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lui. Il avoit mis tout l'Empire en feu, fait périr un million d'hommes pour abattre la puiffance d'Antoine & régner feul, & ce furent les enfans d'Antoine, qui régnerent après lui cela eft aifé à démontrer.

Lucius Antonius fils de Marc-Antoine, époufa Marcella, fille de Marcellus & d'Octavie. Il en eut deux filles, Antonia major, & Anto

nia minor.

Antonia major fut mariée à Lucius Domitius Enobarbus, dont elle eut Cneius Domitius; pere de Neron.

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Antónia minor, épousa Drufus, fils de Livie, d'où vinrent Germanicus & Claude, qui régna.

Germanicus, qui époufa Agrippine, fille d'Agrippa & de Julie, fut pere de Caius Caligula & d'Agrippine, femme de Cneius Domitius, & mere

de Néron. T

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Ainfi Tibere qui fuccéda à Augufte, étoit fils de Livie. Caligula, qui. régna après lui, étoit petit-fils d'Antonia minor. Claude, qui vint enfuite, étoit fils de la même Antonia minor; & Néron étoit petit-fils d'An-tonia major, petite-fille de Marc-Antoine.

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Par M. l'Abbé DE SAINT-REAL * lub mot LA naiffance d'Augufte étoit médiacre, par rapport à la grandeur où. il fut élevé, puifque fon pere étoit à peine Chevalier Romain. Il n'a pourtant pas manqué d'hiftoriens qui ont remonté jufqu'aux premiers fiecles de la fondation de Rome, pour y trouver l'origine de fa nobleffe: il est fort für au moins, que fa famille avoit très-peu d'éclat, & qu'elle vivoit dans une très-médiocre fortune.

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La taille d'Augufte étoit beaucoup au-deffous de la médiocre, fi l'on en croit Marathus, fon affranchi, qui a écrit qu'il n'avoit que cinq pieds deux pouces de hauteur: il portoit auffi des fouliers fort hauts, pour ré parer ce défaut affez confidérable dans un grand Prince. Il avoit d'ailleurs la figure agréable, les yeux vifs & difficiles à foutenir, quoiqu'il affectât beaucoup de bénignité, & qu'il eût une douceur concertée. Il étoit iacommodé d'une foibleffe à la cuiffe gauche, qui le faifoit tant fait pou boiter de côté-là.

היו!

Sa fanté étoit très-mauvaife; & fes maladies furent fi fréquentes, pendant le cours de fa vie, qu'à peine le trouvoit-on un jour libre de toute incommodité.

Mais paffons ces qualités qui ne font pour ainsi dire, qu'accidentelles à Augufte, & voyons s'il avoit véritablement les vertus qu'on lui a données dans le portrait qu'on nous a laiffé de lui

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La valeur, qui eft la plus effentielle qualité des grands Princes, n'a jamais paru dans Auguftes, non, pas même dans un degré médiocre. Toutes les victoires, qui l'éleverent à l'Empire du monde, furent l'ouvrage d'autrui, celle de Philippes eft dûte au feul Antoine; celle d'Actium eft l'ouvrage d'Agrippa, auffi-bien que la défaite de Sextus-Pompeius, où il fut fi honteux à Augufte d'avoir toujours refté à fond de cale & de n'avoir paru que long-temps après l'action

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S'il eft vrai qu'on doit juger des chofes, non pas par l'événement, mais par ce qui pourroit, raisonnablement. arriver, il eft aifé de concevoir qu'Antoine, qui avoit vaincu à Philippes, avec tant de diftinction & d'applandiffement, & qui avoit depuis raillé fi-fouvent Augufte für fa maladie, le jour de la bataille, & fur le fonge ridicule de fon médecin, qui le fit fortir de fon camp; il eft, dis-je, aifé de concevoir qu'Antoine, après plufieurs actions d'éclat, feroit devenu le maître d'Augufte, fans cette fortune qui, prit foin, pour élever ce dernier, de donner à l'autre une paffion violente, qui rendit fon nom & fa valeur inutiles.

La clémence, dont on a fait, pour ainfi dire, la principale vertu d'Augufte, s'accommode mal avec les horreurs de la profcription, dont il prolongea feul le cours, mais, fans parler de ces temps terribles, que l'ambition monftrueufe de trois hommes a rendus les plus malheureux qui puiffent être, on trouve chez Augufte des cruautés auxquelles il a eu part tout feul, & qui ne peuvent être excufées par l'exemple entraînant de fes collégues.

Après la bataille de Philippes, à la victoire de laquelle il avoit fi peu contribué, quelles furent les cruautés qu'il exerça à l'égard des malheu reux prifonniers, qui lui furent préfentés! Celui qui demandoit, pour toute grace, de lui accorder la fépulture, en reçut pour réponse que les oifeaux le mettroient bientôt en état de n'en avoir pas befoin. Quelle fut fa barbarie, quand il voulut obliger le pere & l'enfant de combattre enfem ble, dans le temps qu'ils lui demandoient la grace l'un de l'autre, de la maniere la plus touchante! Et il fe donna le lache plaifir de les voir égor ger tous les deux, fur ce qu'ils refuferent de fervir de gladiateurs.

Il est sûr qu'après la mort d'Antoine, il fit tuer fon fils Antyllus, qui s'étoit refugié dans le maufolée que Cléopâtre avoit fait élever à fon pere, croyant trouver un afyle dans un lieu qui lui paroiffoit fi facré; &, en effet, il étoit d'un vainqueur généreux d'épargner les enfans d'un homme qui, pendant tout le temps qu'ils avoient été unis, & tout le cours de leur inimitié & de leur guerre, lui avoit donné tant de marques de géné rofité. Ce fut dans ce même temps qu'il fit mourir Céfarion, fils du grand Jules & de Cléopâtre qui, après la défaite d'Antoine, tâchoit de fe fauver en Ethiopie. Il femble qu'Auguffe devoit au moins faire grace au fang de fon pere.

Si l'on ajoûte à toutes ces cruautés les rigueurs avec lesquelles il fit

mourir une infinité de gens de qualité, pour avoir aimé fa fille Julie, qui donnoit tant de lieu à leurs amours, on trouvera qu'Augufte a été moins clément qu'on ne dit; & il ne faut ajouter, pour découvrir parfaitement, fur cet article, fon véritable génie, que ce qui lui arriva, lorfque, jugeant des criminels, & fe laiffant aller à fon penchant fanguinaire qui lui étoit fi naturel, Mécénas ou Agrippa, ( on ne fait lequel des deux,) ne pouvant l'aborder, à cause de la foule, lui envoya des tablettes où étoient écrits ces mots Retire-toi, bourreau. Apparemment ce favori connoiffoit bien le prince; & il faut que fa cruauté fût bien outrée, pour qu'on ofat le corriger fi violemment. Enfin il eft sûr qu'il a fait mourir tant de gens, qu'on ne trouvoit point de jour, dans les premieres années de fon empire, qui ne fût marqué du fang de quelque perfonne confidérable.

Je fais que, dans la fuite de fon empire, il pardonna à Cinna; mais tout le monde fait auffi que ce fut une infpiration de Livie fa femme, qui voulut tâcher de gagner par la douceur, ce qu'il n'avoit pu, depuis long-temps, avoir par les fupplices: car, quoique tous les jours il fit mourir quelque conjuré, ou véritable ou prétendu, les confpirations étoient toujours plus fréquentes, & elles fe formoient, pour ainfi dire, du fang & fous la cendre de ceux qu'on immoloit. On craignoit d'ailleurs dans Cinna le nom & la réputation de fon aïeul maternel, le grand Pompée, dont les partisans cachés étoient encore en grand nombre.

La clémence étoit peut-être la vertu qui manquoit le plus à Augufte; c'eft celle dont on l'a loué davantage, par la raifon, qu'il n'eft point de vertu que nous fouhaitions davantage qu'on nous attribue, que celle que nous n'avons point.

L'éducation qu'il donna à l'une & à l'autre Julie, fut telle que ces deux princeffes furent les plus proftituées perfonnes de l'Empire; & il y eut af furément beaucoup de fa faute dans les complaifances qu'il eut au commencement pour elles.

Venons à cet efprit d'Augufte tant vanté, & qu'on ne fauroit tout-àfait lui contefter. On prétend qu'il étoit le plus habile politique de fon temps: il eft vrai qu'il étoit parfaitement le maître du dehors de lui-même, fachant cacher mieux que perfonne les deffeins qu'il avoit conçus ; foit que naturellement il eût ce talent merveilleux, foit qu'il l'eût acquis par art & par étude. Il eft sûr qu'il pâliffoit & rougiffoit facilement, changeant, comme il vouloit, de couleur & de maintien; ce qui l'a fait comparer par l'un de fes fucceffeurs, au caméléon, qui fe rend propres toutes les couleurs qui lui font préfentées. Il prenoit à l'avance mieux que perfonne, les moyens pour la réuffite d'une entreprife. Il fçut diffimuler les chagrins qu'il avoit contre Antoine, tant qu'il en eut befoin pour foutenir la guerre contre les reftes du parti de Pompée. Il ne manquoit pas ide même à trouver des prétextes fpécieux de rupture, quand fes intérêts le demandoient, Il favoit d'ailleurs merveilleufement comment il falloit s'y

prendre pour remettre l'abondance dans Rome, pour gagner l'efprit du peuple par des jeux, des fpectacles & des largeffes fouvent très-médiocres, mais bien ménagées. Il favoit orner la ville, & y mettre des beautés ma◄ gnifiques; & on doit convenir qu'il avoit beaucoup d'efprit & d'industrie pour toutes ces chofes. C'eft cette induftrie & cette adreffe dont il portoit le fymbole dans un cachet dont il fe fervit long-temps, où étoit gravé le fphinx; mais ce n'eft point cet efprit qui convenoit au maître du monde on vouloit dans lui un génie plus étendu, plus grand, plus libre, plus ouvert; & c'eft de lui qu'on difoit avec quelque raifon, qu'il étoit plus propre à être Edile qu'à être Empereur.

Tout fon efprit pourtant, & cette fage politique dont il fe piquoit, ne l'empêcherent pas de faire fouvent de très-grandes fautes. En eft-il une plus confidérable que celle qu'il fit en piein Sénat, lorfqu'il y lut les lettres qui contenoient les débauches de fes filles exilées; qu'il y déclama contre leurs impuretés & qu'il exagéra fa propre honte? faute qu'il reconnut bientôt après, quand il dit dans une de fes réflexions: Je n'aurois pas fait une telle manœuvre, fi Agrippa ou Mécénas avoient vécu.

Pour moi, il me femble qu'Augufte étoit fi fort éloigné d'avoir les qualités d'un Dieu, qu'on trouve, au contraire, dans lui mille baffeffes, & mille petiteffes indignes d'un grand Prince; cette avarice, par exemple dont il donna fi fouvent des marques, & qui lui fut reprochée fi adroitement par ce Poëte qui faifoit tous les jours quelque Epigramme à fa louange, fans jamais en tirer aucune récompenfe, & qui, un jour qu'Augufte s'avifa de faire des vers pour lui, & de les lui donner, tira quelques deniers de fa poche pour les payer, en lui difant: Je les payerois mieux. fi j'étois plus riche.

On ne fauroit encore oublier fur ce fujet, ce que fit un foldat qui, dans le temps qu'Augufte étoit à la campagne, ayant pris un hibou vivant qui, depuis plufieurs années, empêchoit, par fes cris, ce Prince de -dormir, le lui porta, s'attendant à une grande largeffe; mais ne fe voyant donner que la valeur de vingt-cinq livres : « C'eft bien peu, dit-il en le Laiffant échapper : j'aime mieux qu'il vive. »

On doit mettre parmi les baffeffes d'Augufte fon efprit fou & dangereux pour toutes fortes de commerce. 11 eft amoureux des femmes des Sénateurs; mais c'eft pour en arracher le fecret de leurs maris. Il choisit -un Succeffeur, l'un des plus méchans hommes de l'Empire, qu'il n'aime -point naturellement, & qui n'eft pas de fa famille; mais c'eft pour se faire regretter après fa mort. Il fait faire des propofitions d'accommodement à Cléopâtre, les plus honnêtes & les plus recevables; mais c'eft pour la trahir, & pour la mener à Rome en triomphe. Tout cela n'est point d'un grand homme. Jules, fon pere, en ufoit tout autrement.

On peut ajouter ici les exceffives fuperftitions qui lui faifoient ajouter foi à tous les préfages les plus ridicules que la crédulité des peuples avoit éta

blis. C'est par un même principe qu'il craignoit fi fort le tonnerre, qu'il lui fit bâtir un petit temple à Jupiter tonnant à l'entrée du Capitole. I y a mille autres pareilles petiteffes, en quoi on peut dire encore qu'il imi toit bien mal Jules-Céfar.

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S'il eft permis de juger des véritables qualités d'Augufte, il me femble qu'on peut dire de lui, qu'il fut ambitieux, fort diffimulé, & fort heureux. Si les Hiftoriens lui ont donné des louanges outrées, c'eft que la fortune de ce Prince toujours plus grande que fon mérite, a été la me fure de leurs éloges peu réfléchis.

TACITE

Puissance exceffive d'Augufte.

ACITE dit en parlant d'Augufte, omnium jura in fe traxerat. Il avoit envahi les droits de tous les Romains. En effet, on ne lui avoit rien donné, mais il s'étoit emparé de tout. Le Sénat, non-plus que le peuple, n'avoit pas la liberté de fes fuffrages, lorfqu'ils étoient réduits l'un & l'autre fous la puiffance des troupes mercénaires & corrompues, qui les trahirent d'abord, & enfuite les mirent fous le joug. La plupart des Sénateurs avoient été tués à la bataille de Pharfale; d'autres avoient péri en différens endroits du monde, & les autres enfin n'avoient pû fe garantir de la cruauté des profcriptions; & ceux qui compofoient alors ce que l'on appelloit le Sénat, étoient pour la plupart Miniftres des cruautés d'Augufte, & les inftrumens dont il s'étoit fervi pour réduire fa Patrie fous le plus cruel de tous les efclavages. La liberté Romaine, & cette grandeur d'ame qui en avoit été pendant long-temps l'appui & le foutien, étoient non-feulement abolies, mais même prefque oubliées. On fouloit aux pieds les Loix & la Juftice, & perfonne n'étoit en état de rien contester à celui qui s'étoit rendu maître du Sénat & du peuple par la force de fes armes. Il n'y avoit rien de fi extravagant que ne pût extorquer un Conquérant violent & fuperbe, qui avoit trente Légions mercénaires toujours prêtes à exécuter fes ordres. Ceux d'entre le peuple qui avoient confervé la pureté de leurs mœurs, & qui s'étoient garantis de l'épée de Jules-Céfar, étoient péris avec Hirtius & Panfa, avec Brutus & Caffius, ou avoient été détruits par les exécutions fanglantes du Triumvirat. Ceux qui reftoient ne pouvoient rien perdre en confentant verbalement de fe dépouiller de leur liberté, puifqu'ils n'avoient ni la force ni le courage de la défendre. Les créatures du Tyran poffédoient toutes les charges de la Magiftrature, & le corps du peuple étoit compofé de perfonnes qui étoient nées fous le joug de la fervitude, & accoutumées à obéir, ou étoient retenues par la terreur des armes qui avoient fait périr les défenfeurs de la liberté. Les Loix étoient renversées, la vertu éteinte, l'injuftice fur le trône, & ceux, qui ne fuivoient pas les mêmes principes, expofés à toutes fortes de cruautés. La puiffance d'Augufte étoit énorme; & ceux qui l'avoient mife au-deffus

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