Mes lamentables cris le perdent dans les airs. Chez époux, de nos maux le Ciel même cft l'au > teur. » Hélas! l'unique vœu de la tendre Creüle » Fut de fuivre vos pas ; Jupiter s'y refuse. Quand vous aurez long-tems erré de mers en » mers, » Le bonheur vous attend: après tant de revers » Vous verrez l'Helpérie,& fur les bords du Tibre »Vous ferez fondateur & Roi d'un peuple libre: » La fille d'un grand Roi vous donnera la main. » Oubliez donc Creüse & son triste destin. Ne craignez point pour moi, qu'esclave dans la » Grèce » J'aille ramper aux pieds d'une fière maîtresse. » Femme du grand Enée & fille de Vénus. Sed me magna Deûm genitrix bis detinet oris. Dicere, deferuit, tenuefque receffit in auras. rum Invenio admirans numerum, matrefque virol que, Collectam exilio pubem, miferabile vulgus. ミ Do Far (ont retenus. Par Cybèle en ces lieux mes pas Trois fois elle m'échappe; & fes tendres adieux yeux. Son ombre difparoît & dans la nuit se plonge, Hommes, enfans, vieillards, de tout fexe & tout âge, Surchargés des débris de leur trifte naufrage. cours. L'étoile du matin renouvellant fon cours, Fin du fecond livre de l'Enéïde. B EPIGRAMME. Par le même. POUR LA DISSIMULATION PUNIE. MISS ISS HOVE & Mifs Sophie furent élévées enfemble dans la même pension, à quelques milles de Londres. Leur âge étoit à peu-près égal,& leurs qualités perfonnelles l'étoient encore davantage ; mais quoique leur famille fût du même rang, Mifs Hove étant fille unique, avoit de plus que fon amie l'efpérance d'une fortune très-considérable. Lorfqu'elles furent rentrées dans la maifon paternelle, Mifs Hove fut demandée en mariage par le capitaine Fréeman, qui fervoir dans les Gardes, & avoit quelque bien de patrimoine. Mais ce parti ne paroissant pas affez avantageux, les parens prièrent le jeune homme de mettre fin à fes vifites, & la Demoiselle de ne point y penfer davantage. Cet ordre fi aifé à donner eft fouvent dur à recevoir. Fréeman étoit aimable: Mifs Hove étoit fenfible, & fon cœur s'ouvroit à l'amour. II fallut effacer cette première impreffion; le combat fut pénible, mais enfin elle remporta fur elle-même cette trifte victoire. Cependant, pour aider Mifs Hove dans fes réfolutions, on jugea qu'il étoit nécessaire de lui faire paffer quelques mois à la campagne. On l'envoya chez fa tante Milédy Meadows, qui s'étoit retirée dans fes terres avec fa fille à plus de vingt-quz tre milles de la capitale. Elle refta depuis le mois d'Avril jufqu'au mois d'Août dans cette folitude, fans autre occupation que fon ennui. Un foir elle fut fort éton-* née de voir arriver fon père avec le fieur James Forreft, jeune gentilhomme qui venoit d'hériter du titre de Baron & d'une fortune immenfe. Sir James étoit d'un heureux caractère & d'une figure préve |