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par des fêtes. Chaque tribu fourniffoit à fon rang ceux qui devoient y préfider, appellés Prytanes, & le fort décidoit de ce rang. Le temps de cette Préfidence ou Prytanie, duroit trente-cinq jours, lefquels étant répétés dix fois, égaloient à quatre jours moins le nombre des jours de l'année lunaire fuivie à Athenes. On partageoit ce temps de la Préfidence ou Prytanie en cinq femaines, eu égard aux cinq dixaines de Prytanes qui devoient y préfider; & chaque femaine fept de ces dix Prytanes, tirés au fort, préfidoient chacun leur jour fous le nom de Proedres. Celui qui étoit de jour, préfidoit à l'affemblée des fénateurs & à celle du peuple, fous le nom d'Epiftate.

Les fénateurs avant que de s'affembler, offroient un facrifice à Jupiter & à Minerve. Le préfident propofoit l'affaire qui faifoit le fujet de l'affemblée; après qu'on avoit formé un avis, il étoit mis par écrit, & lu à haute voix. Pour lors chacun donnoit fon fuffrage par fcrutin, en jettant dans l'urne une feve blanche ou noire; fi le nombre des blanches l'emportoit, l'avis paffoit, autrement il étoit rejetté : cette forte de décret s'appelloit, décret ou ordonnance préparatoire. On le portoit enfuite à l'affemblée du peuple; s'il y étoit reçu & approuvé, pour lors il avoit force de Loi, finon il n'avoit d'autorité que pour un an..

ON

Affemblées du Peuple.

N diftinguoit deux fortes d'affemblées du peuple, les unes ordinaires & fixées à certains jours; (il y en avoit trois (a) dans chaque Prytanie à quelque diftance l'une de l'autre): les autres extraordinaires, felon les différens befoins qui furvenoient. Le lieu de l'affemblée n'étoit point fixe: tantôt c'étoit la place publique, tantôt un endroit de la ville près de la citadelle, appellé Pryce, (b) quelquefois le temple de Bacchus. Les feuls Prytanes convoquoient les affemblées ordinaires; les extraordinaires étoient convoquées quelquefois par les Généraux. Tous les Citoyens avoient droit de fuffrage, les pauvres comme les riches,

L'affemblée commençoit toujours par des facrifices & par des prieres, & l'on ne manquoit pas d'y joindre des vœux pour le bonheur du peuple, & des imprécations terribles contre ceux qui confeilleroient quelque chofe de contraire au bien public. Les Proëdres ou Préfidens propofoient l'affaire fur laquelle on devoit délibérer; fi elle avoit été examinée dans le Sénat, & qu'on y eût porté un décret, ils en faifoient la lecture, & demandoient qu'il fût approuvé ou rejetté. Si le peuple ne l'approuvoit pas fur l'heure, un Hérault commis par l'Epiftate, ou Chef des Présidens, in

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Quelques-uns, entr'autres Samuel Petit, prétendent qu'il y en avoit quatre. Pryce, qui veut dire lieu, pem. I fe nommoit ainsi, à caufe du grand nombre de freges qu'il contenok, ou des hommes qui s'émpreffoient de les remplir.

Tome VI.

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vitoit ceux qui vouloient parler, à monter à la tribune pour fe mieux faire entendre du peuple, & pour l'inftruire fur l'affaire propofée. Quand les Orateurs avoient parlé & conclu, favoir, par exemple, qu'il falloit approuver le décret du Sénat, ou le rejetter, alors le peuple donnoit fon fuffrage la maniere la plus ordinaire de le donner, étoit de lever les mains pour marque d'approbation. Après que l'avis avoit été ainsi formé, on le rédigeoit par écrit; un Officier en faifoit lecture à haute voix au peuple, qui le confirmoit de nouveau en levant les mains comme auparavant, & pour lors ce décret avoit force de loi c'eft ce qu'on appelloit caillou, petite pierre, parce qu'on s'en fervoit quelquefois pour donner fon fuffrage par fcrutin. On intituloit le décret du nom de l'Orateur ou du Sénateur dont l'opinion avoit prévalu: on mettoit avant tout la date, dans laquelle on faifoit entrer le nom de l'Archonte, le jour du mois & le nom de la tribu en tour de préfider. Voici le début d'un décret, on jugera par celui-ci de tous les autres fous l'Archonte Mnéfiphile, le dernier jour du » mois de Septembre, pendant la Prytanie, ou Préfidence, de la tribu » Pandionide, Démofthene, fils de Demofthene, de Peanée, a dit, &c.

Magiftrats. Archontes..

ON avoit établi à Athenes un grand nombre de Magistrats pour diffé

rens emplois je ne parlerai pour le moment que des Archontes. Les Archontes fuccéderent aux Rois, & d'abord leur autorité duroit autant que leur vie; elle fut enfuite bornée à dix ans, & enfin réduite à une année feule. Quand Solon fut chargé de travailler à la réforme du Gouvernement, il les trouva en cet état, & au nombre de neuf; il les laiffa en place, mais diminua beaucoup leur pouvoir. Le premier de ces neuf Magiftrats s'appelloit proprement l'Archonte, & l'année étoit défignée par fon nom fous tel Archonte, telle bataille a été donnée. Le second étoit nommé le Roi; c'étoit un refte & un veftige de l'autorité à laquelle ils avoient fuccédé. Le troifieme étoit le Polémarque, qui d'abord avoit eu le commandement des armées, & avoit toujours retenu ce nom. Quoiqu'il n'eût plus la même autorité, il en avoit pourtant confervé encore quelque partie; car on voit que dans la bataille de Marathon, le Polémarque avoit droit de fuffrage dans le confeil de guerre, auffi- bien que les dix Généraux qui commandoient pour lors. Les fix autres Archontes étoient appellés d'un nom commun Thefmothetes. On les appelloit de la forte, parce qu'ils étoient les gardiens & les confervateurs des Loix; ils avoient foin de les revoir & d'empêcher qu'il ne s'y gliffat des abus. Ces neuf Archontes avoient chacun un département propre & ils jugeoient de certaines affaires dont la connoiffance leur étoit attribuée.

Il ne faut pas confondre les Thefmothetes avec les Nomothetes, qui formoient un tribunal compofé de mille & un Juge, élus par le peuple

pour l'abrogation des Loix anciennes, ou pour l'établiffement des Loix nouvelles.

Des Jugemens.

Il y avoit différens tribunaux, felon la différence des affaires; mais en

L

général on pouvoit appeller de toutes les ordonnances des autres Juges au peuple, & c'eft ce qui rendoit fon pouvoir fi confidérable. Les parties plaidoient elles-mêmes leurs caufes, & il falloit la permiffion du Magif trat pour faire parler quelqu'un à fa place. On fixoit ordinairement le temps que devoit durer le plaidoyer; on fe régloit fur une horloge d'eau, appellée clepfydre. L'arrêt fe formoit à la pluralité; quand les fuffrages étoient égaux, les Juges penchoient du côté de la douceur, & renvoyoient l'accufé abfous. Les Citoyens les plus pauvres, ceux-même qui étoient fans revenu, pouvoient être reçus au nombre des Juges, pourvu qu'ils euffent atteint l'âge de trente ans, & qu'ils fuffent reconnus de bonnes mœurs. Pendant qu'ils jugeoient, ils avoient en main une espece de fceptre ou bâton qui étoit la marque de leur dignité, & ils le dépofoient en fortant (a).

Aréopage.

PARMI les tribunaux d'Athenes il en eft un fi fameux dans l'antiquité, qu'il n'eft pas permis de le paffer fous filence, quoique nous en ayons fait un article particulier fous fon nom propre; c'eft celui de l'Aréopage. On le croit prefqu'auffi ancien que la Nation. Cicéron & Plutarque en attribuent l'établiffement à Solon: mais il ne fit que le rétablir en lui donnant plus de luftre & d'autorité qu'il n'avoit eu jufques-là; & pour cette raison il en fut regardé comme le Fondateur. Le nombre des Sénateurs de l'Areopage n'étoit point fixe; on voit que dans certains temps il montoit jufqu'à deux & trois cens: Solon jugea à propos qu'il n'y eût que les Archontes fortis de charge qui fuffent honorés de cette dignité. Če Sénat étoit chargé du foin de faire obferver les loix, de l'infpection des mœurs, du jugement fur-tout des caufes criminelles. Devant les Juges de l'Areopage, l'Orateur ne pouvoit employer ni exorde, ni péroraifon, il ne lui étoit point permis d'exciter les paffions, il étoit obligé de fe renfermer uniquement dans fa caufe. Ils jugeoient la nuit & dans les ténébres, pour être plus recueillis, & pour ne rien voir qui pût les diftraire, ou furprendre leur religion. Ils jouiffoient d'une grande réputation de probité, d'équité, de prudence; ils étoient généralement refpectés. Ils avoient beaucoup de part au Gouvernement, fuivant Cicéron; ce qu'il y a de certain, c'eft qu'ils étoient confultés dans les affaires importantes de l'Etat, & qu'ils s'y intéreffoient extrêmement. Voyez AREOPAGE.

(a) Je parlerai plus au long des Magiftrats & des Juges, dans le Paragraphe fur la jurifdiction d'Athenes.

De la guerre. Valeur des Athéniens; leurs Armées; leur Marine.

LA gloire ancienne d'Athenes, qui s'étoit toujours distinguée par la bra

voure militaire, étoit, pour les Athéniens, un puiffant motif pour ne pas dégénérer de la vertu de leurs ancêttes. La vive & noble jaloufie qu'excitoit en eux le défir de furpaffer, ou du moins d'égaler en mérite les Lacédémoniens leurs rivaux, & qui, pendant la guerre de Perfe, fe tint dans de juftes bornes, étoit encore un aiguillon preffant, qui leur faifoit faire tous les jours de nouveaux efforts, pour foutenir & pour augmenter leur réputation.

Des récompenfes & des marques d'honneur accordées à ceux qui s'étoient diftingués dans les combats, des tombeaux érigés aux citoyens qui étoient morts pour la défenfe de la patrie, des oraifons funebres prononcées en public, au milieu des cérémonies les plus auguftes de la religion, pour rendre leur nom immortel : tout cela contribuoit infiniment à perpétuer le courage parmi les Athéniens, à leur en faire comme une néceffité indifpenfable.

Il y avoit à Athenes une Loi qui ordonnoit que ceux qui auroient été eftropiés à la guerre, feroient nourris aux dépens du public. La même grace étoit accordée aux peres & meres, auffi bien qu'aux enfans de ceux qui, étant morts dans le combat, laiffoient une famille pauvre, & hors d'état de fubfifter; voilà ce qui rempliffoir de courage les Athéniens, & ce qui rendoit leurs troupes invincibles, quoique d'ailleurs elles fuffent peu nombreuses.

Les armées à Athenes, étoient compofées de trois fortes de troupes, citoyens, alliés & mercenaires. Les Citoyens fervoient chacun à leur tour: les Philofophes eux-mêmes, n'étoient pas difpenfés du fervice; Platon vante le courage de Socrate fon maître, & lui-même fe diftingua par fa valeur. On puniffoit comme déferteur celui qui, le jour marqué, ne se rangeoit pas fous le drapeau, ou qui l'abandonnoit avant le temps prefcrit. Les Alliés faifoient le grand nombre des troupes, ils étoient ftipen diés par ceux qui les envoyoient. On appelloit Mercenaires les étrangers qui étoient foudoyés par la République, au fecours de laquelle ils étoient appellés.

L'Infanterie étoit compofée de deux fortes de Soldats; les uns étoient armés pefamment & portoient de grands boucliers, des lances, des demi-piques, des épées tranchantes; ils faifoient la principale force de l'armée les autres étoient armés à la légere, c'eft-à-dire, d'arcs & de frondes.

La Cavalerie étoit fort rare chez les Athéniens; la fituation de l'Attique, coupée par beaucoup de montagnes, en étoit la caufe: elle ne montoit, après la guerre contre les Perfes, qui étoit le beau temps de la Grece, qu'à trois cens chevaux : elle s'accrut depuis jufqu'à douze cens. Chacune des dix Tribus élifoit tous les ans un nouveau Général; Athe

nes avoit donc tous les ans, dix nouveaux Généraux (a). Le commandement rouloit entre-eux tous, & chacun exerçoit fon jour la charge de Généraliffime. Le Général, entre tous les autres droits de fa charge, avoit celui de lever, d'affembler & de congédier les troupes. Il pouvoit être continué. Phocion le fut quatre fois. Un feul ordinairement étoit envoyé à la tête de l'armée; les autres, qui reftoient dans la ville, étoient comme chez nous les Miniftres de la guerre.

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La Marine des Athéniens étoit fort confidérable; elle étoit du double plus forte que celle de tous les autres Grecs, & chaque vaiffeau pouvoit fe battre contre deux vaiffeaux ennemis. De trois cens vaiffeaux qui compofoient la flotte Grecque à Salamine, il y en avoit deux cens Athéniens il fortit trois cens voiles du Port d'Athenes, pour l'expédition de Sicile. Cette puiffance navale, quoique fort grande dans fon origine, s'accrut encore avec le temps: l'Orateur Lycurgue, augmenta la flotte depuis trois cens vaiffeaux jufqu'à quatre cens; de forte que chaque année on élifoit pareil nombre de Capitaines. Les Soldats qui combattoient dans les vaiffeaux, étoient à-peu-près armés comme ceux des troupes de terre. L'Officier qui commandoit ces foldats, s'appelloit Triérarque, ou commandant de galeres, & celui qui commandoit la Flotte, Navarque ou Stratege.

Il y avoit à Athenes, des Triérarques (b), qui n'étoient pas toujours des Officiers commandant les vaiffeaux; mais des Citoyens aifés, obligés comme tels, d'armer des galeres à leurs dépens pour le fervice de la République, & de les équiper de toutes les chofes néceffaires. Le nombre des Triérarques varioit felon les befoins de l'Etat & la néceffité des conjonctures à la fin on fixa le nombre des Triérarques, à douze cens hommes. Avant Démofthene, il y avoit une loi qui partageoit ces douze cens hommes en diverfes compagnies, dont chacune étoit compofée de feize Citoyens, qui s'uniffoient pour équiper un Navire. Cette loi étoit fort onéreuse aux Citoyens peu riches, & dans le fond très-injufte, en ce qu'elle vouloit qu'on choisit ce nombre de feize fuivant l'âge, & non fur la quantité des biens; car elle ordonnoit que tout Citoyen parmi les douze cens, depuis vingt-cinq ans, jufqu'à quarante, feroit compris dans une des compagnies, & ne contribueroit pas moins que les plus opulens, & fouvent même ils fe trouvoient dans l'impoffibilité de fournir à une dépenfe qui excédoit leurs forces; d'où il arrivoit que les vaiffeaux n'étoient pas armés à temps, ou qu'ils étoient fort mal équipés, & que par cette raifon, Athenes perdoit les occafions favorables pour agir. Démofthene, dans

(4) Philippe plaifantoit fur la multiplicité des Généraux d'Athenes. Je n'ai pu trouver, difoit-il, pendant toute ma vie, qu'un feul Général, (c'étoit Parménion), les Athénieas en retrouvent dix tous les ans.

(b) M. l'Abbé d'Olivet rend ce terme par celui d'Armateur.

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