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Ceux qui voudroient encore les relever malgré nos lois et en dépit de nos moeurs, ont eu un défenseur éloquent, et la voix de leur reconnoissance a dû se mêler aussi à ces voix nombreuses qui redisoient les passages que j'ai cités.

J'ai eu occasion de faire remarquer que les notes à la fin de chaque volume étoient le plus souvent dans le même esprit que les morceaux rapportés.

C'est ainsi qu'on retrouve dans le cinquième volume, consacré à une collection d'extraits critiques ou apologétiques, la même direction que dans les autres parties de l'ouvrage, et sans doute contre la primitive intention de l'auteur; car il annonce avoir fait disparoître toutes les allusions dans les nouvelles éditions, et il assure que ceux-la se trompent qui le croient animé de l'esprit de parti.

Et cependant, malgré cette intention, malgré cette résolution, auxquelles son esprit s'étoit arrêté, un entraînement involontaire, une puissance presque irrésistible de sentiment et de situation portoit l'écrivain vers la direction dont il croyoit, sinon s'éloigner, au moins se tenir à juste distance.

C'est ainsi que l'auteur plaçoit au premier rang (Voyez les préfaces) les marques de bienveillance du successeur de Léon X et de Pie VI, tandis qu'il n'a encore parlé nulle part, que je sache, de la bienveillance et de la bonté du monarque qui lui a rendu sa patrie, lui a permis la célébrité, en attendant qu'il obtint la gloire.

C'est ainsi qu'au cinquième volume, page 87, on trouve, à propos de Corneille, ces paroles, qui, retranchées des nouvelles éditions, sont pourtant ainsi reproduites dans les notes; ces paroles qu'on a besoin de copier pour s'assurer qu'elles ont été écrites : « Le spectateur demeure presque « froid aujourd'hui aux scènes sublimes des Ho« races et de Cinna; derrière tous ces mots admi«rables: Quoi! vous me pleureriez mourant pour «< mon pays, etc., on ne voit plus que du sang, « des crimes, et le langage de la tribune de la « Convention. »

C'est ainsi que dans une autre note on insère un fragment de M. de Chateaubriand, où, à propos d'une procession à Lyon, il s'exprime ainsi :

« Quelle est cette puissance extraordinaire qui « promène ces cent mille chrétiens sur ces ruines; « par quel prodige la croix reparoît-elle en triom« phe dans cette même cité où naguère une déri<«<sion horrible la traînoit dans la fange ou le sang? << D'où renaît cette solennité proscrite? quel chant «< de miséricorde a remplacé si soudainement le << bruit du canon et les cris des chrétiens foudroyés? « Ce sont les pères, les mères, les frères, les sœurs, « les enfants de ces victimes qui prient pour les << ennemis de la foi, et que vous voyez à genoux « de toutes parts aux fenêtres de ces maisons déla«<brées, et sur les monceaux de pierres où le sang << des martyrs fume encore. Ces collines chargées « de monastères non moins religieux, parce qu'ils a sont déserts; ces deux fleuves, où la cendre des

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«< confesseurs de Jésus-Christ a si souvent été jetée; « tous ces lieux consacrés par les premiers pas du <«< christianisme dans les Gaules; cette grotte de << saint Pothin, ces catacombes d'Irénée, n'ont point vu de plus grands miracles que celui qui « s'opère aujourd'hui. Si, en 1793, au moment << des mitraillades de Lyon, lorsqu'on démolissoit <«<les temples et que l'on massacroit les prêtres; << lorsqu'on promenoit dans les rues un âne chargé << des ornements sacrés, et que le bourreau, armé « de sa hache, accompagnoit cette digne pompe de « la raison, si un homme eût dit alors: Avant que << dix ans se soient écoulés, un archevêque de Lyon << portera publiquement le saint Sacrement dans «< ces mêmes lieux; il sera accompagné d'un nom«< breux clergé, des hommes de tout âge et de << toutes professions suivront et précéderont la << pompe avec des fleurs et des flambeaux; ces sol« dats trompés, que l'on a armés contre la religion, paroîtront dans cette fête pour la proté«< ger; si un homme, disons-nous, eût tenu un pa« reil langage, il eût passé pour un visionnaire 1. » Morceau d'éloquence d'autant plus remarquable, que l'amertume des plus cruels souvenirs n'est adoucie par aucun retour reconnoissant vers le pouvoir régénérateur qui, dès-lors, avoit relevé les autels et permis à l'étendard sacré de la religion de marcher entouré d'hommages et de respects au milieu de légions françoises triomphantes, faisant hommage de la victoire au Dieu des armées.

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Ce morceau se trouve dans les Mélanges littéraires, tome vi de la présente édition.

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aura,

REMARQUES CRITIQUES.

Je m'arrête, Messieurs, moins étonné des erreurs que je viens de relever, dont je connois tant d'exemples avec moins d'excuses, que de tant de talent dans un genre qui n'a point de modèles; qui ra, j'espère, peu d'imitateurs, et que peut-être abandonnera désormais celui-là même qui l'a créé. Il doit aimer son pays, celui qui, dans les déserts de l'Amérique septentrionale, a parlé de la patrie, de son attrait, de son empire, de son amour, comme l'auteur du Génie du Christianisme.

Depuis que cette patrie lui a été rendue, que de grands et de nobles sujets ont été créés pour une imagination féconde, un esprit élevé, un coeur ardent, une âme françoise!

Sans doute nous verrons M. de Chateaubriand, avec la conscience de son talent que tout le monde avoue, et revenant à une impartiale justice que tout le monde a jusqu'ici au moins le prétexte de contester, réparer des erreurs dont alors on ne parlera plus, et se montrer digne des lettres françoises, qu'il peut honorer, des événements contemporains, qu'il peut célébrer.

Je conclus, comme je l'ai dit en commençant, qu'après avoir examiné le Génie du Christianisme sous les rapports de sa composition, de son plan, de son style, de son objet, la classe a droit d'examiner si l'esprit de parti n'a pas eu une part considérable à son succès, et c'est un devoir pour elle de le déclarer, si elle le reconnoît.

FIN DES REMARQUES CRITIQUES.

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