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DESCRIPTION d'un Temple qui eft dans les Jardins de MENARS.

Sous un malfifépais, qui forme une terrasse,
Eftun Temple charmant, plein de goût & de grace;
Les marbres de Paros, les métaux précieux
N'y font point raffemblés pour impofer aux yeux,
Et la tiche colonne, à la feuille d'acanthe,
N'y fait point admirer fa volute élégante;

Mais d'un fimple Toscan le mâle chapiteau
Préfente un front robufte, & brave le fardeau ;
Non que fon piédeftal s'élève avec emphase:
A fon modefte fuft le pavé fert de base;
Mus fes proportions & fa folidité

Semblent gagner à perdre un fecours emprunté.
Tels, dans le premiers temps de notre Architecture,
L'Art craignoit de parer la naïve Nature;

Et ce Temple fait voir, à notre cil enchanté,
Ce qu'on doit d'agrémens à la fimplicité.

Sa voûte, tantôt platte & tantôt arrondie
Laiffe voir tous fes joints & fa coupe hardie }
Au centre elle s'élève, & couronne un baffin
Animé du crystal qu'il reçoit dans fon fein;
D'une fource limpide une onde toujours pure
Y coule & le remplit: elle fuit, & murmure,

On doute fi ce Temple eft fait pour le ruiffeau,
Ou fi le cœur épris de ce féjour fi beau,
La Naiade charmée, en détournant les rives,
N'a pas fléchi vers lui fes ondes fugitives;
L'été le plus brûlant, l'hiver le plus affreux
N'ont jamais rallenti fon tribut amoureux,
Trois bancs font àl'entour, fans doute pour les Grâces,
(Car en ce lieu, partout on reconnoît leurs traces,)
Trois bancs officieux donnent au spectateur

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Le loifir d'admirer ce féjour enchanteur,
D'y parler des beaux Arts, d'y defirer Sylvie,
Ou d'oublier en paix les rêves de la vie,

MUSE, dis-moi quel homme infpiré d'Apollon A de ce joli Temple embelli ce vallon?

C'eft SOUFFLOT, &c. ...

Par M. SEDAINE, Secrétaire Perpétuel de Académie d'Architecture.

A M.

LES

PANCK OUCK E.

Es Voyages de Gulliver, par le Docteur Swift, parurent en Anglois en 1725. Le fuccès extraor dinaire de cet Ouvrage engagea l'Abbé Desfontaines à le traduire en François. Il fit plus ; il prétendit le corriger ; & non content d'altérer le texte dans fa traduction, il dit beaucoup d'injures à l'Auteur dans la Préface. On reconnoît-là cette fuffifance intrépide des Journalistes de profession. Ils fe font conftitués les Juges de l'Univers ; & pour peu qu'ils foient en état de déchiffrer avec le fecours d'un Dictionnaire quelques pages d'une langue étrangère, ils citent à leur petit tribunal les nations com me les auteurs, & prononcent fur des Ouvrages étrangers qu'à peine peuvent-ils entendre, du ton dont ils jugent les Ouvrages de leur propre langue, qui leur font le plus familiers. Comme il y avoit dans la Préface de l'Abbé Desfontaines autant d'ignorance que d'impertinence, les hommes inftruits s'en moquèrent. Dans une feconde édition il fupprima ce qu'il y avoit de plus injurieux contre Swift; & cela devoit l'être exceffivement, fi l'on en juge par ce qui a été confervé dans les autres éditions.

Le bruit s'étant répandu que Swift fe propofoit de venir à Paris, l'Abbé Desfontaines, honteux fans doute du ton qu'il avoit pris avec un homme auffi célèbre, lui écrivit pour lui faire des excufes. Swift fui répondit par une Lettre très-bien écrite en Fran

çois & d'un ton de plaifanterie excellent. J'ai l'honnear de vous adreffer, Monfieur, ces deux Lettres que j'ai trouvées dans un Recueil de Lettres de Swift, imprimé à Londres en 1766, Cette anecdote Littéraire m'a paru mériter d'être confervée ; mais il m'a été impoffible de retrouver la première édition de la Traduction de Gulliver. Si elle se trouvoit entre les mains de quelques-uns des lecteurs de cet article, il feroit une chofe agréable au public d'envoyer au Mercure le paffage qui en a été fupprimé dans les éditions poftérieures.

LETTRE de M. l'Abbé DESFONTAINES à M. Swift.

A Paris, le 4 Juillet 1725.

J'AI l'honneur, Monfieur, de vous envoyer la feconde édition de votre ouvrage, que j'ai traduit en François. Je vous aurois envoyé la première, fi je n'avois pas été obligé, pour des raifons que je ne puis vous dire, d'inférer dans la Préface un endroit dont vous n'auriez pas eu lieu d'être content, & que j'ai mis affurément malgré moi. Comme le livre s'eft débité fans contradiction, ces raisons ne fubfiftent plus, & j'ai auffi-tôt fupprimé cet endroit dans la feconde édition, comme vous le verrez. J'ai auffi corrigé l'endroit de M. Carteret, fur lequel j'avois eu de faux mémoires. Vous trouverez, Monfieur, en beaucoup d'endroits une traduction peu fidele; mais tout ce qui plaît en Angleterre n'a pas ici le même agrément; foit parce que les mœurs font différentes, foit parce que les allufions & les allégories, qui font fenfibles dans un pays, ne le font pas dans un autre; foit enfin parce que le goût des deux Nations n'eft pas le même. J'ai voulu donner aux Fran çois un livre qui fût à leur ufage: voilà ce qui m'a rendu traducteur libre & peu fidèle. J'ai même pris la liberté d'ajouter, felon que votre imagination

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