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a-transformé, peut-être même travefti ce cri d'une ame forte, en une penfée ingénieufe qu'il n'a pu exprimer qu'en deux vers.

ARRIER E-BA N, f. m.

L'ARRIERE-BAN eft la convocation que le Prince ou le Souverain

fait de toute la nobleffe de fes Etats pour marcher en guerre contre l'ennemi. Cette coutume étoit autrefois fort commune en France, où tous ceux qui tenoient des fiefs & arriere-fiefs, étoient obligés, fur la fommation du Prince, de fe trouver à l'armée, & d'y mener felon leur qualité, un certain nombre d'hommes d'armes ou d'archers. Mais depuis qu'on a introduit l'ufage des compagnies d'ordonnance & les troupes réglées, l'Arriere-ban n'a été convoqué que dans les plus preffantes extré mités. On trouve pourtant que fous Louis XIV l'arriere - ban a été convoqué pendant la guerre qui commença en 1688, & fut terminée par la paix de Ryfvik. Dans ces occafions la nobleffe de chaque Province forme un corps féparé, commandé par un des plus anciens nobles de cette Province. Il y a des familles qui font en poffeffion de cet honneur. En Pologne, fur les univerfaux du Roi ou de la Diete, les Gentilshommes font obligés de monter à cheval pour la défense de l'Etat, & l'on nomme ce corps de cavalerie Pofpolite.

Quelques-uns difent que le ban eft la premiere convocation, & l'Arriere-ban la feconde, comme une convocation réitérée pour ceux qui font demeurés arriere, ou qui ne fe font pas rendus à temps à l'armée. D'autres font venir ce nom d'heribannum, proclamation du maitre ou du Souverain pour appeller fes fujets au fervice militaire, fous les peines portées par les loix. Voyez BAN.

ART, f. m.

QUAND nous raffemblons tout ce qui a été dit fur les Arts, pour

les caractériser par des traits qui les diftinguent de tout ce qui ne doit pas être défigné par cette dénomination, il nous paroit qu'on définira exactement l'art envifagé comme une capacité qui peut être dans l'homme, lorfque l'on dira qu'il eft la connoiffance méthodique de tout cè qu'il faut favoir, & l'habitude contractée de faire reguliérement tout ce qu'il faut exécuter pour produire fûrement un effet déte miné & prévu, qui n'auroit pas été produit par la feule habileté que nous tenons de la

fimple nature. Ou en moins de mots, l'Art eft un fyftême raisonné d'opé rations deftinées & propres à produire un effet, que l'on ne pouvoit pas attendre de la nature feule.

Par cette définition qui convient également à tous les Arts, il paroît que tout Art fuppofe néceffairement, 1°. un effet déterminé & prévu; 2o. des opérations deftinées & propres à le produire fûrement; 3°. des regles connues & fixes felon lefquelles on opere; 4°. un effet & des moyens que l'on ne pouvoit pas attendre de la feule nature, mais qui exigent des connoiffances & une habitude d'action, acquifes par l'étude & l'exercice.

Des connoiffances fans actions; des actions fans effet déterminé & prévu; des opérations faites fans but, fans connoiffances, fans regles; des effets produits fans lumieres acquifes par l'étude, fans habitudes d'action contractées par l'exercice ne conftituent donc point un Art. Confidéré com me cause, l'Art eft une addition faite à notre capacité naturelle : confidéré comme l'effet, il eft une addition aux productions régulieres de la nature. Ainfi l'on peut dire, relativement à l'être en qui l'Art exifte, que l'Art eft la nature perfectionnée dans fes moyens, & relativement à l'être fur qui l'Art s'exerce, qu'il eft la nature perfectionnée dans fes effets. Quelque régularité que l'on remarque dans les ouvrages de certains animaux, tels que l'abeille, le fourmilion, le caftor, ce n'eft que très-improprement & feulement par rapport à nous, que l'on peut dire qu'il y a de l'Art, puifqu'il n'y a dans leurs caufes immédiates, ni connoiffance ni habileté acquifes. Les animaux exécutent ce qu'ils font fans étude, fans leçons, fans exercice; ils n'inventent ni ne perfectionnent rien. La brute eft incapable de tout Art. Il ne fauroit y avoir non plus, rien d'artificiel dans la caufe premiere, elle connoît & peut tout naturellement. L'Art est donc le partage de l'homme, & des feuls êtres intelligens & bornés, qui ont été rendus capables de faire des progrès en perfection.

LA

Théorie & Pratique des Arts.

A nature des caufes détermine celle des effets. La nature des effets

prévus détermine donc auffi néceffairement celle des caufes ou des moyens à employer pour les produire. Tout Art exige donc des connoiffances qui éclairent & dirigent les opérations, & des opérations éclairées & dirigées par ces connoiffances. Delà deux parties effentielles dans le fyftême de chaque Art: la théorie & la pratique.

A confidérer les Arts fous une face générale, il paroît que les connoiffances dont le fyftême entier forme la théorie ou la partie fpéculative d'un Art, doivent en précéder la pratique, qui confifte dans le fyftême régulier de toutes les opérations requifes pour produire l'effet défiré. En effet, fans connoiffances précédentes, toutes les opérations de l'ouvrier ne font que

des mouvemens aveugles, des effais fouvent inutiles, quelquefois dangereux, des tâtonnemens lents & incertains. A fon tour la pratique doit fuivre la fpéculation pour en prouver les principes, en rectifier les conféquences, en vérifier les fuppofitions, conftater la jufteffe de fes préceptes, & la bonté de fes regles. Souvent la théorie eft trompée par des apparences non approfondies, abufée par des faits mal connus, entraînée dans l'erreur par des fuppofitions que l'on croit vraies, parce qu'on fait trop de fond fur l'analogie, & que l'on s'appuie fur des idées abftraites univerfelles que l'on prend mal-à-propos, pour des images réelles des individus. La pratique de l'Art peut feule détruire ces erreurs, découvrir les difficultés de l'exécution, que le fpéculatif ne voit point; vérifier la poffibilité des effets & l'efficace des moyens, & ramener notre efprit des idées que nous nous formons, à celles qui repréfentent le véritable état des chofes, leur nature, leurs propriétés, leurs rapports. Si fans la pratique, la fpéculation nous égare aifément & nous mene au delà du vrai, la pratique feule fans la fpéculation nous retient en deçà, & borne nos progrès ne fe formant pas d'idées univerfelles, elle n'étend pas nos connoiffances au delà des faits individuels qu'elle manie: ne raifonnant pas d'après ces faits, elle ne tire pas de ce qu'elle connoit ces conféquences fécondes qui conduifent à d'utiles découvertes, qui perfectionnent les Arts, & qui en produifent de nouveaux, qui augmentent fi fort le pouvoir de l'homme, & qui multiplient fes jouiffances.

Quelque vraies que paroiffent ces réflexions, elles ne le font cependant pas dans toute l'étendue du fens qu'elles offrent à l'efprit. On fe tromperoit fi l'on alloit s'imaginer que les fpéculations du Philofophe ont précédé dans l'invention des Arts, les pratiques de l'ouvrier. L'homme n'a pas commencé par favoir, & fini par exécuter; au contraire il a commencé par agir, par faire des effais, des expériences; enfuite il a raisonné fur fes procédés, & fur leurs effets; nous ne connoiffons que les effets des actions, & par les effets les actions : les actions ont donc précédé les connoiffances. Il faut avoir un grand nombre d'idées avant que de pofer fes principes, & d'en tirer des conféquences. Combien d'effais n'a-t-il pas fallu faire? Que de faits ne devoient pas être connus par l'expérience, avant que le péculatif connût la poflibilité de jetter en fonte la ftatue équeftre de Louis XIV, fur la place de Vendôme?

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Mais auffi, convenons-en, quand tous ces faits individuels & ifolés feroient connus fans exception, & gravés dans la mémoire des hommes, ils ne donneront jamais naiffance à cet Art, tel que Pigale l'exerce aujourd'hui, fans le fecours d'un génie fpéculatif qui analyfe ces faits, qui les rapproche, qui les compare, qui de leurs rapports forme des principes & en tire des conféquences, pour en conftruire un fyftême méthodique de leçons, de préceptes & de regles qui dirigent l'ouvrier, lui tracent une route fure, lui indiquent les moyens efficaces d'atteindre parfaitement le but pro

pofé. On connoiffoit depuis long-tems l'allongement des verges de métal par la chaleur, les ouvriers l'avoient découvert par la pratique, dans une multitude d'opérations méchaniques mais fans un génie fpéculatif, capable de rapprocher les faits, de raifonner profondément fur leurs rapports, d'en tirer des conféquences, & d'en prévoir l'application par l'analyfe, Jaquet Droz n'auroit pas imaginé une pendule perpétuelle qui fe remonte d'elle-même fans jamais fouffrir de retard, ni d'interruption dans fon mouvement. D'un autre côté fi cet habile artiste n'avoit pas joint à fa théorie profonde & ingénieufe, l'habitude d'exécuter lui-même avec la plus grande précifion ce qu'il imagine, fa pendule feroit encore un problême, & il douteroit peut-être lui-même de la poffibilité de fon exécution.

Concluons delà, 1°. que la théorie des Arts doit être toute fondée fur des faits connus par l'expérience, que par conféquent les obfervations, les effais doivent précéder les raifonnemens; 2°. que les effais, les obfervations, les opérations ne conduiront jamais un Art à fa perfection fans les fpéculations & les raifonnemens d'un efprit philofophique; 3°. qu'il faut donc joindre la théorie à la pratique pour atteindre la perfection des Arts, & que cette perfection fera toujours déterminée par le nombre des faits individuels qui feront bien connus, & par l'habileté du Philofophe à les comparer & à en découvrir les rapports. Ces deux conditions effentielles à la perfection des Arts, ne fe trouvent pas toujours réunies dans la même perfonne; mais on fuppléera à cet inconvénient, fi l'ouvrier docile regle fes opérations fur les confeils du Philofophe qui réfléchit, qui analyse, qui imagine, & foumet fa pratique aux lumieres du fpéculatif. Et fi de fon côté, le Philofophe ne croyant connoitre que ce qu'il a vu, va dans l'attelier de l'artifte, en fuit les opérations, s'en approprie les expériences, prend les faits dont il eft témoin pour guide de fes hypothefes, & pour unique bafe de fes raifonnemens, plutôt que des idées abftraites qui n'ont point de modele dans la nature; c'eft aux Grands, aux Princes à favorifer par leur protection & leur libéralité, la découverte de ces faits, ces obfervations, ces expériences, & à encourager ceux qui travaillent en philofophes, à en tirer d'utiles conféquences, & à en faire d'heureufes appli

cations.

Effets immédiats des Arts,

L'Art, avons-nous dit, ajoûte à la nature; mais ce n'eft pas par des créations d'êtres qui n'exiftent pas. Il n'eft dans le pouvoir des hommes ni de créer, ni d'anéantir quoi que ce foit. L'efficace des forces créées qui nous font connues, fe borne à de fimples changemens produits dans la maniere d'être ou d'agir des fubftances. Delà deux claffes d'effets immédiats des Arts de nouvelles formes fubftituées aux formes primitives; de nouvelles capacités aux forces actives, ajoûtées aux forces ou capacités naturelles. Par rapport à la premiere claffe, les effets de l'art fe bornent à des

féparations, & à des réunions de parties, à des mouvemens qui changent les rapports des êtres : & comme les propriétés des êtres dépendent de leur conftitution & des rapports de leurs parties; changer cette conftitution & ces rapports, c'eft en changer les propriétés, c'eft les rendre propres à produire des effets, dont avant ces changemens ils étoient incapables. Dans de certains cas l'Art fe borne en fuivant certaines regles à retrancher d'un tout & à en féparer quelques parties pour donner par cette opération au tout reftant, une forme qu'il n'avoit pas avant ce retranchement. C'eft ainfi que le fculpteur travaille avec Art une maffe irréguliere, & d'un bloc informe de marbre, en fait avec fon ciseau un vafe, un autel, une ftatue. Dans d'autres l'Art fans rien retrancher, fait changer de place aux parties d'un tout, les range fous d'autres rapports, & donne au tout une autre forme. Ainfi l'ouvrier en cuivre ou en argent étend fon métal fous le marteau, & lui donne une autre forme : le potier manie fon argille, & profitant de fa foupleffe, la façonne fous fes doigts de mille façons différentes. Delà naît une premiere claffe d'Arts purement phyfiques, dont le caractere propre confifte à donner une nouvelle forme un tout déja exiftant, fans le détruire, fans le décompofer, fans lui rien ajoûter d'étranger.

Dans d'autres Arts l'effet confifte à former de nouveaux touts, à conftruire de nouveaux êtres, en réuniffant & en raffemblant fous des rapports fixes & déterminés des parties qui exiftoient féparées les unes des autres. C'eft ainfi que le Chymifte forme de nouveaux corps par un mélange de parties différentes qu'il unit, qu'il amalgame; que l'ouvrier en foie fabrique fes étoffes; que le peintre fait un tableau. Delà une feconde claffe d'Arts phyfiques, dont le caractere distinctif eft la formation de nouveaux touts, de nouveaux êtres, compofés de parties qui exiftoient féparément, & que l'on raffemble felon certaines regles. Souvent l'Art exige, pour la production de fon effet, la réunion de ces divers procédés; il fépare les parties que la nature lui préfente réunies; il affemble celles qui étoient féparées; il change les rapports des unes & des autres; & par ce moyen il conftruit de nouveaux êtres qui fe varient à l'infini, & qui s'écartent d'autant plus des productions de la fimple nature, qu'ils naiffent de la combinaifon d'un plus grand nombre de ces opérations.

Sous la feconde claffe générale des Arts, que nous avons indiquée fous le titre d'addition de nouvelles forces actives aux forces naturelles, nous comprenons, 1°. toute perfection donnée, toute addition faite à nos forces naturelles, foit du corps foit de l'efprit, uniquement par l'exercice fréquent & régulier des divers pouvoirs que nous tenons de la nature : l'effet de l'Art confifte à cet égard à donner plus de foupleffe à nos membres, plus de régularité à nos mouvemens, plus d'étendue à nos forces, en fortifiant les parties de notre corps; plus de clarté à nos idées, plus de délicateffe à notre fenfibilité, plus de régularité & de fermeté à notre vo

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