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sciences théologiques, à une époque où l'Europe chrétienne abondait en personnages éminents

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leur savoir et leur piété. L'Allemagne était donc pauvre en comparaison des autres contrées catholiques, et c'est pour cela que les souverains et les évêques allemands empruntèrent aux étrangers plusieurs des théologiens qui les représentèrent au concile de Trente. Ainsi le duc de Bavière y envoya le Père Covillon, Jésuite belge; l'évêque d'Augsbourg, au défaut du Père Lefebvre sur lequel il avait d'abord jeté les yeux, choisit pour ses orateurs les Pères le Jay, Olave et Canisius. Les Archevêques de Saltzbourg et de Prague prirent pour leurs théologiens, l'un, le dominicain Ninguarda, milanais, l'autre, le vénitien Elysée Capys (1). L'Allemagne était alors frappée d'une telle stérilité, qu'en 1551, lorsque le P. Canisius arriva dans la capitale de l'Autriche, bien que Faber et Nauséa, pontifes pieux et bons théologiens, eussent occupé ce siége, il y avait plus de vingt ans que l'Université de Vienne n'avait fourni aucun sujet digne d'être promu aux saints Ordres.

(1) En revanche, nul prince, nul évêque, hors l'Allemagne, ni le Pape, ni même l'Empereur ne députèrent à Trente de théologiens allemands. Sur 360 docteurs environ, qui assistèrent au concile, l'Eglise germanique n'en compte guère que 10.

Ne nous étonnons donc pas que les Jésuites, à peine arrivés dans les provinces germaniques, aient été appelés de toutes parts pour donner un nouveau lustre aux Universités, et surtout pour y relever l'enseignement théologique. Le cardinal Truchses, évêque d'Augsbourg, songeait à ramener son Université de Dillingen à son but primitif. Pour l'aider dans cette œuvre, il avait d'abord appelé le célèbre Dominicain Pierre de Soto. Mais Soto quitta bientôt Dillingen pour se rendre en Angleterre, et de là au concile de Trente, où il mourut en 1562. Privé de ce concours, et ne trouvant pas autour de lui de théologiens capables de remplir ses vues, le cardinal. prit une mesure extrême il congédia tous les professeurs de son Université, pour la confier entièrement aux Jésuites. Un arrangement positif fut conclu à ce sujet, à Botzen, entre les commissaires allemands et italiens du cardinal et de la Société. Les Jésuites arrivèrent en 1563 à Dillingen, et prirent possession des chaires (1).

Ilen fut de même pour l'Université d'Ingolstadt. Nous lisons à ce sujet dans les Annales de cette Université : « Le sérénissime duc (de Bavière) Guillaume, voyant la Faculté de théologie tellement tombée depuis la mort de Jean Eckius

(1) Ranke, Histoire de la Papauté, t. III, p. 38.

qu'elle avait à peine un seul professeur capable, écrivit cette année (1548) au souverain Pontife Paul III, pour qu'il envoyât d'Italie à son école d'Ingolstadt, qu'il désirait renouveler et pourvoir de très-bons professeurs, des théologiens excellents et éprouvés, dont le besoin se faisait vivement sentir dans ce temps de révolution religieuse. Cette demande du prince fut confiée à Rome au neveu du Pontife, le cardinal Alexandre Farnèse, qui traita avec Ignace de Loyola, général de la Société de Jésus, pour envoyer en Bavière trois théologiens. Ce furent Pierre Canisius, Claude Le Jay, et Alphonse Salmeron (1). » Tels ont été avec Gaudan, Luc Pinelli, Peltan, Covillon, Alphonse de Pisa, Jérôme de Torrès et le célèbre Grégoire de Valentia, tous étrangers à l'Allemagne, les premiers professeurs Jésuites de l'Université d'Ingolstadt. Les Allemands ne vinrent que plus tard d'abord Thyrée, élève du collége Germanique; puis Tanner, Laymann et plusieurs autres dont le nom est encore illustre dans les annales de la théologie. L'historien protestant Ranke avait donc raison de dire: «La

(1) Annales Ingolstadiensis Academiæ inchoati a Valentino Rotmaro et Joanne Engerdo, etc., 4 vol. in-4o (1782); t. I, p. 208. - Voici comment Rotmarus termine l'éloge de Canisius qui, arrivé à Ingolstadt en 1549, fut nommé en 1550 recteur de l'Université : « Ego unum dixero: Lumen est nostro tempore inter doctores Ecclesiæ. » (T. I, p. 215.)

doctrine théologique de la Papauté n'avait presque plus de croyants chez nous. Les Jésuites vinrent pour la rétablir. Qu'étaient les Jésuites, lorsqu'ils arrivèrent chez nous? Des Espagnols, des Italiens, des Néerlandais: on ignora pendant longtemps le nom de leur Ordre; on les appelait des prêtres espagnols. Ils occupèrent les chaires et trouvèrent des élèves qui embrassaient leurs doctrines. Ils n'ont rien reçu des Allemands; leur doctrine et leur constitution étaient achevées et formulées avant qu'ils n'apparussent chez nous. Nous pouvons donc considérer les progrès de leur Institut chez nous comme une nouvelle intervention de l'Europe romaine dans l'Europe germanique. Ils nous vainquirent sur le sol allemand; ils nous arrachèrent une partie de notre patrie (1). »

II.

Tel était l'état de l'Allemagne lorsque les Jésuites y pénétrèrent. Maintenant qu'y firent-ils? Quel service y rendirent-ils à la religion et à la science? On l'a déjà pu pressentir par nos dernières paroles. A peine arrivé en Allemagne, Lefebvre, le premier Jésuite qui y soit entré, voyant combien seraient stériles les conférences de Worms pour lesquelles il avait été mandé,

(1) Histoire de la Papauté, t. III, p. 44.

s'occupe aussitôt d'une œuvre plus féconde. Il réforme le clergé, dont les mœurs corrompues contribuaient plus que les luthériens aux progrès de l'hérésie. Worms change de face. Puis c'est le tour de Spire, de Ratisbonne, de Nuremberg. Envoyé en Espagne, Lefebvre a pour successeurs Claude le Jay et Bobadilla qui, eux aussi, régénèrent le clergé et le peuple. Le Jay devient l'oracle des évêques. De retour en Allemagne, Lefebvre reprend son apostolat. Il renouvelle Mayence, où il gagne Canisius à la Compagnie, il empêche Cologne de suivre son archevêque dans l'apostasie, et laisse ensuite Canisius et les autres Jésuites y poursuivre son œuvre. Canisius se rend ensuite à Vienne, où depuis vingt ans comme nous l'avons dit, le sacerdoce catholique ne trouvait plus à se recruter. Grâce à lui, le sanctuaire n'est plus désert, les peuples entendent retentir à leurs oreilles la parole catholique; luimême les instruit dans la foi orthodoxe à l'aide de son fameux catéchisme, qui a eu plus de 500 éditions. En même temps il est l'àme de toutes les diètes, il est chargé de diverses nonciatures, il combat les hérétiques et répond aux Centuries de Magdebourg. La foi se réveille alors au cœur des princes et du clergé, et de tous côtes on appelle les Jésuites. Ils semblent se multiplier et sont partout. «En un si petit nombre d'années, s'écrie

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