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Ruffes leur donnent le nom de Siroguefzy, qui fignifie des gens qui mangent des chofes crues. Il paroît que celui de Samojedes leur a également été donné par les Ruffes, à moins qu'il ne provienne du Finlandois, comme quelques-uns le prétendent. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'il ne fignifie point un antropophage, & que cette qualité ne convient nullement aux Samojedes. La plupart d'entr'eux font de moyenne taille, quoiqu'il y en ait qui ont jufqu'à fix pieds. Ils ont les jambes courtes, le vifage plat, des yeux petits & larges, le nez fi enfoncé que le bout en eft prefque de niveau avec la mâchoire fupérieure. Ils ont les mâchoires fortes & relevées, la bouche grande, les levres minces, les cheveux noirs, rudes, forts, & luifans leur pendent fur les épaules. Ils ont le teint fort basané, les oreilles grandes & élevées. Les hommes ont très-peu, ou n'ont prefque point de barbe. Ils n'ont, ainfi que les femmes, point du tout de poils au corps. Nous ne favons point s'ils en manquent naturellement, ou s'ils fe les arrachent. Les deux fexes y font difficiles à diftinguer par la figure & le vêtement. Les femmes fe font néanmoins remarquer par de petits morceaux d'étoffe, dont elles bordent leurs peliffes, & les jeunes filles par deux ou trois treffes qui leur pendent fur le dos. On les marie fort jeunes & dès l'âge de dix ans. Mais en revanche elles ceffent d'être fécondes à l'âge de trente. Les deux fexes ne fe lavent ni ne se baignent jamais. Les hoinmes peuvent avoir autant de femmes qu'ils veulent; mais rarement en prennent-ils plus de cinq, & pour l'ordinaire ils fe contentent de deux. Ils les acquierent de leurs peres pour des rennes. Il eft des filles pour l'une defquelles on donne cent, ou jufqu'à cent-cinquante de ces animaux. Les hommes n'y font point fans jaloufie, ni les femmes fans pudeur. Ces peuples ont le regard perçant & l'ouïe délicate; ils font bons tireurs d'arc & bons coureurs. D'un autre côté ils font tout-à-fait indolens, & ont le goût fort groffier. Ils fe nourriffent en été de la pêche & en hiver de la chaffe. Ils n'ont d'autres richeffes que leurs rennes, dont ils mangent toujours la chair crue, & boivent le fang tout chaud. Ils mangent auffi le poiffon crud. Quant aux autres fortes de viandes, ils les cuifent. Leurs demeures font des tentes de forme pyramidale, faites d'écorces d'arbres & couvertes de peaux de rennes. Ces peaux leur fervent auffi pour leur vêtement. Ils demeurent féparés les uns des autres, afin de fe faciliter leur fubfiftance mutuelle. C'est pour cette même raifon qu'ils changent fouvent le lieu de leur habitation. Quelque chétive que foit leur maniere de vivre, ils ne laiffent pas de la préférer à celle des peuples civilifés.

Les Samojedes croient à un Etre fuprême, bienfaifant & créateur de toutes chofes. Ils reconnoiffent en même temps un autre être puiflant & élevé, mais fubordonné au premier & auteur de tout mal. Ils n'adorent, ni l'un, ni l'autre, mais ils craignent le dernier; & comme ils s'imaginent que leurs Ködefniks ou Tadebes font en relation avec lui, ils les confultent quelquefois. Ils regardent le foleil & la lune comme des divinités

fubalternes. Ils portent à la vérité fur eux de petites idoles, mais ils ne' leur rendent point de culte. Ils croient l'immortalité de l'ame, ou pour mieux dire, une espece de métempficofe. Ils n'ont aucun culte extérieur. Quand il leur arrive quelque malheur, ils ont recours à leurs Ködesniks. Ils ne reconnoiffent point de Loix. Ils ont néanmoins coutume d'avoir leurs femmes en propre, & de ne point contracter de mariage avec leurs parens; n'eft même permis à perfonne de fe choifir une époufe dans fa famille. Quoiqu'ils ne reconnoiffent aucune autorité civile, ils ne laiffent pas de payer fans réfiftance le tribut des pelleteries qu'on leur a impofé. Il n'y a ni autorité, ni fubordination entr'eux : cela n'empêche point qu'ils n'aient quelque déférence & quelque refpect pour leurs Ködeniks & pour la perfonne la plus avancée en âge de chaque famille.

Jean Wasilowitz I, Grand-Duc de Ruffie, tenta dès le commencement du feizieme fiecle de réduire fous la domination de l'Empire Ruffe les Samojedes qui habitent entre les fleuves Petfehora & Oby. Ils étoient déja tributaires du Grand-Duc Wafilie Jwanowitcz en 1525, & ceux d'entr'eux qui habitent autour de Mangafea, commencerent vers la fin du même fiecle à payer tribut à Jwan Fédor-Jwanowitcz. Ils portent & livrent leur tribut dans les Villes ou Oftrogs, établies dans leur voifinage. Ce tribut s'appelle Jeffak & confifte en pelleteries. Chaque homme en état de tirer de l'arc eft obligé de livrer annuellement de la pellererie pour la valeur de vingt-cinq copeks: ainfi chaque efpece de pelleterie a fon prix fixe. Le Gouvernement d'Archangel comprend quatre Provinces.

1o. La Province d'Archangel, qui eft très-froide, remplie de marais, de forêts & de montagnes, & peu propre à l'agriculture. On ne laiffe pas néanmoins de femer & de recueillir de l'orge près d'Archangel. On y voit auffi réuffir différentes efpeces d'arbres fruitiers. Les Pins y rendent de quoi faire beaucoup de goudron. Les bêtes à cornes & les moutons y réuffiffent le mieux par rapport à la bonté du pâturage, & l'on en exporte quantité chez l'étranger.

Archangel eft la Capitale de cette Province & de tout le Gouvernement, depuis l'année 1710. C'est une Ville de commerce fort célébre, fituée fur le fleuve de Dwina, à foixante-quinze Werftes de la mer blanche, fous le 64 degré 34 minutes de latitude feptentrionale. Elle a environ trois quarts de mille en longueur, fur un quart de largeur, & ne confifte qu'en maifons de bois bâties à la Ruffe, à l'exception du grand Goftinnoi Dwor, ou de la Douane, qui eft bâti de pierres. La citadelle, qui fert de réfidence au Gouverneur, a une enceinte de bois. Archangel a un Siége Epifcopal. Les Luthériens & les Réformés y ont des Eglifes. On y vit à bon marché. Les Anglois y établirent un Commerce fort avantageux, fous le regne du Czar Jean Walilowitz II, en 1553. Les Hollandois & les Hambourgeois y prirent bientôt part, & le Czar Boris Godunow permit à toutes les Nations le commerce d'Archangel à Mofcou. Mais la plus grande partie de ce

Commerce ayant été transféré à St. Pétersbourg par ordre exprès de Pierre I, celui d'Archangel en fouffrit beaucoup. Cependant quoiqu'il ne foit plus ce qu'il a été, il ne laiffe pas d'être encore confidérable, parce qu'Archangel eft l'entrepôt de la plupart des marchandifes qui paffent en Sibérie, ou qui fortent de Sibérie & de l'Empire Ruffe, pour être tranfportées par mer dans les pays étrangers.

Les Ukafes Impériales attribuerent en 1752 au port d'Archangel tous les Droits & Privileges, dont jouit celui de St. Péterfbourg, enforte que l'entrée & la fortie des marchandises de toute efpece s'y fait avec là même liberté & les mêmes acquits que dans les autres ports de l'Empire Ruffien, & nommément celui de St. Pétersbourg; mais il n'eft point permis d'y établir des comptoirs. Les différends qui peuvent y furvenir au fujet du commerce, doivent fe porter & fe décider à la Chancellerie du Gouvernement. On a établi, pour l'avantage du commerce, une pofte réglée entre Pétersbourg & Archangel. Une grande partie de cette ville fut confumée par un incendie en 1753. Le monaftere de St. Michel l'Archange, près duquel elle fut bâtie à la fin du feizieme fiecle, & qui lui a donné fon nom, eft fitué à une de ses extrémités. Il paroît que Biarmie, dont les anciens écrivains font mention, étoit fituée dans les environs d'Archangel.

Lorfque les Anglois débarquerent dans cette Contrée en 1553, ils rencontrerent à l'embouchure du fleuve Dwina, un petit couvent dédié à St. Nicolas, & c'eft de-là qu'ils appellerent leur navigation la traite à St. Nicolas.

2o. La Province d'Uftjug, qui eft plus cultivée que celle d'Archangel, fur-tout vers le Sud-Oueft. Il y a des forêts immenfes vers le Nord-Ouest. Uftjug Weliki, ville principale de cette Province, eft fort avantageufement fituée pour le commerce maritime avec Archangel & Wologda. Auffi la plupart de fes habitans font de riches négocians. On traverfe communément cette ville quand on va d'Archangel en Sibérie, ou de Sibérie en Ruffie.

3°. La Province de Wologda qui produit de bon bled.

Wologda, ville capitale, eft fituée fur le fleuve du même nom, à 428 werftes de Mofcou, 660 de Pétersbourg & 846 d'Archangel c'eft vers cette derniere ville que le Wologda prend fon cours. La ville de Wologda eft le fiege d'un Evêque, dont le diocese renferme non-feulement la Province de Wologda, mais encore celle de Belofero qui l'avoifine. Elle est auffi la réfidence d'un Palatin & de la Chancellerie Provinciale. Elle renferme deux mille fix cents cinquante bourgeois payant la capitation, & environ quatre mille habitans, (non-compris les femmes,) lefquels exercent toute forte d'arts & de métiers. Il s'y trouve même des laboureurs qui y poffedent des maifons. On y compte cinquante-deux églifes & un couvent d'hommes & un de femmes, un féminaire épifcopal, ou une école

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latine, & feize-cens-vingt-fept maifons, parmi lesquelles il n'y en a que huit bâties de briques; les autres font de bois. Il fe vend annuellement dans les magasins de cette ville, cent mille puds de fel pour le compte de la Couronne : ce fel fe tire des falines de Seroga, qui appartiennent à un bourgeois de Wologda, de qui on l'achete à raifon de quinze copeks & demi le pud. On le revend enfuite à raifon de cinquante copeks, enforte que le profit que le profit que la Couronne en tire eft de trente-quatre-mille roubles fur la quantité de cent mille puds. L'eau-de-vie fe vend pour le compte des bourgeois, dans les cabarets, foit dedans foit hors de la ville, lorfqu'il ne fe préfente perfonne, pour en affermer le débit. En revanche la Couronne fe charge de la premiere conftruction des bâtimens. Ce débit d'eau-de-vie eft porté annuellement à douze mille mefures, fur lesquelles la Couronne tire un profit de vingt-un mille roubles. On fait à Wologda de l'orge mondé, de l'huile de térébentine, du papier, de la cire d'Efpagne, de la cérufe, du minium, du bleu de Berlin, du clinquant, du rouffi, des chandelles & des ceintures, des rubans & des mouchoirs de foie. La Ville & la Province de Wolodga font le commerce des cuirs de rouffi avec Péterfbourg, Archangel & la Sibérie ; celui des chandelles avec Mofcou Pétersbourg & Riga; celui de chair de bœuf & de porc, foit fraîche, foit gêlée ou falée, ainfi que des coqs de bruyeres, des bartavelles & des gelinotes gêlées, avec Pétersbourg & Riga, auffi-bien que de rifchikes falées avec les principales villes de l'Empire. Les rifchikes font une forte de moufferons, qui deviennent brunâtres & même noirâtres lorfqu'ils font falés. On les mange comme une friandise, en guise de falade. Le transport s'en fait en bouteilles. Quand ils font bien petits, la bouteille rendue fur les lieux revient à deux roubles. Le commerce des foies de cochon se fait avec Archangel; celui des toiles de lin teintes & glacées avec Péterfbourg, Archangel & la Sibérie; celui des concombres, des oignons & des aulx falés, avec Archangel & Uftjug; celui du papier, de la cire d'Efpagne, du minium, du vermillon, de l'oripeau ou clinquant, du bleu de Berlin, & de l'huile de térébentine avec toute la Ruffie & la Sibérie. Quelques uns des principaux marchands commercent auffi avec les Chinois. Ce commerce, qui renferme en même-temps celui de Sibérie, fe fait à Kiachta fur les frontieres des deux Empires, & a pour objet les marchandises tant du cru de la Ruffie, que de celui de la Chine. La Ruffie y fournit des toiles de Ruffie, du wadmel, des cuirs de rouffi, du petit gris de Ruffie de moindre qualité, différentes couleurs préparées en Ruf fe, des galons d'or & d'argent, du papier, de la cire d'Efpagne, des dents de wallros, des peaux de chiens marins & d'autres fortes de marchandises. Les marchandifes étrangeres qui entrent dans ce commerce confiftent en lacques de toute efpece & de différentes couleurs, en peaux de caftors du Canada, en fucre, caffé, bois de Bréfil & de Campêche, indigo, épiceries, vins, huiles d'olives, vaiffelle d'étain, ferge, châlon, bas

de laine, étoffes de foie & velours. La plupart de ces marchandises, foit du produit de la Ruffie ou étrangeres, fe débitent en Sibérie & s'échangent contre toutes fortes de pelleteries du produit de cette Province, principalement contre des petit-gris & de l'hermine. De la Sibérie elles paffent avec les lacques, dont nous avons parlé, avec les peaux de caftors, les étoffes de foie & de laine & d'autres marchandises, fur les frontieres de l'Empire, où on les échange avec les Chinois. Les marchandises chinoises qu'on prend en retour & qu'on amene à Wologda, font des damas de foie, des fatins, de la foie torfe, du kitaika, qui eft une étoffe de coton, & du thé. Les marchandises qu'on ramene de Sibérie, consistent en beaux petit-gris, en zibelines de moyenne qualité, en peaux de lievres blancs, en hermines, en martres, en chiens blancs & bleus de Mofcovie &c. Wologda eft auffi l'entrepôt des marchandifes qu'on tranfporte par eau des autres Provinces de la Ruffie à Archangel, & d'Archangel dans les différen tes parties qui compofent l'intérieur de l'Empire. Les premieres ne confiftent gueres qu'en chanvre, en lin, en fuif, en foies de cochon & en nattes. Les fecondes font de petits vins de France, tant rouges que blancs, du fucre, du bois de Sandal rouge & bleu, & quelques merceries. En 1759, la ville de Wologda effuya un grand incendie dont le dommage fut eftimé à cinquante mille roubles.

On trouve encore dans cette Province la ville de Totma, remarquable par dix-huit chaudieres à fel établies dans fes environs, & qui confument l'eau de trois puits falans.

4°. La Province de Galitfch qui étoit ci-devant une Principauté. Galitfch, ville bâtie fur les bords du lac Galiskoe, en eft la Capitale.

ARCHES, f. f.

COUR DES ARCHES.

LA Cour des Arches en Angleterre est une Cour Epifcopale, à laquelle reffortiffent les appels en fait des matieres Eccléfiaftiques, de toutes les parties de la Province de Cantorbéri. Cette Cour eft ainfi appellée de l'Eglife & de la tour voûtée de Ste. Marie, où elle fe tenoit ordinairement. Les Officiers de cette Cour font le Juge, le Secrétaire de Synode, les Greffiers les Avocats, les Procureurs ou députés de l'affemblée du Clergé, &c.

Le Juge de la Cour des Arches eft appellé le Doyen des Arches ou l'Official de la Cour des Arches, &c. On joint ordinairement à cette Officialité une jurifdiction particuliere fur treize Paroiffes de Londres; cette jurifdiction s'appelle un Doyenné; elle n'eft point fubordonnée à l'au

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