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Latins modernes, la Profe de Defpreaux, de Rouffeau, de la Fontaine, de Corneille, & de tant d'autres Poëtes; qu'on regarde avec le P. Le Cointe un certain Virgile (Evêque, Prêtre ou Sacriftain) comme un fort méchant homme, pour avoir eu raifon malgré le Pape Zacharie; qu'on prétende que plufieurs Théologiens de l'Eglife Romaine n'ont pas fait des efforts réitérés pour ériger en dogmes des opinions abfurdes & pernicieufes ( telles que celle de l'infaillibilité du Pape, & de fon pouvoir fur le temporel des Rois); qu'on me reproche enfin jufqu'aux éloges que j'ai donnés à quelques grands hommes de notre fiécle, dont la plupart n'ont avec moi aucune liaifon, & que l'intrigue, l'ignorance ou l'imbécillité s'efforcent de décrier ou de noircir? Quand le Difcours Préliminaire de l'Encyclopédie n'auroit d'autre mérite que d'avoir célébré ces Auteurs illuftres, ce mérite fera de quelque valeur aux yeux de la postérité, fi les foibles productions de ma plume parviennent jufqu'à elle. Elle me faura gré d'avoir eu le courage d'être jufte, malgré l'envie, la cabale, les petits talens, leurs panegyrifies, & leurs Mecenes.

On m'a fait d'autres reproches beaucoup plus graves; leur importance ne me per

met pas de les taire, de les taire, mais auffi leur injuf tice me difpenfe d'en parler fur le ton d'une apologie ferieufe. En effet, que répondre à un critique qui m'accufe d'avoir cherché dans la formation de la fociété, plutôt que dans des hypotheses arbitraires, non l'effence, mais les notions du bien & du mal; de n'avoir pas examiné comment un homme né & abandonné dans une ifle -deferte fe formeroit les idées de vertu & de -vice, c'est-à-dire comment un être romanefque s'inftruiroit de fes devoirs envers des êtres inconnus ; d'avoir penfe d'après -Pexpérience, l'hiftoire & la raifon, que la notion des vices & des vertus morales a précédé dans les Païens la connoiffance du vrai Dieu; d'avoir difpenfé l'homme de fes devoirs envers l'Etre fuprême, quoique je parle à plufieurs reprifes de ces devoirs; d'avoir regardé les corps comme cause efficiente de nos fenfations, quoique j'aye dit expreffément qu'ils n'ont avec nos fenfations aucun rapport; d'avoir cru que la fpiritualité de l'ame & l'existence de Dieu étoient des vérités affez claires pour ne demander que des preuves trèscourtes; de n'avoir point parlé affez au long de la Religion Chrétienne, dont je pouvois même me difpenfer de parler abfo

lument, puifqu'elle eft d'un ordre fupérieur au Systême encyclopédique des connoiffances humaines; d'avoir dégradé la Religion naturelle, en avançant que la connoiffance qu'elle nous donne de Dieu & de nos devoirs eft fort imparfaite; d'avoir dégradé en même tems la révélation, pour avoir accordé aux Théologiens la faculté de raifonner; d'avoir enfin admis avec M. Pafcal (qui devroit pourtant être une grande autorité pour mon adverfaire) des vérités qui fans être oppofées, vont les unes au cœur & les autres à l'efprit? Telles font les objections que n'a pas rougi de me faire un Journalifte plus Orthodoxe peutêtre que Logicien, mais certainement plus mal intentionné qu'Orthodoxe. Pour y répondre, il fuffit de les expofer & de dire à ma nation ce que difoit au Peuple Romain cet agriculteur accufe de maléfice: veneficia mea, Quirites, hæc funt.

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Il faut avouer que fi dans le fiécle où nous fommes, le ton d'irreligion ne coûte rien à quelques Écrivains, le reproche d'irreligion ne coûte rien à quelques-autres. Soyez Chrétien, pourroit - on dire à ces derniers, mais à condition que vous le ferez affez pour ne pas accufer trop legerement vos freres de ne le point être.

Il ne me refte plus qu'un mot à dire fur cet ouvrage. Quelques perfonnes ont affecté de répandre, à la vérité fourdement, & fans preuves, que le plan m'en avoit été fourni par les ouvrages du chancelier Bacon. Un court éclairciffement fur cette imputation mettra le Lecteur en état d'en juger. Ce Difcours a deux parties; la premiere a pour objet la généalogie des fciences, & la feconde eft l'hiftoire philofophique des progrès de l'efprit humain depuis la renaifJance des lettres. Dans cette derniere partie il n'y a pas un feul mot qui appartienne au grand homme dont on m'accufe d'être le copifte. L'expofition & le détail de l'ordre généalogique des fciences & des arts, qui compofe prefque en entier la 1" . partie, n'appartient pas davantage à Bacon. J'ai feulement emprunté, vers la fin de cette premiere partie, quelques-unes de fes idées, en très petit nombre, fur l'ordre encyclopé dique des connoiffances humaines, qu'il ne faut pas confondre, comme je l'ai prouvé, avec la généalogie des fciences; à ces idées que Bacon m'a fournies, & dont je n'ai point diffimulé que je lui étois redevable, j'en ai joint beaucoup d'autres que je crois m'être propres, & qui font relatives à ce même ordre encyclopédique. Ainfi le

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peu que j'ai tiré du Chancelier d'Angleterre eft renfermé dans quelques lignes de ce dif cours comme il eft aife de s'en convaincre en jettant les yeux fur l'arbre encyclopédique de Bacon (a); &, ce qu'il ne faut pas oublier, j'ai eu foin d'avertir expreflément de ce peu que je lui dois. Voila à quoi se réduit le prétendu plagiat qu'on me reproche : mais ce difcours a eu le bonheur de réussir; il falloit bien tácher de me l'ôter.

(a) Cet arbre du Chancelier Bacon, eft imprimé à la fin du difcours. Nous invitons le Lecteur à faire la comparaison. Il ne faut pas confondre avec le difcours préliminaire de l'Encyclopédie, le systême figuré qui eft à la fin, & qu'on a reconnu expreffément être tiré en grande partie du Chancelier Bacon, quoiqu'il s'y trouve encore des différences confidérables.

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