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Les fonds depuis quelque tems ont éprouvé une grande diminution, & on craint qu'elle n'augmente encore, quoiqu'on ait employé tous les moyens poffibles pour engager les Hollandois à en acheter, & qu'on ait appliqué au fervice l'argent deftiné pour les orphelins.

On obferve dans un de nos papiers, que la plupart des vaiffeaux que nous avons pris à la France, étoient affurés en Angleterre, au moyen de quoi, quand ils feroient plus confidérables & plus nombreux, nous n'en ferions pas moins léfés; ce même papier évalue toutes ces prifes à 450,000 liv. fterl., & on oppofe à ce calcul que le nombre de celles que les François ont fait fur nous depuis qu'ils ont mis leurs Armateurs en mer, eft d'un million fterl.

ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE SEPT.

Philadelphie du 10 Août. Le 6 de ce mois a été un grand jour pour l'Amérique-Unie, il lui at offert le fpectacle nouveau des Représentans de ces Etats, donnant une Audience au Miniftre Plénipotentiaire du plus puiffant Roi de l'Europe. MM. Richard Lée & Samuel Adams Députés, l'un de Virginie, l'autre de Maffachuffets Bay, fe rendirent dans un carroffe à 6 chevaux fournis par le Congrès, chez M. Gerard qu'ils conduifirent à la maifon d'Etat de cette ville, où étant arrivés, ils prirent la gauche du Miniftre, & le menèrent dans la falle du Congrès au fauteuil qui lui avoit été destiné en face du Préfident. M. Gerard s'étant affis, remit fes lettres de créance à fon Secrétaire, qui les préfenta au Préfident. Elles font conçues ainfi : Très-chers grands Amis & Alliés, les Traités que nous avons fignés avec vous, en conféquence des propofitions que vos Députés nous ont faites de votre part, vous font un garant affuré de notre affection pour les Etats-Unis en général, & pour

chacun d'eux en particulier, ainfi que de l'intérêt que nous prenons & que nous prendrons conftamment à leur bonheur & à leur profpérité. C'eft pour vous en convaincre d'une manière plus particulière, que nous avons nommé le fieur Gerard, Secrétaire de notre Confeil d'Etat, pour réfider auprès de vous en qualité de notre Miniftre Plénipotentiaire. Il connoît d'autant mieux les fentimens que nous vous portons, & il est d'autant plus en état de vous en rendre témoignage, qu'il a été chargé de notre part de négocier avec vos Députés, & qu'il a figné avec eux les Traités qui cimentent notre union. Nous vous prions d'ajouter foi entière à tout ce qu'il vous dira de notre part, principalement lorfqu'il vous affurera de notre affection & de notre conftante amitié pour vous. Sur ce, nous prions Dieu qu'il vous ait, très-chers grands Amis & Alliés, en fa fainte & digne garde. Ecrit à Versailles, le 28 Mars 1778. Votre bon Ami & Allié, LOUIS. GRAVIER DE VERGENNES.

Alors le Préfident, le Congrès & le Miniftre fe levèrent ensemble; ce dernier falua le Préfident & le Congrès qui lui rendirent le falut, & tout le monde fe raffit. Un inftant après le Miniftre adreffa ce difcours au Congrès.

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Meffieurs, les liaifons que le Roi mon maître a formées avec les Etats-Unis de l'Amérique, lui font fi agréables,qu'il n'a pas voulu différer de m'envoyer réfider auprès du Congrès pour les cimenter. Il apprendra avec fatisfaction que les fentimens qui ont éclaté à cette occafion juftifient la confiance que lui avoient infpiré le zèle & le caractère des Députés des Etats-Unis en France, la fageffe & la fermeté qui ont dirigé les réfolutions du Congrès, ainfi que la conftance & le courage que les Peuples ont fait éclater. Vous favez, Meffieurs, que cette confiance a fait la bafe du plan vraiment amical & défin

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téreffé fur lequel S. M. a traité avec les EtatsUnis. Il n'a pas dépendu de S. M. que fes enga gemens n'affurent votre indépendance & votre repos fans effufion ultérieure de fang, & fans aggraver les maux de l'humanité, dont toute fon ambition eft d'affurer le bonheur; mais les difpofitions & les réfolutions hoftiles de l'ennemi commun, ayant donné à des engagemens purement éventuels une force actuelle, pofitive, permanente & indiffoluble, le Roi mon. maître pense que les deux Alliés ne doivent plus s'occuper que des moyens de les remplir de la manière la plus utile à la caufe commune, & la plus efficace pour parvenir à la paix qui eft l'objet de l'alliance. C'eft d'après ces principes, que S. M. s'eft hâtée de vous envoyer un fecours puiffant. Vous ne le devez, Meffieurs, qu'à fon amitié, à l'intérêt fincère qu'elle prend aux avantages des Etats-Unis, & au defir qu'elle a de concourir efficacement à affermir votre repos & votre profpérité fur des bafes honorables & folides. Elle efpère d'ailleurs que les principes. adoptés par les Gouvernemens contribueront à étendre les liaifons que l'intérêt mutuel des peuples refpectifs avoit déja commencé à établir entr'eux. Le principal point de mes inftructions eft de faire marcher fur la même ligne les intérêts de la France & ceux des Etats-Unis. Je me flatte, Meffieurs, que ma conduite paffée, dans les affaires qui les intéreffent, vous aura déja convaincu que je n'ai point de defir plus grand que celui d'exécuter mes inftructions de manière à mériter la confiance du Congrès, l'amité de. fes Membres, & l'eftime de tous les citoyens. Signé GERARD.

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Le Préfident répondit de la manière fuivante.. Monfieur, les Traités conclus entre S. M.T. C. & les Etats-Unis de l'Amérique font une preuve éclatante de fa fageffe & de fa magnanimité

refpectables à toutes les nations. Les vertueux Citoyens de l'Amérique en particulier, n'oublieront jamais l'attention bienfaifante qu'elle a donnée à la violation de leurs droits: jamais ils ne méconnoîtront la main protectrice de la Providence qui a daigné les élever jufqu'à un Ami auffi puiffant & auffi illuftre. Le Congrès penfe & efpère que l'expérience ajoutera une nouvelle force à la confiance que Sa Majefté a mife dans la fermeté de ces Etats. Cette Affemblée eft convaincue, Monfieur

s'il eût dépendu uniquement du Roi TrèsChrétien, l'indépendance & le repos de ces Etats feroient inébranlablement affermis. Nous déplorons cette foif de domination, fource de de la guerre actuelle qui a multiplié les misères de l'humanité. Il n'eft rien que nous défirions plus ardemment que de remettre l'épée dans le fourreau, & d'arrêter l'effufion du fang; mais nous fommes déterminés à remplir autant qu'il fera en nous ces engagemens éventuels auxquels les réfolutions & les difpofitions hoftiles de l'ennemi commun ont donné une force pofitive & permanente. Le Congrès eft intimément per fuadé que le fecours généreux que la fageffe de S. M. nous envoie, ramenera enfin la GrandeBretagne aux fentimens de la justice & de la modération, & qu'il affermira la paix & la tranquillité fur des bafes honorables & folides à l'avantage commun de la France & de l'Amérique. Il eft indubitable que les Gouvernemens des différens Etats de cette Union concourront de tout leur pouvoir pour cimenter avec les Sujets de la France des liaifons, dont les heureux effets fe font déjà fi vivement fentir. Convaincu de l'attachement que vous avez montré, Monfieur, pour les intérêts de ce Pays, de même que pour votre propre Patrie, c'eft avec la plus grande fatisfaction que le Con

grès vous reçoit pour le premier Miniftre de S. M. T. C., vous, Monfieur, dont la conduite paffée eft un augure heureux & infailli ble de la confiance de ce Corps, de l'amitié de fes Membres & de l'eftime de tous les Américains pour vous. En Congrès. HENRI LAURENS, Préfident.

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Après cette Audience, le Ministre fut reconduit avec les mêmes cérémonies; & le Congrès lui donna un repas fuperbe, auquel furent invités plufieurs étrangers de diftinction & des perfonnes revêtues d'un caractère public. De Maryland le 10 Août. Toutes les nouvelles confirment que M. le Comte d'Eftaing n'a quitté Shandy-Hook que pour feconder l'atta-que projettée par le Général Sullivan contre Rhode-Ifland. Ce Général a été renforcé par un corps confidérable de l'armée du Général Washington, & ce corps eft parti fous les ordres du brave Marquis de la Fayette. On affure qu'aujourd'hui eft le jour fixé pour cette attaque: nous ne doutons point de fon fuccès & nous en attendons la nouvelle avec impatience. On affure déja que le Général Pigot a évacué cette Ifle pour fe retirer dans Long-Ifland. L'impoffibilité de tenir fentie par le Général Clinton & l'Amiral Hove, lui a fait dit-on donner cet ordre. Dans peu de jours nous en fçaurons fans doute davantage.

FRANCE.

DE MARLY, le 10 Octobre.

LE premier de ce mois, Mefdames Adélaïde, Victoire & Sophie de France, font parties de Verfailles pour aller à leur château de BelleVue, où elles doivent refter jufqu'au 28.

La Cour eft arrivée ici le 7 de ce mois, elle y reftera jufqu'au 29. Les S. M., ac

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