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reproché aux Afiatiques, je trouve, dans le peu qui nous refte fur fon administration, des traits d'un Defpotime extrêmement politique.

Le but principal que Ninias s'étoit propofé, avoit été d'aflurer la tranquillité du Souverain, & de prévenir les cabales qui auroient pû troubler le repos de l'Etat. Les mesures qu'il avoit prifes pour maintenir les peuples dans l'obéiffance ne pouvoient être ni plus fages ni plus juftes. Tous les ans on levoit par fon ordre dans chaque Province un certain nombre de troupes. Il faifoit camper cette armée autour de fa capitale. A la fin de l'année, il renvoyoit ces foldats chacun dans leur pays & en faifoit lever de nouveaux. Cette conduite avoit deux fins. D'un côté, Ninias retenoit dans le devoir fes fujets, qui voyoient une armée nombreufe toujours prête à aller réduire les rebelles les plus éloignés. De l'autre, le changement annuel de ces troupes empêchoit que les Officiers & les foldats ne priffent de trop fortes liaifons les uns avec les autres. Ninias les mettoit par ce moyen hors de portée de former des entreprifes féditieufes. Il avoit auffi attention de ne confier le Gouvernement de fes Provinces qu'à des fujets entiérement dévoués à fa perfonne, & chaque Gouverneur étoit obligé de venir tous les ans à Ninive rendre compte de fa conduite.

On fait un crime à Ninias d'avoir paffé fa vie renfermé dans fon palais. Cette politique étoit condamnable. Mais ce qu'on ajoûte, qu'il n'affectoit de fe cacher ainfi que pour dérober au public la vue de fes débauches, ne me paroît pas bien prouvé. Au contraire, je trouve dans les mêmes. Auteurs qui imputent à ce Prince une conduite fi blâmable, des faits qui ne peuvent fe concilier avec l'idée qu'ils voudroient nous faire prendre de Ninias. Ces Auteurs en effet conviennent que ce Prince eut toujours grand foin de mettre d'habiles Généraux à la tête de fes armées, d'établir des Gouverneurs expérimentés dans les Provinces, & des Juges capables dans chaque Ville : en un mot, qu'il pourvut à tout ce qui lui parut nécessaire pour maintenir le bon ordre dans fes Etats, & qu'il entretint la paix pendant tout fon regne. Que peut-on demander de plus dans les fiecles & dans le pays dont nous parlons? Je fuis perfuadé que Ninias n'avoit affecté de fe renfermer dans fon palais & de fe rendre prefque inacceffible, que dans la vue d'inspirer plus de refpect & de vénération pour fa perfonne. Nous favons que Déjoce, Roi des Medes, qu'on peut regarder comme un des plus grands Politiques de l'antiquité, tenoit la même conduite.

Le modele de Gouvernement, tracé par Ninias, fut exactement fuivi par les fucceffeurs. Mais nous ne favons point le détail de leurs actions. Nous avons pourtant les noms de la plupart de ces Monarques.

Mais cette lifte a paru fufpecte à quelques Critiques. Ils ont prétendu y reconnoître plufieurs marques de fuppofition. Quoiqu'il en foit, comme il ne reste aucun monument de ces Princes, cette difcuffion eft fort peu importante.

On attribue communément l'obscurité de leurs regnes à la molleffe &

à l'indolence dans laquelle on accufe ces anciens Monarques d'avoir vécu mais peut-être cette obfcurité doit-elle être attribuée, moins à la nonchalance de ces Princes, qu'à la tranquillité dont ils ont eu foin de faire jouir leurs peuples. Les vertus de la vie douce & paifible ne frappent pas de même que l'éclat des talens militaires. L'Hiftoire ne fe charge gueres que des conquêtes & des révolutions célébres, fur-tout, lorfque les Hiftoriens parlent de pays qui ne les intéreffent point. Nous ne connoiffons. l'hiftoire des anciens Peuples que par les écrits des Grecs. Les Grecs, peuple inquiet & remuant, n'eftimoient que les Nations belliqueufes. Ils n'ont pas daigné écrire les regnes tranquilles des Souverains de Ninive : amateurs du merveilleux, ils ne trouvoient point dans l'Hiftoire des Monarques Affyriens, de ces événemens brillans qui attachent l'efprit des Lecteurs, & frappent l'imagination des Ecrivains. Extrêmement prévenus d'ailleurs en faveur des Egyptiens, ils n'ont, pour ainfi dire, connu que ce peuple 'dans toute l'antiquité.

On doit juger cependant que les fucceffeurs de Ninias n'étoient pas abfolument tels qu'on nous les repréfente. Tous les Hiftoriens de l'antiquité avouent qu'on ne connoiffoit point de Monarchie qui eût fubfifté auffi longtemps que celle des Affyriens. Hérodote, celui de tous les Ecrivains qui donne le moins de durée à cet Empire, convient cependant que les Affyriens ont été maîtres de l'Afie pendant 520 ans. Il n'eft parlé, durant le cours de tant de fiecles, d'aucune révolution. Cet Empire fe feroit-il maintenu pendant un fi long efpace de temps fans troubles & fans révolutions, fi les Rois, qui le gouvernoient, n'euffent été entiérement perdus de débauches & abîmés dans la molleffe? Ils ne s'occuperent vraisemblablement que du foin de gouverner leurs peuples en paix; ne feroit-ce pas la raison pourquoi les Hiftoriens Grecs n'auroient pas daigné en parler; je le fouhaiterois pour le bonheur de ces fiecles paffés.

Les Affyriens, après avoir tenu durant plufieurs fiecles l'empire de l'Afie, commencerent à s'affoiblir par la révolte de divers peuples. Les Médes, que Ninus avoit autrefois affervis, furent les premiers qui fecouerent le joug. Je ne dirai rien des circonftances ni des fuites particulieres de cette révolution, vû le peu d'accord qu'il y a entre les anciens fur tous ces faits. Du démembrement de la monarchie Affyrienne, il fe forma deux Empires célébres, celui des Babyloniens & celui des Medes. Malgré cet échec, le trône de Ninive fubfifta encore quelque temps avec un grand éclat. Les noms & les actions des Souverains qui l'ont occupé jusqu'à son entiere deftruction, font parvenus à la poftérité. On connoît leurs ravages dans la Judée. Les Livres faints ne font pas les feuls qui en faffent mention. On voit, par les Hiftoriens profanes, que même depuis la révolte des Medes, les Monarques d'Affyrie furent encore très-puiffans.

Hérodote nous apprend que Phraortes, Roi des Medes, ayant déclaré la guerre aux Affyriens, périt dans cette entreprife avec la plus grande par

tie de fes troupes. Le même Auteur, parlant de Sennacherib, qu'il quali fie Roi des Arabes & des Affyriens, dit qu'il vint attaquer l'Egypte avec une armée formidable. Il paroit même qu'Affaradon, fils & fucceffeur de Sennacherib, profita d'un interregne de huit ans qu'il y eut à Babylone, pour réunir ce royaume au trône d'Affyrie. Ce nouvel Empire fubsista ainsi pendant 54 ans. Il fuccomba enfin pour ne fe relever jamais.

Cyaxare, Roi des Medes, ayant attiré dans fon parti Nabopolaffar, Gouverneur de Babylone, mit le fiege devant Ninive, la prit & la rafa entiérement. La deftruction de Ninive mit fin au royaume d'Affyrie. Il fut anéanti pour toujours, le titre même en fut éteint. Depuis ce moment l'Histoire ne fait plus mention des Affyriens. Leur monarchie fut partagée entre les Babyloniens & les Medes. Cet événement arriva l'an 626 avant l'Ere Chrétienne.

ASTI, Ville capitale du Comté d'Affi, en Piémont, fur le Tanaro, grande, forte & bien bâtie, avec un fort château.

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A Majefté Très-Chrétienne ayant fait favoir au Séréniffime Duc de Savoie, par le moyen du Marquis de Rambouillet, fon Ambaffadeur extraordinaire, les propofitions, que fes Miniftres ont rapportées de l'Espagne, au fujet de la préfente guerre, & combien Elle défire que fon Alteffe les accepte; Sa Sainteté & la Séréniffime République de Venife ayant aussi employé les offices les plus preffans auprès de Son Alteffe, Sa Sainteté, par la voie de Monfeigneur Coffa, Evêque de Savonne & fon Nonce ordinaire auprès de fon Alteffe, la Séréniffime République de Venife, par celle du Sieur Ranier Zen, fon Ambaffadeur extraordinaire, afin de l'engager à la paix, pour le bien général, Son Alteffe voulant complaire à Sa Sainteté, à Sa Majefté Très-Chrétienne & à la Séréniffime République de Venise, confirmer au Public le refpect, & le dévouement particulier, dont Elle a toujours fait profeffion, à l'égard de Sa Majefté Catholique, montrer de plus en plus que le défir qu'elle a du repos de la Chrétienté, répond exa&tement à celui que lefdits Nonce & Ambaffadeur affurent être dans leurs Maîtres, a promis & promet de défarmer réellement dans un mois, à compter de la date du préfent Traité, de renvoyer, en conféquence, toutes les troupes étrangeres tant d'infanterie que de cavalerie, à l'exception de quatre compagnies de Suiffes, du nombre ordinaire; avec lefquelles troupes, elle gardera la quantité de Savoyards & de Piémontois, qui, joints aux Suiffes, foient fuffifans pour la garde de fes places & la sûreté de fes Etats. » » Son Alteffe promet, outre cela, de ne point attaquer les Etats du Sei

gneur Duc de Mantoue, & de ne point agir, par la voie de la force, contre lui, quant à l'objet des différens qui font entr'eux, mais par la voie civile, en ayant recours à la Juftice ordinaire de l'Empereur. »>

Moyennant cela, le Marquis de Rambouillet promet, au nom de fon Souverain, que les Sujets du Seigneur Duc de Mantoue, qui ont porté les armes pour Son Alteffe de Savoye, ou qui l'ont fervi d'une autre maniere dans la derniere guerre de Montferrat, auront leurs perfonnes fauves;. & que leurs biens leur feront rendus, pour qu'ils en jouiflent comme au

paravant. »

» Toutes les Places qui ont été prifes, l'artillerie, les armes & les munitions qui s'y trouvoient, tous les prifonniers qui ont été faits de part &. d'autre, feront rendus dans un mois. Et en cas que les Efpagnols contre la parole que le Marquis de Rambouillet affure avoir été donnée par Sa Majefté Très-Chrétienne, vouluffent inquiéter directement ou indirectement. Son Alteffe, Sa Majefté Très-Chrétienne la prendra fous fa protection, &. lui donnera tout le fecours néceffaire pour fa défense. Et, comme il est néceffaire, pour l'exécution de ce que ci-deffus, de convenir de la retraite des troupes, de part & d'autre, elle s'exécutera de la maniere fuivante.

Le Marquis de Rambouillet priera Son Alteffe de faire fortir, de la Ville. d'Afti, mille fantaffins, &, dans le temps que cela s'effectuera, il écrira au Gouverneur de Milan, pour le prier de faire éloigner l'armée de Sa Ma-jefté Catholique, des poftes où elle fe trouve, & de la faire retirer jusqu'à la Croix Blanche & à Quarto. Cela effectué, le Marquis de Rambouillet ira prier fon Alteffe de retirer tout le refte de fes troupes; & le jour même que cette retraite aura lieu, le Marquis de Rambouillet aura foin que le Gouverneur de Milan forte, avec toute fon armée, des Etats de Son Alteffe. Cela exécuté pleinement & de bonne foi, Son Alteffe défarmera, en retenant feulement, comme il eft dit ci-deffus, la quantité de troupes, néceffaires pour la défenfe de fes Places, & la fûreté de fes Etats. Le Marquis de Rambouillet promet à Son Alteffe, au nom de fon Roi, que, ce défarmement effectué, le Gouverneur de Milan difpofera de fon armée, de maniere, que ni Son Alteffe ni aucun autre Prince n'ait lieu d'en avoir de P'ombrage. Il ne fera demandé, de la part de Sa Majefté Catholique, à Son Alteffe, paffage par fes Etats, pour aucunes troupes, de fix mois. »

»Sa Majefte Très-Chrétienne enverra ordre dès-à-préfent au Maréchal de Lefdiguieres & à tous les autres Gouverneurs des Provinces, frontieres des Etats de Son Alteffe, de la fecourir à main armée, en cas que les Efpagnols. manquaffent à leur parole, lorfqu'elle aura exécuté ce que ci-deffus; & cela, fans attendre de nouvel avis de la Cour, & nonobftant tout ordre contraire qu'ils pourroient avoir. »

» Les Suifles, les Grifons & les Valefans pourront, fi leur befoin le demande, commercer librement avec le Milanez, comme avant la guerre. » » Sa Majesté Très-Chrétienne pardonnera à tous ceux de fes Sujets, qui,

contre fes défenfes, ont fervi Son Alteffe dans l'occasion préfente, ou qui ont voulu la servir. Elle leur rendra fes bonnes graces, leurs honneurs, leurs emplois, leurs penfions, s'ils en avoient auparavant. Elle donnera les Lettres-Patentes néceflaires pour cet effet, lefquelles feront enregistrées au Parlement, felon l'ufage du Royaume en pareil cas. >>

>> On donne à fon Alteffe trois mois, pour pouvoir faire avertir ses amis, de s'abftenir de tout acte d'hoftilité, & on déclare que tous les actes de ce genre, qui viendroient à avoir lieu durant cet intervalle, feroient censés ne point rompre la Paix; fauf néanmoins, que fon Alteffe feroit rendre ce qui auroit été pris, ou dédommager les intéreffés. »

» Toutes les fufdites chofes, à l'exception des ordres, qui comme il a été dit, doivent être donnés au Maréchal de Lefdiguieres & aux autres Gouverneurs des Provinces frontieres des Etats de Son Alteffe, feront effe&tuées par Sa Majefté Très-Chrétienne, feulement après que Son Altesse aura défarmé réellement. Le Marquis de Rambouillet promet, au nom de Sa Majefté Très-Chrétienne, qui fait, de cette affaire, la fienne propre, l'observation du contenu dans le préfent Ecrit, tant pour ce qui la regarde que' pour ce qui regarde Sa Majefté Catholique, & de faire ratifier le tout, tel qu'il eft, par Sa Majefté Très-Chrétienne, dans vingt jours après la fignature du préfent Ecrit: »

» Fait dans le Camp hors d'Afti, le 21 de Juin 1615.

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» Moi, Ranier Zen, Ambaffadeur extraordinaire de la Séréniffime République auprès de Son Alteffe de Savoie, j'approuve l'écrit ci-deffus, & je promets au nom de mes maîtres, que fi, après que Son Alteffe aura défarmé, les Espagnols manquant à leur parole, vouloient lui nuire, mes maîtres, joints à la France, & aux autres Puiffances qui fe feroient engagées à fa défenfe, la fecourront. >>

RANIER ZEN.

On fit un changement dans ce traité. Ce fut qu'au lieu du Nonce Cofta, Evêque de Savonne, on y nomma Carleton, Ambaffadeur extraordinaire du Roi d'Angleterre. Il promit, par écrit, que fon Souverain prendroit la Perfonne & les Etats du Duc de Savoie fous fa protection, i les Efpa

(a) Le Marquis de Rambouillet,

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