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ARISTOM EN E, Général des Mefféniens.

ARISTOMENE, né d'une des plus nobles familles de Meffene, fut

:

encore plus illuftre par fa valeur que par fes ayeux fa patrie, opprimée par les Lacédémoniens, ne s'apprivoifoit point avec la fervitude; livrés à l'avarice des exacteurs, les Mefféniens étoient obligés d'apporter à leurs maîtres avides la moitié du produit de leur terre, arrofée de leur fueur, & lorfqu'ils étoient dans l'impuiffance de payer, on les traînoit dans les prisons. Après avoir gémi quarante ans fous le joug, ils réfolurent de s'en affranchir, préférant la mort à la honte de ramper dans un éternel esclavage. Ce fut la jeuneffe qui forma ce généreux deffein, les vieillards, à force de prévoir, n'ofent rien tenter, & façonnés à la fervitude ils font fans énergie & fans courage. Les jeunes gens, fans expérience dans la guerre, ne confulterent que leur courage, & ils élurent pour leur chef Ariftomene, qui étoit du fang des Epetides leurs anciens Rois. Toute la Meffenie foulevée fe rangea fous fes drapeaux, & foutenu des Argiens & des Arcadiens, il eut la confiance d'en venir aux mains dans les plaines de Devés avec les Spartiates, réputés jufqu'alors invincibles. Ils foutinrent la réputation de leur valeur fans remporter la victoire. Les Mefféniens ne crurent mieux recompenfer leur Général, qu'en l'élevant au Trône qu'avoient occupé fes Ancêtres. Mais ne voulant pas leur céder en générofité, il refusa d'y monter, leur difant qu'après les avoir affranchi de la tyrannie, il flétriroit fa gloire s'il leur donnoit un maître, il n'accepta que le titre de

Général.

Ariftomene, après fa victoire, fit une action audacieufe plus honorable pour un foldat que pour un Général. Il s'introduifit de nuit dans Sparte & jetta dans le temple de Minerve un bouclier avec cette infcription, Ariftomene confacre à la Déeffe ce bouclier qui eft une des dépouilles enlevées aux Lacédémoniens. Cet affront fait au peuple le plus fier & le plus belliqueux, lui fit rechercher tous les moyens d'affurer fa vengeance. L'Oracle fut confulté & la Prêtreffe répondit que la guerre feroit heureuse s'ils avoient à leur tête un Athénien. Sparte eut l'humiliation de demander un Général à la rivale de fa puiffance. Les Athéniens leur envoyerent le Poëte Tyrtée, plus propre à faire les amusemens d'une fociété qu'à diriger les mouvemens d'une armée. Quoiqu'il fut boiteux & qu'il eut une figure grotefque, il fut reçu comme le libérateur de Lacédémone; le feul avantage qu'en retirerent fes Spartiates, c'eft qu'il fit des vers pour relever les courages abattus. Un an après la journée de Deres, les deux partis engagerent un nouveau combat. Ariftomene à la tête de quatre-vingts jeunes Mefféniens qui combattoient à fes côtés & qui briguoient l'honneur de mourir fous les yeux, enfonça les Lacédémoniens & remporta une victoire

complette fur eux, le Général Meffénien, habile à profiter de fes avantages, ne laiffe point ralentir l'ardeur du foldat, il le mene à Pharès, ville de Laconie; la fentinelle furprise eft égorgée, la ville eft prife & livrée au pillage, & le vainqueur, riche de fes dépouilles, reprend le chemin de Meffene; il eft attaqué fur fa route par les Spartiates qu'il met encore

en déroute.

Lacédémone, qui devoit être épuifée par fes défaites, trouvoit des reffources dans fa conftance; la troifieme année de la guerre lui fut plus heureufe. Contempteurs de l'or, ils le prodiguerent pour corrompre les alliés des Mefféniens qui, trop foibles pour foutenir feuls tout le poids de la guerre, furent vaincus dans un troifieme combat qui fut un nouveau témoignage de leur valeur & de la capacité de leur Général. Ariftomene raffemble les debris de fon armée & fait une retraite auffi glorieufe qu'une victoire ; il perfuade aux Mefféniens de fe retirer dans une de leurs villes, fituée fur le mont Ira. Ils y furent affiégés & ils s'y maintinrent pendant onze ans. Ariftomene ofa tenter la fortune d'un nouveau combat : tous les Mefféniens prirent les armes, les vieillards, les enfans, les femmes tous furent foldats. L'action fut fanglante & vivement difputée; mais le génie de Sparte l'emporta. Ira fut prife, les habitans fe défendirent dans les rues & dans les maifons avec ce courage qu'infpire le défefpoir. Ariftomene s'ouvrit un paffage à travers l'ennemi, il fe flattoit de venger Ira fur quelque ville de Laconie; mais les Lacédémoniens le pourfuivirent fans relâche & l'obligerent d'abandonner la Meffénie & d'aller vieillir dans une terre étrangere.

ARIS

ARISTOPHAN E.

RISTOPHANE, Poëte Comique, vécut à Athenes dans l'époque où cette Ville pofféda fes plus grands hommes, car il fut contemporain de Socrate & de Periclès. On a peu de particularités fur la vie de ce Poëte. Le droit de citoyen d'Athenes lui avoit été contesté, mais on décida en fa faveur.

De fon temps la comédie n'avoit point encore de forme réguliere chez les Grecs. On n'y connoiffoit ni l'ordonnance de l'action, ni la régularité de la fcene, ni la vérité des caracteres, ni leur développement. Il ne faut rien chercher de tout cela dans Ariftophane. La forme de fes comédies eft encore très-groffiere. Ce font plutôt des farces burlefques, qu'une action fuivie qui développe ou des événemens, ou des caracteres. Le Poëte introduit à la maniere de l'ancienne comédie, tantôt des perfonnages allégoriques, tantôt des perfonnages réels qui vivoient alors à Athenes, & qui affiftoient à fes fpectacles. Le fujet de l'action roule toujours fur des faits qui fe paffoient alors en Ville, & le plus fouvent fur des matieres de po

fitique. Il femble que le caractere du théâtre comique confiftoit en ce temps-là dans une infolence effrénée qui infultoit les perfonnes les plus diftinguées, & dans un défir immodéré de faire rire le peuple à tout prix. Ces défauts ne doivent donc pas être imputés à Ariftophane, qui étoit obligé de fe conformer à l'ufage de fon temps, ufage confacré peut-être par la loi. Ce qui appartient à Ariftophane, c'eft un efprit pénétrant, une imagination inépuifable, un talent de railler, fupérieur à celui de Lucien, & de Swifft, & qu'aucun Satyrique n'a encore égalé; enfin la beauté du langage, & le don de s'exprimer dans le plus haut degré de perfection. Les graces s'énonceroient comme Ariftophane, dit une Epigramme Grecque qu'on attribue à Platon. On doit encore tenir compte à Ariftophane de la force gigantefque avec laquelle il attaque les Démagogues d'Athenes, & fouvent le Peuple entier de cette Ville. Il n'y auroit peut-être point d'exagération à dire, qu'une feule de fes comédies renferme plus d'efprit & de faillies ingénieufes que la plupart des théâtres modernes n'en ont dans l'année entière; mais il faut ajouter que dans une feule piece d'Ariftopha

il y a plus de groffiéretés & d'obfcénités, qu'on n'en toléreroit aujourd'hui fur le plus vil théâtre de bateleurs. Ce Poëte ne fauroit être affez loué pour ses talens, ni affez blâmé pour l'abus qu'il en a fait. Il n'y a plus rien de refpectable pour lui dès qu'il eft en humeur de railler. Il fe moque également des Dieux & des hommes. Il traite Socrate comme le plus vil des fripons. Et dans toute occafion Efchyle, Sophocle & Euripide font exposés aux traits de fon infultante raillerie.

Il n'est pas étonnant après cela, que l'honnête Plutarque l'ait fi férieufement blamé. Ce Philofophe qui joignoit à un jugement folide, un cœur rempli des meilleurs fentimens, qualité qui manquoit abfolument à notre Poëte, n'a pu qu'être indigné contre un homme, aux yeux duquel tout ce qu'il a de bon & de facré, femble être indifférent ou même méprisable. Si Aristophane avoit eu le fentiment moral, nul Poëte ne mériteroit plus d'éloges que lui. » Otez de fes ouvrages » dit un grand critique » les taches qui partent de fon mauvais cœur. Le refte eft d'une excellence merveilleufe » Tolti d'all' opere fue quefti vizi, che nafcon da mente contaminata, rimangono della fua pofia virtu maravigliofe: quali fono l'invenzioni cofi varie, e naturali, i coftumi cofi propri, che Platone fimò quefto Poeta degno ritratto della republica d'Atene, onde lo propofe à Dionifio che di quel governo era curiofo; gli aculei cofi penetranti, la felicità di tirar al fuo propofito, fenfa niuna apparenza di forzo, le cofe più lontane; i colpi tanto inaspettat e convenienti ; la fecondita, pienezza, e quel, che a noftri orecchi, non può tutto penetrare, il fale attico, di cui l'altre lingue fono incapaci d'imitarne l'efpreffione. (Gravina della ragione poetica Lib. I. c. XX.) Si les Beaux-Arts manquent leur but, c'est toujours la faute des Artiftes qui les pervertiffent. Mais un Gouvernement éclairé fait prévenir ce mal par des encouragemens fagement dirigés, par des récompenfes diftri

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buées à propos à ceux qui favent le mieux les faire fervir aux grandes fins

de la Société Civile.

On accuse communément Ariftophane, d'avoir acheminé la condamnation de Socrate par fa Comédie des Nuées; mais le Pere Brumoi a trèsbien prouvé que cette accufation n'a point de fondement plaufible. ( Théatre des Grees, Tom. III. p. 46. & fuiv.)

Quoi qu'il en foit, comme les Philofophes font les cenfeurs du Gouvernement, & que le Gouvernement n'aime point la cenfure, il n'eft pas étonnant qu'il permette qu'on les invective même publiquement. Mais perfonne, que je fache, n'a encore expliqué une difficulté qui fe présente naturellement à la lecture des Comédies de ce génie extraordinaire: comment Ariftophane a-t-il pu médire fi impunément des premiers perfonnages de l'Etat, du Peuple entier, & même de fes Dieux? Il faut chercher, fans doute, la raifon d'une impunité fi peu concevable, dans l'inftitution originaire de l'ancienne Comédie; elle ne rouloit vraisemblablement que fur des railleries piquantes, & des injures qu'on fe permettoit contre les perfonnes les plus illuftres; ce qui n'étoit pas plus offenfant que les chanfons fatyriques des foldats Romains, contre leur général au jour de fon triomphe; ou que les plaifanteries qu'on fe pardonne encore aujourd'hui à la faveur du mafque, dans nos carnavals. Lucien dit en termes exprès, que les railleries perfonnelles faifoient partie de la Fête de Bacchus. (Voyez le Pécheur de Lucien) Or les Comédies étoient destinées à cette fête ; & ce qui confirme que telle étoit la nature & le privilege de l'ancienne Comédie, c'eft qu'il fallut un édit formel pour l'abolir. (Cet Article eft tiré de la Théorie générale des Beaux-Arts de M. SULZER.) Ariftophane & l'Aretin dont nous avons parlé plus haut, fervent à nous faire apprécier la différence des mœurs & des efprits du fiecle où ils vécurent, aux mœurs & aux efprits de notre temps. S'il paroiffoit aujourd'hui un Aristophane, un Arétin, nos Princes & nos Magiftrats, loin d'avoir pour ces cenfeurs publics les égards, les ménagemens, la crainte que leurs contemporains crurent devoir leur témoigner, leur impoferoient durement filence. Il faut convenir auffi que ces hommes dont les fatyres firent alors plus de bien que de mal, feroient peut-être aujourd'hui plus de mal que de bien; & qu'ainfi l'on peut avoir raifon de réprimer de nos jours une licence qui fut tolérée dans d'autres temps & d'autres lieux.

ARISTOTE, Philofophe, Politique, Précepteur d'Alexandre.

ARISTOT

RISTOTE, regardé pendant tant de fiecles comme le Prince des Philofophes, nâquit le premier an de la 99°. Olympiade; c'est-à-dire, l'an du monde 3620, à Stagyre, ville de Thrace, qui étoit alors fous la

domination

domination de Philippe, Roi de Macédoine. Fils de Nicomachus, premier Médecin d'Amyntas, pere de Philippe, il fut Précepteur d'Alexandre, & la Lettre que lui écrivit Philippe, mérite bien d'être lue. » Je vous apprends » (lui dit-il) que j'ai un fils. Je rends graces aux Dieux, non tant de >> me l'avoir donné, que de me l'avoir donné du tems d'Ariftote. J'ai lieu » de me promettre que vous en ferez un fucceffeur digne de nous, & un » Roi digne de la Macédoine « : ce qui prouve l'eftime que l'on faifoit alors de la Philofophie & des Philofophes, & combien on les croyoit propres à former les Chefs des Nations.

Après l'éducation d'Alexandre, Ariftote vint fonder la fecte Péripatéticienne à Athenes, dans le Lycée que les Magiftrats lui accorderent pour enfeigner. I mourut le troifieme an de la 114. Olympiade, l'an du monde 3683.

Ce Difciple de Platon reconnut que la feule Philofophie civile, qui confifte en l'action, pouvoit enfeigner aux Princes à gouverner dignement les Peuples. Il examina les différentes formes de Gouvernement des Républiques de fon temps. Il en expliqua les Loix, les Coutumes, & en marqua les avantages & les défauts. Il divifa la Philofophie politique en trois parties, dont l'une cultive les mœurs, l'autre regle les familles, & la troifieme gouverne l'Etat ; & il en donna les préceptes dans fes Morales, dans fon Economique, & dans fa Politique.

Ariftote a emprunté de fon maître prefque tout ce qu'il a dit de la po litique; & néanmoins il en a traité d'une maniere plus folide & un peu moins obfcure; car la République de Platon l'eft beaucoup. Il a réfuté fon maître fi habilement, qu'il s'eft rendu propre tout ce qu'il a pris dans fes ouvrages.

Il a blâme Platon de la communauté des biens, de femmes & d'enfans que Platon vouloit introduire; il s'eft élevé contre le fentiment de Platon Que les femmes font propres à tous les emplois comme les hom

& il a réfuté plufieurs autres opinions de ce Philofophe.

Mais il regardoit, aufli-bien que Platon, la Mufique comme la partie la plus effentielle de l'éducation des enfans. (a). Il admettoit des efclaves par nature (b); & c'eft fur ce pied qu'il vouloit qu'on regardât les Perfes, & tous ces peuples que les Grecs appelloient barbares. Il eft tombé dans beaucoup d'autres erreurs.

Pour la Morale d'Ariftote, elle n'eft pas encore affez purgée des idées vagues & abftraites de fon maître. Nous en avons donné une idée générale dans le Difcours préliminaire de cet ouvrage ; & nous avons tâché de la rapprocher le plus que nous avons pu de la pratique, fans l'altérer ce qui nous difpenfe d'en parler ici davantage.

(a) Arift. Polit. lib. VIII. (b) Politiq. lib. 1. Cap. II. Tome VI.

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