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ans. La Cour eft fi pleines de fades courtifans, de plats adulateurs, qu'un homme né cauftique & franc a bien de la peine à fe contenir dans les

bornes d'une honnête liberté.

L

AUDIENCE, f, f

Audiences du Palais. Audiences des Rois, des Miniftres, &c.

E mot Audience, fignifie en général, l'attention que l'on donne à quelqu'un qui parle; & dérive du verbe Latin Audio, j'entends, j'écoute. Voulez-vous bien me donner un moment d'Audience? c'eft-à-dire, vou lez-vous bien m'entendre ou m'écouter un moment?

Audience, en terme de Palais, fignifie l'affiftance des Juges au Tribu nal, à l'effet d'entendre les plaidoyers des parties ou de leurs Avocats. Une affaire ou caufe d'Audience, eft celle dont la nature exige qu'elle foit plaidée ce qui la diftingue d'une caufe de rapport. Les Juges à l'Audience doivent écouter avec la plus grande attention les plaidoyers, & n'en pas perdre un mot, s'il eft poffible. Il eft honteux de voir des Juges dormir à l'Audience, ou caufer de nouvelles, ou autres chofes qui ne regardent point la caufe que l'on plaide. C'eft manquer au public en général, qui a raison d'en être fcandalifé. C'eft manquer à ce qu'ils doivent aux particuliers, dont les intérêts font foumis à leur jugement. C'eft manquer à l'Autorité judiciaire qui leur eft confiée par le Souverain. C'eft fe manquer à foi-même, en déshonorant fon caractere. Quelle différence y a-t-il pour un particulier condamné injuftement, entre un jugement mal rendu, faute d'attention de la part du Juge, & un jugement dont l'iniquité eft réfléchie? Comme ces Audiences font publiques, il y a des gens prépofés pour faire faire filence: ce qui eft très-néceffaire, fur-tout dans certaines circonftances où la nature d'une caufe, la qualité des parties & la célébrité des Avocats y attirent une foule de monde confidérable, Il est rare qu'un Auditoire fort nombreux ne foit pas un peu tumultueux.

Audience fignifie auffi le lieu, où s'affemblent les Juges pour ouïr les plaidoyers, & le temps que dure la féance. Dans le premier fens, on dit, venir à l'Audience, fortir de l'Audience; dans le fecond, on dit qu'une caufe a occupé deux, trois ou quatre Audiences.

Les Rois, les Princes, leurs Miniftres, & généralement toutes les perfonnes chargées de quelque partie confidérable de l'adminiftration, donnent des Audiences; c'eft-à-dire, qu'ils ont des jours & des heures marquées, auxquelles ils écoutent tous ceux qui ont à leur pailer d'affaires. L'Homme d'Etat, doit être inftruit de tout ce qui concerne le départeTome VI.

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ment dont il eft chargé il doit employer tous les moyens de s'informer de ce qui arrive, de ce qui fe fait dans ce département. Un des plus propres à cet effet, eft fans contredit d'écouter les perfonnes mêmes qui s'adreffent à lui. Il n'eft pas toujours fûr de s'en rapporter en tout, à des Secrétaires & à des Commis. Un Miniftre éclairé voit toujours mieux par fes propres yeux, que par ceux d'autrui. Il eft de fon devoir de fe rendre accellible, toutes les fois que le fervice du public l'exige. Tout fon temps eft à l'Etat. Refufer d'écouter le moindre des fujets, s'il eft réellement néceffaire que ce fujet lui parle, c'eft une faute contre l'Etat. Cependant on conçoit aifément que le Miniftre ne peut pas parler à tout le monde, comme il ne peut pas faire tout par lui-même, il feroit donc injufte de l'importuner fans néceffité, & plus injufte encore de fe plaindre qu'il ne portât pas la condefcendance jufqu'à perdre un temps précieux à recevoir des vifites fuperflues. Toutes les fois qu'une affaire peut fe terminer fans voir le Miniftre, on doit le fuppofer affez occupé d'ailleurs, pour fe difpenfer d'une vifite qui n'eft pas néceffaire.

11 feroit difficile de dire pourquoi, dans certaines Monarchies, les Rois ont perdu l'habitude de donner des Audiences publiques, où tout le monde puiffe fe préfenter & leur parler face à face; tandis que dans d'autres Monarchies, le Souverain fe fait un devoir, & qui plus eft, un honneur, une fête, de fe montrer fréquemment à fon peuple. C'eft alors que le Prince paroît comme un pere au milieu de fes enfans, les écoutant avec bonté, recevant également & leurs hommages & leurs plaintes, leur témoignant le défir qu'il a de faire régner par-tout la juftice & le bonheur. Parmi les Arrêts projettés par Spifame au feizieme fiecle, il y en a un qui porte, que le Roi donnera Audience tous les jours après fon diner à tout le monde. Un autre ordonne, que le Chancelier, & le Garde des Sceaux donneront auffi Audience tous les jours.

En Allemagne & ailleurs, les Souverains jaloux de gouverner par euxmêmes, d'être inftruits par eux-mêmes, ont de ces jours d'Audience auxquels il eft permis à chacun fans exception, de les approcher, & de propofer librement ce qu'il a à dire. Cet ufage excite l'amour & la confiance des Sujets, charmés de pouvoir dépofer leurs peines & leurs foucis dans le fein du Souverain. Il rend les Miniftres, les Magiftrats, & en général tous ceux qui ont quelque part à l'adminiftration, attentifs à leurs devoirs, circonfpects dans leurs démarches, dans la crainte qu'on ne porte des plaintes contre eux, au Monarque qui les a commis aux différens dépar temens des affaires, pour le bien de fes Sujets, & non pour les opprimer. C'eft dans ces Audiences publiques, que les Rois déploient les, qualités de l'efprit & du cœur, qui les rendent dignes de gouverner. Mais un Prince fans mérite, fans lumieres, fans connoiffances, y rifqueroit fa gloire, & se feroit connoître par des côtés, qu'il auroit mieux valu tenir cachés, que montrer à fes Sujets. Ces jours d'Audience font pour le peuple, & non

pour les Miniftres. Si le Souverain eft clairvoyant & bien intentionné, il faura tirer un parti très-avantageux de tous les placets & de toutes les requêtes, plaintes & remontrances qui lui feront adreffées. La calomnie & la malice ne fe montrent point en public. Elles craignent le grand jour; & la timide innocence a befoin d'être appellée, invitée pour approcher du Trône. » S'il y a quelqu'un, dit l'Empereur Conftantin, qui puiffe prouver avec vérité que quelqu'un de mes Juges, de mes Comtes, de mes Amis, » ou de mes Palatins, n'ait pas procédé avec intégrité & avec juftice » qu'il vienne à moi fans crainte, & avec intrépidité, j'écouterai tout, je » connoîtrai moi-même de la chofe, & fi la preuve eft fondée, je me » vengerai moi-même de celui qui m'aura trompé, jufques-ici par une >> fincérité feinte; & je comblerai de biens & de dignités, celui qui m'aura. » découvert & prouvé la chofe. Ainfi la Divinité fuprême me foit en aide!» Une pareille invitation au Peuple eft bien propre à prévenir l'abus du pouvoir, dans ceux à qui il eft confié, & à découvrir toute malverfation, toute injuftice qui pourroit fe commettre fous le nom du Souverain.

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Ces apparitions rapides du Prince, qui, en traverfant une galerie, reçoit les Placets & les Requêtes qu'on lui préfente, & fans les lire, les remet à tel ou tel Miniftre, fouvent à celui-même dont on fe plaint, fuppléent mal aux Audiences publiques. Loin que le fuppliant puiffe alors fe promettre de fa démarche, quelque remede à fes maux, il rifque de s'en trouver plus mal, parce que fa plainte ne peut qu'aigrir fes oppreffeurs, lorfqu'elle eft mife fous leurs yeux. L'on fait d'ailleurs combien les Sujets font faciles à intimider, & qu'il eft aifé de leur fermer la bouche par la crainte ou par l'efpérance, deux moyens qu'un Miniftre infidele fait d'ordinaire admirablement manier, & mettre en œuvre pour parvenir à fes fins. Un Prince, qui veut découvrir les torts de fes Miniftres, du moins reconnoître s'ils en ont, ou s'affurer qu'ils n'en ont pas, doit écouter, lire' & examiner lui-même, ou, fi cela lui coûte trop, il doit fe ménager des gens capables & defintéreffés qui n'aient aucune connexion avec ceux qui pourroient diriger les mauvaises manœuvres ; des gens fincérement affectionnés au bien, & ouvertement ennemis de la fraude & de l'infidélité qui aient liberté entiere de dire la vérité quelle qu'elle foit, fans que cette liberté puiffe jamais avoir de mauvaises fuites pour eux. De tels amis du Prince & de la Nation font fi rares, qu'un Souverain fage & jaloux de n'être point trompé, préférera d'écouter, de lire & d'examiner luimême.

Des Audiences que les Souverains donnent aux Ambassadeurs & autres Miniftres publics. Audience publique & folemnelle. Audience particuliere. Audience d'admiffion ou de réception. Audience de congé.

L'ETIQUETTE des Audiences que les Souverains donnent aux Ministres publics, varie fuivant les Cours. Quelquefois l'Ambaffadeur obtient une Audience particuliere, avant l'Audience publique. Celle-ci ne fert qu'à introduire le Miniftre: c'eft le commencement de fon emploi pour cela on peut lui donner le nom d'Audience d'Admiffion ou de Réception. On n'y traite point. d'affaires : la négociation eft réfervée pour les Audiences particulieres. C'eft dans l'Audience publique, que l'Ambaffadeur remet fa Lettre de Créance. Voyez, LETTRE DE CRÉANCE, au mot CRÉANCE. Il ne paroît pourtant pas que l'Audience publique, & la préfentation de la Lettre de Créance, foient effentielles à l'Admiffion du Miniftre public. Voyez ADMISSION. On peut négocier fans avoir eu d'Audience publique & folemnelle. Comme cette Audience eft une affaire de Cérémonial, un: triomphe pour l'Ambaffadeur, il doit s'y rendre dans toute la pompe qui convient à la Majefté du Souverain qu'il repréfente. Son Cortege fera nombreux & brillant. Son habillement, fon équipage, fa livrée, tout doit être neuf, de bon goût, fait à la maniere de fon pays, auffi riche & auffi magnifique que le permettent les loix fomptuaires de l'Etat qui l'envoie.. Il ne conviendroit pas qu'un Miniftre de Danemarck ou de Suede, portât un habit couvert d'or ou d'argent. It eft conduit à l'Audience, par l'Introducteur des Ambaffadeurs, ou le Maître des cérémonies, chargé de cette fonction, quelque nom qu'il porte. Voyez INTRODUCTEUR.

En approchant du Trône du Souverain qui le reçoit, le Miniftre public. doit avoir une contenance modefte & refpectueufe, fans embarras & fans une affurance affectée. La longue harangue, dont on fatiguoit autrefois les Rois, eft aujourd'hui un fimple compliment qui n'admet ni expreffions. ampoulées, ni métaphores, ni comparaifons recherchées, ni pointes épigrammatiques, ni néologifme, ni déclamation. Ce compliment noble & Ipirituel, écrit d'un ftyle plus élégant que fleuri, & prononcé d'un ton. modéré, ni trop bas ni trop élevé, ne doit guere paffer un demi-quart. d'heure, ou environ. S'il étoit plus court, il le feroit trop pour une céré monie majeftueuse, & on pourroit le prendre pour un manque de refpect. S'il étoit plus long, il auroit un air de prétention & deviendroit impoli par la gêne où il tiendroit & le Monarque & l'Affemblée. L'ufage de toutes les Cours exige que l'Ambaffadeur faffe trois révérences avant que de fe couvrir & de parler. Par-tout, hors à Rome, le Prince qui donne Audience, & l'Ambaffadeur qui la reçoit, fe tiennent debout. Par-tout auffi l'Ambaffadeur fe couvre, lorfque le Prince eft couvert. L'honneur de parler couvert, eft ce qui diftingue le Miniftre du premier Ordre, d'avec

teux du fecond & du troifieme. Le Souverain qui ne fe couvriroit pas à l'Audience, empêcheroit le Miniftre de fe couvrir, & ne le traiteroit pas en Ambaffadeur.

A Rome, les Anibaffadeurs de Malte ne fe couvroient point devant le Pape, comme les autres Ambaffadeurs, quoiqu'ils y fuffent fous la protec tion du droit des gens. La raifon de cette différence dans le traitement, fe tiroit de ce que le Pape regarde le Grand-Maître & les Chevaliers de Malte comme fes Sujets; mais cette raison n'étoit pas fans replique. Le Pape, il est vrai, eft le Supérieur du Grand-Maître & des Chevaliers, entant que Religieux; mais en cette qualité l'Ordre n'a point droit d'avoir des Ambaffadeurs. Il n'envoie des Miniftres dans les Cours que comme Souverain de l'Ile de Malte; & cette Souveraineté ne releve pas de la Cour de Rome. Quoi qu'il en foit, il fuffit de favoir que le Pape, Supérieur des Chevaliers de Malte entant que Religieux, ne jugeoit point à propos de faire à leurs Ambaffadeurs un honneur qu'ils reçoivent des Têtes Couronnées. Il permit en 1742 à l'Ambaffadeur de Malte, le Bailli de Tencin, fur les inftances de fon oncle le Cardinal de Tencin qui étoit alors chargé à Rome des affaires du Roi Très-Chrétien; il lui permit, dis-je, de prendre le titre d'Ambaffadeur extraordinaire, contre l'étiquette de cette Cour qui n'avoit jamais admis cette qualité dans les Miniftres de la Religion. A la faveur de ce titre, le Miniftre eut auffi la permiffion de fe couvrir; & depuis le Pape a fait un réglement (en 1743) par lequel il a ordonné que l'Ambaffadeur de Malte feroit appellé à toutes les fonctions, tant publiques que privées, auxquelles ont accoutumé d'affifter les Ambaffadeurs qui jouiffent de la prérogative de la Salle Royale; qu'il faffe corps avec eux, en prenant pourtant, dans ce corps, la derniere place; & que pareillement dans toutes les autres circonftances, il jouiffe de tous les honneurs & de toutes les prérogatives dont jouiffent les Ambaffadeurs.

Le Miniftre introduit au lieu de l'Audience, fuivant la maniere accoutumée, après avoir fait les trois révérences d'ufage, en s'approchant du Souverain, lui préfentera fa lettre de Créance; après quoi, s'il eft envoyé pour une Ambaffade particuliere, il en fera le fujet de fon difcours foit de conjouiffance, foit de condoléance, quel que foit l'objet de fa miffion, la conclufion d'un mariage, d'une ligue, d'un traité de paix, &c. Il obfervera feulement de ne parler qu'en général de tout ce qui s'appelle affaire ou négociation, feulement pour témoigner fon zele, & le défir qu'a le Souverain qui l'envoie, qu'elle foit conclue à la commune fatisfaction des deux Princes. Car, comme nous avons déja dit, cette premiere Audiencen'eft que l'inftallation de l'Ambaffadeur & l'on n'y traite point d'affaires. Si le Miniftre vient pour réfider en qualité d'Ambaffadeur ordinaire, il doit infifter d'une maniere honnête & même affectueufe fur la difpofition où il eft de fe rendre agréable au Monarque auprès de qui il eft envoyé, de s'employer, avec toute la bonne volonté dont il eft capable, à fon fervice

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