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partement des Affaires Etrangeres, à figner, avec le fieur d'Ageville, Confeiller privé de Légation, & chargé d'affaires dudit Prince, pareillement autorifé à cet effet, les articles fuivans. »>

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» L'AFFRANCHISSEMENT du Droit d'Aubaine ftipulé par la Convention du vingt-huit Février mil fept cent foixante-fept, en faveur des Sujets du Prince de Naffau-Ufingen & de la Seigneurie de Lahr, aura lieu non-feulement à leur égard & dans la Province d'Alface, mais encore à tous les autres Sujets dudit Prince & de la Principauté d'Ufingen, fes dépendances & annexes, & dans toutes les autres Provinces du Royaume, fans aucune exception; & réciproquement tous les Sujets de Sa Majefté continueront de jouir, fans aucune exception, de tel & femblable affranchiffement du Droit d'Aubaine dans toute l'étendue de la Principauté de Naffau-Ufingen: & Terres en dépendantes. En conféquence, les Sujets refpectifs auront dorénavant, fans aucune exception, la libre faculté de difpofer de leurs biens quelconques, par teftament, donation entre-vifs, ou par tout autre acte valable, en faveur de qui bon leur femblera; & leurs héritiers demeurans, foit en France, foit dans les Terres du Prince de Naffau-Ufingen, pourront recueillir leurs fucceffions, foit ab inteftat, foit en vertu de teftament ou autres difpofitions légitimes, & pofféder tous biens, noms, raisons & actions, & ce, fans avoir befoin d'aucune Lettre de naturalité ou autres conceffions particulieres. »

» II. Lorfqu'il écherra une fucceffion aux Sujets refpectifs, ils ne pourront être tenus à payer aucuns autres droits que ceux qui fe paient en parcil cas par les propres & naturels Sujets de la domination où l'héritage fera fitué. Néanmoins dans le cas où il feroit perçu, au profit du Prince de Naffau-Ufingen, quelque droit pour raifon des fucceffions qui écherroient aux Sujets du Roi, ou de l'exportation d'icelles, ou généralement tout autre droit, quelque dénomination qu'il puiffe avoir; dans le même cas, il fera perçu, au profit de Sa Majefté, le même droit des Sujets dudit Prince, relativement aux fucceflions qui leur écherront dans les Etats de Sa Majesté.

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» III. Il a été convenu expreffément, que le bénéfice de l'abolition du Droit d'Aubaine, ftipulé par l'article premier, ne pourra pas être réclamé par tous les Sujets indiftin&ement; & que ceux qui pafferont à l'avenir d'une domination à l'autre, pour s'y établir à demeure, ne feront admis à recueillir les fucceffions qui leur écherront dans leur Patrie, que dans le cas où ils auroient demandé & obtenu de leur Souverain naturel la permiffion de s'établir fous une domination étrangere. »

» IV. La préfente Convention fortira fon plein & entier effet du jour de la fignature, & fera ratifiée par Sa Majefté & le Prince de Naffau-Ufingen,

& enregistrée dans les Cours & Tribunaux refpectifs; à l'effet de quoi toutes Lettres néceffaires feront expédiées. »>

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» En foi de quoi Nous avons figné les préfens articles, & y avons appofé le cachet de nos armes. »

» Fait à Versailles, le feptieme jour du mois de Mai mil sept cent foixante-dix-fept. »

Signé GERARD. (L. S.) Signé D'AGEVILLE. (L. S.)

» Nous, ayant agréable ladite Convention, en tous & chacun les points qui y font contenus & déclarés, avons icelle, tant pour Nous que nos héritiers & fucceffeurs, approuvée, acceptée, ratifiée & confirmée, &, par ces Préfentes, fignées de notre main, l'approuvons, acceptons, ratifions & confirmons; le tout promettons, en foi & parole de Roi, garder & obferver inviolablement, fans aller jamais ni venir au contraire directement ni indirectement, en quelque maniere & fous quelque prétexte que ce puiffe être. SI DONNONS EN MANDEMENT, &c.»

AUBERGE, f. f. Lieu où les Voyageurs font nourris & couchés eux & leur fuite.

AUBERGISTE f. m. celui qui tient Auberge.

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L'EXTINCTION de l'hofpitalité a beaucoup multiplié les Auberges; elles font favorifées par les Loix, à caufe de la commodité publique. Ceux qui les tiennent ont action pour le paiement de la dépense qu'on y a faite, fur les équipages & fur les hardes; pourvu que ce ne foienţ point celles qui font abfolument néceffaires pour fe couvrir. Les hôtes y doivent être reçus avec affabilité , y demeurer en pleine fécurité, & y être fournis de ce dont ils ont befoin pour leur vie & celle de leurs animaux, à un jufte prix. Les Anciens ont eu des Auberges comme nous. Les nôtres ont leurs Loix, dont les principales font, de n'y point recevoir les domiciliés des lieux; mais feulement les paffans & les voyageurs; de n'y point donner retraite à des gens fufpects, fans avertir les Officiers de Police; & de n'y fouffrir aucuns vagabonds, gens fans aveu, & blafphémateurs, & de veiller à la fûreté des chofes & des perfonnes; de les traiter convenablement eux & leur fuite, fans leur faire payer exorbitamment ce qu'on leur donne, fur quoi il y a prefque par-tout de juftes plaintes, les étrangers fur-tout étant exceffivement rançonnés & même écorchés comme l'on dit vulgairement, tant la cupidité l'emporte par-tout fur Phonnêteté & la juftice, Dans plufieurs capitales de l'Europe, l'Aubergifte

eft obligé de porter fur un regiftre le nom & la qualité de celui qui entre chez lui, avec la date de fon entrée & de fa fortie, & d'en rendre compte à l'inspecteur de police. Il y a des Auberges où l'on peut aller manger, fans y prendre fa demeure. On paie tant par tête, en comptant ou fans compter le vin, ni les autres liqueurs.

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AUBIGNÉ. (Théodore Agrippa d')

'AUBIGNÉ nâquit à Saint-Maury, dans la Saintonge, en 1550. Fils d'un Officier qui commandoit à Orléans pour les Calviniftes, durant les guerres de Religion, & qui ne lui laiffa en mourant que fon nom, & des dettes, il crut que la carriere des armes lui feroit plus utile que celle des lettres où il étoit entré de bonne heure & où il s'étoit déja diftingué par la traduction du Criton de Platon, s'attacha au fervice de Henri Roi de Navarre qui le fit gentilhomme de fa chambre, & l'éleva au grade de Maréchal de Camp, qu'il remplit pendant 32 ans. Elevé, pour-ainfidire, aux pieds de fon Roi dont il fut le favori, il fut préferver fon ame du poifon de la flatterie. Mais il donna dans un excès contraire qui nuifit à fa fortune & lui attira des difgraces. 11 porta la franchise jufqu'à une efpece d'inflexibilité & de roideur, toujours fûre de déplaire lors même qu'on ne peut lui refufer fon eftime. Elle dégénéra même chez lui en une licence d'autant plus condamnable qu'elle fait ordinairement beaucoup de mal fans faire aucun bien. Cependant Henri qui trouva fouvent un cenfeur févere dans d'Aubigné, étoit fi fùr de la fidélité de fon ame droite & franche, que lorfqu'il lui retiroit fa faveur, il lui confioit fes fecrets, & les commiffions les plus importantes. Mais des faits peindront mieux fon caractere, que des paroles.

D'Aubigné aimoit Diane de Talcy, mais la différence de Religion s'oppofant à leur union, il n'avoit pas jugé à propos de fe déclarer. Confiant un jour au pere de fa maîtreffe fes infortunes & le befoin qu'il avoit d'argent, pour fe rendre à la Rochelle où les proteftans le demandoient, le vieillard lui dit : » Les originaux de l'entreprise d'Amboise font dans vo» tre maison. Dans l'une de ces pieces fe trouve le feing du Chancelier » de l'Hôpital, aujourd'hui retiré de la Cour, inutile à tout le monde, » infidele à votre parti. Si vous voulez que je l'envoie avertir que vous » avez ce papier, je m'engage à vous faire donner vingt mille écus, foit » par lui, foit par ceux qui voudroient s'en fervir pour le perdre. « Aufsitôt d'Aubigné qui étoit encore jeune, alla chercher ces papiers; & les jetta au feu en préfence de Talcy, en lui difant: » Je fuis pauvre, je » pourrois fuccomber à la tentation: je les brûle de peur qu'ils ne me brû» lent. << Talcy frappé de cet acte de vertu, lui dit dans le transport de

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fon admiration : » J'ai découvert votre fecret, vous aimez ma fille > vous fouhaite pour mon gendre; je vous la donne fi vous pouvez lever » l'obstacle qui s'y oppofe. « Le frere de Talcy empêcha ce mariage & d'Aubigné épousa par la fuite Mademoiselle de Lezai qui lui donna, entr'autres enfans, Conftant d'Aubigné pere de la Marquife de Maintenon.

Henri IV n'étoit pas toujours à même de récompenfer fes plus dignes ferviteurs comme ils le méritoient. D'Aubigné revenu de plufieurs expéditions importantes en reçut pour toute récompense le portrait du Roi : il mit au bas ces quatre vers.

Ce Prince est d'étrange nature,
Je ne fais qui diable l'a fait :
Mais il récompenfe en peinture
Ceux qui le fervent en effet.

Aujourd'hui l'on enrichit de diamans les portraits que l'on donne en préfent la coutume n'en étoit pas encore introduite. Notre maître eft le plus ingrat mortel qu'il y ait fur la terre, difoit d'Aubigné à La Forcé qui dormoit à côté de lui dans la garde-robe du Roi. La Force, déja à moitié endormi, lui demanda ce qu'il difoit. Sourd que tu es, cria le Roi, il te dit que je fuis le plus ingrat des hommes. Dormez, Sire reprit d'Aubigné, nous en avons encore bien d'autres à dire. D'Aubigné, qui rapporte lui-même ce trait, ajoute que le Roi ne lui en fit pas plus mauvais vifage le lendemain, mais auffi qu'il ne lui donna pas un fou de plus. Il apprit un jour que le Roi vouloit l'exiler pour quelques propos libres. Il alla trouver Henri IV, & lui dit : » Mon maître, je viens vous de» mander quel eft mon crime, & fi vous voulez payer mes fervices en » bon Prince ou en vrai tyran. «<...> Vous favez bien que je vous aime, » répondit le Roi, mais Ségur eft irrité contre vous, allez le trouver & » vous réconcilier avec lui. « Ségur étoit chef du confeil d'Henri IV. D'Aubigné lui parla d'une maniere tout-à-la-fois fi franche & fi forte que Ségur courut dire au Roi: » Sire, d'Aubigné eft plus homme de bien que » vous & moi; il faut lui pardonner fes propos en faveur de la droiture » de fon ame. «

D'Aubigné mécontent de Henri, quitta la Cour & refufa de le fuivre au fiege de Paris; cela n'empêcha pas que Henri ne mît en fa garde le Cardinal de Bourbon, reconnu Roi de France par la Ligue, & de répondre à Dupleffis Mornay qui lui en témoignoit fa furprife: La parole de d'Aubigné mécontent vaut la reconnoiffance d'un autre. Ce fidele ferviteur prouva dans la fuite combien la confiance du Roi étoit jufte & fondée. La Ducheffe de Retz lui fit offrir deux cens mille écus, ou le Gouvernement de Belle-Ifle avec cinquante mille écus, s'il vouloit fermer les yeux fur l'évalion de fon prifonnier. Belle-Ifle, répondit d'Aubigné, > au gentilhomme qui lui faifoit cette offre, me conviendroit mieux pour

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» manger en fûreté le pain de mon infidélité; mais ma confcience qui me » fuit par-tout de très-près, s'embarqueroit avec moi quand je pafferois » dans cet afyle: Partez donc & foyez affuré que, fi vous ne m'aviez furpris un fauf-conduit, je vous enverrois pieds & poings liés au Roi » mon maître. «Henri fut par la fuite ce trait de la fidélité de d'Aubigné, & Pen récompenfa en le faifant Gouverneur des Ifles & du Château de Maillezais, & Vice-Amiral de Guienne & de Bretagne.

Ce courtifan irréprochable porta un peu trop loin la liberté que fa vertu fembloit lui donner de cenfurer les vices des autres tant il eft difficile aux ames les mieux nées de tenir un juste milieu en tout! Il fut encore plus libre dans fes écrits que dans fes propos. Il n'épargnoit pas fon Roi qu'il aimoit & dont il étoit aimé : Que ne devoit-il pas fe permettre à l'égard des autres. Son Hiftoire, univerfelle, depuis 1550 jufqu'en 1601, à laquelle il a joint une relation abrégée de la mort de Henri IV, en eft une preuve bien fenfible: Le Parlement de Paris en fit brûler le premier volume dès qu'il parut en 1616, comme un livre où les Rois & les Princes étoient outrages & calomniés. Il eft vrai que Henri IH y eft peint fous des couleurs affreufes qui infpirent le mépris & l'horreur ; & l'on a reproché à d'Aubigné d'y avoir mêlé le faux & le vrai, Cela n'empêcha pas les deux autres volumes de paroître dans les années 1618 & 1620. Les trois furent réimprimés en 1626, dans le même format, c'està-dire in-folio, avec des augmentations & des corrections. Les détails militaires font ce qu'il y a de mieux dans cet ouvrage. Quant au ftyle il a bien des défauts, & fur-tout celui d'être fouvent trop guindé, & quelquefois trivial. L'Auteur y parle beaucoup de lui; lorfqu'on lui en faifoit des reproches, il difoit que, quand on avoit fait de belles actions, on avoit le droit de les écrire. Nous ne blâmerons pas la juftice qu'on doit fe rendre à foi-même comme aux autres; niais nous ne faurions approuver la licence qui regne dans deux fatyres attribuées à d'Aubigné favoir la confeffion de Sancy, & le Baron de Fænefte. Il y a du fel & de l'efprit dans la premiere on y trouve des allufions fines, & une plaifanterie affez délicate; mais c'eft toujours une fatyre amere où Sancy joue le rôle de Mercure d'Henri IV. L'autre piece, auffi méchante que la premiere, n'a pas les mêmes agrémens: elle eft quelquefois indécente jufqu'à la groffiereté. Il faut fouetter le vice, j'en conviens, mais la foible humanité mérite de l'indulgence. C'eft une occupation 'bien trifte, & bien indigne d'un homme vertueux, que de fermer les yeux fur les bonnes qualités de fes amis de fes connoiffances, de fes maîtres, pour ne les ouvrir que fur leurs défauts, les déchirer à belles dents, & les dévouer à la honte publique. S'en faire un jeu, c'eft une inhumanité femblable à celle des gens qui prennent plaifir à voir fupplicier les malheureux que le crime conduit fur l'échafaud. D'Aubigné quitta la France pour fe retirer à Géneve où il fut comblé d'honneurs & de diftinctions, & mourut en 1630, âgé de 80

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