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LES

A S

ASAPHIM, Philofophes Babyloniens.

Es Afaphim Babiloniens font les plus anciens Philofophes du monde; & ils feroient les plus refpectables, fi leur fcience n'étoit dégénérée en un Charlatanisme mercénaire. Quoique l'Aftronomie eût pris naiffance dans la Caldée, ils ne s'élancerent point vers le Ciel, pour y contempler la marche des corps céleftes. Ils firent defcendre la Philofophie fur la terre pour éclairer fes habitans. Ils fe confacrerent à l'étude de la Phyfique & de l'Hiftoire naturelle. Obfervateurs attentifs de la nature, ils l'étudioient pour l'aider dans fes productions; & ils publioient tous les ans leurs découvertes ainfi leur inftitution avoit le même but que nos Académies d'Agriculture nouvellement établies, pour diriger le Cultivateur dans fes opérations. Il paroît que leurs travaux les rendirent eftimables, puifque le Prophete Daniel, dans fa plus grande faveur, se fit une gloire d'être à leur tête. Belus les exempta des charges publiques, & les gratifia de privileges honorables; perfuadé qu'on devoit récompenfer ceux qui confacroient leur temps pour entretenir l'abondance dans l'Etat. Ce fut de ce College, que fortirent les Botaniftes & les Médecins, qui corrompant la fcience de leurs maîtres, abuferent de la crédulité du vulgaire. Ils fe vanterent de charmer les bêtes vénimeufes avec des fumigations & des paroles magiques. l'Art de préparer les poifons, les rendit utiles aux tyrans, qui les employe rent à les débarraffer de leurs ennemis. Tous les peuples de la terre, fe rendoient à Babylone pour apprendre cette Philofophie occulte dont la contagion fe répandit dans toutes les Provinces; & ce fut pour en arrêter les ravages, que les Empereurs Romains décernerent des peines féveres contre ceux qui fe livroient à une étude qui troubloit l'ordre public, & qui donnoit des leçons de crime.

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ASHAM, ASEM, OU AZEM, Royaume d'Afie.

E Royaume peu connu eft à l'Orient du Mogoliftan. On affure qu'il produit en abondance tout ce qui eft néceffaire à la vie. Il eft riche par fes mines d'or, d'argent, de fer, de plomb, fa laque, la meilleure de toute l'Afie, dont il fe fait une grande exportation pour le Japon, & la Chine, par la foie que les Européens & les Afiatiques en ti

rent, par fes bracelets d'ivoire, d'écaille de tortue fort en ufage dans quelques Royaumes des Indes voifins des Etats du Grand-Mogol. On y recueille auffi beaucoup de cire, mais elle n'eft pas eftimée.

Azo, ou Azoo en étoit autrefois la Capitale. C'eft aujourd'hui Kemmerouf, où le Roi tient fa Cour. Ses Sujets, dit-on, ne lui paient aucun fubfide. Mais il poffede en propre toutes les mines de fes Etats, qu'il fait exploiter à fon profit, non par fes fujets; mais par des efclaves qu'il achete. On affure que la polygamie y eft en ufage, que l'exportation de l'or y eft défendue, quoique celle de l'argent & des autres métaux y foit permife.

On croit que le Royaume d'Asham ou Azem, a fait autrefois partie du Bengale, dont il n'eft féparé que par une riviere qui fe jette dans le Gange. Quelques-uns prétendent encore que l'invention de la poudre à canon lui eft due, & qu'elle a paffé d'Asham au Pégu & du Pégu à la Chine. Ses mines exploitées par des efclaves, comme on vient de le dire, & au profit du Souverain, ne produifent pas à beaucoup près, ce qu'elles produiroient entre des mains plus intéreffées à en tirer tout le parti poffible. Le fel manquoit autrefois dans cette Contrée, réduite à ce qu'on pou voit s'en procurer par la décoction de quelques plantes.

Au commencement du Ve. fiecle, quelques Brames de Bengale, allerent porter leurs fuperftitions à Asham où on avoit le bonheur de ne fuivre que la religion naturelle. Ils perfuaderent à ce peuple, qu'il feroit plus agréable à Brama, s'il fubftituoit le fel pur & fain de la mer, à ce qui lui en tenoit lieu. Le Souverain confentit à le recevoir, à condition que le commerce exclufif en feroit dans fes mains, qu'il ne pourroit être porté que par des Bengalois, & que les bateaux qui le conduiroient, s'arrêteroient à la frontiere du Royaume. C'eft ainfi que fe font introduites toutes ces religions factices par l'intérêt & pour l'intérêt des Prêtres qui les prêchoient, & des Rois qui les recevoient. Depuis cet arrangement, il va tous les ans du Gange à Asham, une quarantaine de bâtimens de cinq à fix cens tonneaux chacun, dont les cargaifons de fel peuvent bien valoir deux millions de roupies, fur lefquelles on gagne deux cnts pour cent. On reçoit en paiement un peu d'or en contrebande, (vu la prohibition de l'exporter) de l'argent, de l'ivoire, du mufc, du bois d'aigle, de la gomme laque & fur-tout de la foie.

Cette foie, unique en fon efpece, n'exige aucun foin. Elle vient fur des arbres où les vers naiffent, fe nourriffent, font toutes leurs métamorphofes. L'habitant n'a que la peine de la ramaffer. Les cocons oubliés, fourniffent une nouvelle femence. Pendant qu'elle fe développe, l'arbre pouffe de nouvelles feuilles qui fervent fucceffivement à la nourriture des nouveaux vers. Ces révolutions fe répetent douze fois dans l'année, mais moins utilement dans les tems de pluie que dans les temps fecs. Les étoffes fabriquées avec cette foie, ont beaucoup de luftre & peu de durée.

ASIE, f. f. Une des quatre parties du Globe la plus grande après l'Amérique.

ON

N donne aujourd'hui pour bornes à l'Afie, 1°. la mer Glaciale ou de Tartarie, qui la fépare des terres Arctiques. 2°. L'Océan oriental, qui la diftingue de l'Amérique, auffi-bien que des terres Antarctiques. 3°. La mer Rouge & l'Ifthme de Suez, qui la divife de l'Afrique. 4°. La Méditerranée, l'Archipel, la mer de Marmora, la mer Noire, le Don ou Tanaïs en partie, & une chaîne de montagnes, qui s'étendent jufqu'aux détroits de Weigats dans la mer Glaciale. L'Afie s'étend depuis le douzieme degré de latitude méridionale, jufques vers le foixante-dix-feptieme de latitude feptentrionale; & depuis le cinquante-huitieme degré de longitude pris de l'ile de Fer, jufqu'au deux cens deuxieme, fuivant la carte du globe terreftre de M. Bellin, & celle que M. Buache nous a donnée, il y a quelques années, fur les Mémoires de M. de l'Ifle, Profeffeur au College royal, des nouvelles découvertes au nord de la mer du fud; enforte que, fuivant cette derniere carte, la côte orientale de la Ruffie n'eft féparée vers le cercle polaire de la côte occidentale de l'Amérique, que par un trajet d'environ trente lieues communes de France.

Mais felon les obfervations des Ruffes fur lefquelles on a élevé des doutes raisonnables, l'Afie s'étend entre le quarante-troifieme & le deux-censfeptieme degré de longitude; & entre les deux poles, elle s'étend depuis le foixante-dix-feptieme degré de latitude feptentrionale jufqu'au dixieme de latitude méridionale.

On divife communément l'Afie en deux grandes parties, l'Afie majeure & l'Afie mineure. Les Anciens divifoient encore celle-ci en Afie ultérieure & Afie citérieure: ils entendoient, par la partie citérieure, tout ce qui eft en deçà du mont Taurus. Dans le traité de paix, conclu entre les Romains & le grand Antiochus, après la bataille du mont Sypile, la condition que les vainqueurs impoferent aux vaincus eft exprimée en ces termes: Afia omni quæ cis montem Taurum eft, abftinete. Tite-Live. Eutrope emploie une autre expreffion, mais équivalente, ut intra Taurum fe contineret. Il faut remarquer que les Romains appelloient quelquefois fimplement Afie, une portion de l'Afie mineure qu'ils gouvernoient par le miniftere d'un Préteur, ou d'un Proconful.

L'Afie majeure ancienne, autrement grande Afie, fe divifoit en cinq parties fuivant Strabon, & en quarante-fept Provinces fuivant Ptolemée. On trouvoit d'abord, en paffant l'Euphrate, la Méfopotamie que l'Ecriture appelle Aram Naharajim ou Padan aram, & qui étoit bornée à l'Orient par le Tigre, enfuite la Babylonie, la Caldée, au-delà du Tigre étoit l'Affyrie qui formoit un puiffant Empire dont Ninive étoit la capitale. En tirant au feptentrion, on entroit dans la Médie, divifée en deux, la grande Médie

& l'Atropatene; au midi étoient la Perfe & la Sufiane; au-delà de la Perfe, vers l'Orient étoient la Caramanie, l'Empire des Parthes, l'Hircanie, la Margiane, la Bactriane, la Sogdiane, le pays des Maffagetes, célébre par la Reine Thomiris, & celui des Saces. Les Anciens ont auffi parlé du Paropamife, de l'Arie ou Ariéne, de la Drangiane, de l'Arachofie & de la Gédrofie. Voyez ces mots. L'Inde étoit divifée comme aujourd'hui en deçà le Gange, & en delà le Gange. La partie en deçà du Gange, les rives de l'Indus, l'Hydafpe, l'Acefine furent auffi connus des Anciens, à caufe de l'expédition d'Alexandre le Grand; mais la partie au-delà du Gange leur fut prefque entiérement inconnue; ils avoient quelques idées des Chinois ou Siniens Sinarum regio, mais tout ce qu'ils en favoient, c'eft que ces Séniens étoient les plus orientaux de l'Afie.

En remontant au nord étoient la Scythie ou Sarmatie afiatique & le pays des Séres qu'on croit être le Catay. On diftinguoit alors trois Scythies, celle au-delà du mont Imaüs, celle en deçà & enfin celle qui eft à l'Occident & au Nord de la mer Cafpienne & qui vient aboutir à l'embouchure du Tanaïs, près de laquelle font les habitans de la Colchide & de l'Ibérie, dont nous allons parler dans la divifion fuivante.

L'Afie mineure ancienne, aujourd'hui l'Anatolie, une des plus grandes provinces de l'Empire Ottoman, comprenoit, en fuivant l'extrémité de la mer Noire, les côtes de la mer Egée & de la Méditerranée jufqu'aux rives de l'Euphrate, la Colchide, l'Albanie, l'Ibérie, les deux Armenies, le Pont, la Capadoce, la Paphlagonie, la Bythinie, la Gallogrece, la Mifie & la Phrygie qui font fouvent confondues dans les anciens Auteurs; l'Eolie, l'Ionie, la Carie, la Lydie, la Doride, la Lycie, la Pifidie, la Lycaonie, la Pamphilie, l'Ifaurie, la Cataonie, la Cilicie & la Syrie qui comprenoit la Comagene, la Seleucide, la Céléfirie, la Phénicie, la Judée & enfin l'Arabie. L'Empire de l'Afie a paffé fucceffivement entre les mains de différens Peuples. Les Affyriens l'ont poffédé les premiers depuis le déluge; & après qu'ils en eurent joui, felon Hérodote, pendant 520 ans, les Medes commencerent à fe révolter contre eux. Ils combattirent courageufement pour leur liberté, & fe délivrerent enfin d'une longue fervitude. Plufieurs autres Nations firent la même chofe à leur exemple. Mais comme toutes celles qui habitoient le continent, fe gouvernoient à leur fantaisie, elles eurent bientôt de nouveaux maîtres, & retomberent dans une nouvelle fervitude. y avoit parmi les Médes un fage, appellé Déjoce, fils de Phraorte, qui afpiroit à la puiffance fouveraine, & qui, pour y parvenir, fe fervit de cette voie. Les Médes habitoient dans des bourgs & dans des villages féparés, & Déjoce, qui favoit que l'équité eft ennemie des injures, & qui étoit dans une grande eftime parmi les fiens, s'étudioit d'autant plus à rendre juftice, qu'il voyoit parmi les Médes beaucoup de licence & de dépravation. Cela fut caufe que les Médes qui demeuroient dans le même bourg confidérant les mœurs & la probité de ce perfonnage, l'établirent parmi

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eux pour Juge de leurs différens. Déjoce, qui tendoit fecretement à la domination, se montra jufte & équitable en toutes chofes; & par ce moyen, il acquit parmi les fiens beaucoup de gloire. Bientôt les peuples le revêtirent de la fouveraine puiffance.

Déjoce étant mort, après un regne de 53 ans, Phraorte, fon fils, lui fuccéda. Ce Prince ne fe contenta pas de la couronne des Médes que fon pere lui avoit laiffée; il fit la guerre contre les Perfes; & ce fut le premier peuple qu'il réduifit fous la puiffance des Médes. Ainfi, avec le fecours de ces deux puiffantes Nations, il fubjugua enfuite l'Afie, tantôt en prenant un pays, tantôt en fe rendant maître d'un autre. Enfin, il marcha contre les Affyriens, & même contre ceux qui habitoient la ville de Ni

qui avoient autrefois la domination de tous les autres peuples, & qui alors avoient été abandonnés de tous leurs alliés; mais ils étoient encore forts & puiffans. Phraorte leur déclara donc la guerre, & périt dans cette entreprife avec la plus grande partie de fon armée, la vingt-deuxieme année de fon regne, & eut pour fucceffeur Cyaxare fon fils, & petit-fils de Déjoce. On dit que ce prince fut plus grand & plus belliqueux que fes ancêtres; qu'il divifa le premier en provinces les peuples afiatiques, & qu'il fépara le premier les piquiers, les gens de cheval, & ceux qui tiroient de l'arc; car auparavant ils marchoient pêle-mêle dans les armées. C'étoit ce prince qui faifoit la guerre aux Lydiens, lorfqu'au milieu du combat & contre toute apparence, le jour fe convertit en tenebres. Ce fut ce prince, qui ayant attiré à fon parti tous les peuples de l'Afie, qui étoient au delà du fleuve Halys, joignit leurs forces avec les fiennes, & les conduifit contre Ninus, pour venger la mort de fon pere, & pour ruiner cette ville. Mais comme il la tenoit affiégée, après avoir défait les Affyriens dans une bataille, il vit venir contre lui une puiffante armée de Scythes, qui étoit conduite par Madyés, leur roi, fils de Protothyas. Ces Scythes s'étoient jettés dans l'Afie, après avoir chaffé les Cimmériens de l'Europe; & en pourfuivant les fuyards, ils entrerent dans la Médie.

Les Médes combattirent contr'eux, & avec la bataille, ils perdirent l'empire de l'Afie. Les Scythes ne le conferverent que vingt-huit ans; mais pendant ce court efpace de tems, ils avoient ruiné toutes chofes, autant par leur négligence que par leurs défordres; car, outre les tributs & les impofitions ordinaires, ils faifoient des exactions étranges, & dépouilloient chacun de fes biens. Enfin, Cyaxare & les Médes ayant reçu chez eux la plus grande partie de ces peuples, en firent un carnage horrible, après les avoir enivrés. Les Médes recouvrerent, par ce moyen, la puiffance & toutes les chofes qu'ils poffédoient auparavant, prirent la ville de Ninus, & réduifirent fous leur puiffance les Affyriens, excepté une partie du pays de Babylone. Après toutes ces actions, Cyaxare mourut, ayant régné quarante ans, fi l'on y comprend la durée de la domination des Scythes, & laiffa pour fucceffeur fon fils Aftyage.

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