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fon ridicule projet. Lucrèce mère de Laure, raconte ainfi ce qui s'eft paffé. » A peine vous quittiez l'Affemblée, que le nombre des femmes qui inveftiffoient le Sénat, s'eft accru prodigieufement, accou rant de toutes parts, furieufes, échevelées criant comme les oyes du Capitole, & non moins intrépides que les Soldats qui l'af fiégeoient; le précipitant les unes fur les autres, & s'agitant comme les flots de la mer; elles ont donné aux portes des fecouffes fi violentes, qu'elles les ont foudain enfoncées.

PASQUIN.

Les forcières des portes qui ne s'ouvrent qu'avec la clef d'or!

LUCRECE.

A l'afpect de ces femmes en fureur, les Sénateurs ont pâli. Les Huiffiers ont pris la

fuite.

PASQUIN.

Les Poltrons!

LUGRÈCE

Mais plein d'une noble affurance, celui qui préfidoit l'Affemblée, tranquille au milieu du tumulte, l'air riant & ferein, à l'inftant s'eft levé. Les féditions, a-t-il dit,

ent caufé de grands meaux; évitons-les: que chacun vive avec fa femme comme je vis avec la mienne. Elle aime la danfe, & je ne hais pas le vin; je l'envoie au bal, & je refte à boire avec mes amis. L'Affem blée à ces mots applaudit, bat des mains; le projet eft unanimement profcrit; la fédition s'appaife. On en plaifante, on s'en amufe, & la féance finit par un grand éclat de rire ».

Pandolphe demande grace à Laure & Pafquin à Zerbine, & la Pièce finit par une réconciliation générale, & par cet axiome de Lucrèce, que de toutes les prétentions d'un mari, la plus ridicule eft celle de vouloir juger fa femme.

Cette Pièce est un badinage agréable,

plus fait pour la fociété que pour le théâtre. Il y a peu d'action & d'intrigue; mais le dialogue en eft facile & gai. C'eft une efpèce de proverbe, dont le mot eft ce vers de Voltaire:

Femme toujours eft maîtreffe au logist

قر

.I

L'Auteur a joint à cette Comédie des Odes anacreontiques, dont plufieurs offrent des idées ingénieufes Nous citerons les deux fuivantes qui nous ont paru les plus jolies.

By

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L'AMOUR PRISONNIER.

QUAND Vénus, par jaloune,
Bannit Pfiché de fa Cour,
Dans les bofquets d'Idalie,

Elle emprifonna l'Amour.

It gémit, fe désespère,
Et voudroit bien s'envoler :
Demeurez, lui dit fa mère,
Ou voulez-vous donc aller ?

Cas retraites font fi belles !.
Oui, répond le tendre enfant,
Mais pourquoi vous perdent-elles,

* Lorsqu'Adonis eft absent ?

DIANE SURPRISE PAR L'AMOUR.

Dr Cupidon Diane évitoit la pourfuite;

Un jour furprise dans le bain,

Elle laiffa tomber fon voile dans fa fuite;
Ce Dieu le releva foudain.

Iz court, en fouriant, le porter à sa mère, ab Qui s'en pare d'un air vainqueur,

Sûre que la beauté ne peut manquet de plaire Sous le voile de la pudeur.

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Traité de l'Adultère confidéré dans l'ordre judiciaire, par M. Fournel, Avocat. A Paris, chez Baftien, rue du Petit I yon, Fauxbourg S. Germain, in-8°. Prix 2 liv. 10 f. broché.

M. le Marquis de Beccaria a renfermé dans un petit volume prefque tous les délits, & des réflexions fur les peines qu'on a cru devoir leur appliquer. Son Ouvrage eft celui d'un Philofophe qui a eu pour objet d'adoucir la févérité de la Loi, & d'éclairer fa vengeance. Jufqu'à préfent, il a été la traduit, admiré; mais les abus qu'il indiquoit font reftés. Il en eft de même de beaucoup de vérités fenties, qui demeurent étouffées fous le poids de l'habitude. Nous aimons à faire aujourd'hui ce que nous avons fait hier, & c'eft ainfi que le mal fe perpétue.

D).

L'Auteur du Traité que nous annonçons, en continuant la route dans laquelle il vient de faire un premier pas, recueillera moins de gloire que celui des délits & des peines, mais il fera peut-être plus utile aux Jurif confultes; il ne les entraîne pas dans d'heureufes poffibilités, il les arrête fur ce qui exifte; il ne prétend point leur apprendre te que la Loi auroit dû prononcer, mais ce qu'elle a prononcé effectivement.

Il a cru devoir commencer fon Traitén par l'adultère, ce crime qui cache fa difformité fous des charmes trompeurs, qui eft la fource de tant d'injuftices, qui renverfe l'ordre des fucceffions, qui mine & détruit l'union conjugale, qui éteint les affections paternelles par une affreufe incertitude, qui allume les guerres domefti ques, & finit par couvrir la femme de mépris, & le mari de ridicule.

L'adultère eft le crime qui fe foupçonne le plus légèrement, & qui eft le plus difficile à prouver; il eft parmi nous ce qu'étoit autrefois le vol à Lacédémone, ce n'eft. pas lui qui eft puni, c'eft l'imprudence qui s'eft kaiffée furprendre.

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"Chez les Juifs, les femmes étoient éprouvées d'une manière myftérieufe; le mari qui foupçonnoit fa femme de lui » être infidelle la conduifoit au Prêtre, ce"fui-ci offroit un facrifice à Dieu, & compofoit un certain breuvage d'une extrême» amertume qu'il préfentoit à la femme » accufée, en prononçant contre elle des imprécations terribles. Ingrediantur aque » maledicta in ventrem tuum, & utero tumefcente putrefcat femur, & refpondebit » mulier, amen, amen.

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Nous avons peine à concevoir pourquoi tant de Jurifconfultes éclairés ont été furpris que le mari eût le droit de pourfuivre fa fem

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