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S'uniflent, pour hâter Morphée,
Au gafouillement des ruifleaux.

(M. le Duc de N.....)

Le quatrième âge de la poëfie latine eft annoncé par Sénèque le Tragique. «Lorf» qu'il parut, le laurier d'Apollon commença à fe flétrir. La poëfie perdit fa première » beauté : on préféra le brillant au folide, » le merveilleux au vrai, les faillies d'une folle imagination à la justesse du bon goût. On courut après les tours bril»lans, les pointes, les jeux de mots. Cet » arrangement heureux de mots, ce nombre, cet éclat, cette harmonie enchan» tereffe, ce bon fens admirable, &c. voi. là ce qu'on facrifia au bel efprit, qui de » tout tems a été funefte à la poëfie...

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Séneque s'étoit tellement emparé de l'efprit des jeunes littérateurs de fon »tems,qu'il en fut le Coriphée & l'oracle. » Il imita la politique de ces hommes » dont parle Corneille, qui défefpéranc » d'arriver aux premières places par leur » mérite,

Si tout n'eft renverfé, ne peuvent fubfifter, &c.

L'auteur, après un examen des beautés & des défauts de Sénèque, conclut avec

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raifon « que cet auteur fait plutôt confifter » l'excellence de la tragédie dans les fen» tences que dans les mouvemens des » paffions & dans la peinture des carac» tères. Il affoiblit les fentimens, en voulant les orner par des traits de rafine»ment, par des métaphores ampoulées, » par de faftueufes hyperboles. C'est un beau parleur qui remplit l'oreille & ne dit prefque rien au cœur, &c. »

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Perfe, Lucain, Juvenal, Martial, Stace, Aufone, &c. font du 4. âge. On fait remarquer les éclairs de génie qui brillent de tems en tems dans les ouvrages de ces poëtes, qu'on doit lire avec difcernement & avec choix. Leurs articles font très-étendus, & l'on a tâché d'y réunir tous les morceaux qui annonçoient un talent marqué, & qui avoient été heureufement imités.

Claudien, qu'on peut appeler le dernier des Romains, couronne la vie des Poëtes. « La facilité, la force, la majesté »fe font remarquer dans la plupart de fes » ouvrages. Il s'élève quelquefois vers la fphère de Virgile, & lui dérobe quel»ques étincelles de fon divin génie. » L'enlevement de Proferpine eft plein de » verve & d'enthoufiafme. Les caractères

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» en font vrais & bien deffinés; les ima »ges vives & heureufes; les penfées juftes: » & fages, les defçriptions intéreffantes.» Le troifième livre eft tout dramatique » & plein de mouvemens tendres & paf» fionnés. S'il y a des morceaux où le faux goût de ces tems s'eft un peu mêlé, ils » font rachetés par des beautés fublimes, » &c. » On les trouve prefque toutes dans cette collection.

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Tels font à peu près le plan & la marche de la notice des Poëtes Latins, qui n'eft qu'une fuite de l'Effai, publié en 1771, fur les Poëtes Grecs. Cette efpèce: d'hiftoire de la Poëfie eft de la compofi tion d'un jeune homme attaché à la bibliothèque du Roi: fon deffein eft de donner ainfi fucceffivement une idée ra-pide des Poëtes Italiens, Efpagnols, Anglois, & de finir par les François. On l'invite à la continuer, & fur-tout à veiller plus exactement à la correction des épreuves de fon ouvrage, qui eft malheureufement rempli de fautes d'impreffion..

Apollonii Sophiffe Lexicon Homericum grasè & latinè, duobus tomis. Le Lexique d'Apollonius,grec & latin, en deux. comes, chez Molini, rue de la Harpe.

Le Lexique grec d'Apollonius, qui pa oît aujourd'hui pour la première fois, eft tiré d'un manufcrit unique du dixième fiècle, qui a paffé de la bibliothèque Coisline dans celle de l'abbaye St Germain des Prés. C'est un ouvrage compofé du tems d'Augufte, par Apollonius, Sophifte d'Alexandrie, pour l'intelligence d'Homère. Il eft très-curieux & très important de voir comment les Grecs, certainement beaucoup plus inftruits que nous dans leur propre langue, entendoient les ouvages de ce grand poëte, qui ayant vécu dans des tems fort reculés, s'est servi des expressions de l'ancien grec, & de termes qui enfuite ont été pris dans des acceptions fort différentes. C'eft le but qu'Apol lonius s'eft propofé, & qu'il remplit fupérieurement. Il nous rapporte tout ce que les anciens critiques ont dit de plus intéreffant fur les mots & fur les vers les plus difficiles d'Homère. A fon propre fentiment il joint toutes les décifions de la fameufe école d'Alexandrie. On retrouve dans fon ouvrage les commentaires de plus de vingt fçavans, dont on ne connoît aujourd'hui que le nom. Non-feulement il nous dit le fens que les anciensattachoient aux paflages les plus obscurs de l'Iliade & de l'Odiffée, mais encore.il

nous retrace la manière dont ils les lifoient; & comme il cite une foule prodigieufe de vers d'Homère,d'une manière différente de la leçon généralement reçue, il nous fournit un grand nombre de variantes très - importantes. Enforte qu'il peut fervir tout à la fois à nous procurer une édition plus correcte, & une traduction plus fidèle de ce grand auteur fi maltraité par fes copiftes & par fes interprètes. De plus Apollonius nous aide à refti-tuer d'un bout à l'autre les anciens Lexiques grecs, tels que ceux d'Hefychius, de Suidas, de l'Etymologus Magnus, &c. dont il eft la fource. Faut-il donc s'étonle célèbre Montfaucon ait dit de ce précieux manufcrit, qu'il fuffic feul pour donner à la bibliothèque Coifline une très-grande fupériorité fur toutes les bibliothèques de l'Europe?

ner que

Ce qui avoit retardé jufques à préfent la publication de cet ouvrage important, c'eft qu'on l'avoit regardé comme indéchiffrable. En effet chaque mot étoit une abbréviation, & n'étoit représenté que par une ou deux lettres très fines, prefque -imperceptibles, & fouvent à moitié effacées. Ordinairement c'eft la connoiffance des mots qui mène à celle des chofes : ici c'eft celle des chofes qui a conduit M. de

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