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cela fe peut, il fera toujours vrai de dire, que fouvent il feroit fort fenfé de le faire par principe.

Tacite nous rapporte comme un trait de politique bien entendu fans cependant en approuver le principe, puifqu'il s'agiffoit d'opérer plus fûrement une injuftice, le myftere que Livie fit de la mort d'Augufte, pour avoir le temps d'affurer le fort & l'état de Tibere.

Les hommes en effet s'accoutument communément à refter comme ils font; & c'est bien faire, même dans l'ordre politique, que de ne les pas avertir qu'ils peuvent fonger à préparer de nouvelles fituations. Malgré P'habitude qu'ils ont contractée pour les anciennes, ils n'ont que trop de difpofition à faifir les apparences du changement quand elles fe préfentent à eux; contradiction inexplicable en foi mais qui eft dans l'hu

maine nature.

Ces inftans d'inftabilité étant toujours fujets à quelques inconvéniens on les doit abréger autant qu'il fe peut. Aufli voit-on ordinairement les fucceffeurs fe preffer d'annoncer qu'il n'y aura aucun changement dans les vues & dans les difpofitions antérieurement formées. Si cela n'eft pas toujours exactement vrai par l'événement, parce que rarement plufieurs hommes font fucceffivement uniformes dans le maniement des affaires publiques; c'est à ceux qui y font intéreffés à en pénétrer la poffibilité, pour reprendre, pour ainfi dire, une nouvelle date dans l'avenir, avec quelque certitude de ne fe point tromper en renouvellant fur des époques differentes, les calculs que nous venons d'indiquer.

On a vu, à la vérité, de grands événemens préparés au moment d'une mort qui devoit les déranger, n'en recevoir cependant aucune atteinte; mais ce font de ces phénomenes rares, quand il n'y a pas un principe de néceffité vraie ou préfumée, qui rend les volontés & les réfolutions. permanentes & des exemples uniques de cette efpece ne juftifieroient pas ceux qui auroient la confiance de compter fur de pareils hafards.

Il ne reftera donc plus que les événemens particuliers à prévoir, autant qu'il eft poffible, mais fur lefquels on ne fera pas expofé à des erreurs dangereufes, toutes les fois que l'on aura calculé fenfément l'efpece de fenfation qu'ils doivent faire fur les Princes ou fur les Miniftres, dont on a pris la durée pour terme de fes vues & de fes projets car c'eft à ce point de rapport qu'il faut toujours fe tenir, & il eft certain que c'eft le feul moyen de ne pas tomber en mécompte, dans ces cas d'événemens imprévus que la Providence veut qui échappent à la prévoyance de l'homme le plus éclairé & le plus lumineux.

Les principes de calcul ne doivent ni ne peuvent être les mêmes vis-àvis les Etats populaires & républicains, où c'eft toujours l'Etat tout entier qui agit par ceux qui en repréfentent les différentes parties. Ce n'eft plus la vie d'un homme qui doit fervir de bafe au calcul, parce qu'ils changent fouvent, quoique pendant le temps de leur représentation, la con

noiffance de leurs affections perfonnelles ne foit pas indifférente; mais la mort d'un feul ne fait point changer l'efprit général qui fe conferve dans le plus grand nombre, à moins, ce qui eft extrêmement rare, qu'il ne s'y trouve quelques-uns de ces hommes qui, par la fublimité de leur génie & la foupleffe de leur efprit, aient acquis l'ufage d'entraîner les fuffrages, & d'être maîtres de toutes les délibérations. Ce font ces pofitions particulieres qui ont quelquefois entraîné les Républiques dans des égaremens politiques. Telles vit-on les Républiques Grecques entraînées par les Orateurs au temps de Philippe de Macédoine; mais dès-lors ce feroit le Monarchique réel déguifé fous le nom & les apparences de la forme républicaine, ce qui feroit difparoître l'objet fur lequel nous raisonnons ici, & qui fuppofe un concours, à-peu-près égal, de fuffrages & d'influence fur les délibérations publiques. Il feroit aifé de montrer que le regne de ces citoyens, maîtres induement dans leur République, ne peut pas être long par les abus qui font attachés à ce pouvoir, & que les Loix n'ont rien fait pour arrêter ou prévenir, parce qu'elles ne l'ont pas prévu; enforte qu'il n'en peut réfulter que des rapports momentanés : & dans l'efpece donnée, il fera toujours vrai de dire que les principes de politique & d'administration y font ordinairement plus fixes & plus permanens, & que par conféquent il y a moins de variation dans le mouvement des refforts vis-à-vis des Etats républicains.

L'avenir eft donc moins difficile à y prévoir; il a feulement un plus grand nombre de combinaisons momentanées à former, parce que les inftrumens de l'adminiftration intérieure font plus multipliés; mais il est trèsrare qu'il y ait de grandes variations dans les principes généraux. Ce qui eft aujourd'hui dans un jufte rapport avec leurs intérêts, fera vraisemblablement encore dans cent ans dans les mêmes rapports. S'il y eft arrivé quelqu'un de ces égaremens politiques dont nous venons de parler, les Républiques en fouffrent affez, au préjudice de leur conftitution & de la politique qui y convient, pour revenir bientôt à leurs intérêts naturels parce que ce qu'ils ont perdu leur eft une leçon qui, paffant de génération en génération, fert d'inftruction à tous ceux qui cooperent à l'adminiftration politique. L'exemple du bien & du mal y fait des fenfations plus vives & plus permanentes que dans toute autre forme de Gouvernement. L'on pourroit prefque dire que, ce qu'on peut appeller époque, Ÿ

eft éternel.

Si c'est un avantage pour ceux qui ont à traiter avec les Républiques, cet avantage eft bien balancé par nombre d'inconvéniens & d'embarras de détail, dont nous aurons occafion de parler dans la fuite, & que nous n'examinerons pas ici, pour ne point anticiper l'ordre des matieres.

Que les génies les plus étendus ne murmurent point des bornes étroites que nous femblons leur prefcrire ils trouveront encore bien de quor se fatisfaire & s'exercer, même fans fortir de l'enceinte que nous penfons

que la faine raifon leur confeille de ne point franchir. La meilleure preuveque la charge eft encore affez pefante, c'eft que ceux mêmes qui fe renferment dans cette fage méthode & dans ce calcul limité, font encore fujets à quelque erreur dans leurs combinaifons; ils regarderont comme une maxime dangereufe & peu utile à leur folide réputation, cette pensée fi célébre Il est beau méme d'en tomber.

Ceux qui voudront fe former d'autre bouffole, & embraffer des efpaces plus vaftes, ne pourront être que des vifionnaires infenfés, dont les génies mal réglés trouvant leur fatisfaction dans des projets, pour ainfi dire, mal cadencés, n'ont d'autre guide qu'un amour-propre mal entendu qui les conduit enfin au centre d'un labyrinthe dont l'entrée leur a échappé, & dont ils ne pourront plus trouver la fortie. Voilà ce que produit dans bien des gens le goût du merveilleux, quand on a eu le malheur de fe laifler une fois fubjuguer par ce dangereux attrait. L'Hiftoire Romaine nous en préfente un exemple bien frappant dans Céfar & Pompée, grands tous deux, mais le premier toujours fage & conféquent à lui-même, & le fecond fuccombant pour n'avoir jamais connu la mesure de ce qu'il. pouvoit ou devoit tenter. Ainfi échoueront toujours ceux qui abandonneront le vrai pour fuivre une fauffe lueur qui, à force d'être éclatante, les éblouït pour les mener plus fûrement au précipice. L'Esprit des Maximes. Politiques, par Pecquet.

A UGURES, nom de Dignité dans l'ancienne Rome.

LES Augures étoient, dans l'ancienne Rome, des Miniftres de la Reli

gion, qu'on regardoit comme les interpretes des Dieux, & qu'on confultoit pour favoir fi on réuffiroit dans fes entreprifes. Ils en jugeoient par le vol des oifeaux; par la maniere dont mangeoient les poulets facrés. Les Augures ne furent d'abord créés qu'au nombre de trois ou de quatre, & depuis augmentés jufqu'à quinze: ils juroient de ne révéler jamais aucun de leurs myfteres, fans doute pour ne pas fe décréditer dans l'efprit du peuple; car les grands & les favans n'en étoient pas dupes, témoin ce que Cicéron dit de leurs cérémonies, qui étoient fi ridicules, qu'il s'étonne que des Augures puiffent s'entre-regarder fans éclater de rire. Les prédictions étoient néanmoins rangées dans l'ordre des prodiges naturels, mais perfonne n'en avoit la clef qu'eux; auffi interprétoient-ils le chant & le vol des oiseaux à leur fantaisie, tantôt pour, tantôt contre.

Voici comment ils exerçoient leur miniftere. L'Augure, affis & revêtų de fa robe, teinte en pourpre & en écarlate, fe tournoit du côté de l'orient, & défignoit, avec fon bâton augural, une partie du Ciel. L'Augure examinoit alors attentivement: quels oifeaux paroiffoient, comment ils vo

foient, de quelle maniere ils chantoient, & de quel côté de la partie du Ciel défignée, ils fe trouvoient. Les fignes qu'on voyoit à gauche, étoient réputés de bon augure; & ceux qui paroiffoient du côté droit, paffoient pour malheureux un feul figne étoit infuffifant; il falloit qu'il fût confirmé par un fecond pour former un augure. Ces Prêtres prédifoient aussi l'avenir par le moyen du tonnerre & des éclairs, & plus particuliérement encore par la maniere dont mangeoient les poulets mystérieux, qu'ils appelloient facrés. L'augure étoit favorable s'ils mangeoient avec avidité; mais c'étoit un funefte préfage s'il refufoient de manger, ou s'ils s'envoloient. On peut juger s'il étoit difficile de fe procurer des augures à fon gré. On fait remonter fort haut la prétendue fcience Augurale, ou l'art de prédire l'avenir par le vol & le manger des oifeaux. Les Romains l'avoient reçue des Tofcans, chez lefquels ils avoient foin d'entretenir fix jeunes Patriciens comme dans une efpece d'académie, pour leur apprendre de bonne heure les principes & les fecrets des Augures. Les Tofcans en attribuoient l'invention à Tages, efpece de demi-dieu trouvé par un laboureur fous une motte de terre. Suidas en fait honneur à Telegonus; Paufanias, à Parnafus fils de Neptune; d'autres la font defcendre des Cariens, des Siciliens, des Pifidiens, des Egyptiens, des Chaldéens & des Phéniciens, & prétendent même en donner une bonne preuve, en remarquant que ces peuples de tout tems fe diftinguoient des autres par leur attention particuliere à l'efpece volatile; enforte que leur commerce fréquent avec ces animaux & le foin qu'ils prenoient de leur éducation, les mettoit à portée d'entendre mieux que d'autres ce que fignifioient leurs cris, leurs mouvemens, leurs poftures, & leurs différens ramages. Pythagore. & Apollonius de Tyane fe vantoient de comprendre le langage des oifeaux. Cette fcience s'appelle encore ornithomantie ou divination par les oifeaux..

Il paroit par les livres faints, que la fcience des Augures étoit très-connue des Egyptiens & des autres Orientaux du temps de Moife, & même avant lui ce Législateur, dans le Lévitique, défend de confulter les Augures; & dans la Genese l'intendant de Jofeph dit que la coupe qui fut trouvée dans le fac de Benjamin, étoit le vafe dont fon maître fe fervoit pour prendre les augures: non que ce patriarche donnât dans cette fuperftition; mais PEgyptien s'exprimoit fuivant fes idées, pour rehauffer le prix de la coupe.

AUGUSTE, adj. Titre de dignité aux Empereurs Romains.

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OCTAVIEN porta le premier le titre d'Augufte, & il fut adopté par

fes fucceffeurs, comme on le voit marqué fur les médailles par cettelettre A, ou par celles-ci AVG. Les Impératrices participoient aufli à ce titre dans les médailles & les autres monumens publics, telles que les

médailles d'Helene, mere du grand Conftantin, qui portent cette légende, FL. IVL. HELENA AVG. Marc Aurele fut le premier qui partagea le titre d'Augufte avec L. Aurelius-Verus fon collegue. Augufte honora de ce nom les principales colonies qu'il établit dans les villes des Gaules pendant le féjour qu'il y fit, & en particulier la ville de Soiffons, qu'on trouve nommée dans des infcriptions Augufta Sueffionum.

- Les collegues des Empereurs & leurs fucceffeurs, défignés ou affociés à l'Empire, étoient d'abord créés Céfars, puis nommés Auguftes. Le P. Pagi foutient, contre prefque tous les autres, que la gradation fe faifoit de cette derniere qualité à la premiere: mais M. Fléchier obferve avec plus de fondement, comme une chofe qui n'avoit point encore eu d'exemple, que l'Empereur Valentinien proclama fon frere Valens Augufte, avant que de l'avoir créé Cefar.

A l'exemple des Romains, les nations modernes ont donné à leurs fouverains & à leurs reines le furnom d'Augufte. On voit par d'anciennes médailles ou monnoies, que Childebert, Clotaire, & Clovis ont porté ce nom; & Crotechilde, femme du dernier, eft appellée dans le livre des miracles de S. Germain, tantôt Regina, & tantôt Augufta. Dans l'hiftoire françoife, Philippe II. eft connu fous le titre de Philippe Augufte.

AUGUSTE (Caius Julius Céfar) fils de Caius Octavius, Préteur de Macédoine, & d'Accia fille de Julie foeur de Jules Céfar, né à Rome fous le confulat de Cicéron, l'an 691 de la fondation de cette ville, 62 ans avant l'Ere Chrétienne, mort à Nôle, âgé de 76 ans.

OCTAV

CTAVE, connu depuis fous le nom d'Augufte, n'avoit que quatre ans lorfqu'il perdit fon pere Octavius, & dix-huit feulement lorfque Céfar, fon grand oncle maternel, fut affaffiné au milieu du Sénat. Il étoit à Appolonie lorsqu'il apprit par quels efforts Rome venoit de signaler fa liberté mourante. Il fut en même-temps que Céfar l'avoit nommé fon héritier & fon fils adoptif. Il partit pour aller recueillir fa fucceffion. Ce fut alors qu'il changea fon nom de Caïus Octavius en celui de Caius Julius Céfar Octavianus.

Etant arrivé à Brindes, il s'informa s'il n'y avoit aucun des meurtriers de Jules-Céfar. Il fut bientôt raffuré, lorsqu'il n'y trouva que de vieux foldats qui avoient fervi fous fon oncle. Il fe fit connoître, & fut accueilli par les troupes de ces Cantons, que Céfar avoit deftinées pour la guerre qu'il comptoit faire aux Parthes.

Cet accueil inattendu fit naître dans fon ame les premieres idées d'am bition, qui s'augmenterent dans la fuite, à mesure qu'elles lui furent préfentées par la fortune, qui le conduifoit pas à pas! pas...

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