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Ent de le difputer de funèbres lambeaux,
Et de chercher leur proie au milieu des tombeaux.
Qu'un tel penfer m'afflige & qu'il me décou

rage!

Ne vit-on pas Zoile, aveuglé par la rage,
Dans le fein du trépas perfécuter encor

Le chantre harmonieux & d'Achille & d'Hector?
N'avons-nous pas oui des clameurs fénétiques
Offenfer de Boileau les mânes poëtiques;
Et le fatal cifeau des infernales fœurs
A-t'il ravi Corneille à les lâches cenfeurs ?
La Vertu qui n'eft plus eft encor déchirée.
Le Peintre mâle & fier des vengeances d'Atrée
Etoit dans le fépulce à peine renfermé,
Qu'un critique impudent contre lui s'eft armé.
N'étoit-ce pas aflez que tous ces vils corsaires
Des enfans d'Apollon fuffent les adversaires?
Hélas! trop peu contens d'éprouver tant d'hor-

reurs,

Nous nous avililons par nos propres fureurs. On nous voit, fans relâche, ardens à nous dé

truire,

Jouets des Nations que nous devions inftruire,
Dans la boue & le fiel des écrits venimeux
Traîner de nos débats le scandale fameux,
Quel est le triste fruit de ces guerres cruelles
Qu'allument des auteurs les haines mutuelles
Témoin de leurs débats, le Public ca fufpens.
II. Vol.

C

Ne fait auquel entendre & rit à leurs dépens.

Il n'eft point de remède à cette difcordance.
Quand même d'un édit la févère prudence
Défendroit à ces fots, orateurs dos caffés,
D'ufer; en difputant, leurs poumons échauffés
Et voudroit ramener l'union fur la terre,
L'édit n'y feroit rien: l'homme eft né pour la
guerre,

Du temple de la Paix les Talens font exclus;
L'efprit, pour la difcorde eft un titre de plus.
Ah! que d'un fol efpoir une Mufe enivrée
Coure une mer perfide aux aquilons livrée!
Je dérobe à l'éclat de ces triftes revers
Le papier indulgent qui recevra mes vers.
Voulez-vous que plutôt, victime de l'Envie,
J'aille, pour un vain nom, empoisonner ma vie,
Au Public implacable expofer mes travers,
Suppléer, par l'intrigue, au décri de mes vers,
Mendier le fuffrage & l'appui d'un infecte,
Honorer des grimauds, pour me faire une fecte,
Et, pour comble d'horreur, d'ennuis & de dégoûts
Choquer tous les partis, en voulant plaire à tous?
Ah! plutôt brisons-là. Ma mufe, dans ces rig

mes,

N'a que trop rappelé de malheurs & de crimes,
Idole des Guerriers, Reine des Ecrivains,
O Gloire, je renonce à tes preftiges vains,
Tu peux nous éblouir; mais toujours tu nous
trompes,

Le néant eft caché sous l'amas de tes pompes.
Je les fuis, & j'immole à mes pavots chéris
Tes lauriers, que la foudre a trop fouvent flétris.

AINSI, des doctes fœurs oubliant la mémoire, J'olois apprécier le fonge de la Gloire.

Ainfi couloient mes vers fans foins, fans orne

mens

D'un travail férieux légers délaflemens;
Lorique, pouffant à bout fa rigueur ennemie,
La Parque, fourde aux vœux de notre académie,
Frappoit de Staniflas l'antique ferviteur.
Solignac, ô mon maître, ô nom cher à mon cœur!
Eh! quoi! toute ta gloire, ô vieillard vénérable,
N'a donc pu défarmer la Parque inexorable!
Tu mears! & nos regrets, nos pleurs sont super-
Alus.

Je te cherche en ces lieux, & ne t'y trouve plus. Hélas! je me rappelle, ombre chère & sacrée, Que du temple des Arts ta main m'ouvrit l'entrée, que de tes lauriers respectés par le tems, L'ombrage protecteur couronna mon printem's. Ah! fi du fein des morts, tu peux encor m'entendre,

Er

Si mes tristes accens peuvent toucher ta cendrej
Reçois, reçois enfin de ma tendre amitié,

Un tribut qui du moins ne peut être envié.
Non Non. Ce n'étoit point d'une palme ordi-

naire

Qu'Apollon couronnoit ta tête octogénaire,
Quand du Sarmate altier tu peignis les destins,
Clio même remit fes pinceaux dans tes mains.
Fontenelle autrefois t'inftruifit, &, peut-être,
L'élève fut depuis le rival de fon maître.
Refpectable en tes mœurs, aimable en tes écrits,
Près du Neftor des Rois, Neftor des beaux ef-
prits,

Confident & témoin de sa vettu divine,
Sous un nouveau Trajan tu fus un nouveau Pline.
Mais où va m'égarer l'orgueil de mes crayons?
Leur éclat s'obfcurcit au feu de tes rayons.
Tu rejertes les fons de ma foible harmonie.
Le génie a feul droit de chanter le génie,
Qu'une main, plus favante à peindre nos re

grets,

Aille orner ton tombeau de fieurs & de cyprès! Un feul trait me fuffit pour louer ta mémoire; Tu connus l'Amitié qui vaut mieux que la gloire, Et ton nom, tes vertus & res talens divers, Revivront dans nos cœurs bien mieux que dans

mes vers.

VERS adreffés à Mile Arnould, jouant le rôle de Zinphé dans l'acte de Zelin

dor.

N'EN

'EN déplaife au Sylphe enchanteur, Montcrif, à a Mufe charmante,

A vous Rebel, à vous Francœur
Dont la lyre jumelle enfante
Tant de concerts harmonieux;
Et des chants fi mélodieux,
C'est Zirphé feule qui m'enchante §
Et fa magie eft plus puiflante
Que votre art n'eft ingénieux.
Arnould, le charme eft dans tes yeux.
J'y vois briller ces traits de Hamme,
L'impatience, le defir,

L'efpoir, l'amour & le plaifir.
Tu fais, en faifant de mon ame
Mouvoir à ton gré le reffort,
La maîtriser en fouveraine.
Tu m'agites de ton transport,
Tu me fais foupirer ta peine,
Malheur à l'homme au cœur d'airain

Qui, fier de favoir fe défendre

Du pouvoir de ton jeu divin

Sans fourciller ofe t'entendre !

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