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Théâtre de M. Poinfinet de Sivry, de la Société Royale des Sciences & BellesLettres de Lorraine; contenant la Tras gédie de Brifeis, troisième édition; la Tragédie d'Ajax & la Comédie d'Aglaë, feconde édition; & trois Comédies du même Auteur. A Londres, & Je trouve à Paris, chez Lacombe, Libraire, rue Chriftine, 1773.

L'édition du Théâtre & des Poéfies diverfes de M. Pointnet de Sivry, im primée chez Barbou en 1763, s'étant trouvée épuifée, on donna aux DeuxPonts une nouvelle édition des Poefies diverfes, fous le nom de Mufes Grecques, en 1771; contenant une troisième édi tion, revue, corrigée & augmentée de la traduction en vers François d'Anacréon, Sapho, Mofchus, Bion, & autres Poëtes Grecs, qui fe trouve à Paris chez Lacombe. C'eft auffi chez le même Libraire que fe trouve la nouvelle édition du théâtre du même Auteur, de laquelle nous avons à rendre compte. La première Pièce eft celle de Brifeis. Nous nous contenterons de rappeler au Lecteur que cette Tragédie, repréfentée en 1759, fut applaudie avec transport; & que le

fuccès de cette Pièce, (qui au furplus n'a pas eu tout fon cours, puifque les représentations en furent interrompues par l'accident arrivé à M. le Kain), a été pleinement juftifié par la lecture, cet écueil de la plupart des réuffites théâtrales. Il y a fans doute peu d'Amateurs qui ne fe rappellent le grand effet que firent dans les rôles d'Achille & de Priam, MM. Lekain & Brizard. Mile Gauffin remplit le rôle de Brifeis, & elle y fut applaudie; mais on peut dire qu'il n'étoit nullement propre pour elle. Ce perfonnage exige un Sujet qui joigne à une belle figure un organe impofant un jeu noble, & qui raffemble enfin tout ce qui caractérise la fierté & l'héroïfme des fentimens. Si ce rôle, qui ne put être qu'imparfaitement rendu par Mlle Gauffin, fit cependant beaucoup de fenfation, quelle magie n'y jetteroit point cette jeune Actrice, aujourd'hui le charme & l'honneur de la Scène tragique, qui réunit au plus haut point de perfection tout ce qui convient à ce rôle, & à qui jamais peut-être perfonnage ne convint mieux que celui-ci? M. Lekain, qui s'in téreffe vivement à la Tragédie de Brifeis, par l'eftime qu'il en fait, en a fouvent

follicité la reprife, & l'a fait mettre, en différens tems, fur le répertoire. Ainfi l'on peut raisonnablement compter qu'on ne tardera point à la voir repréfenter. Nous ne nous arrêterons point à donner l'analyse de cette Pièce dont le fujet eft généralement connu, étant, pour › pour ainfi dire, le même que celui de l'Iliade c'est-à-dire, la Colère d'Achille. Parmi les morceaux les plus frappans, nous citerons ces deux-ci :

ACTE III. fcène v1.

A CHILLE.

Quoi! tout jufqu'à Patrocle eft-il donc contre

moi ?

N'étoit-ce pas affez, Brifeis, de vos charmes ? Ah! ceflez dans mon cœur de vous chercher des

armes.

Qu'exigez-vous d'Achille, & que prétendez-vous? Eft-ce à vous de vouloir appailer mon courroux ? Eh! pour qui de vingt Rois ai je cherché la haine? Loin de ces bords enfin quel intérêt m'entraîne ? Faut-il donc que les Grecs vous deviennent plus chers,

Quand je veux vous venger de leurs indignes

fers?

Cellez en leur faveur une plainte inutile ;

Montrez-vous déformais la compagne d'Achille;
D'un rival que j'abhorre, & qui m'ola trahir,
Ne vous reflouvenez que pour le mieux haïr.
Je vous offre ma main. D'un pompeux hymenée,
Je veux fur mes vailleaux confacrer la journée ;
Et du crime d'Atride atteftant tous les Dieux,
Vous couronner, Madame, & partir à les yeux.
BRISEI S.

Partez, mais loin de moi. Courez en Theffalie
Oublier les lauriers qui croiflent en Phrygie.
Briféis aujourd'hui ne prétend point s'unir
A vos deftins, Seigneur, afin de les termir.
Reprenez tous les dons que vous vouliez me faire
Penfiez-vous qu'à ce prix un trône pût me plaire?
Que m'importe ce fceptre, & mille autres encor?
J'aimois Achille feul & le vainqueur d'Hector.
Puifque vous renoncez à cette gloire infigne,
Sans doute qu'en effet vous n'en êtes plus digne.
Allez loin des périls honteufement régner;
Mais ne me preffez plus de vous accompagner.
Ne me contraignez pas de partager fans ceffe
L'affront de votre fuite & de votre foiblefle.
Non. Je ne vous fuivrois que pour vous repro-
cher

La honte & le repos que vous allez chercher.
Partez; abandonnez Briféis & la gloire ;
Retournez à Laryle, & perdez ma mémoire.
Ulylle & Diomede, Ajax & Mérion

S'illuftreront fans vous fous les murs d'Ilion.

A CHILL E,

Patrocle? ou fommes-nous ? que venons-nous d'entendre?

Ah! de vous adorer qui pourroit le défendre? Par quel charme nouveau, je me fens attirer! C'est peu de vous chérir; il faut vous admirer.

Mais c'eft dans le recit de la bataille des Grecs & des Troyens que l'auteur s'eft vraiment montré poëte.

ACTE V, Scène 111.

BRISÉS.

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Les éclairs font moins prompts, la foudre eft moins foudaine.

Déjà de la Troade il a vu fuir la plaine.

Il se présente aux bords à jamais révérés,
Où le Xante immortel roule fes flots facrés.
Hector au même inftant paroît fur l'autre rive
Achille en frémiflant, voit fa rage captive;
Et redoublant fa haine à l'afpect du Héros,
Terrible, & tout armé, le plonge dans les flots.
De cette audace altière Hector même s'étonne.
Achille difparoît; l'onde écume & bouillonne,

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