Le Ramier feul pleure encor fa compagne Que l'oifeleur lui ravit au printems. En ramenant le troupeau de fon père, Le jeune Alain rencontre fa bergère, Vole auprès d'elle & lui peint fon tourment.
Le calme règne ; on voit le ver luisant Sur les gazons, que fa présence éclaire, Rouler fans bruit fon corps étincelant.
Vénus annonce à l'amant folitaire L'inftant chéri qui comble ses defirs; Inftant heureux, où le fombre mystère Conduit l'amour & préfide aux plaifirs! Quels vaftes champs ! que de clartés tremblantes De leur éclat ornent le firmament! Ces feux légers, ces lumières errantes De toute part fuyent en ferpentant. Dans le milieu de la voûte céleste, Vers le foleil précipitant fon cours L'œil enflammé, la comète funefte Annonce aux Grands le terme de leurs jours; Mais au deflus de la crainte fervile Qui fait pâlir le vulgaire ignorant, Le fage obferve avec un front tranquille Le cours réglé d'un Aftre bienfaifant.
Eloge de la Philofophie.
Fille du Ciel, chafte Philofophie. Que ton éloge embellifle mes chants!
Source de biens, doux charme de la vie,
Ta voix fublime enfante le génié, Et ton éclat féconde les talens. C'eft fous tes loix que l'ame encouragée Tente avec fruit un cflor généreux ; C'est avec toi que, des fers dégagée, Elle s'élève & plane dans les Cieux. C'est partes foins, que d'une aîle rapide De la fcience elle atteint la hauteur; C'eft à l'abri de ta puiflante égide, Que la vertu la conduit au bonheur. Tu développe à l'œil contemplateur, L'ordre infini, les loix de la nature: Du vil atome à l'Etre créateur, De l'Univers tu traces la ftructure, Et tu remplis de fon fublime Auteur.
Embellis-tu l'augufte poësie, Elle s'élève & plait en s'élevant: A l'éloquence uniflant l'harmonie, Elle s'anime & peint le fentiment.
Que deviendroit fans toi l'homme ignorant t Privé des biens que ta préfence octroie, Na, fans appui, tel qu'un fauvage errant Dans les forêts il chercheroit la proie. Des doux liens de la fociété
Il n'eût jamais favouré les délices : Timide enfant, de frayeurs tourmenté,
Toujours penché fur d'affreux précipices, Sans vivre un jour il auroit végété. Sur les chagrins qui confument fa vie Ta main foigneule a répandu des fleurs: Quand tu parus, chafte Philofophie, Le monde entier éprouva es faveurs.
Loin d'en refter à cette étroite fphère, Tu fçais foumettre à tes calculs hardis Les champs des airs, efpaces infinis Que le foleil empreint de fa lumière, Et, dominant fur la Nature entière, Tu fixes l'œil fur ces mondes roulans, Sur le foyer de ces vaftes volcans Dont tu décris l'inégale carrière. Ta voix commande à l'austère raison, Qui, pénétrant les vérités abftraites, Se les foumet: l'imagination
Te prête auffi fes aîles indifcrettes. Mais arrêtons à notre entendement
L'Eternel mit des bornes immuables: Les vérités ne font plus pénétrables, Et c'eft à nous d'adorer en tremblant. Faibles humains, c'est aflez de connoître Que notre effor doit être limité:
Le voile épais qui s'étend fur notre être
Eft le fecret de la Divinité.
Par M. Willemain d'Ablancourt
ENSIBLE, généreux, rempli de bienfaisance, B***. par fa candeur digne du fiècle d'or,.
Joint tout le feu d'Achille au fang froid de Neftor; Le plaifir d'obliger fait feul fa récompenfe. De tout infortuné fublime protecteur,
Il n'eft point de mortel, ni meilleur, ni plus fage: Il réunit enfin, par un rare affemblage, Les charmes de l'efprit & la bonté du cœur.
MADRIGAL.
J'AI long-tems cherché le bonheur ;
Mais, hélas! je perdis ma peine, Je n'embraffai qu'une ombre vaine; Je fus le jouet de l'erreur.
Las d'une recherche inutile,
J'y renonçais... Zélis m'ouvrit fon cœur;
Je le trouvai dans cet afyle.
Fable imitée de l'allemand.
de nous taxer manquér courage, Difait une Oie au milieu d'un étang: On n'ignore pas cependant
Par nos cris autrefois fut fauvé du pillage. Oui, l'Oie eft intrépide en dépit des jaloux. D'être avides de fang on nous accufe, nous! Difait de fon côté le Loup au bord de l'onde. Une Louve, on le fait, allaita Romulus : Voilà pourtant comme le monde Effrontément dégrade les vertus !
Un Milan s'annonce à l'Aurore,
Et l'Oie au même inftant de s'enfoncer fous l'eau: Le Loup apperçoit un Agneau;
Il s'en faifit & le dévore.
L'orgueil eft à vanter les faits
D'ane activité furprenante:
Méfiez-vous de quiconque fe vante;
Le mérite eft modeste & ne parle jamais.
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