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Differtation fur les mêmes objets, & y appuie fes raifonnemens & fes calculs fur les liftes de Londres faites depuis plus d'un fiecle; plufieurs écrits de M. Hume, mort depuis peu, & une infinité d'autres ouvrages que l'Angleterre ne ceffe de produire, tels que l'Arithmétique Politique du Docteur Young, dont nous donnerons une analyfe particuliere.

Il ne faut pas oublier de mettre au rang des plus habiles calculateurs politiques M. du Tot, Auteur d'un Livre qui a pour titre : Réflexions politiques fur les Finances & le Commerce, où l'on examine quelles ont été fur les revenus, les denrées, le change étranger, & conféquemment fur notre commerce, les influences des augmentations & des diminutions des valeurs numéraires des monnoies. Cet Ouvrage n'eft proprement qu'une réfutation de quelques principes que l'illuftre M. Melon a établis dans fon Effai politique fur le commerce. 11 feroit à fouhaiter, pour l'honneur des Lettres, que quand deux grands hommes font d'une opinion différente fur quelque matiere, ils expofaffent toujours leurs raifons avec cette aménité & cette politeffe que M. du Tot fait régner dans tout fon Traité il feroit à fouhaiter, pour le bien de l'humanité, que les difputes & les conteftations entre les Savans du premier ordre produififfent toujours des Livres auffi profonds, auffi inftructifs, que l'eft celui dont je parle ! C'est un modele à fuivre dans toutes les opérations de l'Arithmétique politique; & quoique je ne vouluffe pas garantir l'exactitude de tous les calculs qui s'y trouvent, je garantirois bien cependant la jufteffe des principes. Enfin, parmi les François, Mrs. Defparcieux & de Buffon ont enrichi cette Science de beaucoup d'obfervations admirables, & il eft à croire qu'elle se perfectionnera toujours de plus en plus étant entre les mains de tant d'habiles gens. Du refte nous aurons occafion d'analyfer prefque tous les ouvrages Arithmético-Politiques dont nous venons de parler, ce qui nous dispense de nous y arrêter ici davantage.

Effai de Politique & de Morale calculée.

IL m'est tombé depuis peu entre les mains un Livre qui porte le titre

fuivant: Effai de Politique & de Morale calculée, Tome premier..... Aufus fe credere Cœlo, infuetum per iter gelidas enavit ad Ardos, Æneid. Lib. VI. à Londres 1752. Ce Livre eft d'autant moins connu, qu'on n'en a imprimé que peu d'exemplaires qui ont été diftribués entre les amis de l'Auteur, qui vraisemblablement en reftera à fon premier volume fans faire paroître les autres. Cet Ouvrage eut mérité d'occuper la preffe, fi l'exécution eût répondu au titre & au plan. L'idée de réduire une Science au calcul, & de prouver tous fes Principes par des démonftrations mathématiques, eft fort belle en effet; on ne fauroit parvenir à une plus grande certitude. Mais tous les principes que l'Auteur pofe pour fondemens de son systême étant erronés, il s'enfuit auffi que tous fes calculs

portent à faux. Ces principes, d'ailleurs, n'ont pas été affez fimplifiés, ni expofés d'une maniere affez lumineufe, & les conféquences qu'il en tire font expliquées avec la même obfcurité. Tout le Livre, en un mot, eft un cahos ténébreux dont on voit fortir par-ci par-là quelques éclairs, quelques traits de lumiere. Pour donner à nos Lecteurs une legere idée de cet Ouvrage, & les empêcher de fe laiffer féduire par cette méthode de raifonner, qui eft d'autant plus fpécieufe qu'on la croit fondée fur un calcul infaillible, nous rapporterons fon premier principe qui eft la bafe de tout l'édifice; & en faisant appercevoir la foibleffe & la fauffeté de ce principe, je crois que nous renverferons tout le bâtiment. De pareils ouvrages peuvent jetter dans d'étranges erreurs, & toute erreur eft très-dangereufe en matiere de Politique.

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Voici comment l'Auteur expofe ce principe (Chap. II. pag. 34.) » I. Deux » terres de telle étendue que l'on voudra, & égales en revenu, rapportent tout ce qu'elles peuvent rapporter. Que l'on imagine dans chacune une » femme & un homme. Si dans deux ans l'un de ces mariages a donné » deux enfans, & l'autre feulement un, il eft für que la feconde de ces familles fera d'un degré plus riche que la premiere; car elle aura une » charge de moins, & par conféquent un degré d'alliance de plus. Mais » fi l'on conçoit que le nombre des perfonnes de chaque famille augmente >> continuellement, il est évident que le nombre de ceux qui étoient à leur » aise diminuera auffi continuellement, puifqu'il fe fera une continuelle di» vifion des moyens; de forte que la famille qui fera plus grande fera » toujours la moins aifée; & l'on trouvera que le degré d'aifance de cha» cune d'elles fera toujours réciproquement proportionnel au nombre des » hommes qui la compofent, &c. « 11 divife enfuite idéalement le terrain de l'Etat en parts, & le travail induftrieux en moyens pour la fubfistance des citoyens, & fonde fur ce principe & fur cette divifion tous les raifonnemens & les calculs politiques qui forment fon ouvrage. Qui ne voit qu'il y a là, en pratique, autant d'erreurs que de mots? Avec des fuppofitions deftituées de tout fondement on peut prouver les propofitions les plus fauffes, & réfoudre les plus grands paradoxes, Comment peut-on fuppofer qu'il fe trouve dans le monde deux Terres qui rapportent tout ce qu'elles peuvent rapporter? De telles terres font des êtres de raison. Comment peut-on fuppofer encore que le nombre des perfonnes qui compofent chaque famille puiffe augmenter continuellement ! Tout cela eft contraire à l'ordre établi dans la nature. Pour fimplifier le principe, il auroit fallu dire, chaque homme dans une évaluation commune, a befoin de tant & tant de mesures de grains pour fa fubfiftance ordinaire. Cette fuppofition eft infiniment plus fimple que celle des parts, des moyens, &c.

& en voici les raifons.

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I. II eft conftant que le même terrain ne rapporte pas tous les ans la même quantité de grains donc les parts ne font pas les mêmes à chaque

année, & le calcul fondé là-deffus fera purement chimérique au bout de quelques mois. II. Le même champ cultivé par deux hommes, (c'est-àdire, mieux labouré, mieux enfemencé, les grains recueillis plus à propos) rendra la moitié de plus, que s'il étoit cultivé par un homme. L'expérience prouve que la proportion entre la quantité du travail qu'on emploie à l'agriculture & la quantité du produit, marche toujours en progreffion égale, & que la multiplication des grains pourroit être pouffée exceffivement loin, s'il y avoit plus de mains pour travailler à la terre. III. Ces progreffions dans la façon de cultiver la terre font d'un effet trèsconfidérable dans la totalité d'un vafte pays, fur-tout fi l'on y ajoute l'amélioration qu'une plus grande quantité d'engrais porte au terroir, & que cette quantité d'engrais provient toujours de la quantité des beftiaux néceffaires à un plus grand nombre d'hommes. IV. Que par conféquent les parts & les moyens fe multiplieront toujours dans un pays, en raifon du plus grand nombre de bras & d'habitans. V. Que par le moyen de la navigation & du charroi, un pays, quelque peuplé qu'il foit, peut tirer les denrées néceffaires à fa fubfiftance (ce qui eft les parts) du dehors, & cela d'un bout du monde à l'autre. VI. Que l'induftrie & le commerce n'ont prefque point de bornes, que leurs produits immenfes ne font pas aifés à déterminer non plus que la quantité d'hommes qu'ils peuvent nourrir. On voit donc que de pareils principes, ne fauroient être pofés pour bafes d'aucun calcul, & que ce n'en font pas même feulement en fpéculation. Voilà quel eft le fruit d'une imagination trop bouillante qui n'envisage les objets que fous le premier coup-d'œil qui la frappe, & ne les retourne pas de tous les fens pour en faire l'examen. L'habile Légiflateur, le grand homme d'Etat fait que chaque citoyen qui naît, chaque homme qui vient s'établir dans le pays, apporte avec foi les parts & les moyens qui font néceffaires pour le faire vivre, & pour enrichir l'Etat : il encourage la population, & attire des colonies étrangeres.

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'Auteurs Hollandois: STRUYK, KERSSEBOOM, S'GRAVESANDE.

REVENONS à des Auteurs plus fages, & difons que la Hollande en a

fourni de très-habiles en ce genre. Je n'en citerai que peu : Nicolas Struyk, célebre Mathématicien & Aftronome à Amfterdam, qui a fait paroître en l'année 1740, en Langue Hollandoife, une Introduction à la Géographie univerfelle, ouvrage qui contient des obfervations fort intéreffantes & des calculs très-curieux fur la population & fur quelques autres objets politiques; & Guillaume Kerffeboom, ci-devant Secrétaire général des Ambaffadeurs Plénipotentiaires de la République des Provinces-Unies au Congrès de Soiffons. Son Livre, écrit auffi en Hollandois, eft partagé en cinq Differtations. Dans la premiere, il examine l'état de la population

dans la Province de Hollande & de Weftfrife, & détermine le nombre auffi-bien que les différentes claffes de fes habitans. La feconde contient des preuves ultérieures de toutes les découvertes que l'Auteur a faites fur ce fujet dans la premiere partie, les extraits mortuaires, baptiftaires, &c. des principales villes de fa Province, & enfin des principes pour déterminer la durée probable de la vie des veuves, la durée des mariages, &c. La troisieme eft proprement une réfutation des critiques que Mrs. Maitland & Simpfon (deux calculateurs politiques Anglois ont publiées contre l'ouvrage de Mr. Kerffeboom. La quatrieme renferme l'évaluation & la proportion des rentes viageres en Hollande contre les rentes ordinaires. La cinquieme enfin contient plufieurs remarques fur le Livre de M. Struyk qu'on vient de citer, & qui étant analogues au fujet traité par M. Kerfieboom, fervent à éclaircir diverses obfervations que ce dernier a faites. Ce Livre, rempli de dates vérifiées, de calculs pénibles & de découvertes curieufes, prouve l'habileté, la patience & la fagacité de fon Auteur. On ne fauroit enfin paffer fous filence le célebre s'Gravefande Profeffeur à Leide, qu'on confulte toujours utilement fur chaque partie de la Physique & des Mathématiques, qui a fait plufieurs belles découvertes en matière de calcul politique, & que l'on peut envisager comme l'oracle des autres calculateurs.

Calculateurs Allemands. SUSMILCH, KUNDMANN, BERNOULLI, &c.

EN

N Allemagne, on n'a vu jufqu'ici que peu d'Auteurs s'appliquer à cette matiere, & la raifon en eft toute naturelle. L'Empire Germanique eft composé d'un grand nombre de puiffans & de petits Souverains, que l'on ne fauroit tous porter à faire faire dans leurs Etats des liftes exactes, des dénombremens, & à fournir toutes les dates néceffaires au calcul politique, parce qu'ils ont trop fouvent raifon de ne pas découvrir trop clairement l'état effectif de leurs forces. Il n'y a pas d'ailleurs, en Allemagne, d'établiffemens publics de rentes viageres, de tontines, d'actions, d'un commerce aux Indes Orientales ou Occidentales, ni d'autres chofes pareilles fur lesquelles l'Arithmétique politique puiffe porter fes principales opérations. On y vit affez au jour la journée fur la plupart de ces objets. Cependant, comme les grandes Puiffances, qui font partie du corps germanique, s'appliquent glorieufement à faire à l'envi des progrès dans l'art de gouverner, quelques-unes d'entr'elles ont procuré des matériaux à ce genre de calcul en faifant recueillir les liftes, les dénombremens, qu'ils ont ordonné de lever dans toutes leurs Provinces. Le feu Roi de Pruffe entr'autres, en a fait faire de fort fuccintes dans tous fes Etats, & cet arrangement fe continue avec le même foin fous le regne de fon augufte fils. Ces liftes ont donné lieu à M. Jean Pierre Sufmilch, Confeiller du

Confiftoire fupérieur de Sa Majefté Pruffienne, & Membre de l'Académie des Sciences de Berlin, de compofer un Ouvrage fort intéreffant fur cette partie de l'Arithmétique politique qui embraffe la population, & qu'il a intitulé L'Ordre que Dieu obferve dans les changemens du Genre-Humain, conflaté fur la naiffance, la mort & la propagation des hommes; avec une Préface de M. Wolff, à Berlin, 2741.

L'Auteur y traite (Chap. I.) de la multiplication du genre-humain en général, & fait voir que le nombre des nouveaux-nés eft prefque toujours plus fort que celui des morts; Chap. II. Des obftacles de l'augmentation du genre- humain; Chap. III. Si la guerre & la pefte font des maux nécessaires, combien d'hommes habitent fur la terre, & combien elle en pourroit contenir; Chap. IV. De la différence & des caufes de la fécondité; Chap. V. De la propagation des deux fexes, & de la proportion de l'un & de l'autre ; Chap. VI. De la proportion de ceux qui meurent à différents âges; Chap. VII. Des maladies & de leur proportion; Chap. VIII. De l'ufage qu'on fait des extraits mortuaires pour déterminer le nombre des vivans; Chap. IX. De la meilleure méthode de tenir les registres des Paroiffes, à quoi l'on a ajouté les liftes des naiffances, des morts, & des mariages des Etats du Roi de Pruffe, de la ville de Londres, de Vienne en Autriche, de Breslau, de Paris, de Berlin, & en diverfes années. Le même Auteur vient d'ajouter, tout récemment, un nouveau Supplément à fon Livre, dans lequel il prouve que fes premieres hypotheses fe trouvent confirmées par des liftes & des obfervations nouvelles. Ce Supplément contient deux Lettres & un Appendice adreffés à M***, Confeiller des Mines de Sa Majefté Britannique, qui, dans fes recherches fur la même matiere, s'étoit trouvé d'un fentiment différent de M. Sufmilch,

Il y a auffi déja plufieurs années que l'on a fait à Breslau des extraits fort exacts, & des obfervations très-judicieuses fur cette partie du calcul politique, qui ont été publiés par feu M. le Docteur Kundmann dans fes volumineux Ouvrages, & qui ont fervi depuis à guider plufieurs Auteurs célébres de France, & d'autres pays, dans leurs travaux, comme ils en conviennent prefque tous eux-mêmes. En Suiffe, l'infatigable M. Bernoulli a éclairci divers points relatifs au calcul politique, & l'on fait quel eft le jufte cas que l'on doit faire de tout ce qui fort de la plume de ce grand homme, en qui la fcience des Mathématiques femble être innée.

On doit auffi mettre au rang des calculateurs politiques Don Geronimo de Uztaritz, Seigneur Espagnol, auquel nous devons un excellent Ouvrage intitulé Reftableciemento Politico de la Monarchia de Efpanna, Livre qui renferme non- feulement des réflexions admirables fur l'Etat des affaires d'Efpagne, mais qui établit auffi des principes généraux applicables à tous les pays.

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