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Doate affreux! long tourment, durera-t'il en

core?

Du fommet d'un rocher au lever de l'aurore,
Ton œil va fur les mers, fous un jour incertain
Saifir le premier mât naiflant dans le lointain.
Sa lenteur te défole, il te femble immobile;
Que l'onde eft pareffeufe, & que l'air eft tran
quille!

Il vient, il s'agrandit, & quand il entre au port,
Ton eftroi, d'un époux n'ofe fonder le fort.
Tu les regretteras, ces alarmes cruelles ;
L'espoir les balançoit, il va fuir avec elles.
Redoute ce vaiffeau que t'apportent les vents;
Il t'émeut... Tu ne fais.. gémis, il en eft tems;
Pleure, c'eft ton époux, qui des champs d'Ema-
thie

Fugitif, pour recours n'a plus que Cornélie.
Il aborde: troublée, elle approche... ô douleur!
Sur le front du héros elle a lu fon malheur.
Quel objet pour l'amour! tout fouillé de pouf-
fière,

Pâle, fuyant du Ciel l'importune lumière,
Il incline fa tête, & de fes cheveux blancs
Voile & fauve les yeux de témoins accablans.
Cette époule... Elle céde au tourment qui la

tue;

Un nuage funèbre enveloppe fa vue;

Saifi d'un froid mortel, tout fon être a frémi ;
Son corps chancelle, tombe & refte anéanti.

Pompée accourt, fon cœur n'eft plus qu'à la tene drefle;

Sa pitié dans fon fein la recueille, la preffe ;
Du feu de fes loupits, dans les embrafiemens,
Il cherche à pénétrer, à rappeler ses lens ;
Ils s'émeuvent aux traits de cette flamme agile:
Le feu célefte, ainfi fit treffaillir l'argile.
Pompée avec transport voit briller fous les yeux
Le Bambeau renaiflant de jours fi précieux;
Et quand, dans fes canaux coulant avec la vie,
Le fang a ranimé le front de Cornelie ::

ex

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Quoi! ce cœur, lui dit-il, oubliant fa vertu Au premier coup du fort dégénère abattu ? Fille des Scipions, par un effort fuprême, Qu'il s'élève plutôt au deffus de lui-même ! Pour illuftrer les mains, votre fexe n'a >La balance des loix, nile fer des combats-; 29 Selon que fon courage y céde ou les furmonte, Les malheurs d'un époux font la gloire ou fa » honte ;.

pas

>>Et quand je fuis vaincu, confolant ma douleur, Ne m'en aimez que plus: voilà votre grandeur. » Préférez vos périls, compagne de ma fuite,. » A la foule des Rois qui marchoient à ma suite. Vous êtes tour pour moi, le cœur de votre époux » Doit être la patrie & l'Univers pour vous.

30

»Je rougis de vos pleurs, ceffez donc d'en répan∞ dre;

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Il outrage l'amour, quand je vous fuis rendu : Que vous fait ma difgrace, & qu'avez-vous » perdu ?

» Ma førtune a péri, mais je vous fuis fidèle: Pourquoi tant de regrets n'auriez-vous aimé » qu'elle ? »

Tu me connois trop bien, tu ne le penses pas;
Répond la tendre époule,...

Ce tableau de la fuite de Pompée & de la douleur de Cornelie commence le huitième chant du poëme qui en a dix. Nous l'avons cité par ce qu'on y trouve plufieurs de ces expreffions qui peignent l'objet à l'imagination, échauffent le fentiment, caractérisent le poëte colorifte & annoncent un écrivain qui s'eft bien péné tré de fon fujet.

!

Les Mœurs du Jour, ou hiftoire de Sir William Harrington, écrite du vivang de Richardfon, éditeur de Pamela Clariffe & Grandifon; revue & retouchée par lui fur le manufcrit de l'auteur. Traduction de l'Anglois. Quatre parties in 12. A Paris, chez le Jay, libraire, rue St Jacques.

des

Toute femme qui ne s'offenfe pas premières libertés d'un homme eft déjà

perdue. C'est parce que de jeunes perfonnes ont perdu de vue cette leçon de morale de Richardfon, qu'elles font tombées dans l'opprobre, & ont ajouté le remords à leur infortune. Mifs Randall, dont on nous décrit la conduite dans ce roman, nons confirme l'importance de la leçon du célèbre moralifte Anglois. Cette jeune perfonne naturellement confiante & jugeant d'après fon propre cœur de la fincérité des proteftations d'amour de Sir William Harrington, recevoit avec joie les affurances d'attachement que lui donnoit ce Lord. Elle nous avoue elle-même que loin de faire ceffer les affiduités de cet amant comme elle l'auroit dû tandis que fa paffion naiffante pouvoit encore être furmontée, elle cherchoit au contraire à les faciliter jufqu'à ce qu'enfin fon fatal amour eut totalement affaibli fa raifon & fon jugement. Elle manquoit de courage pour repouffer comme le dévoir l'exigeoir, le perfide, quand il étoit trop entreprenant. Elle craignoit d'offenfer un homme, qu'aveuglée par l'efpoir qu'il lui avoit donné, elle regardoit comme devant être un jour fon époux. D'heureufes circonftances ont empêché William Harrington de confommer la ruine de celle qui faifoit l'objet de fa paffion. Mais fi ce

Gentilhomme, rappelé à la vertu par fes propres réflexions, & par les exhortations des Laidi Harrington fes fœurs, a réparé fa faute par le repentir & par un mariage que la vertu prefcrivoit, toutes les jeunes perfonnes qui s'expofent au même danger que Mifs Randall peuvent-elles raifonnablement efpérer d'échapper également à l'artifice & à l'ignominie?

Ce roman eft dans la forme épiftolaire, & les lettres étant écrites par des perfonnes de caractères différens, elles préfentent des maximes & divers traits de conduite, mais qui ne peignent pas plus les mœurs d'aujourd'hui que celles d'un autre fiècle. On y voit les intrigues & les petites rufes que les libertins employent ordinairement pour fatisfaire ce qu'ils appellent leurs plaifirs. On a auffi la confo lation d'y admirer des exemples de fagefle, & d'y trouver des leçons de morale pratique. C'eft une moralifte bien eftimable que Mifs Conftance Harrington; & la leçon qu'elle donne à fa fœur très portée à la coquetterie, ne fera pas inutile aux jeunes perfonnes. « Vous dites, lui écrite » elle, que vous ne doutez nullement » que le Lotd C. ne fût à vous fi vous le » vouliez. Ah! ma fœur, je fuis à cer

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