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Comté appartenant à la Maifon de Rohan-Soubife; les baillages d'Aubi de Lens, de Bethune, de Lillers ou Lilliers, & d'Aire; les regales de Terouenne ou Therouane, & le baillage de St. Omer, ville confidérable fur la riviere de Lys.

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Réunion de l'Artois à la Couronne de France.

Sous la feconde race, l'Artois avoit des Gouverneurs ou Comtes particuliers, qui fe rendirent bientôt propriétaires.

Il y avoit un Thibaut, Comte d'Artois, dès le regne de Pepin.

Arnould I, Comte de Flandre, s'empara de cette Province, en 937. Philippe d'Alface, Comte de Flandre, n'ayant point d'enfans, maria en 1180, fa niece Ifabelle de Hainaut à Philippe-Augufte, & lui donna l'Artois en dot, pour en jouir après fa mort, qui arriva en 1191.

Louis VIII en fit l'appanage de Robert, fon troifieme fils, qui fut la tige des Comtes d'Artois.

Robert II eut deux enfans, Philippe & Mahaut. Philippe mourut avant fon pere. Mahaut époufa Othon IV, Comte de Bourgogne.

Jeanne, fille de cette Mahaut, fut mariée à Philippe le long, auquel elle apporta l'Artois en dot, au préjudice de Robert d'Artois, fils de Philippe, qui revendiqua l'Artois; mais il fut débouté de fes prétentions, fur ce que la coutume du pays n'admet point la répréfentation.

Jeanne II, qui provint de ce mariage, porta fes Etats à Eudes IV; Duc de Bourgogne.

Après la mort de Charles-le-Guerrier, Duc de Bourgogne, arrivée en 1477, Louis XI s'empara de l'Artois, cómme fief dévolu à la Couronne faute de mâles.

Charles VIII le céda à l'Archiduc Philippe, fils de l'Empereur Maximilien, par le traité de Senlis de 1493.

Il eft refté à la branche d'Autriche régnante en Espagne, jufqu'au temps de Philippe IV, fur lequel les François le prirent en 1640, & il a été entiérement cédé à la France, par les traités des Pirenées, de Nimegue, & d'Utrecht.

ARUNDEL, (Thomas) Grand-Chancelier d'Angleterre.

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RUNDEL, fils de Robert Comte d'Arundel, d'une illuftre famille d'Angleterre, fut d'abord Evêque d'Ely, à l'âge de 22 ans, fous le regne d'Edouard III, puis Archevêque d'York en 1388, Grand-Chancelier d'Angleterre, & enfin Archevêque de Cantorbery en 1396. A peine eut-il pris poffeffion de fon fiege, qu'il encourut la difgrace du Roi Richard II. Le

20 Septembre de la même année, il fut accufé de haute-trahifon, lui & fon frere Richard Comte d'Arundel. Celui-ci fut décapité, & l'Archevêque condamné, fous peine de mort, à fortir du Royaume dans l'efpace de quarante jours. Il fe rendit à Rome, après avoir paffé quelque temps en France. Boniface IX l'accueillit, & tâcha de fléchir Richard II en fa faveur. N'ayant pu y réuffir, il le nomma à l'Archevêché de St. André en Ecoffe. Ce fut dans ce temps que les Anglois, ne pouvant fupporter l'oppreffion où ils étoient fous le Gouvernement de Richard & de fes favoris, penserent à mettre la Couronne fur la tête de Henri, Duc de Lancaftre, qui étoit alors en exil en France. Ce Prince, outre les droits que fa naiffance lui donnoit à la Couronne, étant fils de Jean de Gand, Duc de Lancaftre, quatrieme fils du Roi Henri III, & le plus proche héritier du Trône, depuis la mort de Roger de Mortimer, tué en Irlande, en avoit de bien plus beaux, qui fixoient fur lui tous les regards de fes compatriotes: c'étoient fes qualités tout-à-fait propres à faire un grand Roi. Il étoit queftion d'inviter Henri à paffer en Angleterre & à fe rendre aux vœux de la Nation. L'Archevêque Arundel parut digne de cette commiffion, & l'homme le plus en état de s'en acquitter à la grande fatisfaction des Anglois. Il fe rendit à Paris avec quelques autres, alla trouver le Duc, & lui fit un difcours que l'hiftoire nous a tranfmis. » Illuftre Prince, les » principaux Seigneurs, & les perfonnes les plus confidérables du Royau>> me nous envoient vers vous, non dans le deffein de chercher à nous » venger des injures particulieres que nous avons reçues de notre Roi, ou » de mettre le Royaume en feu par un efprit de mécontentement mal » fondé, ou de favorifer l'ambition de quelqu'un en particulier; mais » pour vous expofer la déplorable condition de l'Etat, & vous preffer d'en empêcher la ruine totale. Le fouvenir de notre grandeur paffée, en nous » rendant notre fituation préfente plus amere & plus infupportable, nous » fait concevoir l'efpérance d'en fortir. Nos armes victorieufes avoient été jufqu'à préfent renommées, non-feulement dans l'enceinte de nos mers » & des Ifles adjacentes, mais encore en Espagne, en France & dans toute l'Europe. Elles avoient même étendu leur gloire jufques dans l'Afie » & l'Afrique par leurs triomphes fur les infideles & les barbares; enforte » que tous les Princes Chrétiens recherchoient avec un foin égal notre » alliance, & évitoient de nous avoir pour ennemis. Mais à préfent les » groffiers Ecoffois, tant de fois vaincus & humiliés à nos pieds nous ou » tragent & nous infultent impunément. Les foibles & timides Irlandois » ont fecoué le joug, & fe font raffafiés de notre fang & de nos dé» pouilles. Nous fommes obligés de les combattre tous les jours non pour » la gloire, mais pour fauver nos vies. Ainfi nous fommes réduits à être » un objet de compaffion pour nos amis, & un objet d'infulte & de rail»lerie pour nos méprifables ennemis. Il eft vrai que le Roi a envoyé & » mené lui-même de puiffantes armées dans ces pays, mais de maniere Tome VI. PP

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» qu'elles ont plus fait de ravages dans le Royaume pour leur entretien, qu'elles ne l'ont défendu & foulagé par leurs exploits. Et faut-il en être furpris, puifque tous nos grands & habiles Généraux ont eu la mort ou » l'exil pour falaire, ou font enfévelis dans l'oubli & la difgrace; tandis » que la conduite des affaires, fans qu'on ait aucun égard à la capacité » & au mérite, eft entre les mains, & dépend de la direction de ceux qui » favent s'accommoder au goût d'un jeune Roi, en favori fant fes plaifirs. » Parmi ces gens-là, l'ancienne nobleffe n'eft comptée pour rien; le mé»rite & la vertu font mis au rang des crimes. Je le dis avec douleur; » mais de quoi ferviroit-il de cacher ce qui faute aux yeux de tout le » monde? Nos ancêtres jouiffoient de la plus parfaite liberté, & nous gé» miffons dans la fervitude: nous ne fommes réellement plus des fujets, » mais de vils efclaves, non-feulement d'un Prince intraitable, mais d'une >> troupe d'infolens & orgueilleux favoris. Et ce qu'il y a de plus cruel, c'est que ce ne font pas toujours les mêmes; quand nous avons affouvi » l'avidité des uns, il en vient de nouveaux qu'il faut fatisfaire; enforte » que leurs extorfions nous ont fait plus de mal que les ennemis. Que d'efpeces d'exactions inouies ne met-on pas tous les jours en usage, fans » mesure, fans fin, comme fans néceffité? ou s'il y en a, ne vient-elle pas » plutôt de dépenfes ruineufes & inutiles, que de quelque befoin réel, & » de quelque caufe légitime & honorable? On pille les fujets, on aniasse » de groffes fommes à leurs dépens, pour les diffiper à d'inutiles amufemens. Et fi quelqu'un ofe ouvrir la bouche pour fe plaindre de ces injuftes exactions, il court rifque de la vie ou de la liberté on lui im» pute des crimes capitaux, ou l'on aggrave des fautes légeres, ou, au » défaut de ces moyens, on emploie. la force & la violence. Il feroit » inutile, fatiguant & odieux de vous citer des exemples, comme fi votre » condition préfente, la trifte fin de votre oncle, & de tant d'autres per» fonnes illuftres, pouvoient être effacées de votre mémoire : j'oferois » même dire qu'il n'y a pas d'homme de qualité dans le Royaume, qui » n'ait éprouvé, foit par lui-même, foit dans fes parens & amis, que » perfonne n'eft en fûreté par rapport à fes biens & à fa vie : les riches » courent des rifques évidens au premier égard, & les grands au fecond. » Tel eft donc notre état! Comment y remédier? Nous avons enduré, > nous avons fupplié. Notre patience n'a fait que nous attirer de nou» velles charges, & nos plaintes n'ont fervi qu'à nous attirer de plus rudes » coups les unes confument chaque jour nos biens, & les autres met» tent nos vies en danger. Nous fommes donc forcés de fecouer cet infupportable joug, & de chercher un fouverain plus doux & plus équi» table; & ce n'eft pas tant la douleur des maux paffés, ni le fentiment » de nos miferes préfentes, que la crainte de l'avenir dont nous fommes » menacés, qui nous y oblige. Car le Roi s'eft défait des principaux de la » Nobleffe, & a mis les Communes tellement fous le joug, qu'il en agis

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» comme en pays de conquête: ce qui fait que nous fommes expofés > aux ravages de nos ennemis, & fans efpoir, je ne dirai pas de recou» vrer ce que nous avons perdu; mais de conferver ce qui nous refte. » Mais à qui porter nos plaintes? De qui implorerons-nous le fecours? » Vous feul, illuftre Prince, pouvez de droit nous délivrer votre fageffe » vous en fournit les moyens, & nous nous flattons que votre bonté vous >> y engagera. Vous êtes le plus proche parent du Roi, & devez par conla conduite d'un Etat que fa foibleffe ne lui permet féquent prendre la conduite d'un Etat » pas de bien gouverner. Vous êtes dans un áge qui vous met à l'abri » des folies de la jeuneffe, & votre conduite paffée fournit des preuves » de votre capacité pour le Gouvernement du plus grand Royaume. Vous » n'avez besoin d'aucune apologie pour le paffé, & il n'y a rien à crain» dre pour l'avenir. Les dangers & les travaux dans lesquels vous vous êtes jufques ici engagé pour le bien de votre patrie, nous donnent de juftes efpérances que vous ne nous abandonnerez pas dans cette extrémité. » Nous fommes tous comme dans un vaiffeau prêt à couler à fond, com» me dans une maifon prête à tomber en ruine, & nous implorons hum»blement votre fecours. C'eft à préfent, ou jamais, qu'il faut agir pour » vos compatriotes, pour nous mettre en liberté, vous y mettre vous» même, & prévenir la ruine entiere de l'Etat, en prenant le fceptre & » la couronne, en le rétabliffant dans une liberté par la réunion & l'ac» cord de la fouveraineté d'un feul avec la liberté générale de tous. Ne » perdez pas certe occafion de faire paroître, d'une maniere éclatante, aux » yeux de l'univers, votre vertu & votre courage, en délivrant des mal» heureux qui gémiffent fous l'oppreffion; action qui a toujours été efti» mée fi glorieufe, qu'elle a fait mettre plufieurs Payens au rang des » Dieux. Voilà ce que nous fommes forcés de vous offrir & de vous demander. Il est également honorable de l'accepter, & facile de l'exécuter, puifque jamais Prince ne fut plus ardemment fouhaité d'un peuple, ni n'aura été obéi avec plus de zele. «<

Le Duc fut auffi étonné que frappé de ce difcours imprévu. Il répondit qu'il avoit eu toute fa vie de l'éloignement pour les projets ambitieux, & que fon age lui avoit ôté toute penfée d'agrandiffement; que ce n'étoit pas une chofe aifée de détrôner un Roi, & que la fuppofant facile, elle feroit toujours regardée comme une ufurpation. » Quiconque, Quiconque, continua»t-il, veut devoir une couronne à fon mérite, s'impofe une grande charge; & avec quelque fageffe qu'il fe conduife, il s'expofe à la haine de fes » envieux. D'ailleurs, dans les diffentions civiles, on ne peut guere fe > fier au peuple qui eft volage & inconftant, & l'on doit craindre chaque particulier enforte qu'il eft poffible qu'on foit abandonné de tous, & qu'il eft impoffible de s'affurer d'aucun perfonnellement. J'ai donc tout fujet de borner mes vœux à paffer les jours qui me reftent à vivre, dans » l'état obscur, à la vérité, mais fûr, où je me trouve, plutôt que de

m'engager dans des hafards & dans des entreprises qu'il eft dangereux » de pourfuivre, & plus dangereux encore d'abandonner, quand une fois on s'y eft engagé. Dans des entreprises particulieres, on peut avancer » & reculer comme on le juge à propos; mais pour celui qui en veut au » trône, il n'y a point de milieu entre vivre en Prince, où mourir com» me un traître. «

L'Archevêque repliqua, en infiftant fur l'obligation où le Duc étoit de délivrer fa patrie de l'oppreffion, & en l'affurant que toute la Nation fe déclareroit pour lui. Il ajouta que les exemples de pareilles entreprifes n'étoient ni rares, ni fort anciens, ni fort éloignés. » Les Rois de Danemarck » & de Suede, dit-il, ont été fouvent ou bannis, ou mis en prifon, ou » mis à mort par leurs fujets. Il y a environ un fiecle que les Princes » d'Allemagne ont dépofé l'Empereur Adolphe, & ils penfent actuelle>> ment à dépofer Wenceslas. Il y a quelque temps que le Comte de Flan» dre a été chaffé par fes peuples pour s'être attribué plus d'autorité qu'il » ne lui en appartenoit. Les anciens Bretons chafferent leur Roi Caracta»cus, pour fes infames débordemens & fa cruauté. Dans le temps de l'Heptarchie, on a déposé dépofé Berared, Roi de Mercie, à caufe de fon orgueil, & des mauvais traitemens qu'il faifoit à fes fujets. Aldred & » Ethelbert, Rois de Northumberland, ont auffi été chaffés pour leurs » défordres. Depuis la conquête des Normands, les Grands ont voulu » détrôner Henri III, mais inutilement ils ont dépofé Edouard II, & » mis le jeune Edouard, fon fils, fur le trône. Ces exemples, auxquels on » pourroit ajouter nombre d'autres, fuffifent pour prouver que l'entreprise » dont il s'agit, n'eft rien moins que rare dans les autres pays, & qu'elle » n'eft point nouvelle dans le nôtre. «

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»

Ce difcours eut fon effet. Le Duc paffa en Angleterre & l'Archevêque l'y accompagna. Il fe trouva auffi à l'affemblée de la Nobleffe qui força Richard à donner l'acte de fon abdication. A l'inftallation du nouveau Roi Henri IV, Arundel fit un difcours pour remercier le ciel de l'heureufe révolution qui venoit de s'opérer, & féliciter l'Angleterre d'avoir mis fur le trône un Prince fage qui régneroit par la juftice. Le zele patriotique que ce Prélat fit éclater dans cette grande affaire, n'étoit peutêtre pas auffi pur qu'il le difoit. On l'accufa d'agir autant par l'efprit d'une vengeance particuliere que par celui d'un vrai patriotifme; & malheureufement pour lui, le zele bouillant & emporté qu'il montra contre Wiclef & les Lollards, ne juftifie que trop ce reproche. Il en fit mourir plufieurs par le feu, & peut-être que le Chevalier Jean Oldcastle, Lord Cobham eut fubi le même fupplice, fi la modération du Roi Henri V n'eut tempéré par fa douceur le fougueux emportement de l'Archevêque. Il mourut en 1413.

Le Comte d'Arundel, fi célébre par la découverte des marbres qui por tent fon nom, vivoit au commencement du dix-feptieme fiecle, & fut Maréchal d'Angleterre.

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