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ce n'étoit point en France qu'il falloit parler d'élire ou rejeter les rois. On leur répliqua qu'il ne fallait trouver cela si nouveau, qu'il avoit été ainsi souvent pratiqué pour beaucoup moindre occasion que pour le fait de la religion en tous les royaumes de la chrétienté et fort souvent en Grèce pour l'hérésie, et que c'étoit la cause de la translation de l'empire en Occident. Que particulièrement en France, il y avoit de nombreux exemples en ce genre qu'on pouvoit voir en l'histoire, même en cette notable mutation des trois races; mais qu'il seroit bien plus nouveau de voir un hérétique reconnu pour roi de France. On répliqua que les exemples de Chilpéric, de Pépin, Louis Carloman, Eudes, Hugues Capet, avoient été menées et pratiquées, et qu'aucun ne doutoit que la couronné de France ne fût héréditaire. Quelqu'un de la compagnie ajouta qu'on y regarderoit à deux fois avant que de le faire, et que le roi ne s'enfuiroit point pour faire place à celui qu'on auroit fait, et ne manquerait ni de courage ni d'amis pour défendre ce que Dieu et la nature lui avoient acquis. •

N° 44.

Sixième séance. (1)

10 mai 1593. (Etats-généraux, XV, 478. )

-

- LETTRES adressées par Henri IV à plusieurs prélats pour les prier de se trouver à Nantes le 15 juillet, à l'effet de recevoir sa déclaration de professer la religion catholique (2).

Mantes, 13 mai 1503. (Bibl. royale, manuscr. de Colbert, no 11. — Cart. de Font., t. 415.)

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(1) Dans cette séance, l'archevêque de Bourges dit qu'il était venu s'expliquer à cœur ouvert et pendant qu'eux (les députés du parti de Henri IV) s'étoient ouverts, prioient les députés des princes et états d'en faire demême. L'archevêque de Lyon répondit qu'ils s'étaient assez clairement interprétés ; que leur seul but, en entreprenant cette conférence, ne tendoit que par une bonne réunion entre les catholiques, à assurer la religiou et conserver l'état, et en tout, se conformer à l'avis et autorité de N. S. P.. ne se voulant jamais départir de la sainte alliance du saint siége. Mais, dit l'archevêque de Bourges, que nous répondez-vous sur la conversion du roi ? ne voulez-vous pas nous aider à le faire catholique ?- Plût à Dieu, répondit l'archevêque de Lyon, qu'il fût bon catholique, et que notre saint père en pût être bien satisfait ! • — La conférence en resta là. V. ci-après, 17 mai, septième séance.

(2) V. les conférences de Surène, et l'abjuration du roi en l'église de Sarat Denis, à la date du 25 juillet.

N° 45. -DECLARATION par laquelle les princes, seigneurs et officiers de la couronne attachés au service de Henri IV, promettent qu'il ne sera rien conclu aux conférences de Surèno contre les droits des protestans (1).

Mantes, 16 mai 1593. (Bibl. royale, manuscr. de Béthune, vol. 8-78, fo 140.)

Nous princes, officiers de la couronne et autres seigneurs du conseil du roy, sous nommés, voulans oster à ceux de la religion dite réformée, toutes occasions de doubter qu'au traité qui se fait à présent à Surèué entre les députés des princes, officiers de la couronne et autres seigneurs catholiques qui reconnoissent sa majesté, et par sa permission, et les députés de l'assemblée de Paris, soit accordé aucune chose au préjudice de ceux de ladite religion et de ce qui leur avoit esté accordé par les édits des feux roys, attendant les résolutions qui pourroient être prises pour le rétablissement et entretenement du repos de ce royaume, avec l'advis des princes, seigneurs et autres notables personnages, tant d'une que d'autre religion que S. M. a avisé de faire venir et assembler en cette ville de Mantes, au 20 juillet prochain, promettons tous, par la permission de S. M., qu'en attendant lesquelles résolutions, il ne sera rien fait ni passé en ladite assemblée de par lesdits députés de nostre part, au préjudice de la bonne unyon et amitié qui est entre les catholiques qui reconnoissent S. M. et ceux de ladite religion ni desdits édits, et ne feront rien ni ordonneront aucun conseil, consentement ou adveu au contraire de ladite unyon et d'iceux édits;

Promettons aussi d'avertir lesdits sieurs députez estant à Surène, de notre présente résolution et promesse par nous faite comme jugée nécessaire pour éviter toute altération entre les bons sujets de Sa M., afin que de leur part ils ayent à s'y conformer. En témoin de quoy nous avons signé la présente, à Mantes, etc. Signé François d'Orléans, Hurault, Charles de Montmorency, Rogier de Bellegarde, François d'O, François Chabot, Gaspard de Schomberg, E. Jehan de Levis.

N° 46. — SEPTIÈME séance.

Šurène, 17 mai 1593. (Etats généraux, XV, 484.) L'archevêque de Bourges ouvrit cette séance par un discours

(1) Les religionnaires attachés au parti de Henri IV, craignant qu'on n

dans lequel il exposa, comme il l'avait déjà fait, que le principal moyen de pacifier le royaume était la reconnaissance d'un roi Nous vous avons dit, ajouta-t-il, que nous n'en connaissons autre selon Dieu et l'ancienne et continuelle observance du royaume, ni par raison d'état, qu'en la personne du roi appelé à la couronne par droit successif, qui est sans controverse et lequel ne nous avez nié. Vous arguez seulement le défaut de qualité que nous désirons comme vous pour réunir les cœurs et les volontés de ses sujets, en un même corps d'état sous son obéissance. » La dessus, le prélat exposa que Henri IV était décidé à prendre à l'égard de la religion les moyens que ses principaux serviteurs lui avaient conseillés. Il rappela à l'assemblée que le roi venait d'adresser une ambassade au pape pour obtenir la main -levée des excommunications prononcées contre lui, et qu'il avait convoqué (1) à Mantes un bon nombre d'évêques et autres prélats et docteurs catholiques pour être instruit et se bien résoudre avec eux de tous les points concernant la religion catholique. »

L'archevêque de Lyon ayant demandé à conférer quelque temps avec ses collègues sur la nouvelle qu'on ven ait leur annoncer, répondit qu'ils étaient fort aises de la conversion du roi de Navarre, qu'ils désiraient qu'elle fût sincère, mais qu'il paraissait assez extraordinaire qu'on vînt leur annoncer pareille nouvelle quand deux jours auparavant on avait reçu des lettres expédiées par le roi de Navarre, portant assignation de six vingt mille écus pour l'entretenement des ministres et écoliers en théologie; qu'ils étaient fort ébahis comme ceux qui étaient catholiques pouvaient ouïr telles abominations et y participer, etc.... L'archevêque de Bourges ayant répondu que ces lettres avaient été accordées en 1591 sur l'importunité des gens de la religion réformée, on lui répliqua qu'il en existait d'autres de cette année qui étaient signées, mais non encore scellées. On convint là-dessus de part et d'autre qu'il fallait y remédier tous ensemble crainte de voir encore pis.

N° 47.

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- HUITIEME Séance.

Surène, 20 mai 1593. (Etats généraux, XV, 497.)

L'archevêque de Lyon ouvrit cette séance par le rapport de ce

sacrifiât leurs intérêts dans les conférences de Surène, obtinrent cette déclaration.

(1) V. ci-devant 13 mai, et ci-après 25 juillet.

qui s'était passé à la précédente; puis abordant les ouvertures faites par les catholiques du parti de Henri IV, il dit à l'égard de la conversion, que personne ne la rejetait, que même c'était la plus courte voie pour terminer les maux de l'état; mais que la plus part, et principalement l'ordre de l'église tenait cette offre pour fort suspecte, et que cette conversion était plutôt un coup d'état que de religion; qu'une maladie si invétérée n'était aisée à guérir sans une rare et extraordinaire grâce et miracle spécial de Dieu. Et ce qui augmentait les soupçons de cette fiction était que cette conversion ne semblait procéder du propre mouvement, mais par importunités humaines; on remarquait encore que cette proposition n'avait été faite dès le commencement, mais après deux autres bien diverses de reconnaître le roi de Navarre, tel qu'il était, et de le sommer de se faire catholique; et après tout à coup, et d'un plein saut, on le proposait converti. L'orateur conclut de l'exemple de Henri VIII et d'Elisabeth d'Angleterre que l'hérésie est hypocrite et peut dissimuler quelque temps pour arriver à son but.

Il déclara cependant que le meilleur conseil et expédient à suivre était de laisser le jugement de cette conversion au pape, véritable soleil de la foi qui saurait bien fondre le mensonge s'il y en avait; qu'au surplus, on en conférerait et qu'o n leur rendrait incessamment plus ample réponse.

N° 48.

EDIT d'anoblissement de 24 personnes dans le ressort du parlement de Paris.

Mai 1593; reg. en la ch. des compt. le 4 décembre. ( Mém. ch. des compt., 4 K, fo 513.)

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L'archevêque de Lyon ouvrit encore cette séance en s'excusant lui et les députés de la ligue d'avoir tant tardé à leur faire réponse, mais leur dit que l'affaire était si importante de soi qu'il avait été nécessaire d'en conférer avec beaucoup de personnes.

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La réponse qu'on avait à leur faire, quant à la conversion du roi de Navarre était: qu'on désirait la voir vraie et sans aucune fiction, mais qu'on avait tout lieu de la croire suspecte; qu'en effet, la foi s'annonçait par des œuvres, et que s'il était

touché de quelqu'inspiration, il ne demeurerait plus dans son hérésie et n'en ferait point l'exercice public ni prêterait l'oreille à ses ministres, mais blâmerait et détesterait publiquement son erreur, etc., etc.; que cependant il ne leur appartenait pas d'approuver ou d'improuver ladite conversion, mais en laissaient le jugement à N. S. père le pape qui seul avait l'autorité d'y pour

voir.

Qu'à l'égard des traités de paix, ils n'y pouvaient entrer pour plusieurs grandes considérations; qu'en effet ce serait traiter avec le roi de Navarre qui était hors l'église, à laquelle ils ne pouvaient le tenir pour réuni et réconcilié jusqu'à ce qu'on eût su la volonté du saint-siége, etc..... »

L'archevêque de Bourges après en avoir conféré avec ses collègues, répondit: que la conversion du roi ramènerait sûremert un grand nombre de ses sujets à son imitation. Qu'au reste, il y voulait procéder bientôt, et si solennellement que toute la chrétienté connaîtrait son intention et sincérité. Que s'il n'avait point encore donné de preuves de conversion, il n'y avait rien d'étonnant à cela. Constantin en avait fait de même, etc.; qu'au reste, il avait délibéré de se retirer à S. S. et désirait lui donner toute satisfaction, rendre tout respect et soumission et prêter l'obédience qu'avaient de coutume les princes chrétiens ses prédécesseurs.

« Mais en ce qui concernait l'état, si S. S. cuidait y toucher aucunement, pour la connexité des censures et déclaration de la capacité ou incapacité du royaume, il les croyait trop bons Français pour prétendre que les étrangers s'en pussent aucunement mêler, et qu'ils savaient assez les droits et lois du royaume et libertés de l'église gallicane, et que les étrangers même qui n'avaient moindre jalousie à la souveraineté de leurs états, ne voulaient souffrir que les papes entreprissent aucune connaissance sur leur temporel, etc...

« Pour la difficulté qu'on faisait de vouloir entrer au traité de Ja paix et sûreté pour la conservation de la religion, il n'y voyait rien ni savait aucune raison ou scrupule qui les en dût empêcher; car le roi résolu, et ayant donné parole d'être catholique, c'était beaucoup avancé d'employer le temps qui se présentait à faire ledit traité; qu'ils ne traitaient pas avec le roi, mais avec eux qui étaient catholiques, et qu'ils pourraient faire la réserve que s'il ne satisfaisait à sa promesse, tout ce qu'on ferait serait nui..

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