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avoir auparavant pris confeil de tous les Prêtres & Abbés de fon Diocefe. Ce qui femble prouver, que les Archiprêtres, à l'exemple des Archidiacres, avoient une jurifdiction indépendante de l'Evêque. Le Concile de Pont-Audemer, tenu en 1279, fortifie encore cette conjecture. On défend aux Archiprètres de fufpendre & d'excommunier, fans, mettre leur fentence par écrit. Ce même Concile leur enjoint de prendre garde que tous les Eccléfiaftiques de leur reffort portent la tonfure & l'habit clerical. Il paroît par un Concile de Châlons, tenu en 650, que les Archiprêtres de ville & de campagne avoient auffi le droit de vifiter les Eglifes Paroiffiales & les Monafteres de leur reffort. Telles étoient les fonctions des Archiprêti es felon l'ancien Droit Canonique. Aujourd'hui la dignité d'Archiprêtre n'eft prefque plus qu'un titre fans fonction. Leur jurifdiction a paffé aux Doyens Ruraux. Il y a néanmoins des Diocefes où ils ont confervé quelques traces de leurs anciennes prérogatives.

A Vérone & à Péroufe c'eft encore la premiere dignité après l'Evêque. A Paris, le titre d'Archiprêtre eft attaché aux Curés de St Séverin & de la Madelaine. Leurs fonctions confiftent à recevoir les premiers les Mandemens de l'Archevêque & à les envoyer aux autres Curés de la Ville & de la Banlieue. Ils affiftent à la confection des faintes Huiles le Jeudi faint, dans l'Eglife Métropolitaine, mais ils n'y occupent que les bas ftalles. Au, Synode de l'Archevêque, ils font nommés les premiers & tiennent la premiere place du côté gauche avec les Doyens Ruraux, & fuivent immédiatement l'Archevêque à la proceffion à côté des Grands-Vicaires.

A Tours, il y a cinq Archiprêtres. Le premier qui a le titre de GrandArchiprêtre, eft un dignitaire de la Cathédrale, qui a féance au-deffus des Chanoines & les précede à la proceffion. Il a un revenu fixe outre le cafuel, qui lui eft commun avec les autres Archiprêtres. Ces derniers ne marchent à la proceffion qu'après les Chanoines prébendés.

A Orléans, il n'y a qu'un Archiprêtre, qui eft dignitaire, mais fans fonction. I jouit du droit de prendre, dans l'étendue du grand Archidiaconé, le lit garni des Curés après leur décès. Ce droit eft évalué 50 livres pour les Cures, où il y a Vicaire, & 25 livres pour celles où il n'y en a point. Il a d'ailleurs le tiers des déports dans l'étendue du grand Archidiaconé, les deux autres tiers appartiennent au Doyen, comme GrandArchidiacre.

Dans l'Eglife Métropolitaine de Rheims, les Archiprêtres ne font que les Vicaires des Chanoines. Ils officient à leur place; ils entonnent les petites Heures, &c.

Lorsqu'un Archiprêtre eft dignité, il faut être gradué & âgé de 22 ans pour le pofféder, & s'il y a charge d'ame, il faut avoir 25 ans accomplis.

A l'occafion de cette dignité, nous remarquerons avec l'Auteur de l'Abrégé de l'Hiftoire Eccléfiaftique, T. 13. p. 604. que dans le temps que Tome VI.

C

la Religion Catholique fût profcrite en Angleterre, les fideles, qui y demeurerent cachés, manquant de Pafteurs pour les gouverner, en demanderent au Souverain Pontife, & que le Pape, au lieu de leur envoyer un Evêque, qu'il craignoit fans doute d'expofer à la fureur des Anglicans, conféra, par une Bulle de 1598, au Sieur Blackaell le titre d'Archiprêtre aux fins de gouverner toute l'Eglife d'Angleterre. C'eft la premiere fois qu'on vit la jurifdiction Epifcopale, confiée en fon entier à un fimple Prêtre.

ARCHITECTE, f. m.

C'EST celui qui donne le plan & le deffein d'un bâtiment, & qui con

duit l'ouvrage. L'art de l'Architecte remonte à l'origine même du monde, parce que dès qu'il y a eu des hommes, ils ont fongé à fe bâtir & des cabanes & des maifons pour fe mettre à couvert des injures de l'air & des attaques des bêtes féroces. Leurs premieres retraites furent vraisemblable→ mens des antres & des cavernes, qu'ils trouverent toutes faites, ou qu'ils fe creuferent eux-mêmes. Ces habitations durent bientôt leur paroître aufli triftes que malfaines. Ils fongerent à s'en former d'autres avec des rofeaux, des branches d'arbres, des feuilles, de la mousse & des terres graffes. C'eft de ces commencemens fi groffiers & fi fimples, qu'est venu cet art pompeux & fuperbe, qui femble ajouter encore à l'ouvrage du Créateur & donner un nouvel ornement à l'Univers.

C'eft chez les Egyptiens, qu'ont paru les premiers chef-d'œuvres d'Architecture. Les Grecs les ont imités & furpaffés. Les Romains ont copié ces derniers, & ce font les édifices fuperbes & en tout genre de ces trois Peuples, c'eft-à-dire leurs pyramides, leurs temples, leurs amphithéâtres, leurs obélifques, leurs ponts, leurs aqueducs, & autres édifices, qui font devenus les modeles de tous les ouvrages d'Architecture dont l'Italie, la France & l'Europe entiere font décorées.

La fcience de l'Architecte eft de la plus grande étendue. Elle comprend 1o. le deffein pour tracer les places avec la jufteffe & la netteté convenable. 2°. La Géométrie pour connoître l'étendue & la qualité du terrein fur lequel il a à bâtir, & pour en tirer le parti convenable. 3°. Les Mathématiques, pour régler l'efprit de l'Architecte d'une maniere fûre dans fes différentes opérations. 4°. Les regles de l'optique, afin de pouvoir donner à fes ouvrages les points de vue & les hauteurs néceffaires. 5°. L'intelligence de la coupe des pierres. A toutes ces connoiffances il doit join dre un génie inventif, un goût für pour la difpofition & l'arrangement des parties d'un édifice, un difcernement fin & éclairé pour la diftribution des ornemens, 6o. Enfin il doit joindre la probité à la capacité &

à l'expérience pour mériter la confiance des perfonnes qui font bâtir. II. ne doit donc pas avilir fon art en le regardant uniquement comme une fource de fortune pour lui. La noble envie d'être utile à la fociété par fon talent, la gloire qui marche fur les pas des artiftes qui s'élevent au deffus du commun, le témoignage d'une bonne confcience lorfque l'on peut fe dire, fans mentir à foi-même, que l'on rend à la patrie, par fon travail, fes lumieres, fes mœurs, & fon honnêteté, une jufte compenfation des avantages qu'on en reçoit; voilà les motifs qui doivent enflammer l'ame de l'Architecte, exciter fon émulation, & le porter à remplir les devoirs de fon état. Ils font plus grands qu'on ne penfe. communément, fur-tout lorfqu'on eft appellé aux emplois deftinés à cette profefGon. L'Archite&te d'un Prince, d'une ville, doit répondre au choix & à la confiance qui l'honorent, par la plus fcrupuleufe exactitude dans toutes les entreprises dont il eft chargé. Il vole le Prince & la ville, s'il les entraîne dans des dépenfes fuperflues. Il ne doit pas regarder un Palais à conftruire, une Eglife à bâtir, un théâtre à élever, comme une mine à exploiter. Il doit y employer les meilleurs matériaux & les meilleurs ouvriers, fans que l'argent, la brigue, la confidération, la jaloufie, ou d'autres bas intérêts puiffent corrompre fa probité. Si la fupériorité de fon talent le porte à faire un bel édifice, fa délicateffe doit lui preferire la plus fcrupuleuse exactitude dans tous fes marchés, foit pour l'achat des matériaux & leur emploi, foit pour le travail des ouvriers & la conduite de ce travail; dans les plans & devis, dans les rapports, appréciations, arbitrages, &c. Mais fi facrifiant l'honneur & la vertu à la cupidité, il cherche à rapiner fur tout, fur les achats & fur le falaire des ouvriers, s'il vend fon fuffrage lorfqu'il eft requis de donner fon avis, fi une baffe rivalité lui fait déprifer des talens égaux ou fupérieurs aux fiens, s'il eft avare de fes connoiffances quand on le confulte, s'il fe fert baffement de fon crédit & de fa réputation, pour nuire à ceux qu'il jalouse, c'est un mauvais citoyen, un artifte dangereux qui fait plus de tort à la fociété par la corruption de fon cœur, que d'honneur à l'art par fon habileté.

On peut diftinguer trois fortes d'Architecture, dont une feule fuffic pour faire la fortune & la réputation de celui qui y excelle. L'Architec ture Civile, qui comprend l'art de conftruire les bâtimens pour la commodité & les différens ufages de la vie, comme les temples, les maisons Royales, celles des particuliers, les places publiques, les théâtres, les jardins, les arcs de triomphe, les ponts, &c. La Militaire, qui regarde l'art de fortifier les places par toutes les conftructions que le génie de la guerre peut inventer. Cette partie eft plus du reffort de l'Ingénieur, que de l'Architecte proprement dit. Cependant il a befoin du fecours de ce dernier pour l'exécution de fes plans. La Navale, qui a pour objet la conftruction des ports, des digues, & de tous les genres de bâtimens propres à la navigation, Celle-ci appartient auffi aux Ingénieurs de même

que la Militaire. C'est donc à l'Architecture civile, qu'il doit plus particuliérement s'attacher comme la plus étendue, & celle qui lui fournit le plus d'occafions de déployer fon talent. C'eft dans cette derniere, que les Defbroffes, les Mercier, les Dorbet, les Perrault, les Manfard fe font immortalisés, par la conftruction des bâtimens des Invalides, du Val-deGrace, du château de Verfailles, de ceux de Clagny, de Maisons, des, quatres Nations, du Luxembourg, & du Périftyle du Louvre.

L'Architecture met, pour ainfi-dire, tous les Arts Méchaniques à contri-. bution, & ce n'eft qu'après leur découverte, qu'elle a pu elle-même s'é- . lever au degré de perfection, où nous la voyons aujourd'hui. L'Archirecte doit en avoir une connoiffance au moins théorique afin de les faire fervir utilement à fes vues. Il commande à une infinité d'ouvriers il fait mouvoir des milliers de bras, lefquels n'agiffent que confufément en apparence, & c'eft néanmoins du fein de cette confufion qu'on voit fortir ces chef-d'œuvres, que l'œil admire.

L'Art de l'Architecte eft fi noble & fi important, que chez prefque tous les peuples policés on a établi des écoles fous le titre d'Académies pour l'enseigner. On en voit en Italie, en Allemagne, en France, & pour, ne parler que de cette derniere, le grand Colbert, ce Miniftre fi zélé, pour le progrès des Beaux-Arts, en établit une à Paris en 1671. Elle fut. confirmée par lettres-patentes de Louis XV en 1717. Ce Prince lui traça. des réglemens, qu'elle a fuivis jufqu'en 1775 que Louis XVI lui en a donné de nouveaux, & plus propres encore à affurer fa gloire & aug-. menter fa célébrité. En voici un détail abrégé.

L'Académie d'Architecture de Paris exifte fous la protection fpéciale du Roi, dont elle reçoit les ordres par le Directeur général de fes bâtimens.. Elle eft compofée d'Architectes, d'affociés libres, & de correfpondans affociés étrangers & Regnicoles.

Les Académiciens Architectes forment deux claffes; la premiere, compofée d'un Directeur & de feize Académiciens dont un Secrétaire perpé tuel & deux Profeffeurs, qui enfeignent l'un l'Architecture où l'art de décorer, & l'autre les Mathématiques, ou le toifé, la coupe, la méchanique. Les membres de cette claffe ne peuvent faire les fonctions d'Entrepreneurs. La feconde claffe eft compofée de feize autres Architectes. Ces derniers ne peuvent entreprendre non plus, pas même dans les bâtimens

du Roi.

Les affociés libres, autrement dits Académiciens honoraires, font au nombre de fix.

Les affociés étrangers & regnicoles, éloignés au moins de vingt-cinq lieues de Paris, font fixés à douze.

Les feuls membres des deux claffes défignées plus haut prennent le titre d'Architectes du Roi; & il eft défendu à tous maçons, entrepreneurs, ou autres de prendre cette qualité. Il faut être âgé de 25 ans au moins

pour pouvoir remplir une place d'Académicien Architecte, & celui qui efti propofé pour l'occuper, doit obtenir l'agrément du Roi.

Les affemblées fe tiennent au Louvre le lundi de chaque femaine, excepté les temps de vacance, qui font depuis le 8 Septembre jufqu'au 11 Novembre inclufivement. L'Académie vaque encore la quinzaine de Pâ-: ques, la femaine de la Pentecôte & la quinzaine depuis Noël jufqu'aux Rois. Les Officiers des Bâtimens du Roi, favoir le Directeur général qui eft Préfident né de la Compagnie, les Intendans, les Contrôleurs Généraux des Bâtimens de S. M. ont féance aux affemblées de l'Académie. Les Mem bres doivent y être affidus; ceux de la premiere claffe ont une piftole de notre monnoie actuelle pour chaque féance, avec un jetton d'argent. Ceux de la feconde n'ont que le fimple jetton pour leur droit de préfence. Mais les uns & les autres doivent donner chacun un mémoire au moins par an fur quelque objet de leur art. Les étrangers ne peuvent point affifter aux affemblées de l'Académie, à moins qu'ils n'y foient introduits par le Se crétaire de ladite Académie,

Le premier Architecte du Roi eft toujours Directeur de cette Académie. & il la préfide en l'abfence de l'Ordonnateur général des Bâtimens du Roi. Tous les Membres, fans diftinction, ont voix délibérative, lorfqu'il ne s'agit que des recherches de l'Arr; mais quand il eft queftion d'affaires concernant le corps, ou l'Election d'un Sujet, les Architectes de la' premiere Claffe & les trois plus anciens honoraires affociés libres, ont feuls droit de donner leur fuffrage. A l'égard de l'Election d'un Sujet pour une place de la feconde Claffe, tous les Académiciens peuvent délibérer, même les étran➡ gers. affociés qui fe trouvent à Paris, pourvu qu'ils n'y faffent pas un féjour de plus de deux ans confécutifs. On paffe de la feconde à la premiere par rang d'ancienneté.

Le Secrétaire & les deux Profeffeurs font à la nomination du Directeurgénéral des Bâtimens, & ils font perpétuels tous trois. Les deux Profeffeurs font obligés de donner des leçons en public deux jours de chaque femaine hors le temps des grandes & des petites vacances.

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Toute perfonne, de quelque âge & condition qu'elle foit, qui a du goût pour l'Architecture, eft admife aux leçons, pourvu qu'elle foir connue & préfentée par quelque Académicien. Le cours de ces leçons eft annoncé chaque année par des affiches au commencement de Novembre. On dreffe, tous les ans, une double lifte des noms & demeures des Eleves de l'Aca démie. L'une de ces liftes, fignée du Profeffeur, refte entre les mains du Secrétaire, l'autre fignée du Secrétaire, refte dans celles du Profeffeur. Cha que Académicien peut nommer un Eleve, le Profeffeur d'Architecture à droit d'en nommer quatre.

Pour être nommé Eleve de l'Académie, il faut être âgé de feize ans au moins, être de bonnes mœurs & faire profeffion de Catholicité, favoir Lire & écrire, avoir quelque teinture de l'Arithmétique, deffines facilement

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