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core ajouté à cette réponse, après qu'il seroit obéi et reconnu de tous ses sujets, qu'il se feroit instruire en un concile libre et général, comme s'il falloit des conciles pour une erreur tant de fois condamnée et réprouvée de l'église, même par le dernier concile tenu à Trente, autant authentique et solemnel qu'aucun autre qui ait été célébré depuis plusieurs siècles.

Dieu ayant permis qu'il ait eu de l'avantage depuis par le gain d'une bataille, la même prière lui fut encore répétée, non par nous qui n'étions en état de le devoir faire, mais par personnes d'honneur, désireux du bien et repos du royaume, comme aussi, durant le siége de Paris, par prélais de grande qualité, priés de la part des assiégés, pour trouver quelque remède en leur mal. Auquel temps s'il se fût disposé, ou plutôt si Dieu, par son esprit, sans lequel personne ne peut entrer dans son église, lui eût donné cette volonté, il eût beaucoup mieux fait espérer de sa conversion aux catholiques qui sont justement soupçonneux et sensibles en la crainte d'un changement qui regarde si près à l'honneur de Dieu, à leurs consciences et à leurs vies qui ne peuvent jamais être assurées sous la domination des hérétiques.

Mais l'espoir auquel il étoit lors d'assujettir Paris, et par cet exemple, la terreur de ses armes et les moyens qu'il se promettoit trouver dedans d'occuper le reste du royaume par la force, lui firent rejeter ces conseils de reconciliation à l'église, qui pouvoient unir les catholiques ensemble et conserver leur religion. Dieu les en ayant délivrés, à l'aide des princes, seigneurs et d'un bon nombre de noblesse du royaume et de l'armée que le roi catholique, qui a toujours assisté cette cause de ses forces et moyens, dont nous lui avons très grande obligation, envoya sous la conduite de monsieur le duc de Parme, prince d'heureuse mémoire, assez connu par la réputation de son, nom et de ses grands mérites, il ne laissa pourtant de rentrer bientôt en ses premières espérances; pour ce que cette armée étrangère, incontinent après le siége levé, sortît hors le royaume.

Et lui, ayant mandé les siens, assembla, par leur prompte obéissance, une grande armée avec laquelle il se rendit maître de la campagne, et fit publier lors tout ouvertement et sans plus dissimuler, que c'étoit crime de le prier et parler de conversion, avant que l'avoir reconnu, lui avoir prêté le serment d'obéissance et fidélité; que nous étions tenus de poser les armes, de nous adresser ainsi nuds et désarmés à lui par supplication, et de lui donner pouvoir absolu sur nos biens et sur nos vies, et

sur la religion même, pour en user comme il lui plairoit la mettant en péril certain par notre lâcheté, au lieu qu'avec l'autorité et les moyens du saint siége, l'aide du roi catholique et autres potentats qui assistent et favorisent cette cause, nous avons toujours espéré que Dieu nous feroit la grâce de la conserver : tous lesquels n'auroient plus que voir en nos affaires, si nous l'avions une fois reconnu se démêleroit cette querelle de la religion, avec trop d'avantage pour les hérétiques, entre lui, chef et protecteur de l'hérésie, armé de notre obéissance et des forces entières du royaume, et nous qui n'aurions pour lui résister que de simples et foibles supplications adressées à un prince peu désireux de les ouïr et d'y pourvoir.

Quelque injuste que soit cette volonté, et que la suivre soit le vrai moyen de ruiner la religion, néanmoins entre les catholiques qui l'assistent, plusieurs se sont laissés persuader que c'étoit rebellion de s'y opposer, et que nous devions plutôt obéir à ses commandemens et aux lois de la police temporelle, qu'il veut établir de nouveau contre les anciennes lois du royaume, qu'à l'ordonnance de l'église et aux lois des rois prédécesseurs, de la succession desquels il prend la couronne, qui ne nous ont pas appris à reconnoître des hérétiques, mais au contraire à les rejeter, à leur faire la guerre, et à n'er tenir aucune plus juste nì plus nécessaire, quoiqu'elle fût périlleuse, que celle-là.

Qu'il se souvienne que lui-même s'est armé si souvent contre nos rois, pour introduire une nouvelle doctrine dans le royaume; que plusieurs écrits et libelles diffamatoires ont été faits et publiés contre ceux qui s'y opposoient et donnoient conseil d'étouffer de bonne heure le mal qui en naissant étoit foible; qu'il vouloit lors qu'on crût ses armes justes, pour ce qu'il y alloit de la religion et de sa conscience; que nous défendons une ancienne religion aussitôt reçue en ce royaume qu'il a commencé, et avec laquelle il s'est accru jusqu'à être le premier et le plus puissant de la chrétienté, que nous connoissons assez ne pouvoir être gardée pure, inviolable et hors de péril sous un roi hérétique, encore qu'à l'entrée, pour nous faire poser les armes et le rendre maître absolu, on dissimule et promette le contraire.

Les exemples voisins, la raison et ce que nous expérimentons tous les jours, nous devroient faire sages et apprendre que les sujets suivent volontiers la vie, les mœurs et la religion même de leurs rois, pour avoir part en leurs bonnes grâces, honneurs et bienfaits qu'eux seuls peuvent distribuer à qui il leur plaît; et qu'après en avoir corrompu les uns par faveur, ils ont toujours

le moyen de contraindre les autres, avec leur autorité et pouvoir. Nous sommes tous hommes, et ce qui a été tenu pour licite une fois, qui néanmoins ne l'étoit, le sera encore après pour une autre cause qui nous semblera aussi juste que la première qui nous a fait faillir. Quelques considérations ont fait que plusieurs catholiques ont pensé pouvoir suivre un prince hérétique et aider à l'établir. L'aspect des églises, des autels, des monumens de leurs pères, plusieurs desquels sont morts en combat-. tant pour ruiner l'héresie qu'ils soutiennent, et le péril de la religion présent et avenir, ne les en ont point détournés.

Combien devrions-nous donc craindre ses faveurs et sa force, s'il étoit établi et devenu notre maître et le roi absolu, lorsqu'un chacun las et recru, ou plutôt du tout ruiné par cette guerre, ́qui leur auroit été si peu heureuse, aimeroit mieux souffrir ce qu'il lui plairoit, pour vivre en sûreté et repos, et avec quelque espoir de loyer et récompense, obéissant à ses commandemens, que de s'y opposer avec péril. On dit que les catholiques seroient tous unis lors et n'auroient plus qu'une même volonté pour conserver leur religion par ainsi qu'il seroit aisé d'empêcher ce changement. Nous devons désirer ce bien, et toutefois nous ne l'osons espérer si à coup.

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Mais soit ainsi que le feu éteint, il n'y ait à l'instant plus de chaleur dans les cendres, et que, les armes posées, notre haine soit du tout morte, si est-il certain que nous ne serons pourtant exempts de ces autres passions qui nous font aussi souvent faillir; que nous aurons toujours le péril sur nos têtés, et serons sujets malgré nous aúx mouvemens et passions des hérétiques, qui feront, quand ils pourront, par conduite du par force, et avec l'avantage qu'ils auront pris sur nous ayant un roi de leur religion, ce que nous savons déjà qu'ils veulent. Et si les catholiques vouloient bien considérer dès maintenant les actions qui vien. nent de leurs conseils, ils y verroient assez clair: car on met les meilleures villes et forteresses qui sont prises en leur pouvoir, ou de personnes qui sont réconnues de tous temps les favoriser. Les catholiques qui y résident, sont tous les jours accusés et convaincus de crimes supposés; la rebellion étant le crime duquel on accuse ceux qui n'en ont point. Les principales charges tombent déjà entre leurs mains. On est venu jusqu'aux états de la couronne. Les bulles (1) de nos saints pères les papes Grégoire XIV

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(1) Allusion à l'arrêt du parlement de Tours, du 14 juillet 15916

et Clément VIII, qui contenoient leurs sainctes et paternelles admonitions aux catholiques, pour les séparer des hérétiques, ont été rejetées et foulées aux pieds avec mépris par magistrats qui s'attribuent le nom de catholiques, combien qu'ils ne le soient en effet. Car s'ils étoient tels, ils n'abuseroient la simplicité de ceux qui le sont, par des exemples tirés des choses avenues en ce royaume, lorsqu'il étoit question d'entreprise contre la liberté des priviléges de l'église gallicane, et non de fait semblable au nôtre le royaume n'ayant jamais été réduit à ce malheur depuis le temps qu'il a reçu notre religion, de souffrir un prince hérétique, ou d'en voir quelqu'un de cette qualité qui ait prétendu droit.

Et si cette bulle leur sembloit avoir quelque difficulté, étant catholiques, ils y devoient procéder par remontrances, et avec le respect et la modestie qui est due au saint siége, ct non avec si grand mépris, blasphème et impiété, comme ils ont fail; mais c'est avec dessein, pour apprendre aux autres qui savent être meilleurs catholiques qu'eux, à mépriser le chef de l'église, afin qu'on les en sépare plus aisément après. Il y a des degrés au mal; on fait toujours commencer par celui qui semble le moindre, ou ne l'être point du tout; le jour suivant y en ajoute un autre; puis enfin la mesure se trouve au comble.

C'est en quoi nous reconnoissons que Dieu est grandement courroucé contre ce pauvre et désolé royaume, et qu'il nous veut encore châtier pour nos péchés; puisque tant d'actions qui tendent à la ruine de notre religion, et d'autre côté tant de déclarations par nous faites et si souvent répétées, même depuis peu de jours, d'obéir et nous mettre du tout à ce qu'il plairoit à sa sainteté et au saint, siége, ordonner sur la conversion du roi de Navarre, si Dieu lui faisoit la grâce de quitter son erreur, qui devoient servir de témoignage certain de notre innocence et sincérité, et justifier nos armes comme nécessaires, ne les émeu. vent pas, et qu'on ne laisse pourtant de publier que les princes unis pour la défense de la religion, ne tendent qu'à la ruine et dissipation de l'état : combien que leur conduite et les ouvertures faites du commun consentement d'eux tous, même des souverains qui nous assistent, soient le vrai et plus assuré moyen pour en ôter la cause ou le prétexte à qui en auroit la volonté.

Les hérétiques s'attachent là-dessus au secours du roi catholique qu'ils voient à regret; et nous tiendroient pour meilleurs François, si nous nous en voulions passer, ou, pour mieux dire,

plus aisés à vaincre, si nous étions désarmés; à quoi nous nous contenterons de leur répondre, que la religion affligée et en très grand péril dans ce royaume, a eu besoin de trouver cet appui; que nous sommes tenus de publier cette obligation, et de nous en souvenir perpétuellement; et qu'en implorant le secours de ce grand roi (allié et confédéré de cette couronne), il n'a rien requis de nous; et n'avons fait de notre côté aucun traité avec qui que ce soit, dedans ou dehors le royaume, à la diminution de la grandeur et majesté de l'état, pour la conservation duquel nous nous précipiterons très volontiers à toutes sortes de périls, pourvu que ce ne soit pour en rendre maître un hérétique : mal que nous avons en horreur, comme le premier et le plus grand de tous les autres. Et si les catholiques qui les favorisent et assiştent, se vouloient dépouiller de cette passion, se séparer d'avec eux et joindre, non point à nous, mais à la cause de notre religion, et rechercher les conseils et remèdes en commun, pour la conserver et pourvoir au salut de l'état, nous y trouverions sans doute la conservation de l'un et de l'autre, et ne seroit pas au pouvoir de celui qui auroit mauvaise intention, d'en abuser au préjudice de l'état, et de se servir d'une si saincte cause, comme d'un prétexte spécieux, pour acquérir injustement de la grandeur et de l'autorité.

Nous les supplions donc et adjurons au nom de Dieu et de cette même église, en laquelle nous protestons tous les jours les uns et les autres vouloir vivre et mourir, de se séparer des hérétiques; et de bien considérer que demeurant contraires les uns aux autres, nous ne pouvons prendre aucun remède qui ne soit périlleux, et doive faire beaucoup souffrir à cet état et à chacun en particulier, avant que d'y apporter quelque bien au contraire, que notre reconciliation rendra tout facile et fera bientôt finir nos misères. Et afin que les princes du sang, autres princes et officiers de la couronne, ne soient point retenus et empêchés d'entendre à un si bon œuvre, pour le doute qu'ils pourroient avoir de n'être reconnus, respectés et honorés de nous et des princes et seigneurs de ce parti, selon qu'ils méritent, et au rang et dignité qui leur appartient, rous promettons sur notre foi et honneur de le faire, pourvu qu ils se séparent des hérétiques; et qu'ils trouveront aussi le même respect et devoir en tous. les autres de ce parti. Mais nous les supplions de le faire promptement, et qu'ils coupent le nœud de tant de difficultés qui ne se peuvent délier s'ils ne quittent tout pour servir à Dieu et à son

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