que je me permettrai à ce fujet; fi l'occafion eft belle, comme il le dit, je ne la manquerai certainement pas obfervant que M. Cadet le jeune annonce toujours, non

:

ce qu'il a fait, mais ce qu'il doit faire: maxime qui

a fouvent bien des inconvéniens.

Je remercie M. Cadet des égards qu'il a eu pour ma qualité de Médecin. C'eft, fans doute, par une fuite de ces mêmes égards, qu'il n'a pas voulu inférer dans le Journal de Paris la Lettre que j'y ai envoyée le 13 Septembre, où je difois que les Mémoires fur le rafinage du fucre dont j'ai parlé dans ma première Lettre, étoient ceux de Meffieurs Sage & Mittouart, & non celui de ces deux Frères, dont les fuccès, j'espère, récompenferont le zèle avec lequel ils s'occupent au bien de l'État, en perfectionnant une des branches les plus effentielles de fon commerce.

LE FRANC, Médecin.

VARIÉT É.

Courte Réponse du Breveté du Mercure à Me SIMON HENRI - NICOLAS

LINGUET.

LE SIEUR LINGUET a inféré dans le numéro 26 de fes Annales, page 103, un Factum contre le nouveau Mercure de France, écrit avec la politeffe," la modération, la vérité & le bon goût qui caractérise tout ce qui fort de fa plume. On fe bornera à répondre à deux faits effentiels.

1o. Le Sieur Linguet affirme que la lifte qu'on a imprimée des Gens de Lettres diftingués qui coopè rent à la compofition du nouveau Mercure, a nui à cet ouvrage. La vérité eft que le Public, en y foufcrivant en foule, a juftifié de la manière la moins équivoque la confiance qu'il a dans les talens de ces coopérateurs. L'Imprimeur certifiera qu'on tire aujourd'hui le Mercure à fept mille.

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