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l'on établit par celle-ci foit vrai; & que fi j'étois plus éclairé je ne puffe pas prouver folidement que j'ai raison; mon ignorance n'eft pas une preuve que je fuis dans l'erreur. De ce que j'ai tort en quelque chofe, il ne fuit pas que j'aie tort en tout, & que mon adverfaire ait raison. De ce que le parti qu'on me follicite de prendre eft agréable & avantageux pour mes paffions, il ne fuit pas qu'il foit jufte & convenable. Mais de ce qu'une propofition eft d'accord avec les lumieres du fens commun, il fuit qu'elle eft vraie, à moins que l'on ne veuille dire que nous n'avons aucune regle pour connoître la vérité, & la diftinguer de l'erreur, ou à moins que des démonftrations faffent voir que ce que je prends pour les décisions du fens commun, eft faux; mais il faut pour cela des démonftrations.

ARGYLE, Province d'Ecoffe.

CETTE Province d'Ecoffe, fur la mer d'Irlande, a le titre de Duché,

que porte la Maiton de Campbel; la Capitale eft Innerary. Ses côtes, & fur-tout fon golfe de Lochfin, abondent en harengs; fes pâturages nourriffent des beftiaux par multitude, & qui pour la plupart font de couleur noire; couleur fous laquelle fe montrent auffi de loin fes rochers & fes monts. D'ailleurs on vante beaucoup la bonté des viandes d'Argyle, & lą graiffe en a ceci de particulier, qu'une fois fondue par le feu, elle devient comme de l'huile & ne fe fige qu'au bout de plufieurs jours. Les habitans de cette Province ne vivent guere que du commerce de leur viande fraîche ou falée, & les fortunes ne font évaluées entr'eux que par le nombre des beftiaux que l'on a. C'eft fur ce principe, qu'en vertu d'un droit très-ancien, un Duc d'Argyle qui marie fes filles, leve pour les doter, une taxe fur fes vaffaux, proportionnée à la quantité de bétail qu'ils ont chacun en propre. La Province d'Argyle envoye deux Membres au Parlement de la Grande-Bretagne.

ARIANISME, f. m. Héréfie des Ariens.

ARIUS, Prêtre de l'Eglife de Baucale dans la ville d'Alexandrie, vivoit

au commencement du IV. fiecle. Alexandre fon Evêque ayant défendu dans fes Sermons l'unité indivifible de l'effence divine, il l'accufa publiquement d'avoir adopté les erreurs de Sabellius, & prit occafion de-là de répandre des opinions diamétralement oppofées. Il foutenoit en général que les trois perfonnes de la très-fainte Trinité n'étoient point confubftantielles, ni coégales en nature & en dignité.

Il convenoit que le Fils étoit le Verbe ou la Parole, mais il nioit que le Verbe fût égal au Pere, de même effence, & coéternel avec lui. II prétendoit que ce Verbe avoit été créé du néant, & qu'il n'avoit qu'une fimple priorité d'exiftence fur les autres créatures. Dieu, fuivant lui, n'avoit pas toujours été Pere: un temps fut où il étoit fimplement Dieu fans être encore Pere: le Fils n'avoit pas été de tout temps, & la Parole ne commença d'être, que lorfqu'elle fut créée du néant.

Il reconnoiffoit que cette Parole étoit la premiere & la plus excellente de toutes les créatures; mais il nioit qu'elle fût appellée Dieu autrement que par l'effet d'une grace particuliere de Dieu, qui avoit bien voulu lui communiquer ce nom.

Il avançoit encore que cette Parole en s'incarnant en Jesus-Christ, avoit tenu lieu en lui d'ame humaine; qu'elle y avoit opéré tout ce que l'ame fait en nous, & qu'elle même avoit fouffert; en quoi il s'accordoit avec les Appollinaristes.

Il ajoutoit que le Saint-Efprit non-feulement n'étoit pas Dieu, mais qu'il avoit été créé par le Fils; qu'il étoit ainfi créature de la créature & par-là même très-inférieur en nature & en dignité au Pere & au Fils. Cette derniere opinion fit donner à Arius & à fes fectateurs le nom de Pneumatomaques, auquel on on fubftitua dans la fuite celui de Macé

doniens.

Il eut d'abord un grand nombre de fectateurs en Egypte & dans les provinces voisines. Alexandre, zélé pour la foi orthodoxe, après avoir fait venir chez lui Arius, voulut le ramener par la douceur cette voie étant inutile, il employa celle des conférences amiables en préfence de fon Clergé. Mais Arius perfifta avec obftination dans fes fentimens, & Alexandre crut devoir l'excommunier dans un Synode tenu à Alexandrie l'an 319. Cette même fentence fut réitérée avec anathême dans un Synode plus nombreux encore, tenu dans la même ville l'année fuivante, où Arius. comparut en perfonne & fut interrogé fur fa foi. Il fe retira enfuite dans la Palestine où il furprit plufieurs Evêques, & fe fit beaucoup de fectateurs par fes écrits.

Le feu allumé par Arius ne faifant qu'augmenter à Alexandrie, Conftantin , pour en arrêter les progrès, envoya l'an 324 le célébre Ofius Evêque de Cordoue , qui y tint un nouveau Concile où l'héréfie fut encore anathématifée; mais point étouffée, ni même réprimée. L'Empereur ne vit aucun remede à un fi grand mal que la convocation d'un Concile œcuménique qui fut raffemblé à Nicée, ville de Bithynie l'an 325, & où il affifta en perfonne.

Il fe trouva dans ce Concile plufieurs Evêques du parti d'Arius dont les principaux étoient Théognis de Nicée & Eufebe de Nicomédie. Dix-fept d'entr'eux fe déclarerent plus ouvertement que les autres, par le refus qu'ils firent conjointement avec Arius, de foufcrire à la formule ou con

feffion de foi qui fut dreffée dans ce Concile, & qui paffa en décret folemnel d'un confentement unanime. Par cette formule Jefus-Chrift fut déclaré, vrai fils de Dieu, non par inftitution, mais par nature, incréé, mais engendré de toute éternité de la fubftance du Pere, confubftantiel avec lui, coégal, coéternel, vrai Dieu comme lui.

Conftantin ayant reçu cette formule du Concile, déclara qu'il banniroit tous ceux qui refuferoient de s'y foumettre. La crainte de l'exil fit impreffion fur les Ariens, & les engagea à y fouferire. Eufebe & Théognis cependant furent bannis, & Arius relégué dans l'Illyrie. Les deux premiers furent rappellés trois ans après, mais Arius ne le fut qu'au bout de cinq ans, & à la faveur d'une confeffion de foi artificieufe qu'il publia.

Tout cela n'empêcha point Arius de répandre le venin de fes opinions, ni la fecte de s'étendre de tous côtés, & de faire les progrès les plus rapides en Orient. Athanafe, fucceffeur d'Alexandre, fit de vains efforts pour s'oppofer à ce torrent; il fut lui-même la victime de fon zele.

Les Ariens s'étant concilié la faveur de la Cour principalement celle de Conftantia, femme de Licinius & fœur de Conftantin, auprès de laquelle Eufebe étoit tout puiffant, vinrent à bout de dépofféder cet Evêque de fon fiege, & le faire exiler. Arius étant mort l'an 336, Conftantin II les rappella; mais les Ariens obtinrent encore un nouvel exil. Son rétablissement dans le Concile de Sardique tenu l'an 347, fous les Empereurs Conftant & Conftance, fut fuivi immédiatement après de fa deftitution dans le Concile que les Ariens ou ceux du parti d'Eufebe tinrent à Phillippolis, & l'an 353 Athanafe fut encore anathématifé dans le Concile d'Arles.

On peut fe figurer par-là quel étoit le pouvoir des Ariens en Orient, & leur crédit à la Cour, puifqu'ils purent méprifer ainfi impunément les Canons du Concile de Nicée, l'excommunication lancée contr'eux, & exercer des perfécutions très-cruelles contre Athanafe, & ceux du parti orthodoxe, pendant tout le temps qui s'écoula depuis le regne de Conftantin jufques à celui de Théodofe-le-Grand. Ce fut fans doute le ton infultant dont les Ariens, fiers de leur nombre & de leur crédit, parloient aux orthodoxes, qui fit dire à Grégoire de Nazianze, au commencement de fon 25. difcours contre les Ariens : Où font ceux qui nous reprochent notre pauvreté; qui prétendent que la multitude du peuple fait l'Eglife, qui mépri fent le petit troupeau?

Ceux d'Occident excités par la protection de l'Empereur Conftance & féduits par les propofitions artificieufes des deux Evêques Ariens, Valens & Urface, qui leur firent entendre que pour rendre la paix à l'Eglife, il n'étoit queftion que de facrifier quelques termes de nouvelle invention, inconnus à l'Ecriture fainte, obfcurs & inintelligibles au peuple, comme ceux de ú, ús, sais; ceux d'Occident, dis-je, fe laifferent gagner, & curent la foibleffe de foufcrire à une formule Arienne, dreffée après le Concile de Rimini tenu l'an 359, tandis que les Ariens affemblés à Seleucie s'occupoient

s'occupoient du même objet. Par cette fupercherie le monde, dit Jérôme, fut étonné de fe trouver tout-à-coup Arien.

Mais il faut obferver que depuis le Concile général de Nicée où Arius fut condamné, les Ariens s'étoient divifés en plufieurs factions. Les uns fuivant en tout la doctrine d'Arius, foutenoient que le Fils étoit diffemblable au Pere à tous égards, d'où vient qu'ils furent appellés Ariens proprement dits, Ariens purs, Anoméens, Eteroufiens, Exoucontiens: on les nomma encore Eudoxiens, d'Eudoxe Patriarche d'Antioche, Urfaciens d'Urface Evêque de Tyr, felon quelques-uns, & de Sigeduri, felon d'autres ; Aëtiens & Eunomiens d'Aëtius Diacre de l'Eglife d'Antioche, & d'Eunomius fon difciple.

D'autres plus modérés reconnoiffoient que le Fils étoit femblable au Pere par la grace de la participation; & on les appella femi-Ariens. Ils eurent pour chefs de leur fecte Bafile d'Ancyre, Euftathius de Sebafte, & George de Laodicée.

Des troifiemes cherchant à tenir le milieu entre les Ariens purs & les femi-Ariens, avouerent que le Fils étoit reffemblant au Pere comme étant fon image, & ayant une volonté en tout conforme à la fienne, mais ils nioient qu'il fût confubftantiel. Ils eurent pour chef Acacius

Dans le Concile d'Antioche tenu l'an 341, en préfence de l'Empereur Conftance, ils drefferent trois formulaires différens où en condamnant Arius à plufieurs égards, ils combattoient formellement la confeflion de foi du Concile de Nicée. Ils drefferent encore deux nouveaux formulaires dans leurs deux conciliabules de Sirmich tenus l'an 357 & 358. Dans le Concile d'Ancyre tenu cette même année, les femi-Ariens fupprimerent la feconde formule de Sirmich, & condamnerent les Anoméens; ce qu'ils firent encore l'an 359 dans le Concile de Seleucie ou Acacius fut condamné & déposé.

enforte

Ce fut fous Théodofe que l'Arianifme fut entiérement abattu qu'à la fin du IV. fiecle, les Ariens par les Loix des Empereurs, n'eurent plus ni Eglifes ni Evêques dans toute l'étendue de l'Empire Romain. Les Vandales porterent cette héréfie en Afrique, & les Viligots en Efpagne. Elle s'y maintint fous la protection des Rois, qui l'avoient embrasfée, jufques environ l'an 660 où ceux-ci l'abjurerent.

Erafme fut auffi accufé par fes ennemis, d'avoir femé dans fes conmentaires fur le Nouveau Teftament, des glofes & des principes favorables à l'héréfie Arienne. La feule réponse qu'il fit à ces imputations, c'est qu'il n'y avoit point d'héréfie fi parfaitement détruite que l'Arianifme.

Quelques Auteurs ont mis Servet au nombre des Ariens modernes. Ils fe font trompés auffi groffiérement que ceux qui l'ont fait paffer pour Photinien ou chef de l'héréfie Socinienne. Servet fut Sabellien, & il n'eut rien de commun avec les Ariens & les Sociniens, fi ce n'eft qu'il nioit comme eux la diftinction réelle d'une, de deux & de trois perfonnes, & Tome VI.

l'incarnation de la feconde dans la perfonne de Jefus-Chrift; ce qui l'obligeoit à fe fervir des mêmes paffages de l'Ecriture & des mêmes rai-fonnemens que les autres Antitrinitaires. C'eft Valentin Gentil Napolitain qui le premier a fait quelque bruit parmi les Ariens qui parurent au XVI. fiecle. Il foutenoit que les trois perfonnes étoient trois Efprits diftincts en nature, & inégaux en perfection & en dignité. Il avoit répandu ces principes à Geneve, mais le fupplice de Servet lui fit chanter la palinodie. Il crut trouver plus de liberté à Berne; mais fes infolences, les excès & fes blafphêmes le conduifirent l'an 1566 à une fin auffi tragique que celle de Servet. Il eut pour difciples & fectateurs, Mathieu Gribaldi Jurifconfulte de Padoue, Jean-Paul Alciati, noble Piémontois, Sylveftre Tell, Paruta, Bernard Ochin de Sienne, François Lifmanin, Grec; Pierre Gonez, Grégoire Pauli, Staniflas Lutomirchi, & d'autres qui après avoir fuivi les principes de Gentil, fe déclarerent dans la fuite pour Socin.

On a compté Grotius parmi les Ariens modernes, mais injustement. L'Arianifme étant une héréfie antitrinitaire, n'eft toléré dans aucun pays ni réformé ni catholique. Il eft permis de le profeffer en Turquie, parce qu'on n'y croit pas à la Divinité de Jefus-Chrift.

Quand on confidere de fang froid les maux que l'Arianifme a causés à la Chrétienté, quels troubles il a produits dans l'Eglife, quels défordres, quelles perfécutions il a excités dans la Société Civile, on fent de plus en plus combien il eft fage d'imposer filence aux hommes fur des matieres, qui, furpaffant leur intelligence, enfanteront néceffairement des erreurs, dès qu'ils voudront les foumettre à leur foible jugement. Oh! que l'efprit raisonneur eft dangereux! Convenons auffi, qu'attacher trop d'importance aux vaines difputes des Novateurs, c'eft les exciter, les multiplier, les éternifer, les rendre plus vives, plus dures, plus meurtrieres.

On ne fauroit trop le répéter aux Princes & aux Magiftrats » C'est » l'attention qu'on a donnée aux nouveautés, qui a produit tant de Nova»teurs. Qu'on n'y mette aucune importance, bientôt la mode en paffera; » & ils prendront d'autres moyens pour devenir des perfonnages. Je com»pare tous ces gens-la à des champions dans l'arêne. S'ils étoient feuls » ils s'embrafferoient. Mais on les regarde; ils s'égorgent. «

ARICA, Port & Ville de l'Amérique Méridionale.

DES le commencement de la domination Espagnole au Pérou, Arica

fituée fur la mer du Sud, au bout d'un vallon de peu de largeur, & de quatre à cinq lieues de longueur, devint un des grands Gouvernemens du pays ce fut l'entrepôt, des mines du Potofi deftinées pour Lima; l'argent y arrivoit par terre, & en partoit par mer, de façon que la position ref

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