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l'Architecture & l'ornement; favoir un peu de Géométrie, & connoître les premiers principes de l'Architecture.

Les Eleves doivent être domiciliés à Paris & fréquenter affiduement les leçons des Profeffeurs, fur-tout de celui d'Architecture; ils ne peuvent y manquer plus d'un mois de fuite fans un congé motivé de fa part, à moins de s'expofer à être rayés de la lifte. Les Eleves de cette Académie feroient exempts de la milice, fi on la tiroit à Paris. On diftribue tous les mois une médaille d'argent à celui d'entr'eux qui a le mieux traité le fujet propofé par le Profeffeur. Des douze fujets qu'il leur donne à traiter, huit ont pour objet des compofitions d'Architecture; deux, la compofition de l'ornement, & les deux autres quelque partie de l'Art relative aux Mathématiques.

Outre ces petits prix de chaque mois, l'Académie propose le fujet de deux grands, au commencement d'Avril de chaque année: le premier confifte en une médaille d'or, l'autre en une médaille d'argent. Ils fe diftribuent à la fin de Mail, ou au commencement de Juin, par l'Ordonnateur général des Bâtimens aux deux Eleves dont les ouvrages ont le plus fatisfait l'Académie. Le Directeur général des Bâtimens eft libre de rendre publique l'affemblée où ces prix font distribués.

Lorsqu'un Académicien, foit de la premiere, foit de la feconde claffe, fe trouve par l'état de fa fanté ou autre caufe, dans l'impoffibilité d'affifter régulièrement aux affemblées Académiques, il peut fur un expofé fait au Roi, obtenir la vétérance. Dans ce cas il continue de jouir de fon titre d'Académicien & des honneurs qui y font attachés. Il conferve le droit d'affifter aux affemblées, mais fans voix délibérative & fans aucune part aux rétributions de présence.

Dans les cas non-prévus par les ftatuts, l'Académie doit s'adreffer à l'Or donnateur-Général des Bâtimens du Roi, afin que celui-ci prenne les Ordres de Sa Majesté, & les notifie à l'Académie, qui a néanmoins la faculté de délibérer fur ce qui peut être le plus convenable & le plus avantageux. Le dernier article de fes ftatuts porte, qu'ils feront lus tous les ans à la rentrée, afin qu'étant connus de tous les Membres, aucun d'eux ne foit excufable d'y contrevenir.

: Outre les Architectes Académiciens dont nous venons de parler, il y a en France des Architectes défignés fous le nom de Jurés-Experts Bourgeois, & de Jurés-Experts Entrepreneurs. Leur nombre eft de foixante, trente des

& trente des autres; ils ont été créés par un Edit du mois de Mai 1690 & érigés en titre d'offices. Ceux qui en font pourvus, en paient la finance au Bureau des Parties-Cafuelles & prêtent ferment au Châtelet de Paris. L'Edit de leur création & une déclaration du Roi de 1691, leur attribuent le droit de faire feuls, à l'exclufion de tous autres, tant dans la Ville, Prévôté & Vicomté de Paris, qu'en toutes les autres Villes & lieux du Royaume, toutes vifites, prifées, & eftimations, tant à l'amiable que par juffice, de tous ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture,

menuiferie, ferrurerie, fculpture, dorure, peinture, arpentage, mefurage de terres & généralement de tout ce qui concerne l'Architecture.

Un Architecte, où un Entrepreneur eft garant de fon ouvrage plus ou moins long-temps, fuivant la nature dudit ouvrage; fi le temps de la garantie n'eft pas spécifié dans l'acte du marché, on prend celui qui eft moralement requis pour une épreuve. Si l'ouvrage étoit défectueux & non recevable au jugement des Experts, l'Architecte feroit fruftré non-feulement du prix de fon travail & de fes matériaux, s'il avoit fourni ces derniers, mais il feroit encore obligé d'indemnifer le propriétaire du dommage qu'il auroit fouffert, foit par les accidens qui s'en feroient fuivis, foit par les pertes qui en auroient réfulté pour fon état ou fon commerce. Si l'ouvrage au contraire venoit à périr ou à être endommagé par des accidens dont l'Architecte ne peut pas répondre, comme par un incendie, un trèmblement de terre, la perte feroit pour le Propriétaire, quand même l'ouvrage n'auroit point encore été reçu, parce que felon la jurisprudence, à mefure que l'ouvrage fe fait, il appartient à celui qui l'a commandé, & que la chofe périt pour celui qui en eft le maître.

L'Entrepreneur a un privilege fur les objets qu'il a conftruits ou réparés, pour fes falaires & fournitures, à-peu-près comme le vendeur en a fur le prix de la chofe vendue. Mais pour pouvoir exercer ce privilege fur d'autres créanciers, il faut, conformément à un arrêt de réglement du 18 Août 1766, que par un expert nommé d'Office par le Juge ordinaire à la requête du Propriétaire, il y ait eu préalablement un procès-verbal qui conftate l'état des lieux, relativement aux ouvrages qu'on y a bâtis, & que ces ouvrages dans l'année de leur perfection aient été reçus par un expert également nommé d'Office, foit à la requête du Propriétaire, foit à celle de l'Entrepreneur.

C'EST

ARCHITECTURE, f. f.

ARCHITECTURE CIVILE.

'EST l'art de conftruire des bâtimens pour la néceffité, la commodité, & les différens ufages de la vie, tels que font les édifices facrés & publics, les palais des Rois & les maifons des particuliers, auffi-bien que les ponts, places publiques, théâtres, arcs de triomphes, &c. L'Architecture, auffi ancienne que le monde, eft un art de néceffité; mais l'opulence en a fait un art d'agrément.

La réflexion forma infenfiblement le goût; on chercha les proportions; l'on ajouta des ornemens affortis aux lumieres & au génie de chaque fie

i...

cle, & de chaque Nation; l'Architecture s'embellit, se corrompit & fe rétablit fucceffivement.

La néceffité enfeigna aux premiers hommes à fe bâtir des cabanes ; ils y employerent des branches d'arbres, des feuilles, des écorces, la terre graffe, le gazon. La tour de Babel eft le plus ancien monument d'Architecture dont il foit parlé : l'on croit qu'elle n'étoit conftruite que de briques cuites au foleil. Les premieres maifons des Grecs étoient d'argille; ils ignorerent quelque temps l'art de la durcir. Dans les pays où le bois étoit abondant, on en fit ufage de bonne heure, on entrelaça des branches, on enduifit de terre ces efpeces de clayes foutenues fur quelques perches, & on les couvrit de feuilles ou de gazon; leur forme étoit circulaire, terminée en cône & reffembloient à nos glaciers; le foyer étoit placé au milieu, un trou dans l'extrémité fupérieure donnoit paffage à la fumée, & l'on n'avoit du jour que par la porte. Telle a été vraisemblablement la maniere de bâtir des premiers peuples qui s'eft perpétuée chez plufieurs Nations. On aura auffi pu conftruire des maifons de troncs d'arbres entaffes & rangés quarrément, comme plufieurs peuples le pratiquent encore aujourd'hui, on aura pu inventer fucceffivement des outils pour tailler le bois; l'induftrie s'étant perfectionnée, on aura trouvé l'art de fubftituer au bois les briques & les pierres, & on fera parvenu à élever des édifices folides; on aura fait ufage des tuiles pour les couvrir, dont l'invention eft très-ancienne. On ne connoît pas l'époque où l'on a commencé à faire ufage des pierres taillées, de la chaux, du mortier & du plâtre pour les édifices; ces découvertes fe font faites infenfiblement.

L'Architecture doit auffi fon origine à l'agriculture: les foins qu'elle exige força des familles à fe fixer dans un même canton. On chercha à fe procurer des logemens durables; l'on bâtit des villes; mais l'Architecture ne put faire des progrès que depuis la découverte de plufieurs arts qui lui étoient néceffaires; comme les machines à voiturer & à élever les fardeaux, l'art de travailler les métaux & fur-tout le fer.

Les peuples s'étant policés & ayant acquis fucceffivement des connoiffances, fongerent à embellir les édifices. L'Architecture s'appropria plufieurs arts; on fubftitua des efpeces de colonnes de pierre aux poteaux qui fervoient à foutenir le faîte des cabanes. Il en a été de même des autres ornemens de l'Architecture, dont la plupart ne font que la représentation des pieces de bois employées originairement à la conftruction des édifices. On les a enrichies de divers ornemens, en les exécutant en pierre. C'est ainfi que l'Architecture parvint à une forte de perfection. On a connu trèsanciennement la cifelure & la fculpture; on n'aura pas tardé à en faire ufage dans la décoration des édifices. L'Hiftoire profane fait mention de temples & de palais conftruits par les premiers Souverains d'Egypte, de Ninive & de Babylone. Le tabernacle des Ifraélites dans le défert, auquel Moffe employa des colonnes ornées de bases & de chapiteaux, indique

des

des progrès fucceffifs. Moïfe avoit vraisemblablement puifé ces idées chez les Egyptiens, dont les monumens font les plus anciens; plufieurs ont été l'admiration des fiecles où ils ont paru, & ce qui en exifte encore donne de l'étonnement, tout en eft gigantefque & merveilleux; mais il y manque les graces, la nobleffe, & les proportions que les Grecs furent donner à leurs édifices. Avant les Grecs les colonnes étoient fans proportions; leur hauteur étoit arbitraire, d'où il résulta un déréglement dans tous les édifices des Egyptiens. Au refte les commencemens & les progrès de leur Architecture font très-obfcurs. Ils ne furent pas les inventeurs de l'Architecture envisagée du côté du befoin & des ufages de la vie, que tous les peuples policés ont fuivie & ont appropriée à la température du climat. Et quant à l'Architecture ornée, les Auteurs s'accordent à en attribuer l'invention aux Egyptiens; mais les Grecs lui ont donné cette régularité, cette proportion, cette ordonnance, cette nobleffe, cet enfemble, cet harmonie qui frappent, fatisfont & charment les yeux, & dont l'affemblage a feul droit de former un beau tout. On leur doit toutes les beautés, dont elle eft fufceptible. Ils ont dans ce fens inventé l'Architecture, & n'ont rien emprunté des autres Nations. La Grece a fourni les modeles & prefcrit les regles qu'on a fuivies dans la fuite, lorfqu'on a voulu exécuter des monumens fomptueux. On trouve dans les trois ordres Grecs, tout ce que l'Architecture peut produire, foit pour la majefté, l'élégance, la beauté, & la délicateffe, foit pour la folidité : ces trois ordres font le Dorique l'Ionique, & le Corinthien. Les Romains ne nous ont produit que les deux autres, favoir le Toscan qui fe rapporte au Dorique dépouillé de la plupart de fes ornemens, & réduit à des proportions plus maffives, & le compofite qui n'eft qu'un affemblage de l'Ionique & du Corinthien dont il a les proportions; on fe fert utilement de l'ordre Tofcan; l'ordre compofite eft rarement mis en ufage. Du refte, les cinq ordres dans leur gradation, de Tofcan, Dorique, Ionique, Corinthien & Compofite, comprennent tous les genres d'Architecture favoir le ruftique, le folide, le moyen délicat & compofé. Plufieurs habiles artiftes François, tels que Brugant, le Brun, le Clerc, &c. ont cherché inutilement à compofer de nouveaux ordres, ils n'ont varié que pour les acceffoires; & n'ont pu s'écarter des formes & des proportions antiques; leurs efforts font reftés dans l'oubli; ce qui nous montre que l'Architecture ainfi que les autres arts, a fes limites, & que les anciens n'ont rien laiffé à défirer. Ils ont d'autant plus approché de la perfection, qu'ils ont imité la nature & ils font montés par degrés à l'excellence de leur art, de maniere que leurs principes confirmés d'âge en âge, font devenus des Loix reçues, depuis environ deux mille ans.

Chez les Romains, l'Architecture parvint à fon plus haut degré de perfection fous le regne d'Augufte; depuis cet Empereur elle ne fit que déTome VI.

D

choir. Les Gots qui ravagerent l'Italie dans le Ve fiecle, introduifirent P'Architecture qui porte leur nom. Ils voulurent rafiner fur le goût fimple & majestueux des Grecs, & apporterent du Nord ce mauvais goût qui a fubfifté en Italie & en France, comme dans le refte de l'Europe, jusqu'au renouvellement des arts.

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L'Architecture gothique ne fuivit ni la jufteffe des proportions, ni la convenance ni la fymétrie; ils femblent attacher Pidée du beau à la difficulté de l'exécution, & la hardieffe à la délicateffe. Tout étoit à jour tout étoit en l'air, avec une profufion d'ornemens chimériques & bizarres, jufqu'alors inconnus.

L'Architecture gothique, toute défectueufe qu'elle eft, a cependant fes beautés on prétend que les Goths l'ont imitée des Arabes. Elle a fa majefté particuliere, & fur-tout une légéreté dont les ordres Grecs & Romains ne font pas fufceptibles, & qu'on défireroit dans quelques occafions.

Il faut diftinguer deux Architectures gothiques, Pune du VIe fiecle, qui a duré jufqu'au XIe; la feconde nommée moderne a duré depuis le XIe fiecle jufques vers le regne de François I.

Ce n'eft guere que dans les deux derniers fiecles, que l'Architecture s'eft renouvellée. Les Architectes d'Italie & de France s'appliquerent à retrouver la premiere fimplicité, la beauté & la proportion de l'ancienne Architecture. Auffi n'eft-ce que depuis ce temps qu'on a exécuté des édi fices à l'imitation, & fuivant les regles & les préceptes de l'Architecture antique.

Rien n'annoblit plus Architecture ainfi que tous les Beaux-Arts que de les faire fervir aux grandes fins de la fociété, à augmenter le bonheur réel des hommes, à les porter à la vertu fans laquelle il n'y a point de folide bonheur. C'eft une attention que doivent avoir ceux qui préfident au fort des Nations, dans les encouragemens qu'ils donnent aux Arts & aux Artistes.

L'Architecture, pour ne parler ici que de celle qui nous occupe à préfent, peut devenir un art dangereux, extravagant, nuifible, s'il eft mal dirigé & il le fera mal toutes les fois que les Artiftes & ceux qui les emploient, perdront de vue la bafe de tout Gouvernement, les bonnes mœurs. J'aime à voir l'Architecture élever des arcs de triomphe aux défenfeurs de la Patrie, des pyramides, des obélifques, des tombeaux aux manes des citoyens illuftres qui fe font diftingués par une bienfaifance extraordinaire, des temples aux fciences & aux talens. Mais elle me femble folle, ridicule, honteufe même & infàme corruptrice des bonnes mœurs lorfqu'elle s'épuife en vains ornemens pour loger dans un Palais immenfe un petit être de cinq pieds, qui du haut d'un balcon doré infulte à la mifere publique, & au milieu de fes feftins délicats boit dans des coupes d'or le fang des malheureux. Elle n'eft guere moins qu'un fléau, lorfqu'elle mine lentement la fanté du peuple par des maisons mal expofées,,

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