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On voyoit que fon corps en étoit négligé :
Modeste en fes habits, modefte en son langage,
Tout paroifloit en elle auffi fimple que fage:
Un livre couvert d'or fe montroit fous fon bras,
Et lui faifoit fouvent prononcer des bélas !
Ses yeux fixés fur lui l'envifageoient fans ceffe:
Il fembloit arracher, pofféder fa tendreffe.
L'autre, d'un air févère, un bandeau fur les

yeux,

Détournoit, confondoit les regards curieux; On lifoit aisément fur fon vifage auftère, Que l'innocence même a de quoi lui déplaire, Et qu'il faut être pur comme fon chaste sein, Pour lui faire avouer qu'on eft & droit & fain. Son bras levoit à peine une énorme balance.

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Ces trois déeffes étoient la Vérité la Religion & la Juftice. La première préfente fon miroir à Colomb, & lui fait voir toutes les découvertes que feront en Amérique les voyageurs des différentes Nations qui fuivront fes traces. Cette glace, après avoir retracé devant l'Amiral d'autres tableaux inftructifs, s'obfcurcit, & Colomb n'y vit plus rien. Il gagne fes vaiffeaux, & après avoir effuyé encore plufieurs dangers, fe rend en Efpagne, où Ferdinand & Ifabelle, pour l'honorer d'une manière particulière, le font affeqir auprès d'eux fur le trône,

Ce poëme a 24 chants. Il fe reffent de l'ennui que l'auteur avoue lui avoir tenu lieu d'Apollon. La folitude de Saint Domingue, où le poëte a été obligé de paffer vingt-huit ans, eft fans doute peu pro

pre

à échauffer le génie, à éclairer le goût, & à donner au ftyle, de la force, de l'élégance & de la précifion. Mais dans là folitude, ainfi qu'au milieu des dangers, on apprend à mieux connoître tout le prix d'une religion qui nous confole dans nos peines, anime les bonnes actions. que nous faifons en fecret, & nous donne par l'efpérance d'une vie heureufe, du courage & de la fermeté pour fupporter nos calamités préfentes. Le poëte, qui étoit rempli de ces vérités, a cherché à nous les inspirer dans plufieurs endroits de fon poëme.

Dictionnaire pour l'intelligence des Au teurs claffiques, Grecs & Latins, tant facrés que profanes, contenant la géographie, l'hiftoire, la fable & les antiquités. Dédié à Mgr le Duc de Choifeul, par M. Sabbathier, profeffeur au collège de Châlons-fur-Marne, & lecrétaire de l'Académie de la même même ville. Tome XVI. in-8°. A

Paris, chez Delalain, libraire, rue de la Comédie Françoise.

Ce dernier volume termine la lettre D, & préfente, ainfi que les précédens, des articles fatisfaifans & très-bien remplis. Ce dictionnaire néceffaire pour l'intelligence des auteurs claffiques, peut être auffi regardé comme une bibliothèque hiftorique non moins curieufe qu'utile. Tous les grands hommes de l'antiquité, les capitaines, les hiftoriens, les poëtes, les orateurs, les philofophes paffent ici en revue. L'article de Diogène le Cynique n'eft pas un des moins curieux de ce volume. Ce philosophe qui s'étoit élevé au deffus de tous les événemens & avoit mis fous fes pieds toutes les faveurs, méprifoit également les louanges & les fatyres de fes concitoyens. C'étoit, dit Montagne dans fon ftyle énergique, une efpèce de ladrerie fpirituelle qui a un air de fanté que la philofophie ne méprife pas. On n'a pas omis de citer dans ce dictionnaire la réponse que Diogène fit à Alexandre lorfque ce Prince, environné d'une Cour brillante, vint voir le Philofophe couché alors au foleil. Alexandre, qui lui vouloit du bien, lui demanda ce.

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Te

qu'il pouvoit faire en fa faveur. retirer de devant mon foleil. Cette réponse indigna les courtifans, mais frappa le Monarque, qui, fe retournant vers les favoris, leur dir: Si je n'étois ́ Alexandre, je voudrois être Diogène. « Ce mot, ajoute » l'hiftorien, cache un fens profond, & » découvre parfaitement le fond du cœur » humain. Alexandre fent qu'il eft fair » pour tout avoir; voilà sa deftinée, & en' quoi il met fon bonheur. Mais, s'il ne pouvoit parvenir à ce but, il fent auffi » que pour être heureux, il faudroit étu » dier à fe paffer de tout. En un mot tout » ou rien, c'est Alexandre & Diogène. Cette explication des paroles d'Alexandre ne fera peut-être pás adoptée de tous les lecteurs. Plufieurs fe contenteront d'y trouver une fimple expreffion de carac tère. L'orgueil formoit le fond de celui d'Alexandre. Ce Prince faifoit connoître affez clairement, par le difcours qui lui eft attribué, que fi fon courage & fa puiffance ne pouvoient fubjuguer la fortune, il voudroit s'en rendre indépendant, à l'exemple du Philofophe Cynique.

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Les articles Dioclétien, Dion, Diodore, Domitien font très étendus & ne laiffent rien à defirer. L'auteur a recueilli

à l'article Dieu les preuves métaphyfi ques, hiftoriques & phyfiques de l'exiftence de Dieu. C'eft une de ces premières vérités qui s'emparent avec force de tout efprit qui penfe & qui réfléchit. L'homme, même le plus groffier & le plus ftupide, ne peut méconnoître aifément cette vérité. Elle lui entre en quelque forte par tous les fens. Il la trouve en lui & hors de lui. 1°. Parce qu'il fent bien qu'il n'eft pas l'auteur de lui-même; que pour comprendre comment il existe, il faut de néceffité recourir à une main fouveraine qui l'ait tiré du néant. 2°. Hors de lui, dans l'Univers qui reffemble à un champ de tableau où l'ouvrier parfait s'eft peint lui-même dans fon cœuvre, autant qu'elle pouvoit en être l'image; il ne fauroit ouvrir les yeux qu'il ne décou vre par tout autour de lui, les traces d'une Intelligence puiffante & fans bornes. Ce feroit donc faire injure aux hommes que. de chercher à leur prouver une vérité auffi évidente, fi le vice, ennemi de tout ce qui peut le troubler, ne s'étoit efforcé d'y répandre des nuages.

Zenothémis, anecdote marfeilloife, par M. d'Arnaud. in-8°. avec figures, A

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