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paroître un Ouvrage de M. le Baron de Zurlauben, qu'on peut regarder comme un guide des plus affurés dans ces recherches. Il a été en état de connoitre tous les anciens documens, principalement ceux qu'on conferve encore en Suiffe, pays qui, plus qu'aucun autre, pouvoit fournir des documens, concernant cette augufte Maifon, dont elle fe glorifie d'avoir été la premiere patrie.

On fait qu'elle defcend de Rodolphe, Comte de Habsbourg, Prince qui, à la plus haute valeur, joignoit une habileté fupérieure. Ottocare, Roi de Boheme, vouloit s'approprier l'Autriche. Rodolp de Habsbourg prétendoit que cette Province, comme fief mafculin, devoit retourner à l'Empire, à défaut d'héritiers mâles. Il fallut décider la queftion par les armes. On en vint à une bataille dans laquelle Rodolphe rua Otrocare l'an 1278. Etant élu Empereur, il donna l'inveftiture de l'Autriche à fon fils ainé, du confentement des Princes & Etats de l'Empire, l'an 1282. Dès lors ils en préférerent le nom à celui de Habsbourg qu'ils portoient auparavant. Jufques à cette époque on peut marcher à pas fûrs; & il n'en faudroit pas davantage pour montrer qu'avant l'avénement de Rodolphe à l'Empire, fa Maifon étoit Souveraine, & déja fort puiffante.

Mais on eft en peine de favoir d'où defcendoit la Maifon de Habsbourg. On n'ignore pas que c'eft le nom d'une terre dans l'Argau, qui fait partie du Canton de Berne. On y voit encore les débris d'un château qui appartenoit aux ancêtres de Rodolphe. Il eft fitué fur une hauteur près de l'Aar, à une lieue de Bruck. Il y refte une ancienne tour, près de laquelle eft un bâtiment, qui fert de demeure à un garde, qui delà peut découvrir à une grande diftance ce qui fe paffe dans les environs. On tient qu'il fut bâti l'an 1027, par Werner, Evêque de Strasbourg, à qui ce Comté étoit échu en partage; qu'après fa mort il le donna à Radbodt fon frere, dont le fils Werner prit le nom de Comte de Habsbourg & le tranfmit à fes defcendans, Ceux-ci ayant conquis d'autres terres, les Archiducs inféoderent ce château à la famille de Wildeck, enfuite à celle de Wohlen. L'an 1415 l'Etat de Berne s'en empara, & l'inféoda aux Seguefer de Bruneck; l'un d'eux le vendit à l'Abbaie de Kanigsfelden. Voyez Bufching Tome V.

Ceci n'eft pourtant pas tout-à-fait fans difficulté. Il y a en Suiffe un autre château nommé Habsbourg, dans le Canton de Lucerne, peu éloigné du lac qui porte le nom de cette ville. C'eft un des Bailliages de ce Canton, & quelques écrivains veulent que ce dernier Habsbourg fut la demeure des anciens Comtes de ce nom, ce qui me paroît pourtant deftitué de toute vraisemblance.

Sandoval, Evêque de Pampelune, pouffe la généalogie de la Maifon d'Autriche jufques à Adam, & compte 120 générations. Ceci me furprend pourtant moins que ce qu'on lit dans le poëme de M. Addiffon fur la campagne de Hoetten qui lui a attiré tant d'éloges. Parlant de l'Empereur

Jofeph qui n'étoit encore que Roi des Romains; il dit de la famille de ce Prince:

Whofe boasted Ancestry fo high Extends

That in the Pagan Gods his lineage ends.

Ce trait d'un Ecrivain auffi judicieux que fpirituel, m'a paru frappant; il fignifie dont la généalogie s'étend fi loin qu'il faut, pour en trouver lo commencement, remonter jufques aux Divinités Payennes.

Un autre Hiftorien la fait defcendre d'un nommé Sigebert, frere de Clotaire & de Merovée, fils de Theodebert II, Roi d'Auftrafie. Malheureufement pour ce Généalogiste, l'hiftoire ne connoît point ce Sigebert. Auffi, dit-on, que quand il préfenta fon ouvrage à l'Empereur CharlesQuint, ce grand Prince qui ne faifoit cas de la gloire que quand elle étoit acquife par un vrai mérite, le reçut très-froidement. Il fit voir dans cette occafion, qu'on ne doit pas appliquer à tous les Princes ce trait fatyrique de Juvenal :

Nihil eft quod credere de fe

Non poffit cum laudatur bis aqua poteftas.

Je n'ai pas deffein d'examiner tous ces différens fentimens. Je ne prétends pas même les rapporter. Je m'en tiendrai à la table généalogique de M. de Zurlauben. Il me paroît que ce favant militaire n'a rien omis de ce qui pouvoit donner du jour à fa matiere, & qu'en furetant les anciennes Chartes, il a découvert bien des chofes qui avoient échappé aux recherches des plus grands littérateurs.

Il fait defcendre les Maifons d'Autriche & de Lorraine des anciens Ducs d'Alface, & il en donne une table depuis Ethico ou Athie, Duc d'Alface en 666, mort environ l'an 690, jufques à Gontran, dit le Riche, Comté en Argau, de qui defcend l'illuftre Maison d'Habsbourg.

Ce Gontran laiffa un fils nommé Kanzelin, Comte d'Altenburg en Argau, mort en 990. Celui-ci fut pere de Werner, Evêque de Strasbourg, fondateur du château de Hafbourg & de l'Abbaye de Muri, & de Radbot ou Radeboton, & de plufieurs autres enfans. Celui-ci époufa Ide de Lorraine, fœur de Theodoric ou Thierri. Il mourut en 1027. Il laiffa plufieurs enfans, entr'autres Werner & Rickenza, mariée à un Comte de Lentzbourg. Ce Werner, dit le Pieux, fut pere d'Otton & d'Ide, mariée à un Comte de Thierftcin. Il eut pour fils Werner. Celui-ci fut pere de Adalbert, ou Albert I, dit le Riche, Comte de Habfbourg, & Landgrave de la haute Alface, mort en 1199, qui fut pere de Rodolf I, dit l'ancien, l'affable ou le paifible, mort en 1232. 11 fut pere d'Albert ou Adalbert, dit le Sage, qui fut auffi Comte de Habfbourg, & Landgrave d'Alface. Il fut pere de Rodolf I, dit le Grand, Comte de Habfbourg & de Kibourg, Landgrave de la haute Alface, né le premier Mai 1218, élu

Roi des Romains en 1273, couronné à Aix-la-Chapelle le 24: Octobre de la même année, mort l'an 1291, âgé de 73 ans, dans la 18°. année de fon regne.

Gouvernement des Etats Autrichiens.

RODOLPHE, tige de la Maifon d'Autriche, élevé à l'Empire, en

1274, donna l'inveftiture des Duchés d'Autriche, de Stirie, & de Carniole à Albert I, fon fils aîné, & conféra à Adolphe, fon fils cadet, ce qu'il avoit acquis du Duché de Suabe, refte de l'héritage de l'infortuné Conradin.

Albert I époufa Elifabeth, fille. de Meinhard, Duc de Carinthie & Comte de Tirol, qui mourut fans laiffer d'autre héritier, de forte que par fon décès le Duché de Carinthie & le Comté de Tirol furent dévolus à la Maifon d'Autriche.

Albert II, dit le Sage ou le Philofophe, époufa Jeanne, fille & héritiere d'Ulric dernier Comte de Pfirdt, & acquit par ce mariage le Comté de ce nom qui fait partie du Sundgou.

Albert V, Duc d'Autriche & le fecond Empereur de ce nom, épousa Elifabeth, fille & héritiere de l'Empereur Sigifmond, Roi de Boheme & de Hongrie.

Maximilien I, Archiduc d'Autriche, fils de l'Empereur Frédéric III, époufa Marie héritiere de Bourgogne.

Philippe fon fils fut marié avec Jeanne héritiere de Caftille.

C'eft par ces cinq mariages que la Maifon d'Autriche acquit de fi vaftes Etats, qu'ils touchoient, pour ainfi dire, d'un bout de l'Europe à l'autre, ce qui donna lieu au Vers latin que je mets en note (a); elle poffédoit dans le feizieme fiecle le Royaume de Hongrie, l'Autriche haute & baffe, les Duchés de Carinthie, Stirie, Carniole, une partie de la Dalmatie, le Tirol, le Brifgaw, le Sundgou, l'Alface, le Comté de Bourgogne, les dix-fept Provinces des Pays-Bas, le Milanez, les Royaumes de Naples & de Sicile, l'Espagne, le Portugal, les Indes Orientales & Occidentales.

Des riches mariages, des Elections, & un efprit de politique toujours le même, avoient élevé la Maifon d'Autriche à ce haut degré de puiffance. L'Empereur Charles VI, le dernier Prince de cette Maifon, poffédoit encore, des débris de cette puiffance, la Hongrie & la Boheme, l'Archiduché d'Autriche, la Stirie, le Carniole, la Carinthie, le Tirol, l'Autriche antérieure (b), les Pays-Bas que de fon nom on appelle Autrichiens,

(a)

Bella gerant alii, tu felix Auftria nube.

(b) C'eft-à-dire, Conftance, Bregantz, & les autres pays que cette Maifon a dans le Cercle de Suabe; le Brifgaw, & les Villes Foreftieres. Tous ces pays font appellés Pays antérieurs d'Autriche, relativement à la Suisse & à l'Italie, parce que ce font les premiers qu'on trouve en arrivant en Allemagne, par l'une ou par l'autre de ces Contrées. X XXX

Tome VI.

le Milanez, le Mantouan, le Parmesan & le Plaisantin. La Reine de Hon-. grie, fa fille aînée, en recueillit la fucceffion litigieufe. Ce Prince nonfeulement avoit renouvellé le droit de primogéniture, mais encore il l'a érigé en forme de Pragmatique-Sanction (a) & d'Edit perpétuel & irrévocable. Expliquant le droit de primogéniture, il déclara qu'au défaut des mâles, la fucceffion écherroit en premier lieu aux Archiducheffes fes filles; en fecond lieu, aux Archiducheffes fes nieces, filles de l'Empereur Jofeph; & en troifieme lieu, aux Archiducheffes fes fœurs, filles de l'Empereur. Leopold; & enfin à tous les héritiers defcendans de l'un & de l'autre fexe, voulant que dans tous ces cas ces Princeffes gardaffent entr'elles l'ordre de la fucceffion linéale.

Le fort des prétentions formées fur la fucceffion de l'Empereur Charles VI, a été divers, felon les diverfes fituations où étoient les Puiffances Belligérantes; & cette différence a fait le deftin de la Pragmatique.

Le Roi de Pruffe qui le premier avoit pris les armes, fut auffi le premier à les poser, moyennant le traité de Breslau. La Reine de Hongrie fit fa paix avec ce Prince, à des conditions que j'énoncerai en traitant. du Gouvernement de Pruffe. Ce même Prince reprit les armes, non plus en fon nom, mais comme Puiffance auxiliaire de l'Electeur de Baviere, & c'est ce que je dirai auffi, en parlant du traité de Drefde qui termina cette feconde guerre.

Le Roi de Pologne, à la vue du traité de Breflau, fit auffi fa paix particuliere, & l'Electeur de Baviere en fut abandonné, comme il l'avoit été par le Roi de Pruffe.

Les circonftances étoient favorables à la Cour de Turin. Le Roi de Sar

daigne marqua le prix auquel la Reine de Hongrie pouvoit l'attacher à fes intérêts, & cette Princeffe le lui affura.

Le Roi Très-Chrétien, qui protégea toujours conftamment & l'Empereur Charles VII, & le Prince fon fils & fon fucceffeur dans l'Electorat de Baviere, ceffa d'être puiffance auxiliaire de cette Maifon, dès que le jeune Electeur de Baviere eut abandonné, par le traité de Fueffen, les prétentions que fa maifon avoit à la fucceffion Autrichienne; mais ce Monarque déclara la guerre à la Reine de Hongrie (b) & au Roi d'Angleterre (c). Ses différends perfonnels avec ces deux Puiffances ont été terminés par le traité de paix conclu à Aix-la-Chapelle (d).

L'article XXI de ce même traité d'Aix-la-Chapelle, qui a décidé du fort de la Pragmatique - Sanction de Vienne, eft conçu en ces termes :

(a) Publiée à Vienne le 19 d'Avril 1713.
(b) Ordonnance du Roi du 26 d'Avril 1744.
c) Ordonnance du Roi du 15 de Mai 1744.

(d) Articles préliminaires du 30 d'Avril 1748, & Traité définitif du 18 d'Octobre de la même année,

>>

» Toutes les Puiffances intéreffées au préfent traité, qui ont garanti la
» Sanction - Pragmatique du 19 d'Avril 1713, pour tout l'héritage du feu
Empereur Charles VI, en faveur de fa fille l'Impératrice-Reine de Hon-
» grie & de Boheme, actuellement régnante, & de fes defcendans à per-
» pétuité, fuivant l'ordre établi par ladite Sanction Pragmatique, la re-
>> nouvellent dans la meilleure forme qu'il eft poffible, à l'exception ce-
>> pendant des ceflions déja faites, foit par ledit Empereur, foit par ladite
» Princeffe, & de celles qui font ftipulées par le préfent traité «<.

Tous les Etats poffédés par la Reine de Hongrie font gouvernés mo-
narchiquement, & l'Autorité du Souverain y eft plus ou moins étendue,
felon les ufages de ces diverfes Provinces. Cette différence dans les Loix
eft une fuite néceffaire de la diverfité des pays qui forment aujourd'hui
une feule Monarchie.

La difperfion de tous ces Etats affoiblit extrêmement la Puiffance Autri-
chienne. Ses revenus & fes forces ont varié à proportion de l'étendue de
fes Etats. Cette Maifon eft néanmoins regardée comme l'un des baffins de
la balance de l'Europe; & c'eft, dit-on, pour cette raifon, que les An-
glois & les Hollandois, qui ont autrefois taché de la détruire, fe croient
aujourd'hui intéreffés à la foutenir; mais pour les efforts qu'ils font tous
les jours en fa faveur, ils exigent des égards & des ménagemens infinis :
témoin le Traité de Barriere, l'affaire de la Compagnie d'Oftende, la paix
de Breslau, le Traité de Worms, & la convention de Hanover.

La Reine de Hongrie a eu fur pied dans la derniere guerre près de 300
mille hommes, favoir 200 mille de troupes réglées, & 100 mille de trou-
pes irrégulieres; mais l'Angleterre & la Hollande fes Alliés, foudoyoient
une grande partie des premieres.

En temps de paix, cette Princeffe entretient environ 180 à 200 mille
hommes, tant en troupes réglées qu'en troupes irrégulieres, comme nous
l'avons dit ci-deffus.

Pour faire connoître ce que les Pays Héréditaires de cette Cour en Alle-
magne font entr'eux, je mettrai ici un Etat qui parut, en 1748, des con-
tingens que doivent fournir ces Pays Héréditaires à la caiffe militaire,
conformément à un nouveau plan que cette Cour a adopté pour l'entre-
tien des troupes.

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La Moravie

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721-832.
355-360.

L'Esclavonie, la Servie, & les territoires qui en dépendent 1,9-934.

1-856-490.

X X X X 2

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