C'eft en vous admirant qu'on paffe la journée : plaifirs fufte loifirs banqueroute, En vain on vous prieroit chez nous de vous affeoir conftance . caquet fpérance; bonheur, puiffance. cœur 2 reconnoiffance. Ainfi qu'à publier, par fon joyeux COUPLET, fur l'air réveillez-vous. APOLLON, ma Mufe & ma verve Jour & nuit fe font efcrimés, Et de concert avec Minerve, Ils ont rempli les bouts rimés. *Cette faute eft la feule de ce genre qui fe trouve dans ces vers fort étonnans, fi l'on confidère la profeffion de Auteur; encore nos anciens Poëtes fe permettoient-ils de retrancher l'e dans fidèle au mafculin. A M. LIEUTAUD. AINSI qu'au lever de l'aurore L'aftre du jour forme & colore Sur l'aurore de notre vie Verfe fes plus heureux préfens. Vous verrez le tableau mobile Vous verrez la Vertu craintive Un plaifir de tous les inftans. Vous verrez... Mais ! qu'allois-je faire ? Ces traits de l'humaine misère Ne doivent point frapper vos yeux. Trop tôt d'une fi trifte image Votre efprit feroit révoltéjamas 247 ans Dans votre Ville * commerçante, Marseille DE J. J. ROUSSE A U. CE SEROIT une chofe également curieufe & intéteffante, de fuivre, dans tout le cours de la vie de Rouffeau, les rapports de fon caractère avec fes Ouvrages, d'étu dier à la fois l'homme & l'écrivain, d'ob ferver à quel point l'humeur & la myfantropie de l'un a pu influer fur le ftyle de l'autre, & combien cette fenfibilité d'imagination qui, dans la conduite, fair fi fouvent reffeinbler l'homme à un enfant, fert à l'élever au-deffus des autres hommes dans fes écrits. C'eft fous ce point de vue que le Philofophe se plaît à étudier les perfonnages extraordinaires, & s'il préfère cette recherche inftructive à la pompe menfongère du Panégyrique, ce n'eft pas que la louange lui foit importune, c'eft que la vérité lui eft chère. S'il veut être le juge des hommes célèbres, ce n'est pas pour en être le détracteur; c'eft pour apprendre à connoître l'humanité, qu'il faut fur-tout obferver dans ce qu'elle a produit de grand. Ce n'eft pas par un fentiment d'orgueil ou d'envie qu'il obferve les fautes & les foiblefles, c'est au contraire pour en montrer la caufe & l'excufe; & le réfultat de cet examen, qui fait voir le bien & le mal nés tous deux de la même fource, eft une leçon d'indulgence. Mais quand on feroit sûr d'être exactement inftruit des faits, & de ne rien don ner à l'efprit de parti, ( deux conditions indifpenfables pour toute efpèce de jugement, & dont pourtant on s'embarraffe fort peu, tant on eft preffé de juger) il ne faudroit pas encore choifir le moment où l'on vient de perdre un Ecrivain célèbre, pour foumettre fa mémoire à cet examen philofophique, qui ne fépare point Ja perfonne & les ouvrages. Le talent comme on l'a dit ailleurs, n'eft jamais plus intéreffant qu'au moment où il difparoît pour toujours. Auparavant on fouffroit qu'il fût déchiré pour T'amufement de la malignité; à peine alors veut-on permettre qu'il foit juge pour l'inftruction; & fi, pendant la vie, les torts de l'homme nuifent à la renommée de l'Ecrivain, c'est tout le contraire après la mort : cette rénommée couvre tout de fon éclat, & la postérité qui jouit des écrits, prend fous fa protection l'Auteur dont elle a recueilli l'héritage. D'ailleurs, il faut l'avouer, ce fentiment eft équitable. A l'instant où l'homme supérieur nous eft enlevé par la mort, il femble qu'on ne doit rien fentir que fa perte. La tombe follicite l'indulgence en infpirant la douleur, & il y a un temps |