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TROIS

ARDSCHIR.

ROIS Rois de Perfe ont porté ce nom. Le premier & le troifieme méritent peu qu'on en parle. Mais Ardfchir II, furnommé Babegan, premier Roi de la Dynaftie des Saffanides, mériteroit d'être appellé le Salomon Perfan.

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Lorfque le Roi s'applique à rendre la juftice, le peuple fe paffionne à » lui rendre obéiffance. Le plus méchant de tous les Princes eft celui qui » fe rend redoutable aux gens de bien & acceffible aux méchans. L'au»torité Royale fe maintient au-dehors par le crédit, la réputation, les » troupes & l'argent. Si le Souverain néglige la juftice & la police, il » n'a ni crédit, ni réputation, ni argent, & ne peut compter fur la fidélité » de fes troupes. N'employez pas l'épée, quand la canne fuffit. «

Telles furent les principales maximes de ce Prince, l'un des plus grands Rois dont la Perfe s'honore. Il feroit bien difficile de rien ajouter à l'idée que préfentent ces nobles & véritables principes. L'Hiftoire varie fur fon

origine. Les uns le font fils de Saffan, homme privé & même d'une condition très-obfcure. Suivant cette opinion, Saffan fut berger d'un nommé Babek, qui pour récompenfer fes foins, lui donna fa fille en mariage. Saffan glorieux de cette alliance, & pour en perpétuer le fouvenir, donna à Ardfchir fon fils le furnom de Babegan, mais cette origine que l'on trouve dans le Lebtarik, eft prefque totalement abandonnée. Nous fuivrons dans cette analyse le récit de Knondemir. Il affure l'avoir tiré du TarikKondek & du Bina-Kiti qui font fans contredit les deux hiftoires les plus juftement accréditées. Suivant cet Ecrivain, Saffan, frere d'Homai fille de Babaman, ne pouvant s'accommoder du fecond rang, se bannit volontairement de la Perfe, & alla dévorer loin de fa patrie des chagrins que le trône feul pouvoit diffiper. Un de fes enfans, jaloux de voir la Perfe d'où on lui avoit appris qu'il tiroit fon origine, y fit un voyage, & entra au fervice de Babek, Gouverneur de la Province, qui charmé du naturel aimable de ce jeune homme, lui donna fa propre fille en mariage. Ce fut de cette union que fortit Ardfchir, qui prit le furnom de Babegan en mémoire de Babek fon beau-pere & fon bienfaiteur. Ardfchir fut élevé avec le foin le plus tendre, & fa vive reconnoiffance, jointe au fouvenir de fon origine, le perfectionna dans tous les exercices dignes d'un Prince. Ses talens jetterent tant d'éclat, que dans toute la Perfe, on ne parloit que du jeune Ardfchir. Ardavan qui régnoit alors, jaloux de le voir, le fit venir à fa Cour, & le retint dans fon Palais où il lui témoigna autant d'amitié qu'à fes propres enfans. Bientôt ces mêmes talens qui venoient de captiver fon admiration, changerent fon amitié en jaloufie. Humilié de la différence que la nature avoit mise entre fes fils & Babegan, il l'éloigna de la Cour: mais trop jufte pour vouloir qu'un homme de fon mérite languît dans une obfcurité honteufe, il lui donna le commandement des troupes d'une Province. Ardfchir condamné à cette espece d'exil, s'en dédommagea en fe perfectionnant dans les exercices qui avoient fait admirer fon enfance. Il ne reparut à la Cour que pour demander le Gouvernement qu'avoit poffédé Babek dont on venoit de lui apprendre la mort. Ardavan ne put lui accorder fa demande, parce qu'il avoit difpofé du Gouvernement en faveur de fon fils aîné; mais il mit tant de douceur dans fon refus qu'il ne refta dans le cœur d'Ardfchir que la douleur d'avoir perdu fon beaupere. Cependant Ardavan ayant vû dans un fonge plufieurs objets effrayans, confulta les Mages, qui peu jaloux de fon repos, lui répondirent que fon fonge préfageoit fa ruine, & qu'un étranger monteroit fur fon Trône. Ardavan plus troublé par cette interprétation, qu'il ne l'avoit été pendant fon fonge, tourna fes regards fur Ardfchir, & crut appercevoir en lui le deftructeur de fa race & le fien propre. Il le regarda dès-lors comme une victime qu'il devoit facrifier à fa fureté; mais une fille du Sérail inftruite des inquiétudes du Prince, avertit Ardfchir qu'il en étoit l'objet, & s'offrant à partager fa deftinée, elle l'engagea à s'éloigner de la Ferfe dejà fi

funefte à fa famille. Ardfchir profita de cet avis, mais au-lieu de fuivre l'exemple de Saffan, il fe rendit dans la Province de Fars, dont Babek avoit eu le Gouvernement. Le fils aîné d'Ardavan voulut s'affurer de fa perfonne, mais le nom d'Ardfchir étoit fi puiffant dans la Province, que tous les habitans s'offrirent à fe dévouer pour fon fervice. Il accepta leurs offres & marcha auffi-tôt contre le jeune Ardavan qui périt après plufieurs combats. Tous les Molouk - Thavars fubirent le même fort d'Ardavan, ou fuivirent la fortune du vainqueur. Le Roi affligé de ces triftes nouvelles, s'avança auffi-tôt dans la Province de Fars, réfolu de périr ou de venger la mort de fon fils. Une bataille qu'il perdit près d'Hefthekhan, justifia la prédiction des Mages. Ardfchir, pour prix de fa victoire qui fut fcellée du fang d'Ardavan, monta fur le trône qu'avoient occupé fes ancêtres, & prit auffitôt le titre de Schainskhab qui fignifie Empereur ou Monarque. Les Perfes naturellement jaloux d'une vaste domination, n'eurent point à gémir de l'avoir pour maître. Leurs voifins ne purent résister à un Prince, qui fans Etats venoit de conquérir le Royaume le plus floriffant de toute l'Afie. La Méfopotamie & l'Affirie furent les principaux monumens de fes victoires mais c'est moins par l'éclat de fes triomphes que l'Histoire de ce Prince nous intéreffe, que par le foin qu'il prit de rendre fes peuples heureux. La vraie gloire des Souverains ne confifte pas à couvrir la terre de débris, ni à faire des Efclaves. Les lauriers d'un conquérant font bientôt defféchés, s'il ne les arrofe que du fang & des fueurs des vaincus. Ardschir dans les défordres même des guerres, bâtit plus de villes, qu'il ne détruisit de villages, & tous fes fujets eurent autant de droits fur fon cœur que s'ils euffent été fes enfans. Persuadé qu'un Prince qui se néglige, eft indigne de l'être, il eut toujours les yeux attachés fur lui-même. Chaque jour il méditoit fur les devoirs des Rois dans la crainte d'y manquer. Ce Prince bienfaifant nomma un Officier qui tous les matins devoit l'interroger fur les actions du jour précédent. Il connoiffoit la nature indulgente pour foimême, & il ne fe permettoit pas d'être fon propre Juge. Il donna peu de temps au fommeil, & moins encore au plaifir. Toutes les heures du jour furent confacrées à la gloire ou à la tranquillité des Perfes. Il avoit des inftans pour agir, d'autres pour réfléchir, & comme il n'avoit à rougir ni de fes actions, ni de fes penfées, il en compofa un mémoire qui fervit de regle à fes fucceffeurs. Ardfchir fit encore plufieurs ouvrages, & tous avoient pour objets la pureté des mœurs ou la perfection du Gouvernement, Le fameux Nouskervan ne dut peut-être fa célébrité qu'au foin de confulter ces précieux ouvrages qu'il fit publier. Entre les fages inftitutions de ce Monarque, on remarque l'attention qu'il eut de diftribuer le peuple en plufieurs claffes qui toutes eurent leurs cenfeurs particuliers. Les artifans furent diftingués des foldats, les fimples citoyens des nobles, & chaque docteur avoit foin de parler un langage convenable à l'efprit de la claffe commife à fes foins. Rien n'étoit plus lage, il faut bien plus de refforts

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pour émouvoir le cœur fourbe & délié du courtisan, que pour toucher une populace fimple & groffiere.

Le fpectacle attendriffant d'un peuple fortuné fut la plus douce récompenfe pour le cœur de ce Prince ami de l'humanité. La Perfe & les Provinces nouvellement foumifes le louoient, le béniffoient à l'envi. Les vœux de ce peuple n'étoient cependant pas fatisfaits; Ardfchir étoit fans héritiers, le Ciel long-temps fourd à leurs prieres, lui en accorda un. Ce Prince le plus doux, le plus digne d'être heureux, manqua de frapper l'objet de tant de vœux dans le fein d'une époufe ingrate, & de paffer le refte de fes jours dans le chagrin le plus amer. Ardfchir rejettant cette maxime barbare qui prefcrit aux ufurpateurs d'éteindre la race des légitimes Rois, avoit époufé la fille d'Ardavan. Cette Princeffe peu reconnoiffante ne goûtoit aucun plaifir fur un trône d'où fon fang étoit profcrit. Sans ceffe agitée du defir de voir les Ardavans dans l'appareil de leur premiere grandeur, elle concut le criminel projet d'empoifonner fon mari, & de donner la couronne au frere du feu Roi. Elle alloit confommer ce crime, lorfque le Monarque averti par fes Officiers du coup dont il étoit menacé, la leur remit entre les mains. L'arrêt de mort fut prononcé contre cette époufe coupable. Elle avoit jufqu'alors célé fa groffeffe, & elle ne la déclara qu'à l'inftant où le Miniftre auquel on avoit confié le foin de fa destinée, alloit la frapper. Ce Miniftre refpectant en elle l'héritier du trône, lui procura une retraite fûre; elle y donna le jour à Schabour, autrement Sapor. Ce fut ce Sapor qui vengea fur Valerien les anciennes injures que les Perfes avoient reçues des Romains. Ardschir, content de contempler fon digne héritier, récompenfa avec magnificence le fage Miniftre qui le lui avoit confervé. L'hiftoire varie fur la durée du regne de ce Prince. Le Lebtarikh la fait de quarante ans ; mais Knondemir que nous avons fuivi, ne compte que quatorze ans depuis fa victoire fur Ardavan jufqu'à fa mort. La Dynaftie à laquelle il donna naissance, fut nommée Saffanide du nom de Saffan l'un de fes ayeux; ce qui prouve que la tige de Saffan n'étoit pas obfcure comme quelques Hiftoriens l'ont prétendu, & qu'elle étoit au moins auffi illuftre que celle de Babek. L'hiftoire conferve une anecdote fur Ardfchir que le lecteur feroit faché de ne pas trouver ici: elle fert à montrer que ce Prince qui donnoit à fon efprit tous les alimens poffibles, étoit avare de ceux qu'il donnoit à fon corps. Voulant le reftreindre à fes feuls befoins, il demanda à fon médecin combien il devoit prendre de nourriture pour entretenir fa vigueur? Cent gros ou dragmes arabiques (ce poids répond à notre livre) vous fuffifent, répondit le médecin, fi vous vous en contentez, cette quantité vous portera, mais fi elle excede, c'est vous qui ferez obligé de la

porter.

D'Herbelot nous apprend que le mot Ardfchir répond à celui d'Affuerus & d'Artaxerxès, & qu'il fignifie farine & lait.

AREMBERG, Comté d'Allemagne, dans le Cercle de Weftphalie, dont la Capitale, fituée fur la riviere d'Ahr, porte le même nom.

A

REMBERG, qui a auffi été nommée Arbourg, étoit autrefois une Seigneurie libre, qui ne relevoit d'aucun Roi ni Prince. Melchtilde, fille de Jean, Seigneur d'Aremberg, & Burggrave de Cologne, dernier mâle de fa famille, époufant l'an 1298 Englebert, Comte de la Marck, porta dans cette famille cette fucceffion, qui fut donnée au cadet, nommé Evrad; l'aîné ayant eu la fucceffion des biens paternels. La poftérité d'Evrad pofféda Aremberg environ deux fiecles, jufqu'à fon arriere-petit-fils nommé Robert, fils de Robert & de Walpurge d'Egmond. Celui-ci n'ayant point d'enfans, laiffa héritiere fa fœur Marguerite, qui porta en mariage la Seigneurie d'Aremberg à Jean de Ligne, Seigneur de Barbanfon il quitta le nom de fes peres pour prendre celui d'Aremberg, & fe fignala fous Charles V, qui lui conféra l'ordre de la Toifon d'Or, & fous Philippe II, qui le fit Gouverneur de la Frife & de l'Overiffel. L'Empereur Maximilien II le déclara Prince de l'Empire, & fit mettre le Comté d'Aremberg fous la protection & dans la matricule de l'Empire, en l'incorporant au cercle du Rhin.

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Le Prince, Duc d'Aremberg & d'Arfchoz, prend féance dans les affemblées du cercle du Bas-Rhin, immédiatement après l'Electeur Palatin; & dans celles de la Diete de l'Empire, après le Duc de Wirtemberg, Prince de Montbelliar. Ses mois romains font de deux hommes de cheval & de fix fantaffins; ou bien de 48 flor. en argent. Sa contribution à Wetzlar eft de 81 rixd. 60 cr.

СЕ

ARÉOPAGE, f. m. Le plus fameux Tribunal de la Grece.

E fameux Tribunal d'Athenes, étoit placé au milieu de cette ville fur une roche ou colline, fituée à l'oppofite de la citadelle.

L'origine du nom & du fondateur de l'Aréopage, eft une énigme difficile à expliquer, & nous ne nous en mettrons pas fort en peine. On regarde ce Tribunal comme l'ouvrage de Cecrops, confirmé par fon fils Cranaus. Il s'acquit bientôt une grande réputation de fageffe. Les étrangers, les Souverains, qui furent enfuite des Dieux, venoient fe foumettre à fes décifions.

Plutarque & Ciceron ont regardé Solon comme le fondateur de l'Aréopage, mais il n'en fut que le reftaurateur. Il eft prouvé par les marbres d'Arundel que ce Tribunal exiftoit 941 ans avant Solon. Cecrops l'avoit

formé

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