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Suite du fecond Livre de L'ENEIDE.

ON

N travaille à l'envi; chacun court à fa perte Bientôt le rempart tombe, & la ville eft ouverte. Les cables, les rouleaux employés tour-à-tour, Transportent dans nos murs cette infernale tour. C'eft l'arfenal des Grecs: de jeunes fanatiques. Font retentir les cris de leurs bruyans cantiques. Du monftre menaçant, qui répand la terreur, Toucher du doigt le cable eft pour eux un bon

heur.

O patrie, ô des dieux vous demeure facrée,
Remparts de Danaus! quatre fois à l'entrée
Des armes le bruit lourd le piége décela;
Mais quatre fois, hélas ! le fort nous aveugla.
Envain Cassandre, à qui l'avenir se révèle,
Veut parler ; à la voix tout le peuple est rebelle gi
Et le jour qu'à périr nous fommes deftinés,
De feftons par nos mains les autels font ornés.

La nuit fur l'Univers tendant un voile fombre, Jufqu'aux perfides Grecs,couvre tout de fon om

bre.

Les Troyens fatigués fe livroient au repos.
Vers des bo ds trop connus en laillant Ténédos,
La flotte grecque vogue en fortant de fon anfe,

A Tenedo, tacitæ per amica filentia Lunæ,

Littora nota petens : flammas cum regia puppis
Extulerat, fatifque Deûm defenfus iniquis,
Inclufos utero Danaos, & pinea furtim
Laxat clauftra Sinon: illos patefa&tus ad auras
Reddit equus, lætique cavo fe robore promunt
Tifandrus Schelenuíque duces, & dirus Ulyffes,.
Demiflum lapfi per funem: Athamafque, Thoal--

que

Pelidefque Neoptolemus, primufque Machaon, Et Menelaus, & ipfe doli fabricator Epeus.. Invadunt urbem fomno vinoque fepultam: Cæduntur vigiles, portifque patentibus omnes Accipiunt focios, atque agmina confcia. jun conscia.jun-

gunt.

Tempus erat, quo prima quies mortalibus ægrisIncipit, & dono Divûm gratiffima ferpit.

In fomnis ecce ante oculos maftiffimus Hec

tor.

Vifus adeffe mihi, largofque effundere Actus:

Un clair de lune obscur la guidoit en filence.
Les feux ne brilloient plus fur le bord amiral, *
Sinon ouvre les flancs du funefte cheval;
Aux foldats renfermés rend le jour qu'ils atten-
dent.

Un cordeau fert d'échelle, à la file ils defcen

dent.

Machaon le premier, Ulyffe avec Thoas,
Athamus, Helenus, Tiffandre, Menelas.
La joie eft dans les yeux du fier Neoptolème,
Et d'Epée, inventeur du fatal ftratagême.
Nos Troyens dans le vin, dans le fommeil plon
gés,

Los fentinelles même à l'inftant égorgés
Cédent à leur deftin : les Grecs, maîtres des por

tes,

Reşoivent dans nos murs leurs nouvelles cohor

tes.

A l'heure où le fommeil, ce doux préfent des

dicux

En fufpendant nos maux, fe gliffe dans nos yeux. Aux miens d'Hector en pleurs un fonge offre l'image,

* Cette expreffion paroîtra peut-être nouvelle à ceux qui ne font jamais fortis de l'enceinte de: leur ville. C'est cependant le mot propre; il eft noble, fonore & poëtique. J'aurois traduit regia puppis par vaiffeau royal, étant écolier de qua uieme. Vaiffeau royal eft une expreffion inufitéer

Raptatus bigis, ut quondamn, aterque cruento Palvere, perque pedes trajectus lora tumentes. Hei, mihi, qualis erat! quantum mutatus ab

illo

Hectore, qui redit exuvias indutus Achillis, Vel. Danaûm Phrygios jaculatus puppibus ignes Squalentem barbam, & concretos fanguine cri

nes,

Vulneraque illa gerens, quæ circum plurima

muros

Accepit patrios ultrò: flens ipfe videbar
Compellare virum, & mostas exprimere voces.
Olux Dardania! (pes ô fidiflima Teucrâm?
Quæ tantæ tenuêre more? quibus, Hector, ab

oris

Expectate venis? ut te poft multa tuorum Funera, poft varios hominumque urbifque la bores

Defeffi afpicimus? quæ caufa indigna ferenos
Fœdavit vultus? aut cur hæc vulnera cerno?
Ille nihil: nec me quærentem vana moratur ;
Sed graviter gemitus imo de pectore ducens :
Heu! fuge, nate Dea, teque his (air) eripe flam-

mis:

Hoftis habet muros, ruit alto à culmine Troja: Sat patriæ Priamoque datum: fi Pergama dextrâ Defendi poflent, etiam hâc defenfa fuiflent.

Tel qu'au tems où d'Achille il affouvit la rage. Son corps meurtri, poudreux & traîné par un char:

Ses pieds d'un cuir fanglant percés de part en

part.

Qu'il étoit différent du vainqueur d'Actoride,
Triomphant & couvert des armes d'Eacide,
De la flotte des Grecs embrâfant les vaiffeaux!
Les traces de fon fang forment de longs ruif-
feaux :

Ses cheveux en font teints: défiguré, fans ar

mes,

Quel afpect! je m'écrie, offufqué par mes larmes, O lumière de Troye & fon plus fûr espoir!

Après tant de malheurs je te puis donc revoir ! Hélas en quel état ! d'où viennent ces bleffures? Quel monftre a pu fur toi porter les mains impu

res?

D'où viens-tu,

chez Hector? Sourd à ces vains

propos,

Il pouffe un long foupir & prononce ces mots :
Fuyez, fils de Vénus; la flamme fe déploye,
Le Grec eft dans nos murs, & c'en eft fait de

Troye,

Si quelque bras eût pû retarder fon deftin,

Son falut devenoit l'ouvrage de ma main.

Yous avez aflez fait d'autres foins vous atten dent,

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